Outa : A la poursuite d’un coquillage

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Il y a 4 ans | Le 21 Apr 2020 11:29:26



Née d’une famille simple, passe partout, sans histoire. Enfin c’est ce qu’ils laissent paraître. Un père, mort pendant sa petite enfance, est remplacé par un beau -père un peu mou, placide. Quelqu’un de gentil, mais soumis. Le soucis vient de sa mère. Une femme paraissant être aimante face aux  autres, mais étant froide, manipulatrice et agressive dans l’intimité. Pas un sourire, pas un regard. Seulement de l’humiliation. Outa ne faisait jamais rien comme il fallait, aucun efforts n’étaient suffisant. Inverser la fourchette et le couteau quand on mangeait semblait être la pire des trahisons. Tout était prétexte à être critiquée, rabaissée. 
Et son beau père hochait la tête de droite à gauche d’un air grave à longueur de temps, n’étant d’aucun secours pour l’enfant.  

Outa se réfugie dans les livres d’aventures, elle y découvre le frisson du suspense. Elle en devient l’héroïne, voyage à travers les lignes, dévore les chapitres. La jeune fille grandit ainsi dans deux mondes différents. Il y a cette réalité dans laquelle elle n’est jamais vraiment et le monde qu’elle s’est construit.  

Plus les années passent et plus la vraie vie glisse sur elle.  

C’est à ses 14 ans qu’elle commet son premier vol. C’était une pulsion irréfléchie. C’était plus fort qu’elle. Une bouffée d’impatience, une irrépressible envie de ressentir, de se sentir vivre. Sa main a attrapé une boucle d’oreille se trouvant dans la boîte à bijoux de sa mère. Seulement “sa main”. Car à ce moment là, elle ne réfléchissait plus, Elle ne sentait que son coeur battre. Instinctivement elle courut dans sa chambre pour mettre son trésor sous son oreiller. La marâtre s’aperçut très vite cette disparition et se mit à chercher activement l'objet. C’est folle de rage qu’elle découvrit le larcin commis par sa fille.Mais Outa s’en fiche… elle a eu un impact. Elle existe… C’était comme une bouffée d’air. 

Et il lui en faut plus. 

Pour ne plus avoir de problème, Outa continue de voler, discrètement. Le frisson du suspense qu'elle ressentais pendant sa lecture ne lui suffit plus. il lui faut l'ivresse de l'adrénaline éprouvée par ses petits cambriolage.Elle existe, elle s’émancipe. 
Les jours, les mois, les années passent, lentement. Elle continue de lire de temps en temps, mais ce qui lui permet vraiment de s’échapper, de se sentir exister, c’est de voler. Outa a 23 ans et en est donc maintenant à 11 ans de larcins. Elle met ses trésors dans une petite boite en bois avec une attache en métal. Elle est légère, discrète et sans prétention. Cette boite est comme une partie de son âme… Avec bouton, bijoux, gants de soie, paires de lunettes, pinces à cheveux,…  

Maintenant Outa travaille dans l’entreprise de sa mère et raccommode des vêtements, car n’ayant pas les capacités de réaliser des études selon sa famille.
 
Les remarques et l’humiliation glissent sur elle. Elle ne vit pas, elle existe. 

Et puis un matin de fin d’hiver, Outa vole une lettre à sa mère qu’elle trouve dans le fond d’un tiroir. Cette lettre qui changera sa vie. Une vieille enveloppe jaunie, avec un cachet rouge de la poste signifiant qu’elle n’avait pas atteint son destinataire. Et une adresse… mentionnant son nom de famille ! Le nom de son père ! Fébrile, elle ouvre l’enveloppe, déplie la feuille s’y trouvant et lit : 
« Rends-moi ma fille ! »  

La date indique “ 12 décembre 1998 “, c’est à dire 1 ans après la mort présumée de son père… 

Ce fut un profond électrochoc.
Une foule de bribes de souvenirs refont surface. Un rire… le mouvement d’une veste… un regard d’un bleu intense… Alors il serait en vie? Que signifie cette phrase… l’aurait-il enlevée? Aurait-il tenté de la sauver de cette enfer? Une lueur d’espoir se dessine… 

Ce jour-là commença la quête qui la guide depuis maintenant 2 ans : retrouver son père et avoir des réponses.


(Mon rp étant long, Je publierais ici un chapitre par semaine. Vous en voulez plus ? Je publies 2 chapitres par semaine sur discord ! Voici le lien du salon : https://discord.gg/vjJxSer  ) 

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Il y a 3 ans | Le 27 Apr 2020 15:05:41
                ----------------------------------- Chapitre 2 --------------------------------

Je me rappelle. Il y a quelques mois, quand je suis arrivée sur les terres argentées…

Nous étions fin avril, enfin je crois. Voilà un moment que j’ai l’esprit dans le brouillard, les dates sont floues, mon calepin n’est pas à jour depuis quelques semaines… ou quelques mois, je ne sais plus. Je me pose dans un buisson. Mes longs cheveux roux s’étalent dans l’herbe fraîche. Je sens les gouttelettes de rosée qui se déposent sur mon visage, elles se mêlent à mes tâches de rousseurs. Elles sont si fraîches, bien agréables dans la chaleur étouffante… Je suis tellement épuisée que je ne sens plus la douleur qui me lance dans la jambe. 

En regardant le ciel blanc, j’essaie de rassembler mes idées… Voilà environ un an que mon périple a commencé. Depuis que je suis partie de chez moi, je me laisse guider par mes rencontres. Par tous ces gens qui ont peut-être vu ou entendu parler de mon père… Mais la tâche n’est pas facile. Je ne sais pas vraiment à quoi il ressemble. Je n’ai que de maigres souvenirs, car il est parti quand j’avais 3 ans. Pour démarrer ma recherche, je n’avais que cette lettre, avec ce cachet de la poste et cette adresse inutile. 
Aujourd’hui je suis sur ces terres que je ne connais pas, blessée et à bout de force. Je suis là parce qu’un vieillard m’a dit s’être occupé d’un homme avec le même nom que lui, il y a de longues années, et qu’ils étaient partis dans la direction des Terres d’Argent. 

Et si je m’accrochais à une chimère et qu’il n’était plus en vie? J’essuie la larme qui est apparue au coin de mon oeil et j’essaye de penser à autre chose.

Plus d’une fois, j’ai voulu faire demi-tour. J’imagine alors le visage de ma mère, n’ayant pour seule expression que le dégoût. Et celui de mon beau-père, le regard vide, l’air déçu. Jamais je ne retournerais à mon quotidien sans âme et à ma couture. Je préfère avoir froid et me sentir en vie plutôt que d’être au chaud et de mourir à petit feu. Je refuse que ma famille me revoit. Je veux que ce sentiment de liberté ne me quitte plus jamais ! Et quand me pense à l’impact que ma disparition a provoqué sur la vie de ma mère, je suis envahie d’un immense sentiment de jouissance. J’ai quitté son emprise, j’ai repris le pouvoir !

Il ne me reste de cette vie que la boîte que j’ai emportée dans mon sac à dos. Le trésor de mes larcins. La preuve que j’existe. Chaque objet symbolise un instant que j’ai vécu, de l’impact que j’ai eu sur la vie d’un autre, un morceau de son vécu que j’emporte avec moi. Je vole encore, trop accro à cette sensation de maîtrise, l’envie de me sentir en vie. Mais j’essaie de me fais discrète. Je ne peux me permettre de trop transporter. Parfois je dois revendre un objet pour subvenir à mes besoins. Et c’est un vrai déchirement à chaque fois. 

La tête dans la lune, je ramène mes genoux jusqu’en dessous de mon menton. En position fœtale, je sens moins le froid. Je suis comme engourdie. Je ferme les yeux pour apprécier pleinement le calme ambiant… Et m’endort doucement.


( Je publies 2 chapitres par semaine sur discord ! Voici le lien du salon : https://discord.gg/vjJxSer  Il y a déjà le chapitre 3 de publié ! ) 

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Il y a 3 ans | Le 05 May 2020 10:10:13
                                                         ------------------------------ chapitre 3 ----------------------------------
 

Je me réveille en sursaut, trempée. J’étais tellement fatiguée que je n’ai pas senti qu’il a commencé à pleuvoir. En me levant d’un bond, je me rappelle que je suis blessée, trébuche sur ma cape et retombe. Déjà qu’elle n’est plus qu’un pauvre lambeau de tissus, j’ai agrandi la déchirure et elle vient de perdre encore 20 cm. Assise par terre, j’essaie de rassembler mes idées. Si je ne me trouve pas un abri très vite, je ne pourrai pas me soigner correctement. L’idée de devoir me présenter à une auberge ne m’enchante pas. Je ne ressemble à rien… mon pantalon a de grandes déchirures dues à la bête qui m’avait agressée, tous mes vêtements se sont teintés de brun avec le temps. Et je suis trempée jusqu’aux os. Mais surtout, j’essaie de ne pas me faire remarquer, de rester discrète. 

Je remarque un solide bâton à ma droite, il sera parfait pour me faire une canne. Je reprends mon sac et je suis repartie. Il va falloir que je me trouve un abri ! Sur un panneau que j’ai vu un peu plus loin se trouve une auberge « le port de Baduk ». C’est parti pour une heure de marche en claudiquant.

Une fois là-bas, je suis étonnée de rencontrer énormément de monde à l’extérieur. Heureusement que l’auberge est très grande, ils ont de la place pour moi. J’aurais préféré rejoindre un autre endroit vu le nombre de voyageurs, mais je ne suis pas en assez bon état pour me le permettre.

Ma chambre est minuscule. Je m’assieds sur le lit. Il est un peu dur, mais ce sera un vrai luxe pour moi de me reposer ailleurs qu’à même le sol. À côté de ce dernier, une petite table de nuit en bois; ainsi qu’un lavabo avec un miroir, au bout de la pièce. Il y a assez de place pour 2 adultes debout… Et ça me suffit amplement. La chaleur ambiante m’enveloppe doucement. Ma blessure en profite pour se réveiller. Elle me fait maintenant vraiment très mal. Les plaies se sont rouvertes et recommencent à saigner. Je déchire mon pantalon pour y voir un peu mieux. Il y a sur ma cuisse de grandes traces de crocs assez profondes. Je m’en veux de m’être laissée avoir par ce sanglier sanguinaire !

Il est grand temps de nettoyer tout ça maintenant. Je prends le tissu de mon pantalon pour le rincer au lavabo. Je pourrais m’en servir pour laver mes plaies. Dans le miroir je découvre mon reflet. J’ai un peu de mal à me reconnaître. Mes yeux bleus semblent gris, j’ai des cernes intenses et noires, la mine encore plus pâle que d’habitude. La fatigue ronge mon visage, sans parler de mon corps. J’ai l’impression que ce dernier me trahit, la fatigue et la faim semblent me donner 10 ans de moins... Après un soupir, je vais me rasseoir pour retirer le maximum de sang et de crasse de ma jambe. Je prends ensuite ma taie d'oreiller et m’en sert de bandage. J’espère qu’ils ne le remarqueront pas avant mon départ.  

Je transforme ma cape en jupe qui m’arrive aux genoux. Elle est déchirée mais elle me rend presque présentable. Je retire mes chaussures, impatiente de pouvoir sentir l’édredon moelleux dans mon dos. Demain, j’irai me renseigner sur mon père. Mais, en attendant, je dors. 
 

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Il y a 3 ans | Le 12 May 2020 10:53:35
                              ------------------------ chapitre 4 ------------------------ 


“ BAM BAM “, je me réveille et me précipite vers la porte pour l’ouvrir. 
Je me retrouve face à un petit homme l’air mécontent.
-   “ Il y a du monde ici, madame ! Si vous restez plus d’une nuit, il faut payer ! “
-   “ Mais je suis arrivée hier soir ! “ 
-   “ Ah non madame, voilà trois jours que vous êtes enfermée dans votre chambre. Payez-moi ou allez-vous en !  “ 

Encore sous le choc de cette nouvelle, je tends quelques pièces à l’aubergiste qui s’en va après avoir compté la monnaie. J’ai tout juste de quoi rester une nuit de plus, je ne sais pas ce que je ferai après… Tant pis, je trouverai. J’ai vécu pire situation. 

J’ai dormi trois jours ! Je me savais fatiguée mais pas à ce point-là. Je retourne m’assoir sur lit et regarde ma jambe. Les plaies sont fermées d’une croûte épaisse. Malheureusement, en séchant, le tissu a fusionné dans la blessure.  

J’ai une faim de loup, il faut absolument que je mange quelque chose ! Prête à sortir pour trouver de quoi me nourrir, je croise mon reflet dans le miroir. Je suis toujours aussi sale et grise, je pue et suis couverte de boue. Bon… Il faut avant tout que je sois un peu présentable. 

Je regarde autour de moi, deux serviettes rouges sont sur le côté du lavabo. 
En 2 minutes, je suis dans la salle de bain commune. Prendre une vraie douche ne m’était pas arrivée depuis si longtemps... En mettant une main sur le robinet d’eau chaude, je me laisse une seconde pour savourer ce qui va arriver. Et puis l’eau coule. Chaque goutte qui glisse sur ma peau est comme une caresse, ça fait un bien fou. Je sens mon corps ressusciter sous la chaleur humide. Je sais que je ne peux pas rester éternellement mais je prends mon temps. Lentement, je me savonne. Je veux savourer chaque courbe, chaque parcelle de mon corps. Les morceaux de tissu se détachent d’eux-même de ma jambe, je ne les sens même pas s’en aller. Je me lave. Je me lave de toute cette boue et cette crasse, de ces mauvaises rencontres, de ces nuits froides, de cette fatigue.
J
'émerge tranquillement de ma torpeur, je redécouvre la couleur de ma peau, rougie par la chaleur. De mes doigts, je démêle doucement mes long cheveux ondulés.  

Quelqu’un d’autre entre dans la pièce. L’ouverture de la porte crée un courant d’air qui me fait frissonner et me renvoie à la réalité. Je suis propre, oui, mais mes vêtements… Pendant que l’autre personne commence à prendre sa douche, je m’empresse de m’enrouler dans ma serviette et jette un oeil à ses affaires. Si je lui prends ses vêtements, je me ferais prendre directement dans la salle commune. Je repère une broche sur une chemise en dentelle. Il s’agit d’un coquillage bleu. Il est teinté de vécu, un peu sali par le temps. Je m’empare de l’objet et en une seconde et je file jusqu’à ma chambre, mes vêtements sous le bras. Arrivée près de mon sac, j’en retire ma boite, je l’ouvre et y dépose le coquillage. Il semble immédiatement trouver sa place au milieu des autres objets, comme s’il devait obligatoirement se trouver là. L’ensemble s’harmonise, c’est magnifique. Je range mon trésor et vais vers mon lavabo, il faut que je nettoie mes vêtements. J’ai pensé à prendre un peu de savon. Je frotte comme je peux les plus grosses tâches et étale mes guenilles sur le lit pour voir le résultat. “ Il y a un mieux “ me dis-je sans grande conviction. Un intense gargouillement venant de mon ventre vient me dire qu’il n’est plus temps d’être exigeant. Je me rhabille à la hâte et fait une tresse dans mes cheveux. Il est temps de trouver de quoi me sustenter. 

( le chapitre 6 est déjà publié sur le discord ! https://discord.gg/vjJxSer )

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Il y a 3 ans | Le 19 May 2020 14:44:49
---------------------------- chapitre 5 ---------------------------

Je sors de ma chambre et descends pour rejoindre la salle commune. Il doit être aux alentours de midi. L’auberge sent bon la soupe et le réconfort. Je cherche de mon regard une place de libre. Je ne sais pas encore comment je vais payer mon repas mais je m’en fiche, j’ai trop faim ! Je trouve quelques chaises de libre en bout de table commune et m’y précipite. Le même petit homme que ce matin vient vers moi et me toise. Quand je suis assise nous avons nos visages à la même taille et je peux mieux le regarder. Il a un air foncièrement renfrogné. Il a de petits yeux verts plissés et une barbe brune qui recouvre la moitié de son ventre dodu. 
-   “ Vous prendrez de la soupe, madame? De toute manière, nous n’avons rien
      d’autre ! “ 
-   “  Oui, s’il vous plaît “

Il s’en va rapidement et revient avec le même empressement pour m’apporter mon repas. Le bol de soupe me semble énorme et déborde presque, quelques tranches de pain épaisses l’accompagnent. Rien n'aurait pu me faire plus plaisir que ce repas-là à ce moment précis. La soupe est brûlante, et pique un peu. Il me semble reconnaître de la carotte, de la coco, du curry, l’association est parfaite. Je me régale tellement que j’en oublie les gens autour de moi. 

Il me semble entendre une voix… 
- “ Mademoiselle ! “ 
Je me retourne en sursaut ! Une petite dame se trouve debout à côté de moi. Elle semble avoir 200 ans et a le visage et les bras couvert de tatouages. 
- “ Je peux m’asseoir en face de vous? “, me demande-t-elle avec un sourire.

J’ai la bouche pleine de soupe et de pain donc je lui réponds par la positive d’un mouvement de tête. Elle s’installe, prend sa commande et puis me regarde, concentrée. Sa présence ne me dérange pas, mais manger face à elle est devenu étrangement gênant. Je ne peux m’empêcher de lui jeter un regard interloqué de temps en temps. 
- “ Vous avez l’air fatiguée mademoiselle” 

La vieille femme semble avoir envie de faire la conversation. Je suis d’un naturel taciturne, je n’en ai pas envie. Mais je vais me forcer, j’ai été bien éduquée. Manger cette soupe dans le calme était tellement enthousiasmant… 
- “ Oui, madame.”

Elle me sourit, entendre ma voix est le signal qu’elle attendait pour entamer la discussion. J’apprends qu’elle vient régulièrement dans cette auberge pour leur bonne soupe et qu’elle aime la convivialité qui y règne. Ici, elle connaît presque tout le monde. C’est une bonne amie de la gérante. Je découvre qu’en réalité, le nain ronchon qui gère l’endroit a un grand cœur et est toujours prêt à aider son prochain. Elle a été intriguée par mon visage qu’elle ne connaît pas encore et en a profité pour venir faire ma connaissance. Je suis en face d’une amatrice de belles histoires. Elle finit son monologue de 10 minutes par :
- “ Et tu peux m’appeler Martine, mon petit poussin ! “ 

Je suis de bonne humeur et presque rassasiée, j’accepte de m’ouvrir un peu, peut-être a-t-elle entendu parler de mon père après tout. Elle connaît tout le monde ! 

Alors je lui raconte que je suis partie sans rien, pour chercher mon père ayant disparu il y a de nombreuses années. Que je n’ai qu’un nom et quelques souvenirs pour le trouver. 
- “ Comment s’appelle-t-il? “ me demande-t-elle.
- “ Aaron Eden. Il a des yeux bleus et des cheveux noirs… enfin ils doivent
  être gris aujourd’hui ” 
- “ Aaron Eden… Voilà un nom qui me dit quelque chose ! “
La dame rentre sa main sous son haut de fourrure et en ressort une chaîne avec au bout de nombreux médaillons et me tend l’un d’eux. Il y a dessus une gravure de coquillage bleu avec au dos l’inscription “ A.E ”. Elle ajoute :
- “ Si c’est l'homme dont tu parles, il était ici il y a de nombreuses années,
  accompagné d’une très belle femme “. 

Je n’en reviens pas ! Je suis abasourdie… Le coquillage ! Quelles étaient les chances ?!

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Il y a 3 ans | Le 27 May 2020 12:14:43
---------------------------- chapitre 6 ----------------------------

Je me lève d’un bond ! Je lance un “ Ne bougez pas ! “ à la femme assise à la table et je cours vers l’étage du haut ! C’est à bout de souffle que j’arrive jusqu’à la salle de bain commune… totalement vide. Je ne sais pas à quoi je m’attendais. Voilà quelques heures que j’ai quitté cette pièce. 

Je m’assieds sur le banc pour reprendre mon souffle et réfléchir. Je ne sais pas à quoi cette personne ressemble, tout ce que je sais d’elle, c’est un chemisier en dentelle, une paire de botte et cette broche. Je ne peux malheureusement pas la montrer sans avouer que je l’ai volée… Et j’ai cette femme qui m’attend en bas ! 

Je redescends dans la salle commune et retourne m’asseoir à ma place. Martine n’a pas bougé et me regarde l’air interloqué. Il est temps que j’improvise :
- “ Mad…Martine, est ce qu’une autre personne utilise ce motif de  coquillage? Il me rappelle quelque chose .. “ 
- “ Ah non, ça ne me dit rien. Mais demande à la gérante et à son employé, ils pourront sûrement t’aider. Et ne t’inquiète pas pour ta soupe, je te l’ai payée, tu as bien d’autre choses à penser !”

Je ne m’étais même pas rendu compte, il n’y a en effet plus de bol à ma place.
Sans le savoir, Martine m’a retiré une solide épine du pied. Elle a dû se douter que je n’avais pas les moyens, vu l’allure de ma tenue. Je la remercie platement. J’espère pouvoir lui rendre la pareille un jour. Nous discutons encore un peu et puis elle prend gentiment congé. La salle s’est vidée. Il reste encore quelques petits groupes sur des tables individuelles. Il fait calme et l’ambiance est chaleureuse. La lumière de la pièce m’indique qu’il est environ 15 heures.

Je me dirige vers le comptoir où l’homme grognon compte sa monnaie. 
- “ Bonjour. Excusez-moi, j’aurais une petite question à vous poser… “ 
- “ Moui? “ me répond-t-il sans lever son nez de ses pièces. 
- “ J’ai croisé hier une personne ayant une broche représentant un coquillage bleu, est-elle encore dans l’auberge? “ 
Il daigne lever son nez pour me regarder droit dans les yeux et me dire d’une voix énervée :
- “ Une broche coquillage?! Vous croyez que je n’ai que ça à faire madame?! Observer les bijoux des gens ! Et puis quoi encore? Je suis un homme occupé ! Vous comprenez? Occupé ! “ 

Un peu surprise par sa réaction, je me mets à balbutier de vagues excuses, jusqu’à ce qu’une grande femme blonde arrive derrière lui. 
- “ Henry, un peu de politesse pour les clients, je te prie ! Retourne en cuisine, il doit rester des choses à faire ! “ 

L'homme, grommèle dans sa barbe et s’en va.
- “ Bonjour, je suis Aline, la gérante. Que puis je faire pour vous, madame? “ 

Elle est plus grande que moi, d’une très belle élégance. Cette femme ne doit pas avoir plus de 45 ans et dégage beaucoup de force et de gentillesse. 
Je lui répète ce que j’ai dit à Henry auparavant. 
- “ Un coquillage bleu… “ Elle semble pensive. “ Une femme est venue se plaindre tout à l’heure de la disparition de sa broche. Mais elle est partie il y a quelques heures maintenant. “

Mon coeur bat, je n’ose pas regarder la patronne dans les yeux. Elle a forcément compris que c’est moi qui détiens la broche. Va-t-elle me jeter dehors? J’ai l’impression que mon périple ne finira jamais, je n’en peux plus de tout ce temps perdu. Plus les mois passent et plus mes questions s’accumulent. Une grande vague de tristesse m'envahit et je fond en larme, le visage dans mes mains. 
- “ Mais enfin mademoiselle ! Qu’est-ce qui vous arrive?! Allons, venez un petit peu. “ 

Elle m’ouvre la porte battante de son comptoir et me fait passer dans une autre pièce. 
- “ Nous serons plus tranquille ici pour discuter “ 

Je me trouve dans son bureau. Nous sommes assises dans de petits fauteuils confortable en velour vert foncé. Elle me tend un mouchoir avec un sourire bienveillant. Après quelques secondes elle me dit :
- “ Je vais préparer un peu de thé et pendant ce temps, vous allez rassembler vos idées. Coquelicot ça vous ira? “ 
- “ Oui ce sera parfait” lui dis-je après m’être mouchée bruyamment.

Une fois à nouveau assise et des jolies tasses de thé chaud dans nos mains, je me lance. Je lui explique que ce coquillage semble être l'emblème de mon père et que je le cherche depuis longtemps. Que ma piste s’est arrêtée avec le départ de cette femme. Que je ne sais plus quoi faire ni où aller… 
La gérante reste silencieuse quelques secondes et puis me sourit. 
- “ Comment vous appelez-vous ? “ 
- “ Outa Eden “ Je n’aime pas dévoiler mon prénom, mais je ne pouvais rester sur la réserve face à tant de gentillesse. 
- “ Et bien très chère Outa, tu es bien tombée ! J’ai prévu de partir quelques semaines pour du commerce et j’aurais bien besoin de mains supplémentaires pour aider Henry à s’occuper de mon auberge ! “

Je n’en reviens pas de ce que j’entends et je m’apprête à lui répondre par la négative jusqu’à ce qu’elle ajoute avec un clin d'œil : 
- “ La femme qui porte cette broche vient régulièrement passer quelques nuit dans mon établissement. Avec un peu de chance, tu la croiseras à nouveau. Et elle retrouvera peut-être même sa broche la prochaine fois ! 

Je ne sais plus quoi dire. Je n’ai pas l’habitude que les gens soient si bon et bienveillant avec moi. Je ne mérite pas autant de gentillesse. Je suis mal à l’aise. 
- “ Mais … pourquoi? “ 

Aline sourit un peu plus. 
- “ Je décèle beaucoup de force en toi. Je sens que je peux te faire confiance. “

Et pourquoi pas finalement. Que me reste-t-il comme autre option? Retourner dehors sans un sous alors que ma blessure n’est pas encore guérie? Alors j’accepte. 
- “ Voilà qui est parfait ! “ me dis Aline. “ Profite de ta journée pour te balader, il fait beau ! Tu commences demain.” 

Encore sous le coup de l'émotion, je la remercie et sors de son bureau. 
Il est 16 heures, j’ai encore quelques heures de lumière devant moi. Je décide d’aller me promener un peu sur les Terres d’Argent.

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Il y a 3 ans | Le 03 Jun 2020 13:44:14
------------------------ chapitre 7 ------------------------
Le soleil n’est pas encore levé  lorsque, la boule au ventre, je sors de ma chambre et descends dans la salle commune. 

Henry est déjà prêt et habillé. Son air renfrogné est inscrit sur son visage comme un masque qu’il enfilerait dès le matin. Il descend les chaises des tables. 
- “ J’ai appris qu’Aline vous avait donné du travail ! Mais quelle idée ?! Comme si je n’avais pas assez assez à faire ! Il va en plus falloir que je vous forme ! Et pourquoi? Pour que vous partiez dans une semaine ! “ 
En entendant ces mots, je regrette immédiatement d’avoir accepté cet emploi la veille. Mais dans quoi me suis-je encore fourrée? 

C’est au tour d’Aline d’arriver maintenant. 
- “ Arrête donc un peu de râler Henry, ça te fera de la compagnie ! Suivez-moi Outa, nous allons discuter un peu des modalités dans mon bureau ”
 
Une fois dans la petite pièce, elle commence par me tendre un paquet. 
- “ Je ne vais pas vous laisser travailler avec ces guenilles infâmes. Prenez ces vêtements, vous me les rembourserez avec votre première semaine de salaire. Maintenant, allez vous changer derrière ce paravent. “

Je me rends soudain compte que je n’ai pas fière allure. Cela fait si longtemps que je les ai qu’ils sont comme une seconde peau. Mais l’idée de pouvoir retirer ces loques fines et rêches m’enchante. Je n’ai pas le temps d'apprécier la douceur du tissu, je dois me dépêcher. Je peux quand même sentir l’odeur de vêtements propre et c’est très, très agréable.
Le pantalon est épais et serré, de couleur brune. des bottes en cuir qui vont jusqu'aux genoux. Une chemise blanche et ample avec des manches m'arrivant aux coudes est resserrée par un corset vert foncé. Je présente bien, j’ai à nouveau de la contenance. Quand j’aurais un peu d’argent, je pourrais me racheter une belle cape. Aline est tellement prévenante qu’elle a même prévu un bandage propre pour ma jambe. Elle a dû se rendre compte que je boitais un peu. 
- “ Alors, tu es prête? “ me demande-t-elle. “ Et bien ça me semble parfait ! Je vais devoir partir dans moins d’une heure. Je compte sur toi pour tenir un peu tête à Henry, il n’y a que comme ça que tu gagneras son respect. Soit volontaire et travailleuse et il n’y a aucune raison que ça se passe mal ! Va travailler maintenant. “ 

Après l’avoir remercié platement et attaché mes cheveux, je retourne auprès de Henry. Ce dernier a fini de préparé la salle et est occupé à servir les quelques clients qui ont commencé à arriver. Le petit déjeuner est simple mais efficace. Ce doit être les mots d’ordre de l’établissement. Pain gris, beurre et confiture, café ou thé. 
- “ Suis-moi Outa ! Ne reste pas là, bêtement immobile ! “

Je lui prends le pas et écoute attentivement. 
- “ Je te veux en bas à 5h30 tous les matins ! La journée finie à 21h ! Et oui, les jours sont long ici ! Je t’expliquerai au fur et à mesure tes tâches. Nous sommes 4 dans l’établissement : Milio qui s’occupe du nettoyage et que tu aideras; et Eliaz qui reprend le service le soir et qui s’occupe de la cuisine. Prends ce tablier et va voir les clients. Tu prends les commandes et une fois que c’est fait, tu composes les plateaux en cuisine !… Allez ! Dépêche toi ! “ 

Henry me laisse au milieu de la salle et s’en va tout en râlant. 
Un calepin et un stylo dans la main, je vais de table en table pour parler au client. Ensuite direction cuisine. Elle n’est pas très grande mais très bien agencée. Je repère tout de suite les éléments pour le petit déjeuner. La mise en place est intuitive, les paniers de pains sont déjà prêts, je n’ai plus qu'à remplir le plateau des éléments commandés. Le grand mystère, c’est la machine à café que je ne sais pas utiliser… 
- “ Rholala mais c’est pas possible !! “

Henry a surgi derrière moi, je ne l’avais même pas entendu arrivé. 
- “ 2 boutons, un café, un thé, c’est quand même pas compliqué ! Dépêche toi ! “

Effectivement, une fois les boutons trouvés, ce n’est pas bien compliqué. Je peux me mettre au travail correctement… Ou en tout cas faire de mon mieux. 
La salle se remplit à une vitesse folle et se vide tout aussi rapidement 2 heures plus tard, vers 8h30. Je suis éreintée. J’ai malheureusement renversé un plateau et eu droit à un regard assassin de la part de Henry. Je me pose sur une chaise…

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Il y a 3 ans | Le 10 Jun 2020 19:49:08
------------------------ chapitre 8 ------------------------
- “ OUTA ! Mais qu’est ce que tu fais encore ? On n’a pas fini ! “ 

Il faut faire la vaisselle maintenant. Bien qu’on ait réussi à nettoyer la plupart des éléments en cours de route, il faut finir et rendre la cuisine nickel pour le service du midi. Il faut ensuite nettoyer toutes les tables. 

Je commence sérieusement à avoir mal aux pieds à force de piétiner partout. J’ai juste le temps de prendre un verre d’eau sous le regard suspicieux de mon patron et c’est parti pour trois heures de nettoyage des chambres. 
- “ Profites-en pour vider la tienne ! Tu ne dors pas là ce soir ! “
 
D’accord Henry ! Je monte et vais auprès de Milio que je rencontre pour la première fois. Chez lui, on a l’impression que tout est trop long. De longues jambes, de longs bras, de très grandes mains et pieds, un grand front. Il a l’air foncièrement gentil, presque un peu benêt. 

Il m’explique qu’il y a 30 chambres et Il faut passer le balai dans chacune d’elle, nettoyer l’évier puis le miroir. Il faut refaire les lits et changer les draps des chambre où il y a un changement de clients. C’est-à-dire 18 chambres pour ce jour-là. Je ne dois pas oublier d’aérer dans chaque chambre pendant le temps que j’y passerais. 
La tâche me semble insensée en si peu de temps. Milio, lui, va nettoyer tous les espaces communs ainsi que les salles de bains et les toilettes.

Je me mets au travail. J’ai à ma disposition la base du matériel de nettoyage. Un seau, du savon et une brosse. Dans le couloir, il y a un chariot avec les draps propre et un grand bac pour y mettre les sales. En nettoyant, j’ai un peu plus le temps pour laisser l’atmosphère du lieu m’imprégner. La bâtisse est en bois et ça la rend très chaleureuse. Il y a de longs tapis rouge foncé dans de larges couloirs. Du plafond pendent de petites ampoules dans des abat-jours en osier. En tout, il y a 25 chambres individuelles et 5 chambres communes avec une dizaines de lits par pièce, pour les voyageurs ne restant là que pour quelques heures. de sommeil. Les draps sont blanc et vert foncé. Je reconnais bien là les goûts de la patronne. Le temps file à une vitesse impressionnante et moi j’ai l’impression de n’avoir jamais été aussi lente ! Après 2h30 de travail, il me reste encore une dizaine de chambre à faire ! Heureusement, Milio s’est dépêché pour m’aider et presque finir dans les temps. C’est un vrai plaisir de travailler avec lui, il est blagueur et me fait beaucoup rire. C’est quelqu’un de simple et de convivial, tout l’inverse d’Henry ! J’apprend pourtant qu’ils sont de la même famille puisque Millio est son neveux. Ce dernier est arrivé dans l’auberge après que sa mère, la sœur d'Henry, ai disparu. Vivre dans cet environnement lui a permis d’apprendre des valeurs comme l'entraide et le travail. Il m’explique que Henry l’a sauvé alors qu’il était entrain de mal tourner. Jamais je n’aurais pensé découvrir ce lien de parenté vu leur différentes. Autant d’un point de vue physique qu’au niveau du caractère. Je crois que je commence à voir Henry différemment…

Je me rappelle soudainement qu’il manque ma taie d'oreiller dans ma chambre ! Je la nettoie et change les draps comme si de rien était. Ce n’est qu’une fois qu’on a fini tous les deux que j’explique timidement à mon collègue qu’une personne a volé une taie d'oreiller. 
-  “ Encore?! Mais qu’est-ce qu’ils ont avec ces taies? Ils veulent se regrouper pour en faire une montgolfière?! Tu sais dans quelle chambre?”

Je ne peux m’empêcher de rire en lui répondant que je ne m’en rappelle plus. 
Tant pis, il ne peut rien y faire. Ça me soulage de savoir que je ne suis pas la seule, même si je sais que ce n’est pas une raison. Vu que nous avons dépassé l’heure, je n’ai pas le temps de m’asseoir et je dois tout de suite redescendre. Je file dans les cuisines où Henry et Eliaz sont déjà. 
-  “ Tu as 5 minutes de retard Outa ! Il était grand temps que tu arrives ! “ 

Eliaz me sourit avec un air compatissant. Il est déjà passé par là lui aussi. 
Pendant le temps qu’il reste, nous faisons la mise en place. Une fois la soupe de tomate prête et le pain coupé, les gens commencent à arriver. 
C’est reparti pour un service, qui durera 3 heures ! Je n’en peux plus, mon seul rayon de soleil fut de croiser le sourire de Martine qui m’a fait un petit signe de la main.

Henry reste au comptoir de l'accueil, moi je fais la vaisselle avec Eliaz. Nous en profitons pour discuter et manger un morceau. Il est grand et a de larges épaules. Les ustensiles ont l’air petits dans ses mains. Ses cheveux long sont rejoints en queue de cheval et il a une courte barbe. 
Il habite tout près d’ici et vient travailler tous les jours pour préparer le pain et la soupe pour le midi ainsi que le repas du soir. Il repart en milieu d’après midi et revient en soirée pour s’occuper du bar. En général, il finit tard dans la nuit, le temps que les clients aient bu leur dernière bière. Une fois la vaisselle lavée et les tables nettoyées, on est en milieu d’après-midi et je vois Milio qui passe un coup de balai dans la grande salle. 

Henry vient me voir 
-  “ Bien ! il est un peu plus de 16 heures ! ‘ Dit il en regardant la grosse horloge au dessus du comptoir “Tu as 2 heures de pause devant toi. Va dehors et contourne l’auberge. Une porte te mènera à l’endroit où tu pourras t’installer. “ Et il s’en va. 

Une pause ! Je n’y croyais plus ! J’embarque mes affaires laissées dans le bureau de Aline et je file dehors. Je me retrouve dans une petite annexe. Un étroit couloir mène à 4 chambres, plus petites que celle de l’auberge. Il y en a une dont la porte n’est pas fermée, c’est donc sans doute la mienne. Elle ne comporte qu’une petite fenêtre, un lit et une armoire. Je dépose mon sac dans cette dernière sauf ma boite, que je met entre les lattes et le matelas, côté mur. Je ressors assez vite et je remarque qu’au bout du couloir il y a une salle de bain commune. Il me reste encore plus d’une heure et demie, le temps pour moi de profiter de l’herbe et du soleil.

( ps :  sur le salon discord le chapitre 15 vient d'être publié ! https://discord.gg/vjJxSer ) 

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Il y a 3 ans | Le 17 Jun 2020 10:05:17
------------------------ chapitre 9 ------------------------
En fin d’après-midi, je me réveille de ma sieste dans l’herbe. Il n’était pas prévu que je m’endorme ! Heureusement, je serai là à temps si je marche vite !

Le soir, le service est plus mouvementé dû à l’arrivée de nombreux voyageurs. Henry n’a que peu de temps pour m’aider et être en cuisine. Le repas se compose de steak, salade, purée. Un repas très simple mais qui ravit la clientèle présente dans la salle commune. Quand on vient d’une journée de marche, un bon repas et une bière suffisent pour combler n’importe qui. 
Je ne pensais pas que ça pouvait être plus fatiguant encore que la période de repas du matin et du midi. Et pourtant, c’est possible ! 

Après 2 heures de service, j’ai faim et soif. Et je ne peux pourtant toucher à rien. Heureusement qu’Eliaz a prévu bien assez pour que je me fasse une belle assiette en fin de service !

La dernière demi-heure est la plus difficile : j’ai mal au pied, j’ai mal au dos, j’ai mal partout. Même à des endroits que je redécouvre avec la douleur ! Heureusement que tout le monde est de bonne humeur ! Enfin … tout le monde sauf Henry, qui reste poli mais froid avec les clients. 
Les dernières assiette finies, nous ne servirons plus personne. Je fais la vaisselle et je finis enfin mon service en nettoyant quelques tables.
Je ne sens même plus mes pieds et mon dos, engourdis par la douleur. moi qui me trouvais résistante… C’est une belle leçon de vie ! Je comprends mieux qu'Henry soit ronchon vu les longues journées qu’il vit toute la semaine. En me retournant, je me rends compte qu’Eliaz est derrière le comptoir en train de servir une bière à un client. Comment?! Il est déjà 21 heure?! 
- “ Viens, Outa. Je t’offre une bière ! Tu l’as bien méritée ! “

Je ne suis pas une amatrice d’alcool de manière générale, mais cette bière fraîche sur ce tabouret… C’est bien trop tentant. 

Pendant que je m’installe, il me sert une chopine. La première gorgée sera la meilleure. Fraîche, pétillante, un peu amère. Je lèche avec bonheur la mousse qui s’est déposée sur ma lèvre supérieure. En souriant, je reste sur ce tabouret à écouter Eliaz raconter ses aventures. Trop fatiguée pour prononcer un mot, je l’écoute. Il est fils de pêcheur mais a toujours eu le mal de mer. Il est donc parti à sa majorité pour s’installer sur les Terres d’Argent. Comme moi, la patronne lui a proposé un emploi quand il était sans attache, à la rue. Et depuis il n’est jamais reparti. De sa vie d’avant, il garde une cicatrice dans le cou créer par un harpon. En effet, en voulant élancer sa canne à pêche pour attraper du poisson, le crochet s’est enfoncé dans sa nuque. Il m’explique que travailler ici est rude mais que cette équipe est devenue sa deuxième famille.

Mes yeux commencent à se fermer tous seuls. 
-  “ Va dormir, Outa. Je t’en voudrais pas ! On se revoit demain ! “ 

Je me dirige comme un zombie jusqu’à mon lit. J’ai juste le temps de retirer mes chaussures et mon pantalon avant de m'effondrer et de m’endormir.

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Il y a 3 ans | Le 24 Jun 2020 22:59:51
------------------------ chapitre 10 ------------------------
Le temps passent. Et malgré ma présence en ces lieux depuis deux semaines, 
le réveil est toujours aussi difficile, les journées sont longues et fatigantes. Et pourtant je me remets sur pied. Je trouve mon rythme. Je suis davantage en forme. Ma jambe guérit rapidement et je prends même un peu de poids. 

C’est maintenant l’heure de ma pause et je suis avec une tartine de confiture assise dans l’herbe, le dos contre un rocher. Les yeux fermés, appréciant le vent sur mon visage, je laisse mes pensées divaguer. Je remercie tous les dieux du ciel de m’avoir mis sur le chemin de cette auberge. Parfois j’en oublie pourquoi je suis là, ainsi que l’importance de ma quête. C’est la première fois que je me sens à ma place, que je me sens réellement utile. 

Presque tous les jours, je repense à cette femme qui doit revenir et à qui je dois rendre sa broche. S’il y a une bonne raison de rendre un objet volé, c’est celle-là, ce sera un bon moyen pour moi d’entamer la discussion.(modifié)

Après avoir pris mon courage à deux mains, j’ai parlé de la raison de ma présence à mes deux collègues masculin. Je leur ai demandé s’ils avaient des informations sur cette personne. Milio ne savait pas de qui je parlais. Il a moins de contact avec les clients que tous les autres employé de l’auberge. Par chance, en revanche, Eliaz connaît la femme que je cherche. Il me dit qu’elle prend souvent un verre de vin rouge au bar avant d’aller se coucher. 

Je pense encore souvent à sa venue, mais plus tout le temps. J’accepte l’idée qu’elle puisse ne plus jamais remettre les pieds ici. Et plus les jours passent, moins ça me dérange.

Je me relève, souriante. Je sens qu’il doit être bientôt l’heure. De retour dans l’auberge, j’enfile mon tablier et j’attache mes cheveux dans le même mouvement. Maintenant c’est devenu une routine et je le fais sans même y penser. En passant devant le comptoir, je croise Henry qui compte son argent. Ça me semble être une activité qu’il apprécie tout particulièrement ! Je lui lance :
- “ Alors Henry ! Prêt pour le service de ce soir? “ 
Il relève la tête et me regarde un peu surpris, puis me dit :
- “ Heu… oui oui ! Merci ! 

Ça m’est venu naturellement, je me surprends moi même. Ce n’est pas dans mes habitudes, car j’ai tendance à être renfermée, discrète. En réalité c’est Henry qui me surprend le plus. Je ne dirais pas qu’il est devenu gentil ou souriant, juste légèrement moins râleur. Milio m’a même dit qu’il était content de mon travail ! Enfin ça, j’attends de le voir pour le croire. Je crois d’ailleurs que le contact forcé avec tout ces clients a pu me faire du bien. J’évolue sans m’en rendre compte. Moi qui suis tellement dans l’introspection, je vis désormais un peu mieux le moment présent.

Je file prendre mon carnet au comptoir et commence à prendre les commandes. La soirée se passe sans encombre. Ce soir c’est saucisse, carotte et pomme de terre. La salle est pleine mais j’ai pris mon rythme. Je ne suis pas encore d’une rapidité extraordinaire mais aucun client ne s’en est encore plaint. 

À la fin de mon service, je prends une bière au sureau, comme d’habitude. Je vais m’installer à la table de Martine qui, exceptionnellement, est venue le soir pour me rendre visite. Nous papotons toutes les deux quand je sens une présence à ma droite. Je tourne la tête et vois, posé sur ma table, un verre de vin rouge…

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Il y a 3 ans | Le 01 Jul 2020 14:08:23
------------------------ chapitre 11 ------------------------

Je tourne lentement la tête. Sur le banc à côté de moi s’est assise une femme, souriante. Grande, robuste, les traits fins. Elle porte une chemise en dentelle… Alors c’est elle ! 
- “ Bonjour. Alors comme ça, tu me cherches ?! “ 
- “ Heu… oui ! Vous pouvez m’attendre ici une minute? “ 
Sans écouter sa réponse, je file en direction de ma chambre. Une fois à l’intérieur, je sors ma boite de sa cachette et y retire la broche. Il y a un trou en forme de coquillage au milieu de mes objets. J'appréhende cette perte. Ce n’est pas seulement rendre un trésor, un souvenir, une partie de moi. C’est me délaisser d’un lien physique avec mon père.

Je retourne dans la salle commune, la boule au ventre. Et si elle ne savait rien du tout? Que ça n’avait aucun rapport? Qu’on ne parlait pas du même homme? Et si  elle l’avait juste achetée cette broche à un marché ? Je me rassois et j’essaye temps bien que mal de contenir mon angoisse. Elle me tend sa main pour faire les présentations, je lui serre. 
- “ Bonjour, je suis Aloïs. Que puis-je pour toi? “
- “ Bonjour, je m’appelle Outa. J’ai… trouvé cette broche qui vous appartient… “ 
Elle me regarde l’air suspicieux 
- “ Et tu l’as trouvée où? “
- “ Heu… dans une chambre pendant que je nettoyais. “ 
J’essaie d’éviter le regard de Martine. Je sens bien qu’elle n’en croit pas un mot et je vois du coin de l’oeil qu’elle trouve ça très drôle. 
Elle prend d’ailleurs la parole :
- “ Bon mon petit poussin, il se fait tard ! Je te laisse. À demain ! “ Martine prend son sac et s’en va, nous laissant seule Aloïs et moi.
- “ Et bien merci pour ma broche ! C’était tout ce que tu voulais? “ 
- “ En réalité, je me demandais quel était son histoire… J’ai appris récemment que ce coquillage est l’emblème d’un homme que je cherche”

Aloïs me regarde sans me regarder et fronce légèrement les yeux, elle est dans ses pensées. Elle remet une mèche de cheveux noir derrière son oreille. 
- “ Cette broche me vient d’un homme. Nous nous sommes aimés il y a très longtemps maintenant. Ça doit faire… bien 12 ans que nous ne nous sommes pas vu ! Notre idylle cachée a duré près de 3 ans. Il m’a quitté pour le bien de sa fille. “ 
En entendant ces derniers mots, je suis profondément ébranlée. Je fais un rapide compte dans ma tête, j’avais… 14 ans. Pourquoi aurait il quitté pour mon bien ?… Je ne comprends pas. Il a parlé de moi à quelqu’un… il ne m’a pas oubliée ! J’ai plein de questions et je suis encore trop sous le choc pour parler. 
- “ Ça va Outa? “ 
- “ Je… vous pouvez me parler de lui? “ 
- “ C’est un homme grand. Des cheveux noir et des yeux très bleus. Mais pourquoi veux-tu savoir? Qu’est-ce que tu lui veux ?! “ Me dit-elle en fronçant les sourcils et en me regardant fixement.

- “ Je suis à la recherche de mon père “ 

Cette réponse semble lui suffire parce qu’elle continue son récit. Elle m’explique que c’est un homme d’une grande gentillesse et d’un naturel discret. Qu’au moment où ils se sont rencontrés, il se déplaçait très souvent grâce à son commerce, en particulier pour échapper à une femme. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il n’a pas pu faire durer leur histoire plus longtemps. Elle n’a jamais cessé de l’aimer. J’ai mon menton qui repose sur ma main, mon coude sur la table. Je bois ses paroles. Elle s’arrête brusquement. 
- “ Bon Outa il se fait tard, je dois allé me coucher, je pars aux Aurores demain ! “ 
Elle se lève et commence à s’en aller. Je lui attrape le bras !
- “ Ou puis-je le trouver?! “ 
Elle s’arrête, se retourne et me regarde. 
- “ Dans une semaine je reviendrais. Si tu le souhaites, nous repartirons ensemble et je te mènerais à quelqu’un qui pourra t’en dire plus. “
Je lui fais “oui” de la tête. Elle me tourne le dos et s’en vas, son verre vide à la main. Je n’avais même pas remarqué qu’une épée était attaché à sa ceinture, brunie par du sang ayant séché. C’est donc une guerrière.

J’ai une boule au ventre. En une soirée j’en ai appris plus que jamais depuis mon départ. Depuis le début de mon périple, j’étais presque intégralement guidée par les livres de réservations sur lequel était écrit son nom. C’était il y a tellement longtemps que plus aucun aubergiste ne se rappelait vraiment du visage de mon père. Et qu’aucune de ses rencontres ne se souvenait des moments qu’ils avaient passé ensemble. 

Un peu plus tard, en allant me coucher, j'ai la certitude que cette nuit là, je ne dormirais pas.

 

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Il y a 3 ans | Le 08 Jul 2020 15:11:15
------------------------ chapitre 12 ------------------------

À mon réveil le lendemain matin, je me dis que, finalement, je ne suis pas fâchée à l’idée de passer une semaine de plus ici. Ça me laisse le temps de me préparer pour la suite. Et je dois admettre que je me sens vraiment bien dans cet environnement. Je veux profiter au maximum du temps qu’il me reste avant de reprendre la route.

Le réveil fut compliqué. Aloïs est partie avant que je commence à travailler. N’ayant presque pas dormi, toute ma journée est longue et laborieuse. Je suis distraite, maladroite. Toute mes pensées sont embrouillées par la conversation de la veille. J’essaie de me remémorer de vieux souvenirs, mais avant mes 7 ans je ne me rappelle que de vagues bribes. Je ne me rappelle pas que mon père m’ait enlevée. Pourtant la lettre que j’ai volée à ma mère est plutôt claire sur le sujet. Pourquoi devait-il continuer à fuir une fois que je suis retournée chez moi? Je ne comprends pas ce qui l’a obligé à quitter Aloïs pour me protéger… est-il un hors-la-loi? Trop de questions restent en suspens et je ne peux qu’attendre.

- “ Outa? Tu vas bien? Ça fait 5min que tu as cette taie d'oreiller dans les mains ! “
Milio a passé sa tête par l’embrasure de la porte et me regarde l’air inquiet. Je ne m’en étais même pas rendue compte.
- “ Oui oui, désolé “
Je me remets au travail. Il faut que j’essaie de me concentrer.

Vers 16 heure, je prends mon courage à deux mains et je vais voir Henry. Même si l’idée de lui parler ne m’enchante pas, je me dois de le faire. Par respect pour lui. Je le trouve en train de lire son journal dans la salle commune. Il est assis sur un banc avec un petit thé.

- “Henry ? “
- “Oui ? “, me dit-il en levant les yeux de son journal.
- “ Et bien… Dans une semaine je partirai avec la femme à la broche.”
- “ Ah… Aline revient dans 2 jours, il n’y aura donc pas de problème. C’est dommage, tu es un bon élément. “ Et il recommence à lire son journal.
Je ne lui réponds pas. Je suis surprise. Henry m’a fait un compliment sur mon travail ! Ce n’était donc pas une légende ! Je ne peux m’empêcher d’être fière de moi. Je crois que c’est la première fois que ça m’arrive d’être complimentée par une figure d’autorité. Je pourrais y prendre goût ! Je me dirige vers l’extérieur quand je l’entends me dire :

- “ Finalement, va nous refaire du thé et viens t’installer à ma table ”.
l replie son journal et le pose à côté de sa chaise.
- “ Heu … oui, d’accord “

Je me retourne pour me diriger dans la cuisine et réaliser une infusion aux bleuets, je prend deux grandes tasses et je retourne auprès d’Henry.
- “ Comment vas-tu ? “ Me dit il en me proposant un petit biscuit sablé qu’il vient de sortir de sa poche.
- “ Et bien ça va ! “ Lui dis je en prenant le biscuit.
- “ Je ne suis pas aveugle Outa. Je ne suis pas aveugle ! “

Il me regarde maintenant droit dans les yeux. Ça transperce mes défenses. J’ai le sentiment qu’il lit en moi comme dans un livre ouvert, je me sens désarmée. Je baisse les yeux et regarde mes mains pour lui répondre :
-“ Pour être honnête, je me sens mieux grâce à vous tous depuis quelques semaine, mais globalement je ne vais pas très bien. “
- “ qu’attend tu Outa ? “ Dit Il en prenant une gorgée de thé.
- “ Attendre de quoi ? “
- “ Qu’espères-tu en retrouvant ton père ? “
Je suis étonnée qu’il démontre de l’intérêt vis à vis de ma situation. Je réfléchis quelques secondes…
- “ Je veux des réponses. J’ai grandis avec de fausses informations et je veux la vérité.“
- “ Tu es sûre Outa ? “ me dit il, toujours avec ce même regard.

Cette question me perturbe. Je fronce un peu les sourcils.
- “ Je crois … oui ! “
- “ On verra ! Nous en reparlerons un jour. Et le jour ou ça arrivera, revient me voir ! On ne la fait pas à un vieux nain comme moi ! ” Me répond t il “ Maintenant laisse moi tranquille, je vais continuer ma lecture ! “

Je reprend les tasses et la théière et laisse henry qui a immédiatement repris sa lecture. Je suis ébranlée par notre conversation. le jour où quoi arrivera ? Il a l’air de savoir mieux que moi ce que je ressens. Je me dirige vers la cuisine.

- “ Outa ! “ Me rappelle Henry “ Il y a une enveloppe pour toi à l'accueil”
Une enveloppe ? Je change de direction pour aller derrière le comptoir. En effet, il y en a une à mon nom. Juste mon nom sur la face avant. Elle vient donc d’un client de l'hôtel. Le courrier est un peu bombé, un petit objet se trouve à l’intérieur. Je l’ouvre et en sors un petit papier sur lequel est écrit :

- “ Il te revient plus qu’à moi.Tu as les yeux de ton père… Aloïs.“

Et au fond de l’enveloppe se trouve la broche coquillage. Je ferme les yeux et je souris. Elle n’aurait pas pu me faire plus plaisir. Grâce à elle, j’ai la certitude que nous parlons de la même personne. Je me sens à nouveau en lien avec mon père. Je file devant un miroir pour l’accrocher à mon corset. Le bijoux me semble n’avoir jamais été aussi magnifique. Il est du même bleu que mes yeux. Tout mes doutes s’envolent. Je suis tellement fière de pouvoir le porter plutôt que de devoir le cacher ! À ce moment-là, j’ai le sentiment que ce sourire ne disparaîtra plus jamais de mon visage.

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Il y a 3 ans | Le 15 Jul 2020 15:07:16
------------------------ chapitre 12 ------------------------

À mon réveil le lendemain matin, je me dis que, finalement, je ne suis pas fâchée à l’idée de passer une semaine de plus ici. Ça me laisse le temps de me préparer pour la suite. Et je dois admettre que je me sens vraiment bien dans cet environnement. Je veux profiter au maximum du temps qu’il me reste avant de reprendre la route. 

Le réveil fut compliqué. Aloïs est partie avant que je commence à travailler. N’ayant presque pas dormi, toute ma journée est longue et laborieuse. Je suis distraite, maladroite. Toute mes pensées sont embrouillées par la conversation de la veille. J’essaie de me remémorer de vieux souvenirs, mais avant mes 7 ans je ne me rappelle que de vagues bribes. Je ne me rappelle pas que mon père m’ait enlevée. Pourtant la lettre que j’ai volée à ma mère est plutôt claire sur le sujet. Pourquoi devait-il continuer à fuir une fois que je suis retournée chez moi? Je ne comprends pas ce qui l’a obligé à quitter Aloïs pour me protéger… est-il un hors-la-loi? Trop de questions restent en suspens et je ne peux qu’attendre.

- “ Outa? Tu vas bien? Ça fait 5min que tu as cette taie d'oreiller dans les mains ! “ 
Milio a passé sa tête par l’embrasure de la porte et me regarde l’air inquiet. Je ne m’en étais même pas rendue compte. 
- “ Oui oui, désolé “ 
Je me remets au travail. Il faut que j’essaie de me concentrer. 

Vers 16 heure, je prends mon courage à deux mains et je vais voir Henry. Même si l’idée de lui parler ne m’enchante pas, je me dois de le faire. Par respect pour lui. Je le trouve en train de lire son journal dans la salle commune. Il est assis sur un banc avec un petit thé.

- “Henry ? “ 
- “Oui ? “, me dit-il en levant les yeux de son journal.
- “ Et bien… Dans une semaine je partirai avec la femme à la broche.” 
- “ Ah… Aline revient dans 2 jours, il n’y aura donc pas de problème. C’est dommage, tu es un bon élément. “ Et il recommence à lire son journal.

Je ne lui réponds pas. Je suis surprise. Henry m’a fait un compliment sur mon travail ! Ce n’était donc pas une légende ! Je ne peux m’empêcher d’être fière de moi. Je crois que c’est la première fois que ça m’arrive d’être complimentée par une figure d’autorité. Je pourrais y prendre goût ! Je me dirige vers l’extérieur quand je l’entends me dire : 

- “ Finalement, va nous refaire du thé et viens t’installer à ma table ”, me dit Henry. Il replie son journal et le pose à côté de sa chaise. 
- “ Heu … oui, d’accord “ 

Je me retourne pour me diriger dans la cuisine et réaliser une infusion aux bleuets, je prend deux grandes tasses et je retourne auprès d’Henry. 
- “ Comment vas-tu ? “ Me dit il en me proposant un petit biscuit sablé qu’il vient de sortir de sa poche. 
- “ Et bien ça va ! “ Lui dis je en prenant le biscuit. 
- “ Je ne suis pas aveugle Outa. Je ne suis pas aveugle ! “ 

Il me regarde maintenant droit dans les yeux. Ça transperce mes défenses. J’ai le sentiment qu’il lit en moi comme dans un livre ouvert, je me sens désarmée. Je baisse les yeux et regarde mes mains pour lui répondre :
- “ Pour être honnête, je me sens mieux grâce à vous tous depuis quelques semaine, mais globalement je ne vais pas très bien. “ 
- “ qu’attend tu Outa ? “ Dit Il en prenant une gorgée de thé. 
- “ Attendre de quoi ? “ 
- “ Qu’espères-tu en retrouvant ton père ? “ 
Je suis étonnée qu’il démontre de l’intérêt vis à vis de ma situation. Je réfléchis quelques secondes… 
- “ Je veux des réponses. J’ai grandis avec de fausses informations et je veux la vérité.“ 
- “ Tu es sûre Outa ? “ me dit il, toujours avec ce même regard.

Cette question me perturbe. Je fronce un peu les sourcils. 
- “ Je crois … oui ! “ 
- “ On verra ! Nous en reparlerons un jour. Et le jour ou ça arrivera, revient me voir! On ne la fait pas à un vieux nain comme moi ! ” Me répond t il “ Maintenant laisse moi tranquille, je vais continuer ma lecture ! “ 

Je reprend les tasses et la théière et laisse henry qui a immédiatement repris sa lecture. Je suis ébranlée par notre conversation. le jour où quoi arrivera ? Il a l’air de savoir mieux que moi ce que je ressens. Je me dirige vers la cuisine. 

- “ Outa ! “ Me rappelle Henry “ Il y a une enveloppe pour toi à l'accueil” 
Une enveloppe ? Je change de direction pour aller derrière le comptoir. En effet, il y en a une à mon nom. Juste mon nom sur la face avant. Elle vient donc d’un client de l'hôtel. Le courrier est un peu bombé, un petit objet se trouve à l’intérieur. Je l’ouvre et en sors un petit papier sur lequel est écrit :
- “ Il te revient plus qu’à moi.Tu as les yeux de ton père… Aloïs.“ 

Et au fond de l’enveloppe se trouve la broche coquillage. Je ferme les yeux et je souris. Elle n’aurait pas pu me faire plus plaisir. Grâce à elle, j’ai la certitude que nous parlons de la même personne. Je me sens à nouveau en lien avec mon père. Je file devant un miroir pour l’accrocher à mon corset. Le bijoux me semble n’avoir jamais été aussi magnifique. Il est du même bleu que mes yeux. Tout mes doutes s’envolent. Je suis tellement fière de pouvoir le porter plutôt que de devoir le cacher ! À ce moment-là, j’ai le sentiment que ce sourire ne disparaîtra plus jamais de mon visage.

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Il y a 3 ans | Le 22 Jul 2020 09:55:35
------------------------ chapitre 13 ------------------------

L’attente du retour d’Aloïs rend les journées longues au début. Je ne m’ennuie pas mais je suis impatiente. J’ai l’impression d’être une enfant attendant le retour de sa mère dans la cours de l’école. 
5 jours avant mon départ, Aline rentre de voyage. Elle rapporte avec elle des épices exotique et de la belle vaisselle, ce qui enchante Eliaz ! Travailler à ses côté rend mon séjour encore plus agréable. 

Pendant nos pauses de l’après-midi, nous buvons son thé coquelicot à trois, avec henry et je les écoute raconter leur aventures. Je les découvres différemment. On dirait un vieux couple, il y a beaucoup de désaccord mais surtout, de la complicité. J’apprend de ma patronne qu’en réalité, il s’agit d’un nain d’environ 150 ans ! Je comprend mieux toute la sagesse dont il faut preuve. 
Environ 2 ans après que l’auberge ai démarré, Aline travaillait seule et il y avait bien moins de monde qu’aujourd’hui. Henry est arrivé pour passer une nuit. Le lendemain matin il se serait présenté à elle en lui disant très simplement, droit dans les yeux, qu’il fallait qu’elle l’engage. Devant temps d’assurance, elle n’a pas réfléchis et a accepté. Cela fait donc maintenant une quinzaine d’années qu’ils travaillent ensemble.

Le travail est plus rapide et moins fatiguant car nous le faisons toute les deux. Je profite donc encore mieux de cette dernière semaine. Aline aime bien taquiner Henry et je ne peux m’empêcher d’en rire discrètement… jusqu’à ce qu’il me regarde avec l’air faussement vexé, ce qui me fait rire plus encore !

Le midi je mange en présence d’Eliaz, il aime parler de tous ses voyages à bord du bateau de son père. Parfois, Milio nous rejoint. Les repas sont alors beaucoup plus animé, ce dernier adorant faire rire son entourage !

De temps en temps, le soir, quand il y a très peu de monde, nous nous retrouvons tous les 5 autours d’un jeux de cartes ou de dominos. C’est en général Henry qui nous impose le couvre feux, il ne faudrait pas que le lendemain nous soyons fatigué ! 

Avec les jours qui passent, mes sentiments deviennent de plus en plus contradictoire. Je suis à la fois pressée de pouvoir continuer ma quête et triste de les quitter. En presque un mois, ils sont devenus ce qui ressemble le plus à une famille pour moi. 

Et puis le matin du septième jours est arrivé …

outa
Shade Of Darkness


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Il y a 3 ans | Le 29 Jul 2020 11:52:06
------------------------ chapitre 14 ------------------------
Je me réveille un peu en avance pour pouvoir me préparer tranquillement. Je retire les draps de mon lit et les mets dans le bac du couloir. Je prends mon temps pour savourer une longue douche bien chaude car je ne sais pas quand ça se reproduira. Une fois propre, je retourne dans ma chambre faire mon sac et dépoussiérer un peu. 

Quand j’arrive dans la salle commune, Aloïs est déjà là et plaisante avec Aline. 
Il ne doit pourtant pas être plus de 6h du matin ! Je vais leur dire bonjour ainsi qu'à Henry qui se trouve en cuisine. En revenant, Aloïs me dit que nous allons prendre un solide petit déjeuner car la route sera longue. une fois mes tartines difficilement avalées et le café bu, il est temps pour moi de dire au revoir. C’est le moment que je redoutais. 
Aline me remet une enveloppe avec mon argent de la semaine et puis me prend dans ses bras.
- “ Tu es la bienvenue quand tu le souhaite Outa.” me dit elle. 
- “ Merci, merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. “ 
J’ai une boule dans la gorge, je n’ai soudain plus du tout envie de partir. 
Je me dirige ensuite vers Henry… et le prends dans mes bras. Il me serre à son tour. En m’éloignant, aucun de nous deux ne parle. L’émotion m’empêche de prononcer le moindre mot. Je peux quand même apercevoir un sourire dans sa barbe. J’ai fait mes adieux à Milio et Eliaz hier, c’est toujours ça de difficile à ne pas faire aujourd’hui.

Aloïs m’attend près de la porte, je me hâte de la rejoindre. Et après un dernier regard en direction de l’auberge, nous partons. Je sens mes yeux se remplir de larmes mais je les garde bien ouverts pour qu’ils évitent de couler. J’espère de tout coeur que ce n’est pas un adieu...

Après un petit temps de marche, je vois le soleil se lever. Nous sentons la fraîcheur de cette matinée du mois de mai. L’herbe couverte de rosée vient mouiller nos bottes, rendant le sol un peu glissant. Nous ne parlons pas. Le paysage est silencieux et dénué de vie. Il fait si paisible… 

Les heures passent et le soleil est maintenant bien présent. Aux alentours de midi, nous nous arrêtons pour casser rapidement la croûte et nous reprenons ensuite la route. Cette fois-ci, c’est Aloïs qui prend la parole. 
- “ Et sinon Outa … Connais-tu un peu les Terres d’Argent ? “

Je lui réponds par la négative. Malgré ma présence d’un mois sur ces terres, je n’en ai rien vu en dehors d’une route et de l’intérieur d’une auberge.
Alors elle se met à me raconter. Les Terres d’Argent sont davantage peuplées de monstres que d’êtres humains. Les amitiés y sont aussi intenses que les trahisons. Et quand on se lance dans une quête comme la mienne, il est utile d’être bien entourée. 
- “ Et oui ! “, me dit-t-elle en souriant. “ Tu n’imagines pas les dangers auxquels peut être confrontée une voleuse inexpérimentée comme toi ! “
 
Je ne peux m’empêcher de rougir soudainement et ne trouve rien à répondre. Alors Aloïs continue : 
- “ Le vol, c’est pas mon truc. Je préfère déchiqueter du monstre ! C’était celui de ton père en revanche, tu dois tenir ça de lui ! “ 

Mon père volait ? Comment ça peut-être un “ truc “ ? J’ai l’impression que plus cette femme parle et moins je la comprends. 

- “ Un démon ! Va te cacher derrière ce buisson ! “

Avant même que j’ai pu sentir sa présence, une bête violette mi-bouc mi-homme surgit face à nous ! Je vais rapidement me mettre à couvert et  regarde Aloïs sortir son épée de son fourreau. Le monstre a une lance, des griffes et des ailes. Heureusement il est trop lourd pour voler, il se contente de faire de grands sauts.

Aloïs brandit son épée face à lui, elle semble plus forte que jamais. Le démon s’élance sur elle d’un bond mais elle le bloque avec son arme. Elle en profite pour passer sur sa droite, attraper une de ses cornes et le jeter au sol avant de planter son épée en plein dans son dos, au niveau de son coeur. Il ne bouge plus, il est vaincu ! Je sors alors timidement de ma cachette et rejoins Aloïs qui nettoie son épée. 
- “ Ah ces démons… Ils font peur mais ils sont lents et lourds ! Sois attentive, il y en a pas mal dans le coin. Et je ne suis pas sûre que tu tiendrais 3 secondes face à eux ha ha ! “, me dit-elle en riant à gorge déployée.

Elle se retourne et se remet à marcher. Je lui emboite le pas, encore un peu sous le choc de ce qui vient de se passer. 

En regardant le ciel, je remarque que le soleil commence à descendre doucement derrière les collines.