J’ai pris l’habitude de manger dans le fond de la salle de l’auberge, sous l’escalier, en me faisant le plus discret possible. L’ombre aidant, de si de là, j’observe les autres convives.

      Apres avoir admiré les carrures et armement de chacun, c’est la sérénité de certain que j’admire le plus. Cette quiétude est toujours accompagnée d’un blason arboré sur la cape ou l’épaule ou encore le plastron. Je comprends vite que ces sigles sont un signe de ralliement. Je plonge le nez dans un verre et je me dis que ce n’est pas demain où je pourrai être comme eux. J’ai bien lu un jour, en rentrant d’une matinée de labeur, des guildes recrutent des aventuriers. Mais que feraient ces organisations d’un lapin de six semaines comme moi ? Et puis, si c’est pour être un boulet pour les autres, très peu pour moi. Enfin, je dis « je » mais nous sommes trois aux yeux des autres. Je prends une dernière rasade et monte reposer ce corp.

      L’échange fait, je ne peux m’empêcher de partir directement sur la place du village. Me dirigeant au panneau d’affichage, je ne peux que constater que je suis seul aux yeux de tous. Je ne peux pas être plus idiot qu’à ce moment-là. Je n’arrive même pas à lire les affiches clouées au tableau tellement je sens les regards se tourner vers moi. C’est bon, c’est officiel, me voilà catalogué « le petit novice qui croit être grand ». Honteux, je fais demis tour et  je me mets en route pour la sortie du bourg toute en fuyant les regards ricaneurs.