« Oh là compagnons, mais que vois-je ?
Ne serait-ce pas ce drôle dont les gestes abusés et infantiles font rire la populace des terres d’argents ? Ne serait-ce pas ce bouffon malodorant, spécialiste de l’abus de confiance et du burlesque ? Ne serait-ce pas cet idiot dont l’imbécilité n’a d’égale que l’incapacité ? Ne serait-ce pas – et ainsi osons le nommer, car demain n’est pas le jour où cet homme viendra à me mettre à mal - Lhuz, le plaisantin ?
Mais n’attendons plus, compagnons ! Amenez tables et victuailles, vinasse et bière, et que l’on chante, que l’on parle ! De mon côté, je m’occupe de l’animation, ce Lhuz fera très bien le bouffon de nos riches esprits. Son teint seul suffirait à vous faire rire, mais mes amis, ce soir je vous promets plus : car je ferais parler le misérable, et ainsi nous nous délecterons de son verbe absent.
Misery, je vous crois atteinte de folie : vous promettez un million de piécettes d’or pour la tête de cet ahuri, mais honnêtement, je crois que tous ici vous feraient l’honneur de le tuer gratuitement, après tout, le fourbe est un coquin de la pire espèce, que seules quatre planches pourraient absoudre ! Alors, faites-moi le plaisir, Misery, de m’accorder le droit de vous ramener sa tête, et pour tout paiement, je n’accepterai qu’un sourire de votre personne !
Et vous tous, dont la réaction fut si prompte ! Organisons une battue : tel une bête, l’ignare sera traqué, et nul refuge, à part la mort dans les pires conditions, ne pourra le cacher ! Ainsi, l’idiot qui recrute en son clan la populace des bas-fonds les plus misérables des villes de Kedok, pliant à sa volonté des esprits bien faibles en leur susurrant mensonges et promesses qui ne peuvent être accomplies, ce chef de bas étalage, ce Lhuz, n’aura plus pour avenir que le trépas.
Et il ne fait nul doute que ces terres ne s’en porteront pas plus mal. »