------------------------ chapitre 24 ------------------------
Nous marcherons ainsi ensemble pendant 4 jours. Arrivés à l’entrée de la ville, Drarsus se tourne vers moi et me dit :
- “ Nous voilà à Lodaran ! Si tu te décides à entrer dans notre clan, Outa, sache qu’il sera facile de me croiser à nouveau. Tu n’auras qu'à m’attendre dans l’auberge de la ville ! À bientôt ! “
Nous nous souhaitons mutuellement bonne route et il reprend sa marche.
Je reste debout au milieu d’une place de marché, sous le soleil. Seule. Il y a beaucoup de monde qui circule autour de moi. Et maintenant ? Je me retrouve à nouveau isolée avec mon sac à dos pour compagnie. Je me trouve un coin un peu à l’ombre pour observer la foule. Il y a beaucoup d’agitation. De nombreuses petites échoppes et vendeurs ambulants. D’un coup, je me lève et me mêle à la foule. Je virevolte entre les gens d’un pas léger, presque dansant. D’une main habile, j’arrive à attraper quelques objets de valeur. Une bourse avec quelques pièces, deux colliers et un anneau en or. Une fois mes méfaits accomplis, je retourne à l’ombre et contemple mon butin. Je fronce les sourcils. Jusque là, je n’avais pas éprouvé le besoin de voler pour l’argent. Et je me rends compte que ça ne me procure aucune satisfaction.
“ Et bien tant mieux ! Je ne suis plus cette fille pathétique. “, me dis-je, renfrognée. J’ai une rapide pensée pour la boite contenant mes ancien trésors … Elle appartient au passé maintenant. Je ne m’en servirais plus.
Je me relève avec pour objectif de trouver un endroit où manger. Je ne dirais pas non à un vrai repas. Après un petit moment de déambulation, je me trouve face à une façade qui ne paye pas de mine. L’intérieur semble sombre et le panneau de la devanture est à moitié effacé. Mais l’odeur qui se dégage de la porte entrebâillée est divine. Je rentre dans l’établissement et me trouve une table libre. Il y a étonnamment beaucoup de monde à l’intérieur malgré la petitesse de l’endroit. Je vais prendre une assiette de viande, de pommes de terre et de carottes. Avec en prime, une bière de sureau. J’ai l’impression que ça fait longtemps que je n’en ai pas bu. Cela me renvoi à une période, pas si lointaine, où j’étais plus sereine.
Un homme grand et assez peu aimable vient me prendre ma commande. Je n’ai même pas le temps de m’ennuyer qu’une serveuse me ramène mon plat, directement de la cuisine. Je ne vois d’abord que son tablier. Et puis je lève mes yeux pour la regarder. Je suis frappée par sa beauté qui mêle détermination et fragilité. Je la regarde replacer quelques mèches courtes derrière son oreille avant de me souhaiter un “ bon appétit ! “ de sa voix fluette et de s’en aller en glissant de table en table, telle un papillon enjoué.
Je mange de bon cœur, je trouve que la cuisine est excellente ici. Simple et généreuse, ça me rappelle celle de l’auberge… En cours de repas, j’entends des cris venir de la cuisine. Le serveur qui m’avait pris ma commande traverse la salle en colère, jette son tablier par terre et s’en va en hurlant “ Plus jamais ça ! ".(modifié)
Aurait-il démissionné ? Ce serait une bonne opportunité pour moi de trouver un travail. Ne sachant pas quoi faire de mes journées, ce serait une raison de me lever le matin. Une fois mon assiette finie, je me reprends une bière pour patienter. Une fois que la salle est presque vide, je retourne voir la serveuse :
- “ Excusez-moi, je ne voudrais pas vous déranger, mais … votre collègue a démissionné, non ? Enfin, désolée si je m’avance un peu trop, mais je cherche justement un travail et j’ai un peu d’expérience dans ce domaine… “
Elle me regarde sans rien dire pendant quelques secondes et puis dit en faisant un geste de la main :
- “ Oh et puis pourquoi pas ! Venez, je vous amène au patron. “
Nous allons dans les cuisines où je rencontre un vieux monsieur. Il a l’air fatigué et me lance un regard froid qui me glace jusqu’aux os.
- “ Papa, une femme vient de se présenter pour remplacer Siméon. Après ce qui s’est passé, je ne pense pas qu’il reviendra. “
Il me toise une seconde, retourne à son occupation et dit d’une petite voix désagréable :
- “ C’est bon, Solen. Celle-là ou un autre de toute façon. Il nous faut quelqu’un pour demain. “
Je suis enthousiaste que l’affaire soit conclue, car ce fut étonnamment facile. Mais l’idée de travailler avec ce bonhomme ne m’enchante pas des masses. Tant pis, j’ai connu pire.
Nous sortons de la cuisine et elle m’invite à m’asseoir à une table, puis prend la parole :
- “ Ne faites pas trop attention à mon père, il n’a pas un caractère facile. Et comment vous appelez-vous ? “
- “ Oui. Pas de soucis. Outa “
- “ Bien Outa, je propose qu’on se tutoie, vu que nous allons travailler ensemble ! “, me dit-elle en souriant.
Elle m’explique ensuite les quelques modalités de l’emploi, les habitudes de service et insiste énormément sur la ponctualité.
Je prends le temps de la regarder un peu mieux. Elle a des yeux bleu-gris surmontés de sourcils volontaires, des cheveux brun dont la longueur laisse entrevoir sa nuque délicate, une expression mêlant douceur et détermination et des lèvres fines et parfaitement dessinées.
- “ Je crois que je t’ai tout dit. Il est temps que je retourne travailler. Alors à demain ! “ Elle se lève, me fait un signe de la main et s’en retourne en cuisine.
Je quitte le restaurant avec dans l’idée de flâner dans les rues l’après-midi. J’espère que ma maigre expérience de serveuse sera suffisante !