Mysis

Maelyss
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Il y a 6 ans | Le 29 Apr 2018 11:17:17
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Défie Maelyss du regard

- Je n'ai en aucun cas peur de vous Dame Maelyss.

Lorsqu'elle fut à portée de sa faux, il lui entailla très faiblement le joue puis repose la faux sur son épaule avant de lui sourire.

Porte la main sur sa joue et regarde le sang recueilli sur ses doigts.

- Eh bien, il y avait bien longtemps que mon sang n'avait coulé ailleurs que dans mes veines.. Que tu ne me craignes pas est une bonne chose, je te remercie de me le démontrer. Peu m'importe que tu me craignes ou non d'ailleurs, tu sais tout comme moi à quoi t'en tenir. Mais il faudra bien plus que ces minauderies enfantines pour me convaincre de ta colère, si elle habite encore ton coeur... te souviens-tu?
Pour tout dire, je veux bien jouer avec toi et me livrer à cette mascarade, je fais semblant de te menacer et toi tu fais semblant de me défier...Tu apprendras ainsi peut être quelques rudiments utiles à ta survie^^
Ahahah!
Sérieusement Mysis... où veux-tu en venir avec ton arrogance précoce? Vois-tu en moi le mentor dont tu pressens le besoin?

Regarde paisiblement le jeune homme qui semble s'être satisfait de son geste, se demandant ce qu'il en attendait en fin de compte .

- Je ne peux me battre contre une personne que je tiens en admiration et qui plus est fait partie de la même "famille" que moi.
Si cela peut vous rassurer la haine habite encore et toujours mon cœur et cela ne cesse de grandir en même temps que moi.
Je pense que vous pouvez m'apporter beaucoup en ce monde, vous qui m'avez accueilli alors que tellement d'autre me rejetaient . Ce geste aussi futile soit-il m'a permis de prendre de l'assurance, si je suis aujourd'hui capable de vous tenir tête demain mon esprit sera capable de défier n'importe quel être vivant en ce monde, pour le physique j'ai encore une longue route à parcourir mais je suis près à tout sacrifier pour y arriver.

Referme les paupières et chuchote des excuses envers Dame Maelyss.

Je fermais les yeux également en écoutant la cavalcade d'énormités qui sortait de sa bouche... Il avait encore tout à apprendre...Je rouvris les yeux, sereine devant cette candeur innocente... et tentai de lui inculquer ses premières leçons. Peut être aurait-il cette chance de ne pas traverser mille enfers de par le fait que je l'avais fait avant lui et que j'étais encore là, debout, pour lui parler des dangers qui nous guettent à tout instant, surtout au plus inopportun...

- Mysis... d'abord, saches que l'admiration ne sert à rien, j'en ai assez bavé pour ne pas ressentir de fierté face à tes mots...Les Cieux m'ont laissée vivre, mais j'ai traversé la passion pour atteindre ce but, malgré ma volonté. Tant de fois j'ai cru mourir.. Sais-tu ce qu'est la passion, Mysis ? La vraie ? Nous ne sommes rien... Rien que des flèches que les Cieux guident ou abandonnent à leur gré... Bien au-delà de notre volonté.
Tu as eu l'intelligence de me défier moi, sachant que tu ne risquais pas ta vie, j'ai confiance dans tes capacités à t'imposer dans ce monde, mais il te faudra faire beaucoup d'efforts... Tu es un être faible Mysis... acceptes-le, fais-en ta force, c'est en reconnaissant ses failles qu'on évite de laisser quiconque s'y engager.

Prend une longue inspiration qui la fait se redresser, puis termine son sentencieux sermon.

- Demain est un autre jour, ou d'autres leçons nous attendent. Ne t'excuse donc pas, un être fort ne s'excuse jamais, j'accepte d'être celle qui t'aidera à traverser le temps, si peu de choses peuvent encore me blesser... ce n'est pas un avorton tel que toi qui le fera.Ne prends pas mal ces mots que j'emploie à ton égard, ils sont choisis soigneusement pour entretenir l'éveil de la réalité qui ne se trouve aucunement dans la béatitude.. Et maintenant, pars, va chercher ce qui alimentera ta rage et reviens me montrer ce que tu auras appris.Si tu survis suffisamment pour revenir...

Rit intérieurement de son théâtre improvisé, laissant Mysis ingérer ce flot de sermons inutiles. Qui vivra verra...

- Je suis désole si je vous déçois Dame Maelyss mais je ne comprends pas lorsque vous me dites avoir traversé la passion, je n'arrive pas à me faire une quelconque idée de ce que cela peut bien vouloir dire malgré le fait que j'ai moi même connu la passion.
Je ne me prends pas pour quelqu'un de fort et je ne suis pas imbu de ma personne aussi accepter mes faiblesses me sera déjà plus facile.
Vous ne m'avez jamais offensé par vos mots et je ne le serai jamais à vrai dire, ça j'en ai la certitude. Il y a cependant une chose sur laquelle je risque de vous fâcher c'est le fait de s'excuser. Je suis de ce genre de personne qui devant n'importe quelle Dame s'incline, je peux tuer mais manquer de respect à une personne qui m'est hors d'atteinte je ne peux le faire.
Lorsque j'en aurai fini avec mon entrainement et la recherche de mon être, vous pourrez être fière de moi, pas avant.

Se retourne en laissant Dame Maelyss devant l'armurie, faux à l'épaule il prit le chemin de la sortie et les ténèbres le suivirent jusqu'à l'engloutir pour faire place à un crépuscule couleur pourpre.

- N'aies crainte de décevoir, je vois cela comme une force, tes assises semblent déjà solides, c'est un atout pour toi.Que connais-tu de cette passion dont tu parles? Que t'a t-elle apporté? Je ne pense pas que tu aies eu le temps de traverser celle dont je vais te parler, cette frénésie hurlante qui vous éprouve le corps et l'âme sans jamais vous accorder le répit, jusqu'à ce que vidé de toute substance, ne reste que le jugement des Cieux. Transcendé de mille trahisons, déceptions, outrages, contre lesquels on ne peut lutter, contre lesquels on croit mourir tant de fois et qui nous laissent pourtant exsangues, mais en vie. En vie ! Là est la seule condition d'un possible passage vers l'absolu, la sérénité. Le corps et l'âme sont distincts, j'en suis convaincue, l'un peut vivre sans l'autre et les deux peuvent mourir.. J'aurais tant à raconter sur cette folie à laquelle j'ai survécu et pourtant, je ne sais pas comment l'expliquer, sans doute que comme la sagesse, la passion doit se passer de mots. Reste l'accomplissement, état méditatif et raisonnable, solitaire aussi. La passion est une grande solitude, un face à face avec le jugement implacable des Cieux.Personne n'y peut rien..

Reste songeuse un long moment.

- Certainement que c'est impossible à comprendre pour qui ne l'a pas traversée..
En fin de compte, ce qu'il est bon d'en retenir, c'est qu'il n'y a pas de secrets pour les Cieux, être simplement ce que l'on est suffit.Nous ne savons rien, nous ne sommes rien... Que ce que l'on croit. Tu verras...

Laisse place à un long silence, admirant les couleurs chaleureuses et diffuses du couchant.

- La passion dont je parle est-celle que j'ai partagé avec une femme, je n'ai pu lutter contre cette beauté, cette gentillesse qu'elle avait envers moi. Même après le meurtre de ma mère et mon exil cette passion m'anime toujours et me meurtrit le cœur.
Ce n'est sans doute pas ce à quoi vous vous attendiez mais cela est pour moi ce qu'on pourrait appeller passion.
Il est vrai que nous ne soyons rien mais chacun d'entre nous essaie de se démarquer des autres pour devenir quelqu'un.

- Tu n'as pas tort, Mysis, la passion n'épargne pas le coeur, je connais cela moi aussi. Mais je vais arrêter de te parler de ces choses trop grandes pour être appréhendées par un jeune homme comme toi.

Sourit.

- Tâche de pousser droit, ça sera toujours ça.

- Je vais essayer, je vous le promet !

S'incline devant Dame Maelyss.

- Non, tu ne vas pas "essayer"... Tu vas le faire, c'est tout. Qu'est-ce qui pourrait t'en empêcher?
Et les promesses n'engageant que ceux qui y croient, j'ai pour habitude d'attendre de voir plutôt que d'espérer.

- Très bien je le ferai et je ne vous promet rien dans ce cas vous pourrez le constater par vous même.

Esquisse un sourire.

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Maelyss
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Il y a 6 ans | Le 29 Apr 2018 11:18:33
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- Dame Maelyss, pensez-vous que la vengeance est un geste que l'on peut se permettre? Et si vous le pensez, croyez-vous que l'on peut exercer cette vengeance sur la famille ou les proches de celui qui nous a trahi ou fait du mal malgré le fait qu'il ait déjà été tué?

J'allais partir, exaspérée par son insolence, que quelque part, je savais apprécier, mais pas à tout instant. Je voulais rassembler mes esprits, qu'il savait si bien éparpiller comme des rêveries dans un profond sommeil ... Il se conduisait comme un enfant parfois, qu'il n'était pourtant plus... Plus depuis peu de temps... Finalement peut être que si... Encore un peu, peut-être même qu'il avait ce bonheur d'être de ceux que l'enfant ne quitte jamais...
Je soupirai encore face à la vastitude de tout ce qui pouvait former un Homme et sa vie...
J'allais donc le laisser avec son arrogance quand ses questions traversèrent l'air jusqu'à mes tympans.
Je m'arrêtai net, sans me retourner, petit sourire en coin, comme attendrie devant cette candeur soudaine. J'apprenais de lui chaque jour, chaque jour il me surprenait. Il était capable de la plus grande impertinence, frôlant toujours plus près les limites du supportable, sans jamais les dépasser. C'en était étonnant, dans un corps si frêle, une tête si jeune, tant de mesure en tout... Je me demandais de temps en temps ce qu'on y trouverait dans cette tête, si l'on pouvait la visiter. Que cachait donc cette espièglerie?
Peut être était-ce là l'image d'un certain bonheur... Tout simplement.
Mais ses questions soudaines avaient rompu cet enchantement bucolique en même temps que mes pas. Je me répétais intérieurement ses mots, qui se bousculaient, éveillant la géhenne qui en mon âme ne dormait jamais que d'un oeil.
Elevant mon regard vers un lointain horizon, je fis demi-tour pour lui répondre.


- La vengeance, Mysis, est une bien piètre consolation, elle nous aveugle et nous affaiblit. En fait, c'est le désir de vengeance qui est redoutable, bien plus que la vengeance elle-même. Car aveuglés par la douleur ou la colère, nous perdons le sens de la raison et nous mettons en péril.
La vengeance est un plat qui se mange froid, vois-tu, c'est parce que consommé chaud il peut être fatalement brûlant...
Alors que longuement mûri, consciencieusement observé, maîtrisé en son coeur , il devient une intense satisfaction... le moment venu.

Je le regardai, intriguée, m'interrogeant sur les raisons de ses interrogations, il parlait peu en vérité, en dehors de ses facéties qui me chatouillaient souvent l'humeur... Je continuai à lui conter mes pensées sur le sujet qu'il venait d'évoquer.

- Bien sûr que l'on peut se le permettre ! On doit, même, faire tout son possible pour la réaliser, que ce soit tôt, ou tard.. C'est là toute la subtilité à employer, il faut savoir prendre son mal en patience, user de fines stratégies ou profiter d'une chance ultime lorsqu'elle se présente. Et puis, nous, Gardiens des Enfers, ne nous arrêtons aucunement aux moyens d'apaiser un sentiment de trahison, nous accordant tous les droits, bien au-delà de ce qui serait "suffisant" si nous le désirons. Tu comprends donc que non contents de supprimer l'objet de notre haine, nous nous accordons le droit d'étancher ce qu'il en reste sur quiconque a la malchance de ne pas être des nôtres.

Le sujet m'inspirait énormément et j'aurais pu continuer des heures à parler... à raconter mes propres expériences... Peut être en aurai-je l'occasion, une autre fois.
Pour l'heure, je me tus pour le laisser digérer mes paroles et m'expliquer les raisons de ce questionnement impromptu.


Alors qu'il pensait avoir froissé Dame Maelyss pour de bon avec toutes ses fadaises il fut surpris d'entendre à nouveau le son de sa voix. Il l'écouta parler avec tant d'attention que le temps paraissait suspendu, pas un bruit, rien ne pu venir perturber ce moment si majestueux. Il l'écouta et dégusta chaque mot, chaque syllabe. Quand elle arrêta de parler une perle de sueur coulant sur son cou le ramena à la réalité, il prit le temps d'emmagasiner tout ce qu'elle venait dire et répondit sur un ton calme et posé.

- Depuis le jour de la mort de ma mère je ne cesse de vouloir me venger. J'ai bien tué son meurtrier mais cela ne me suffit désormais plus…

Une larme était en train de perler lorsqu' il parla de sa défunte mère, mais elle fut vite évaporée à cause de la chaleur qui régnait aux Enfers. Il ferma les yeux, prit une grande inspiration et continua son discours.

- Chaque nuit je rêve de ce jour où elle fut assassinée chaque nuit je revois le visage de cet homme tapi dans l'ombre du sang plein la main. Mais maintenant le douleur devient de plus en plus grande et ne cessera jamais de croitre en moi. Je pense que si je veux rendre hommage à ma mère je me dois de tuer tous ceux qui ont aimé son meurtrier pour qu'ils ressentent ce que je ressens depuis trop longtemps.

La chaleur était de plus en plus insoutenable, il réouvra les yeux et termina son discours.

- C'est parce que je ne sais si mes intentions sont bonnes que je suis venu vous poser cette question qui peut paraitre futile pour certains mais existentielle pour ma personne.

Il avait désormais la main serrée sur la poignée de Faux qu'il avait prit dans l'armurerie des Enfers et qui depuis ce jour avait déjà vu couler beaucoup de sang. Son regard se tourna ensuite vers le néant qui s'étendait devant lui en attendant patiemment une réponse de la Dame qui se tenait non loin de lui.

Il buvait mes paroles comme si j'avais détenu le Saint Graal.. Comme si je détenais toutes les vérités.. Alors que, comme lui, je n'avais fait que traverser le temps et les épreuves comme j'avais pu. Sans doute était-ce ça qu'il écoutait, l'expérience, ce que je pouvais lui apprendre de ce que je connaissais.
La fièvre le gagnait à mesure qu'il me contait sa triste histoire, je le voyais malgré que sueur et larmes s'évaporaient rapidement. Peu de choses échappaient à mon regard attentif, ce qui me donnait souvent l'avantage sur bien des situations. Il ignorait encore beaucoup de choses, comme à quel point sa souffrance le servirait, lui donnerait la toute puissance sur tous les autres, une fois qu'il l'aurait comprise et acceptée...


- Tu te trompes si tu penses qu'un jour quelque chose changera ce qui est de ta douleur, ce qui est fait ne peut être changé, tu devras apprendre à vivre avec.Tu auras beau tuer tout ce qui vit, ta mère n'en restera pas moins au palais des ombres...Ta douleur est l'hommage éternel que tu lui rends.

J'avais conscience de la dureté de mes paroles, Mysis comprendrait, c'était comme quand je jouais à faire semblant de le mépriser, pour provoquer une réaction qui le dirigerait vers des lieux plus sécurisés pour son salut..Il lui faudrait peut être du temps... Il lui faudrait peut être me mépriser aussi. J'espérais qu'il le comprenne, au plus vite, ce qui lui épargnerait d'autres douleurs inutiles.

- Tu as réalisé ta vengeance en assassinant un assassin, et tu l'es devenu toi-même.. Ta haine s'est étendue en un marasme dans lequel tu te noies. Pour en sortir tu dois accepter ce qui est et ce que tu es, en faire une force pour que ça ne soit plus une faiblesse. Il est possible de changer son regard sur les choses, tu n'oublieras jamais la femme qui t'a donné la vie, tout comme tu n'oublieras jamais celui qui la lui a ôtée... Acceptes ce fait, mesure la grandeur de la force qui te bouleverse et domptes-la ! Fais-en ton cri de guerre, ta conviction et ta gloire.
Sans remords car il n'existe pas de bonnes ou de mauvaises intentions, il n'existe que les hasards de la vie et tes choix.

Je me remémorai alors mon parcours, me souvenant de la longueur infinie du temps que j'avais mis à dépasser tous les sentiments que j'avais éprouvés, bien souvent même mes victoires furent acquises malgré ma volonté. Détournée des souffrances embryonnantes par l'instinct de survie, puis, par la suite, par l'entourage de mes frères d'armes.

Il écoutait, toujours attentif à ce que disait Dame Maelyss, dans le fond elle n'avait pas tord, ce qu'elle racontait était sa propre expérience, mais une expérience qui dura et durera encore pour longtemps, c'était à son tour sa vérité.
Il referma à nouveau ses paupières et dans murmura :


- Si je comprends bien, il faut que je souffre pour honorer la mémoire de ma défunte mère ?

Il réouvra les yeux et esquissa un sourire.

- C'est une chose que j'accepte avec le plus grand plaisir, si ma souffrance et ma douleur permettent à ma mère d'être honorée alors j'accueille cette proposition les bras grands ouverts…
Dame Maelyss vous dites que je suis moi-même devenu un assassin, je ne le conteste pas mais si je veux pouvoir l'accepter complètement il faut que je sois sûr de ne pas être vu différemment ici, depuis que je suis arrivé à vos portes et une fois que vous m'avez accueilli j'ai eu l'impression de retrouver une famille… Mais… je ne veux pas paraître un monstre pour ceux en qui je crois.
Il se tu un instant avant de reprendre sur un ton plus calme :

- Hier soir, alors que je trainais avec un Gardien j'ai tué bon nombre de personnes, j'ai aussi tué une demoiselle pour attirer son fiancé qui parlait trop, mais je n'en ai éprouvé aucun regret que ce soit pour les anonymes ou la demoiselle, j'y ai même pris un certain plaisir à leur arracher la vie lorsque le mari arriva enfin il me mit à terre à chaque fois mais je me relevais sans cesse, je repensais à ce jour où ma mère me quitta, je voulais lui prouver qu'il y aurait toujours quelqu'un pour l'honorer quelque soit le prix à payer pour cela…

Il prit une grande bouffée d'air qu'il regretta immédiatement, la chaleur ne cessait d'augmenter et cette bouffée lui brula la gorge. Il posa ensuite son regard sur Dame Maelyss et la remercia pour tout ce qu'elle lui avait déjà appris.

Sa naïveté me toucha...Il avait dû être fort choyé et je réalisai soudain la cruauté de ce qu'il avait pu ressentir devant une barbarie qui lui était jusqu'alors inconnue. La réalité lui était parvenue comme un boulet de canon, violente et inévitable.Ne lui restait plus qu'à traîner ce boulet de façon à ne pas s'entraver inutilement.

- Non, il ne FAUT pas que tu souffres, mais PUISQUE tu souffres, donnes un sens à cette douleur afin qu'elle ne t'affaiblisse pas. Considères ce mal comme un cadeau, appropries-le toi, car je ne pense pas qu'un jour il disparaisse, au mieux tu l'endureras comme un bagage un peu lourd.
Ce poids dont tu doutes encore de l'utilité, bien que tu viennes de me démontrer le contraire... Tu as fait ce que tout digne Gardien se doit de faire, vois comme cette douleur fait de toi un des meilleurs instruments de notre blason..Nous sommes les Enfers, Mysis, nous ne connaissons ni scrupules, ni pitié. A chacun son fardeau.

Je le vis déglutir en me disant que les apprentissages n'étaient pas toujours des plus aisés à acquérir. Mais je savais avec certitude qu'il portait en lui toutes les capacités pour être un grand battant, même s'il était probablement encore loin de le savoir ou même de s'en douter, puisqu'il me remerciait alors que je n'avais rien fait, que lui montrer ce qu'il devait voir. Ma bienveillance veillerait à ce qu'il s'en rende compte.

- C'est vrai, j'ai été fort choyé par ma mère certain diront que c'est mal, moi je me dis que sur ces Terres chaque être à le droit de se sentir aimé même si cela ne dure que quelques instants.

Il regarda Dame Maelyss, ses yeux étaient étincelants, il s'adressa ensuite à elle :

- Dame Maelyss, si je peux vous promettre une chose c'est bien celle-ci, ce boulet que je traine depuis longtemps, dans peu de temps je le porterai et avec ce fardeau j'honorai ma mère, vous et les Gardiens, je vous en fait le serment !

Il prit sa Faux, de la main gauche, la pointa vers la Dame qui se tenait devant lui et s'inclina ensuite, la remerciant encore une fois pour ce qu'elle lui apprenait, même si pour cette dernière ces choses peuvent paraitre sans trop grande importance, pour lui elles le sont et c'est avec le plus grand honneur qu'il apprendra encore de cette Dame.

- La tendresse et l'amour ont leur place en ce monde, je ne le sais que trop bien...J'ai aimé moi aussi, j'aime encore, j'ai cru en mourir mille fois et c'est ce qui m'a forgée. Seulement, ces sentiments ne doivent pas prendre la place de la raison et de nos devoirs, c'est là la difficulté et bien souvent la vie se charge de nous rappeler à l'ordre. Il est bon d'aimer, et de l'être également, mais il faut savoir que cela peut nous donner autant de force que nous affaiblir.. Je pense donc qu'il est raisonnable de savoir mettre ces douces émotions de côté, dans les secrets replis de notre âme. Ton expérience d'hier t'a démontré combien nous sommes faibles à défendre ce que l'on aime...
Tu es vaillant, Mysis, il ne te manque plus que du temps pour t'endurcir, restes toujours tel que tu es, sans vouloir brûler les étapes, chacune d'elle a son importance.Crois-en toi et rien ne saura te rabaisser. Le corps et l'âme sont distincts, souviens-toi... Il y en aura toujours un pour aider l'autre à survivre.
Va maintenant, va affronter ton destin. Et que la force soit avec toi.

Je me retournai prestement pour qu'il ne voie pas l'eau qui commençait à scintiller dans mes yeux... Il avait ravivé un feu que j'avais cru maîtriser par le passé et qui de nouveau embrasait tout mon être, embrumant mon esprit de ses fumées étouffantes.L'amour est bien pire que l'enfer quelque fois.

- J'ai aussi remarqué que l'homme était encore plus lâche que je ne l'imaginais… Je vais suivre votre conseils Dame Maelyss et mettre mes émotions de côté au plus profond de mon être pour ne plus en être victime dans des moments de défaillance.

Lorsqu'il vit la Dame se retourner rapidement il ne pu s'empêcher de lui lancer un regard interrogateur qui tomba rapidement. Il ne voulait pas la déranger plus longtemps, elle devait sûrement ressasser le passé peut-être trop profondément enfui au fond de son âme.
Il s'inclina dans le dos de Dame Maelyss, posa son arme sur son épaule et se redirigea vers les ténèbres pour méditer sur les phrases qu'ils avaient échangé.
L'amour est une arme à double tranchant…


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Maelyss
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Il y a 6 ans | Le 29 Apr 2018 11:19:38
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Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus eut la chance de pouvoir discuter avec elle, Dame Maelyss... Un vent brûlant soufflait aux Enfers, cela ne changeait pas de d'habitude mais il commençait à se sentir bien en ce lieux, la chaleur ne l'étouffait plus, il se sentait bien ici. Il s'approcha de la Dame qui se tenait au pied d'un ravin, le regard fermé comme à son habitude. Il lui passa sa lame sur le dos pour la prévenir de sa présence.

-Bonsoir Dame Maelyss.

Cela faisait quelques jours qu'il n'avait pas aperçu la Dame il se demandait si elle se souvenait encore de lui. Il s'assit aux côtés de la Dame laissant tomber ses jambes dans le précipice.

- Hier j'ai tué, Dame Maelyss... J'ai tué des hommes, des femmes plus expérimentés que moi. Mais j'ai aussi tué un enfant. Est-ce mal? Il se tenait devant moi l'arme au poing, je ne voulais me battre contre lui mais il ne m'en a pas laissé le choix... Je n'avais jamais tué de si jeune personne avant. Suis-je un monstre pour autant ? Aurais-je dû le laisser me vaincre ou fuir ?

Il ferma les yeux et soupira longuement, le vent brûlant lui frappait le visage, il se sentait bien en Enfers, il aurait sans doute du venir ici bien plutôt...

Cela ne faisait que quelques jours que j'avais déserté la nécropole, quelques jours seulement... Et je lui manquais déjà. J'entendis ses pas approcher, je sentis sa lame sur mon dos, sans me retourner, peu m'importait... ami, ennemi.. Je me pris à rêver d'Athirias, qui en quelques mouvements m'aurait réduite à l'état de néant.. Mais Athirias ne portait pas de lame... Je reconnu la voix de Mysis me saluant..
Je m'étais éloignée de nouveau, poursuivant sans relâche la même quête, encore et toujours, cherchant une alternative à ma solitude. Evidemment, imaginer rompre la solitude en se mettant à l'écart de tout ne semblait pas être des plus judicieux... Si c'était aussi simple, si, comme dit le dicton "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé" n'était pas si vrai. Que cet être soit mort ou non d'ailleurs, la preuve.

Malgré mes diverses occupations, malgré les jeunes recrues que je m'étais engagée à aider de tous mes moyens, malgré le soutien d'Avatarius, que j'avais fini par considérer comme mon mentor à force de m'appuyer sur lui, les responsabilités me devenaient parfois, souvent, insupportables et je devais m'éloigner, me souvenir de comment j'en étais arrivée là, des raisons qui me poussaient à poursuivre cette oeuvre...

Et la philosophie prenait de plus en plus de place, la vie devenait toujours plus forte, toujours plus intense et interminable, férocement implacable dans son immensité quand j'aurais voulu qu'elle ne se réduise qu'à ce poids que j'avais sur le coeur et qu'il le broie.

Je savais si bien dispenser les conseils que je n'étais pas moi même en mesure d'appliquer... De nouveau, je me remettais totalement en question, persuadée que si la mort se refusait à m'emporter c'est que j'avais sans doute encore des choses à accomplir..
Je soupirai longuement, puis tournai enfin mon visage , souriant sans entrain, vers Mysis qui s'était assis à côté de moi. Il avait dû me croire pétrifiée durant le temps que j'avais pris à réfléchir, bien qu'en fait ce temps ne fut peut être que l'affaire de quelques secondes seulement... J'avais perdu cette notion à force de patience, à force d'attente, le temps ne représentait plus rien..

A cet instant je me rendis compte que l'indifférence avait conquis tous les domaines qui n'étaient pas ce poids précis qui me pesait tant et inutilement.. J'eus l'envie irrépressible de crier mon désespoir et de demander le secours de Mysis. Mais en le regardant, je vis dans ce regard même, l'absurdité de ma déraison. Je ravalai mes cris imaginaires, puis contemplai un moment ce jeune homme qui parlait encore comme un enfant... Innocent et pur comme un diamant, je le trouvai attachant et tellement plus fort que moi, malgré le sombre passé qu'il avait vécu. J'étais bien ingrate de tendre à la vie mon visage sinistre et indifférent après qu'elle m'eut pourtant gâtée outre mesure...

Je n'en finissais pas de penser...Mysis restait patiemment à côté de moi, après m'avoir raconté quelques-uns de ces évènements qui le troublaient toujours, il attendait lui aussi des réponses pour le rassurer, dans la mesure ou il serait possible de lui en fournir et dans le fond, c'était si simple...


- Bonsoir Mysis, te voici de nouveau empreint de doutes, il est parfois bien difficile de suivre le chemin que l'on a pourtant soi-même tracé, n'est-ce pas?
Personne ne peut dire ce qu'est le bien ou le mal je crois, ces notions appartiennent à chacun... Ce que je sais avec certitude, c'est que si nous vivons c'est qu'il y a bien une raison à cela et que si nous vivons en Enfer c'est bien que nous sommes là pour persécuter toute vie qui n'est pas marquée de notre sceau. Notre passé fait que nous sommes indifférents à la douleur d'autrui, ayant assez à faire avec la nôtre. Ainsi donc, tu peux cesser l'empathie, ces êtres qui tombent sous notre courroux ne sont rien, ne représentent rien, qu'ils soient hommes, femmes ou enfants... N'oublie pas cette rage en toi qui te guidait, qui doit te guider encore, fais brûler tes doutes dans les flammes méphistophéliques, porte-toi au-dessus de ces interrogations inutiles. Vois comme Zapi s'était joué de toi...Il en va de même pour tout être que nous croisons et qui n'appartient qu'aux limbes où nous l'envoyons..

Les mots que la Dame avait choisi étaient à nouveau justes et le pénétraient au plus profond de son âme, à chaque fois qu'il écoutait la Dame cela lui faisait le même effet, il avait l'impression de sortir de ces conversation plus grand, plus fort, plus sûr de soi. Mais il sentait dans la voix de la Dame que certaines choses la tracassaient.

- Je sais que je suis encore très jeune comparé à vous, que vous avez vécu des choses bien plus atroces que moi mais vous savez vous pouvez dire ce qui ne va pas, ce qui vous déplait, je pense que si l'on dit ce que l'on a sur le cœur, ce que l'on ressent, on pourra mieux se l'admettre et peut-être mettre un terme à tout ce qui ne va pas autour de nous...

Il ne savait si ce qu'il disait était juste ou pas mais le fait de voir son mentor, celle qui l'avait accueilli et tant aidé depuis son arrivée aux Enfer dans un était si triste le rendait malheureux aussi.

- S'il vous plait Dame Maelyss, redevenez celle que j'ai connu lorsque que je suis arrivé ici, la Dame entreprenante et enthousiaste que vous étiez !

Il regarda en direction de la Dame et lui fit un sourire amical.

- Prenez le temps de réfléchir à tout ça et d'oublier si nécessaire, délivrez-vous de cette prison que vous vous êtes construite au fil du temps...


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