Idéologie

Maelyss
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Il y a 6 ans | Le 11 Jan 2018 23:13:06
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Le temps de la réflexion m'a souvent gardée des réactions à brûle-pourpoint, observatrice avant tout, le clivage perpétuel entre les guerriers et les mages n'est pour moi qu'une affaire de mégalomanie paranoïaque, dont l'excuse n'est qu'un mauvais prétexte. J'ai vu ce même mépris entre guerriers ou entre magiciens...La course à celui qui sera le meilleur, le plus fort, le plus admiré, quels que soient les moyens et quelles que soient les raisons.

Ma destinée d'exception, non admirable sauf en soi, fit que je fus tenue assez loin de ces futiles sujets.
Je suis née dans la mixité des classes, mon père était un vaillant forgeron, sachant manier les armes que son art faisait naître dans le respect et de l'arme et de son utilisation. Ma mère était mage, emplie de bonté, elle avait appris juste ce qui lui était utile à la vie, à celle de notre famille, à son bien-être, à sa survie, ce qui se résumait à peu de choses en somme, quelques sorts de guérisons bien maîtrisés..Et l'existence ainsi menée tendait à une douce perfection, les forces de chacun renforçant la sécurité de tous. Bien innocente famille qui jamais n'eut l'idée d'opposer ces deux classes si complémentaires, ni même d'en exiger le meilleur, le mieux étant souvent l'ennemi du bien. Et pourtant, il est tellement humain de vouloir le meilleur, c'est même devenu un non-choix devant les agressions orgueilleuses de plus en plus de psychotiques.
Voilà ce que j'appris au cours du temps, la vie est dirigée par la force, par le pouvoir. De là à en abuser, seuls des déséquilibres égocentriques en ont décidé.

Nous naissons nus, notre corps est tout ce que nous avons et notre seule défense tient dans l'attention que nous accordent nos parents, dans le respect qu'il nous adressent.Nos premières armes sont nos mains, le physique est primaire, il est le début, la base de tout ce qu'il pourra devenir par la suite, mais ce corps sera toujours le point commun de toutes les classes, de tous les Hommes.. L'Homme nait guerrier, libre à lui d'apprendre des sortilèges et d'ignorer le fracas des armes, il n'en sera pas moins un Homme.

Mon histoire ne serait rien sans cette classe guerrière, je lui dois presque ce que je suis devenue. En effet, au moment de choisir entre les armes ou les arcanes de la magie, je fus confrontée d'abord aux inconvénients de chaque catégorie, les armes étaient bien lourdes, représentatives incontournablement de leur destinée, j'étais fort frêle et les coups me faisaient souffrir, rarement j'eus à ressentir ces douleurs qui me poussèrent à apprendre des charmes plus ésotériques, qui se révélèrent plus douloureux pour ma fierté que pour mon corps, mais il fallait choisir. Appliquée, j'appris patiemment à maîtriser mon art. Qu'il était pourtant ennuyeux de répéter indéfiniment les mêmes incantations, que c'était long à s'ancrer dans mon instinct. Je trouvais tellement plus admirables les techniques guerrières que je me savais incapable d'exécuter, jamais.

Je trouvai un compromis entre mes capacités et mes désirs en réalisant que je pouvais apporter un grand soutien à la classe guerrière, ainsi très tôt je me suis enrôlée dans les armées, épaulant les belliqueux hommes de guerre dans leur entraînement quotidien, côtoyant les armes et l'art des combats que j'appréciais grandement, tout comme je connu la fierté d'avoir une place importante dans ces acquis que je voyais se peaufiner rapidement.Concentrée sur les seuls objectifs d'élever aussi haut que possible mes recrues et de leur apporter l'autonomie, je perfectionnais les seules techniques que je connaissais sans prendre le temps d'en apprendre d'autres, qui se seraient sans doute révélées assez inutiles, j'avais acheté des livres sur de nouveaux pouvoirs, entamé des exercices et, déçue, bien vite abandonné. Finalement, j'en sus davantage sur les arts de la guerre que sur ceux des arcanes, ce qui, sans avoir été prémédité, me permis de préserver mes défenses.L'équilibre était là.

Je ne compris que bien plus tard, quand, après avoir porté un guerrier à la plus haute gloire, plus haut qu'aucun autre, parce que j'avais cru voir en lui ce premier guerrier du monde, Ars Moriendi.. Ma déception fut terrible, aussi ravageuse en mon âme que longue à y déferler. Tout le temps que dura l'intensif entraînement, j'assistai à un florilège de tous les défauts qui puissent habiter un homme et a fortiori, un guerrier. Je n'abandonnai cependant pas cette mission que j'avais mis un point d'honneur à mener jusqu'au bout, par orgueil. Bien sûr il ne fut pas le seul à émaner ce qui me conduisit à devenir plus ou moins misanthrope, mais cette déception fut le déclencheur d'une aversion profonde pour la mégalomanie. Plus écoeurée de la nature humaine que des hommes eux-mêmes, car il s'en trouvait qui n'étaient pas atteint par cette psychose, et ceux-là me permirent de poursuivre un but dans ma vie, de me recentrer sur ma personne et par cette occasion de me rendre compte des capacités que j'avais acquises. Je commençai alors à aimer mes pouvoirs pour ce qu'ils étaient, pour ce qu'ils pouvaient faire au-delà de toute idéologie prétentieuse et enfin seulement, je fus fière de ce que j'étais et de ce que j'avais accompli.

Maelyss. An 2 de l'âge apothéotique.

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Maelyss
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Il y a 6 ans | Le 12 Jan 2018 23:11:02
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Voilà ce que j'avais accompli, les plus grandes épreuves comme preuves de ma dévotion pour l'espèce humaine et de mon orgueil. Joli temps que celui de cette fraîche candeur .. Le désenchantement tôt ou tard vient vous l'arracher de ses doigts crochus.

La vie n'est qu'une suite d'épreuves dans lesquelles peu à peu, s'amenuisent mes facultés de résistance, d'adaptation, de compréhension. Ces mêmes expériences qui peuvent galvaniser, grandir, faire de moi quelqu'un d'autre et tel un phoenix, renaître de mes cendres. Combien de fois ai-je traversé le miroir ? Combien de temps me suis-je égarée ? Toutes les questions ont-elles une réponse ? J'ai appris qu'il existait même des réponses sans question ...

Me suis-je égarée ? Peut-on l'être ? A moins que ce que l'on qualifie d'égarement ne soit que des moments où l'on s'éloigne, pour trouver quelque chose ou au contraire, le perdre.Voire les deux à la fois. Sait-on jamais où mènent nos pas ? Sait-on jamais à quoi l'on échappe ? Sait-on jamais ce que l'on gagne ? Et enfin, sait-on jamais la vérité ? La sainte vérité...De toute évidence, la vérité n'existe pas ! Elle s'appelle la foi, le principe, la certitude, la démonstration, mais où est la vérité ? S'il n'y en avait qu'une. Une évidence durable dans ce qu'on peut penser être la réalité... Cet escalier démesuré que l'on gravit souvent d'un pas pesant et où la chute peut être mortelle.



Pour être tombée tant de fois, suis-je donc immortelle ?



.....



Le froid mord ma peau comme une bête pleine de rage, je me réveille hébétée et grelottante au beau milieu des neiges de Dusso, nue comme un ver. Je regarde ma nudité sans comprendre, j'essaie de me souvenir qui je suis, il me semble bien que je suis quelqu'un, que j'ai un passé, mais... qu'est-ce que je fais ici au seuil de la mort ? Est-ce que j'ai envie de mourir ?
Un immense cri m'envahit, me réchauffe, NON ! Bien sûr que non ! Je ne veux pas mourir ! Je ne sais pas pourquoi je veux vivre, mais je le veux, plus que tout. Je veux croire.
IL FAUT CROIRE !
Mes poumons se remplissent d'air, je me relève, trébuchante et pars aveuglément en criant que je suis nue et que je vais mourir si l'on ne me secourt pas.

Et puis, quelques pas plus loin, plus rien... Je m'évanouis dans la neige.

Je ne reprendrais connaissance que quelques jours plus tard, semblant sortir d'un cauchemar, vêtue comme dans mes souvenirs, réchauffée, revigorée.

Par quel miracle ? ...

Je trouve à mes pieds tout mon passé, tout est là, je le regarde, rassurée.

Et l'on m'expliquera que j'ai traversé un portail temporel, que j'aurais dû en mourir et que l'on ne saura jamais ce qui s'est vraiment passé.

Plus affamée de vie que je ne l'ai jamais été, j'ai ramassé mes bagages et je suis partie pour une nouvelle vie.


Maelyss. An 86 de l'âge prosélytique.

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Maelyss
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Il y a 6 ans | Le 13 Jan 2018 13:43:01
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[Souvenir d'un échange épistolaire avec Candide.]


Chère Maelyss,

Je vous mentirai si je vous disais que l'unique raison de ce message n'était qu'un nouveau remerciement pour l'intérêt que vous m'avez récemment porté. Sans détours, j'aimerai vous revoir.

Cette demande peut paraître étrange, mais laissez moi vous contez ce que j'ai sur... enfin, en moi. N'ayez crainte, je ne cherche pas à vous importuner, je me sais petit devant votre Grandeur. Dois-je vous appelez Grandeur ? Peu importe, vous me le direz. Vous me le direz ? Oui, je le sais.

Tout ça pour vous dire que je ne connais personne ici. Et ce monde est étrange. Chaque jour je fuis la bataille, je me fais écorcher et à mon tour il m'arrive de répandre le sang. Pourtant, ça ne me répugne pas. En tout cas cette réalité m'est moins douloureuse que la solitude qui m'entoure.
Je ne sais expliquer cela. Ce monde manque cruellement d'empathie et ressemble a priori à un néant absolu dans lequel le chaos s'est installé. Les atomes virevoltent dans l'atmosphère à des distances infinies. J'aimerai prendre mon pinceau et redessiner les contours effacés, mais je ne m'en sens pas capable, seul. Je me sens trop petit, trop moi-même... Seule une étoile brillante pourrait me guider dans le noir et en ce jour, je n'en vois qu'une. Si je vous tends la main aimeriez-vous la saisir ?


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Très cher Candide,

Il m'est fort agréable de constater que la franchise dont vous faites preuve par ces quelques mots démontre que vous avez saisi l'inutilité de mentir à mon encontre. Car comme vous ne le savez peut être pas, je puis être ou ne pas être, jamais je ne m'impose, j'existe simplement, ici ou ailleurs, là où l'on veut de ma présence.

Vous parlez de grandeur.. sans doute parlez-vous de générosité, de conduite peut être ? Si je vous dis qu'en seulement un instant je vous ai trouvé grand, vous me croirez ?
Je m'appelle maelyss et si j'accepte volontiers les diminutifs, il en va tout autrement pour les titres quels qu'ils soient, je ne prétends à rien, ma seule fierté est d'être libre, d'être en mesure de toucher à l'absolu, transcendée par mon passé, élancée vers l'avenir, sans contraintes.

Vous me connaissez, moi, c'est déjà ça, vous ne pouvez donc prétendre à une réelle solitude, à moins que je ne sois pas en mesure de la combler, ce qui peut être possible aussi, après tout, je ne me rends pas bien compte. Je suis si habituée à ce néant, j'ai appris à observer et recueillir ces électrons libres, au gré de mes pas, comme on pourrait cueillir des fleurs dans un pré. J'avoue, pour rester dans la métaphore, avoir parfois, souvent, jeté des fleurs dont l'odeur était trop exécrable, ce qui ne m'a pas empêchée de poursuivre mon oeuvre. Pour vous avoir rencontré, je m'en félicite.

J'évite souvent, je fuis parfois, mais la plupart du temps je suis là, simplement. J'aimerais vous revoir, dans ce chaos qui ne m'effraie plus, qui fait désormais partie de moi, à moins que ce ne soit l'inverse... peu importe. Vous me montrerez comment tenir ce pinceau et ce que vous voulez changer, je me charge de l'encre, des couleurs et de la force à impliquer à l'effort.Je ne sais pas ce que je peux vous apporter, mais j'accepte de le découvrir, en échange de votre main, dans la mienne, parce que oui, malgré que je ne sois pas une étoile brillante, j'aimerais la saisir.
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Chère Maelyss,

Le temps fait son oeuvre mais ne m'atteint pas. Voilà déjà quelques jours que je regarde votre lettre, m'y perdant dans le paysage de vos mots. N'ayez crainte, ils sont juste parfaitement écrits, et éveillent, forcément, quelques interrogations. Dans votre dernière lettre, vous évoquez la notion de liberté pour vous définir. Je n'oserai me jeter dans l'immensité du débat sur ce qu'est la liberté au sens propre du terme, mais je me demande tout de même quelles sont les limites de la votre. Pour aller plus loin, suis-je d'ailleurs une limite à cette liberté ou au contraire fais-je parti pleinement d'un choix décidé par votre libre arbitre ?

Pour le reste, et comme bien souvent, vous avez raison. Je ne puis prétendre être seul dès lors que vous m'accompagner. Un instant seulement, j'ai malgré tout cru entrevoir que la liberté était aussi gage d'ultime solitude. Puisque nos choix n'appartiennent qu'à nous mêmes, alors nécessairement la décision finale ne peut être prise que de notre propre chef. Rassurez-vous, je le répète, ce n'était qu'une pensée éphémère, car c'est là que nos mains liées trouvent en réalité toute leur signification : nous sommes accompagnés, et la simple sollicitation de l'autre peut permettre d'avancer plus sereinement. La peur du choix est alors inexistante et avancer, grandir, entreprendre ne devient que plus aisé.

Je ne sais si j'arriverai à peindre ce monde comme je l'entends. Je ne sais pas non plus si je vais réussir à dessiner ce dont j'ai réellement envie de vivre. Mais je sais que vous êtes là, que vous m'aiderez comme une main invisible bienveillante sur mon destin. Et par cela, je me sens plus fort. Vous me voyez grand ? Je pense que vous vous trompez, car à vos cotés je ne cesserai encore de grandir.

Candide


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Très cher Candide,

Être hors de portée du temps n'est-il pas une situation qu'on souhaiterait voir perdurer ? D'autant en ces circonstances qui sont les nôtres, il me convient que le temps n'ait plus lieu d'être, d'avoir d'emprise sur la grâce de tenir votre main et de penser toutes ces jolies choses, rêveusement..en espérant que cela dure autant que possible. Cela-dit, le temps oeuvre effectivement et finit inéluctablement par nous atteindre d'une manière ou d'une autre. Ce qui amène fort à propos le sujet de ma liberté. Peut être n'est-ce pas le terme le plus adapté à ce que je voulais signifier, mais gardons-le pour référence. Ce mot englobe tant de choses, comme ce que je vous écrivais dernièrement: " Je puis être ou ne pas être, exister ici ou ailleurs, là où l'on veut de ma présence." ainsi naturellement là où je désire me retrouver, bien que là encore, le sujet de mes désirs soit bien vaste je le crains. A bien y réfléchir, je ne parlais pas de liberté, mais de bonheur, à mon grand étonnement." Je suis libre " J'ai dit cela si souvent sans y réfléchir, sans penser si je voulais l'être, si je voulais le rester. Je me disais libre alors que j'étais désoeuvrée. Je suis libre dans le seul sens où j'ai assez vécu d'expériences pour faire ce que bon me semble, mais après bien des tumultes, après une longue solitude, après bien des déceptions face à l'espèce humaine, rien n'a changé ou si peu. Je ressens toujours une certaine sorte de solitude, profonde, par la difficulté à trouver ce qui me manque depuis si longtemps. Ma liberté n'a pas limites , je ne crois pas, je ne sais pas. Comment le sait-on ? Par les contraintes ? En ce cas, vous ne seriez point une limite à ma liberté, vous seriez cette liberté. Je vous assure avoir décidé de mon plein gré de saisir votre main et bien que je ne souhaite pas la voir se retirer, je puis assurer également que je ne retiens personne contre son gré, voilà où se termine ma liberté, dans le choix des personnes que je rencontre, qui ne sont pas tenues d'accéder à mes volontés, aussi respectables soit-elles. Les raisons qui vous ont fait tendre votre main et celles qui m'ont poussées à la saisir sont sans doute les réponses à toutes vos questions. Doit-on être seul pour être libre ? C'est pourtant bien après vous avoir rencontré que j'ai le plus ressenti ce sentiment de liberté. Inventer l'avenir, l'espoir, vivre au jour le jour dans la sérénité, persuadés que même s'il n'y avait plus de lendemain ça ne changerait rien. J'ai appris à lâcher prise sur tout, comme une sorte de voeu de pauvreté à tous les égards, sans perdre de vue ce qui m'est important, en restant optimiste et gaie par le fait d'être moins touchée par ce qui ne dépend pas de moi. J'ai été si bouleversée, si malheureuse, je ne sais par quel miracle j'en ressors en vie et tellement grandie, le miracle de la vie simplement, sans doute, qui n'exige de nous en définitive que de respirer pour que ça ne s'arrête pas. Il m'aura fallu n'être que cette respiration presque arrêtée pour voir et comprendre mon existence et surtout apprendre à l'aimer, à m'aimer, moi. J'ai bien fait me direz-vous. Inutile de me le dire, car malgré les nombreuses angoisses qui m'assaillent insidieusement, je suis heureuse, encore davantage en espérant que vous saurez lâcher prise vous aussi pour me laisser vous offrir ce même bonheur sans faire de comptes.

Quelles couleurs voulez-vous ? Que voulez-vous peindre d'abord ? Que voulez-vous vivre ? Soyez simplement ce que vous êtes, ce que vous serez ne dépend que de vous, je m'engage à y veiller. A moins que des ombres cauchemardesques vous rongent l'esprit au point que je ne puisse pas vous sauver.. Tout est possible. De mon regard discret je vous regarde croître, un peu comme un oiseau veille sur ses oisillons sans se demander si un jour ils le quitteront, puisqu'il est dans l'ordre des choses qu'ils le fassent, sinon, à quoi bon ?


Age apothéotique, année indéfinie.

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Maelyss
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Il y a 6 ans | Le 13 Jan 2018 21:00:44
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Maintenant je sais que même l'éternité ne suffira pas à vivre tout ce qu'il y a à vivre, à savoir tout ce qu'il y a à savoir, à comprendre tout ce qu'il y a à comprendre. Je me désole tellement, devant l'immensité de ce que j'ai traversé, de constater que je n'ai pas parcouru un dixième de ce paysage infini. Je n'ai pas vu toutes les subtilités des couleurs, des reliefs, de la lumière...
Les subtilités qu'on ne voit qu'en les cherchant, qu'on admire en pensant à elles, pour ce qu'elles sont, telles qu'elles sont. Voilà ce que j'aurais aimé être, une de ces subtilités recherchée, admirée... L'orgueil, toujours.
Comment peut-on être à la fois orgueilleux et humble ? Question de subtilités. Tout est là. Cela est identique pour tout, on peut être heureux et malheureux, riche et pauvre, vivant...et mort. Là où j'en voulais aux hommes de ne pas m'accorder le respect, il y avait l'humilité qui me faisait leur donner leur force. Quand j'entraînais mon image d'Ars Moriendi et que je souffrais de sa souffrance, il y avait pourtant mon bonheur d'être avec lui... Là où je recevais biens et possessions, j'étais pauvre de sentiments. Je suis vivante et pourtant, mon coeur est mort.

Mon coeur est mort, je l'ai abandonné aux charognards et aux rochers pleins d'écume sous l'océan démonté, j'ai besoin de sérénité. Le coeur n'est bon à rien. Je n'ai plus de coeur mais j'ai gardé mon âme, seule détentrice des trésors de la vie. Une âme immense, intense, dans un petit corps si frêle et tellement résolu.

Que suis-je devenue ? Un paquet de chair gelé dans les glaces de Dusso...

C'est là que le Keya m'a trouvée. Peut être est-ce lui qui provoqua ce maelström, peut être est-ce lui qui m'en délivra, le fait est que lorsque je me suis éveillée, c'est lui qui était là.

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Maelyss
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Il y a 6 ans | Le 14 Jan 2018 13:45:45
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Assise sur l'herbe fraîche sur la colline surplombant la ville du Djin, je regarde le soleil disparaître à l'horizon, dans son ciel assombri, bien qu'encore bleu clair, parsemé avec parcimonie de rose par les nuages légers teintés des couleurs du crépuscule.

Je regarde loin. Je ne regarde rien. Je suis fatiguée. Mes doigts caressent l'herbe haute et douce, en de courts mouvements circulaires, d'une lenteur infinie. Cet endroit, théâtre d'une part de vie d'un autre temps, j'y reviens pour tenter une ultime fois d'y abandonner ma souffrance. Mes pensées se font tempête et se cognent à tous les côtés de ma tête. J'ai mal.

Je suis fatiguée. Ma tête brûlante vient se poser sur mes genoux repliés tout contre moi, ma vue se brouille, il pleut dans mes yeux. Si seulement la violence de ce cataclysme pouvait partir comme cette eau, aussi simplement.. Puis s'oublier..

Si seulement..

Mes mains s'agrippent aux mèches d'herbe que je caressais doucement, elles se serrent, si fort que si on les voyait, on verrait leurs jointures blanchir.

Je ferme mes yeux très fort, jusqu'à en avoir des vertiges, espérant secrètement tomber dans ce vide et m'y perdre. Disparaître. Oublier. Facilité.. Mes doigts desserrent leur étreinte, libérant les brins froissés qui se déploient doucement, comme l'a fait mon âme si souvent, broyée par des mains invisibles mais ô combien douloureuses.

Je soupire longuement, d'un souffle d'outre-tombe. Je me sens morte, je voudrais l'être vraiment et emporter dans la poussière mes rêves et tout ce que j'ai fait pour les vivre. Je suis vidée de tout, j'ai tout donné, du moins c'est ce que je ressens, mais j'ai appris qu'on n'avait jamais tout donné tant qu'on est en vie... et je le suis... encore...

Je relève mes yeux trempés sur la ville qui semble calme, quelques feux disparates, quelques cris barbaresques des ivrognes qui se disputent... Cette même ville que je regardais il y a... longtemps, trop longtemps, sans plus d'intérêt qu'aujourd'hui, enlacée par des bras que je sens encore autour de mes épaules...

Inconsciemment je regarde derrière moi, comme si par miracle ou enchantement il serait réapparu ou jamais parti. Désolation.Alors je me demande s'il a jamais été là, véritablement.

Je regarde la nuit qui s'est installée, cette impression de vide que donne l'obscurité de par l'impossibilité de voir ce qu'elle cache en son sein ... et, à cet instant précis, un éclair de raison traverse mon esprit... transformée par cette vision métaphorique, mon corps entier se détend et réalise ce que je croyais impensable. Une révélation.Je reste perplexe devant tant de simplicité.. La nuit, comme la vie, recèle bien des mystères, selon l'éclairage. Déception.

Les joues dégoulinant toujours d'un flot incessant de chagrin, je me laisse choir comme un corps sans vie dans l'herbe moelleuse et humide, la tête affalée sur mon bras gauche, je pleure tout mon saoûl, longuement.

Un cri incontrôlé, inattendu, perce ma gorge, le silence de la nuit et mes tympans... Je ne crie pas, je hurle sans fin..

Je ne suis plus rien.

Un demi-corps allongé sur le sol, dans la nuit, la tête dressée vers les cieux et qui s'époumone à beugler un cri unique et strident jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de souffle, plus de son, plus d'espoir. Déchirée. Je suis morte.

[...]


Une mort étrange dans laquelle subsiste des bribes de vie, de rêves mêlés. Je vois les gens que je connais mais je ne ressens plus rien, ni douleur, ni plaisir... Je croise Diablo sur les dunes du grand est de Sato, indifférence.. Il me sourit, je ne le vois même pas.. Je regarde passer les princes phoenix divins sans rien en penser, sans que ça ne me rappelle rien.. Puis je rencontre Angel sur le territoire de Nomos.. le sable vole dans le vent, se fourre dans mes yeux, mais je ne sens rien.. Angel ne me voit pas, je l'ignore aussi, je poursuis mon chemin et me retrouve dans les plaines de Boudok, les terres de mon père, je me souviens de la glace de Dusso et des ogres et de sa tendresse.. Je vois les dragons d'argent, je me souviens de mes bravades et des heures passées à leurs côtés.. sans émotion, froide, comme la glace de leur habitat. Je songe en moins d'une seconde à AE, à Torrasque, à la Métem' puis à Hélios, Ajira.. les Hostiles. Indifférence. Je revois les dragons.. les noirs, les verts, les rouges, les jaunes, tous...que j'avais tant aimé combattre au cours de ma vie.. Le passé.. je remonte le temps dans mon rêve, je retrouve Pretresse150 aux premiers pas, je me souviens du temps de l'innocence, de la simplicité.. Puis je me vois, moi, la petite maelyss, je me vois sans me reconnaître et soudain, j'ai mal..

Je sens une onde d'incompréhension m'envahir, je vois la terre s'ouvrir sous mes pieds, l'enfer qui m'attend.. Je n'ai pas le temps de réaliser qu'une main saisit la mienne et me fait me retourner. Je cligne des yeux, ils me brûlent.Je ne vois rien.

Je n'ai pas besoin de voir. Je sais déjà. Je me souviens. Je sens mon visage meurtri sous la brise qui fait sécher les dernières larmes que j'ai versées en tombant de sommeil dans ce cri inhumain, je sens la main dans la mienne qui me réchauffe tout le corps et l'âme comme le soleil que je devine déjà haut dans le ciel..Je sais où je suis, je sais pourquoi, je sais avec qui et je sais ce que j'ai à faire désormais, puisque je suis encore en vie. Je ne suis plus fatiguée, je souris, sachant qu'il me regarde et serre sa main contre ma bouche pour l'embrasser et la plaquer contre ma joue. Cette main sans laquelle je serai tombée dans les limbes sans perspective d'avenir. Il les avait ouvertes en grand ces portes du futur, je n'avais plus qu'à le suivre, avec mes cicatrices, tant qu'il les supporterait.



...
Même sans raison de vivre, on a toujours une raison de ne pas mourir.
À Mysis.
03.09.2011

Maelyss
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Il y a 6 ans | Le 14 Jan 2018 14:22:51
http://gardiens-des-enfers.forumactif.com/t185-recrutement-mysis

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Défie Maelyss du regard

- Je n'ai en aucun cas peur de vous Dame Maelyss.

Lorsqu'elle fut à portée de sa faux, il lui entailla très faiblement le joue puis repose la faux sur son épaule avant de lui sourire.

Porte la main sur sa joue et regarde le sang recueilli sur ses doigts.

- Eh bien, il y avait bien longtemps que mon sang n'avait coulé ailleurs que dans mes veines.. Que tu ne me craignes pas est une bonne chose, je te remercie de me le démontrer. Peu m'importe que tu me craignes ou non d'ailleurs, tu sais tout comme moi à quoi t'en tenir. Mais il faudra bien plus que ces minauderies enfantines pour me convaincre de ta colère, si elle habite encore ton coeur... te souviens-tu?
Pour tout dire, je veux bien jouer avec toi et me livrer à cette mascarade, je fais semblant de te menacer et toi tu fais semblant de me défier...Tu apprendras ainsi peut être quelques rudiments utiles à ta survie^^
Ahahah!
Sérieusement Mysis... où veux-tu en venir avec ton arrogance précoce? Vois-tu en moi le mentor dont tu pressens le besoin?

Regarde paisiblement le jeune homme qui semble s'être satisfait de son geste, se demandant ce qu'il en attendait en fin de compte .

- Je ne peux me battre contre une personne que je tiens en admiration et qui plus est fait partie de la même "famille" que moi.
Si cela peut vous rassurer la haine habite encore et toujours mon cœur et cela ne cesse de grandir en même temps que moi.
Je pense que vous pouvez m'apporter beaucoup en ce monde, vous qui m'avez accueilli alors que tellement d'autre me rejetaient . Ce geste aussi futile soit-il m'a permis de prendre de l'assurance, si je suis aujourd'hui capable de vous tenir tête demain mon esprit sera capable de défier n'importe quel être vivant en ce monde, pour le physique j'ai encore une longue route à parcourir mais je suis près à tout sacrifier pour y arriver.

Referme les paupières et chuchote des excuses envers Dame Maelyss.

Je fermais les yeux également en écoutant la cavalcade d'énormités qui sortait de sa bouche... Il avait encore tout à apprendre...Je rouvris les yeux, sereine devant cette candeur innocente... et tentai de lui inculquer ses premières leçons. Peut être aurait-il cette chance de ne pas traverser mille enfers de par le fait que je l'avais fait avant lui et que j'étais encore là, debout, pour lui parler des dangers qui nous guettent à tout instant, surtout au plus inopportun...

- Mysis... d'abord, saches que l'admiration ne sert à rien, j'en ai assez bavé pour ne pas ressentir de fierté face à tes mots...Les Cieux m'ont laissée vivre, mais j'ai traversé la passion pour atteindre ce but, malgré ma volonté. Tant de fois j'ai cru mourir.. Sais-tu ce qu'est la passion, Mysis ? La vraie ? Nous ne sommes rien... Rien que des flèches que les Cieux guident ou abandonnent à leur gré... Bien au-delà de notre volonté.
Tu as eu l'intelligence de me défier moi, sachant que tu ne risquais pas ta vie, j'ai confiance dans tes capacités à t'imposer dans ce monde, mais il te faudra faire beaucoup d'efforts... Tu es un être faible Mysis... acceptes-le, fais-en ta force, c'est en reconnaissant ses failles qu'on évite de laisser quiconque s'y engager.

Prend une longue inspiration qui la fait se redresser, puis termine son sentencieux sermon.

- Demain est un autre jour, ou d'autres leçons nous attendent. Ne t'excuse donc pas, un être fort ne s'excuse jamais, j'accepte d'être celle qui t'aidera à traverser le temps, si peu de choses peuvent encore me blesser... ce n'est pas un avorton tel que toi qui le fera.Ne prends pas mal ces mots que j'emploie à ton égard, ils sont choisis soigneusement pour entretenir l'éveil de la réalité qui ne se trouve aucunement dans la béatitude.. Et maintenant, pars, va chercher ce qui alimentera ta rage et reviens me montrer ce que tu auras appris.Si tu survis suffisamment pour revenir...

Rit intérieurement de son théâtre improvisé, laissant Mysis ingérer ce flot de sermons inutiles. Qui vivra verra...

- Je suis désole si je vous déçois Dame Maelyss mais je ne comprends pas lorsque vous me dites avoir traversé la passion, je n'arrive pas à me faire une quelconque idée de ce que cela peut bien vouloir dire malgré le fait que j'ai moi même connu la passion.
Je ne me prends pas pour quelqu'un de fort et je ne suis pas imbu de ma personne aussi accepter mes faiblesses me sera déjà plus facile.
Vous ne m'avez jamais offensé par vos mots et je ne le serai jamais à vrai dire, ça j'en ai la certitude. Il y a cependant une chose sur laquelle je risque de vous fâcher c'est le fait de s'excuser. Je suis de ce genre de personne qui devant n'importe quelle Dame s'incline, je peux tuer mais manquer de respect à une personne qui m'est hors d'atteinte je ne peux le faire.
Lorsque j'en aurai fini avec mon entrainement et la recherche de mon être, vous pourrez être fière de moi, pas avant.

Se retourne en laissant Dame Maelyss devant l'armurie, faux à l'épaule il prit le chemin de la sortie et les ténèbres le suivirent jusqu'à l'engloutir pour faire place à un crépuscule couleur pourpre.

- N'aies crainte de décevoir, je vois cela comme une force, tes assises semblent déjà solides, c'est un atout pour toi.Que connais-tu de cette passion dont tu parles? Que t'a t-elle apporté? Je ne pense pas que tu aies eu le temps de traverser celle dont je vais te parler, cette frénésie hurlante qui vous éprouve le corps et l'âme sans jamais vous accorder le répit, jusqu'à ce que vidé de toute substance, ne reste que le jugement des Cieux. Transcendé de mille trahisons, déceptions, outrages, contre lesquels on ne peut lutter, contre lesquels on croit mourir tant de fois et qui nous laissent pourtant exsangues, mais en vie. En vie ! Là est la seule condition d'un possible passage vers l'absolu, la sérénité. Le corps et l'âme sont distincts, j'en suis convaincue, l'un peut vivre sans l'autre et les deux peuvent mourir.. J'aurais tant à raconter sur cette folie à laquelle j'ai survécu et pourtant, je ne sais pas comment l'expliquer, sans doute que comme la sagesse, la passion doit se passer de mots. Reste l'accomplissement, état méditatif et raisonnable, solitaire aussi. La passion est une grande solitude, un face à face avec le jugement implacable des Cieux.Personne n'y peut rien..

Reste songeuse un long moment.

- Certainement que c'est impossible à comprendre pour qui ne l'a pas traversée..
En fin de compte, ce qu'il est bon d'en retenir, c'est qu'il n'y a pas de secrets pour les Cieux, être simplement ce que l'on est suffit.Nous ne savons rien, nous ne sommes rien... Que ce que l'on croit. Tu verras...

Laisse place à un long silence, admirant les couleurs chaleureuses et diffuses du couchant.

- La passion dont je parle est-celle que j'ai partagé avec une femme, je n'ai pu lutter contre cette beauté, cette gentillesse qu'elle avait envers moi. Même après le meurtre de ma mère et mon exil cette passion m'anime toujours et me meurtrit le cœur.
Ce n'est sans doute pas ce à quoi vous vous attendiez mais cela est pour moi ce qu'on pourrait appeller passion.
Il est vrai que nous ne soyons rien mais chacun d'entre nous essaie de se démarquer des autres pour devenir quelqu'un.

- Tu n'as pas tort, Mysis, la passion n'épargne pas le coeur, je connais cela moi aussi. Mais je vais arrêter de te parler de ces choses trop grandes pour être appréhendées par un jeune homme comme toi.

Sourit.

- Tâche de pousser droit, ça sera toujours ça.

- Je vais essayer, je vous le promet !

S'incline devant Dame Maelyss.

- Non, tu ne vas pas "essayer"... Tu vas le faire, c'est tout. Qu'est-ce qui pourrait t'en empêcher?
Et les promesses n'engageant que ceux qui y croient, j'ai pour habitude d'attendre de voir plutôt que d'espérer.

- Très bien je le ferai et je ne vous promet rien dans ce cas vous pourrez le constater par vous même.

Esquisse un sourire.

..

Maelyss
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Il y a 6 ans | Le 14 Jan 2018 15:01:14
..

- Dame Maelyss, pensez-vous que la vengeance est un geste que l'on peut se permettre? Et si vous le pensez, croyez-vous que l'on peut exercer cette vengeance sur la famille ou les proches de celui qui nous a trahi ou fait du mal malgré le fait qu'il ait déjà été tué?

J'allais partir, exaspérée par son insolence, que quelque part, je savais apprécier, mais pas à tout instant. Je voulais rassembler mes esprits, qu'il savait si bien éparpiller comme des rêveries dans un profond sommeil ... Il se conduisait comme un enfant parfois, qu'il n'était pourtant plus... Plus depuis peu de temps... Finalement peut être que si... Encore un peu, peut-être même qu'il avait ce bonheur d'être de ceux que l'enfant ne quitte jamais...
Je soupirai encore face à la vastitude de tout ce qui pouvait former un Homme et sa vie...
J'allais donc le laisser avec son arrogance quand ses questions traversèrent l'air jusqu'à mes tympans.
Je m'arrêtai net, sans me retourner, petit sourire en coin, comme attendrie devant cette candeur soudaine. J'apprenais de lui chaque jour, chaque jour il me surprenait. Il était capable de la plus grande impertinence, frôlant toujours plus près les limites du supportable, sans jamais les dépasser. C'en était étonnant, dans un corps si frêle, une tête si jeune, tant de mesure en tout... Je me demandais de temps en temps ce qu'on y trouverait dans cette tête, si l'on pouvait la visiter. Que cachait donc cette espièglerie?
Peut être était-ce là l'image d'un certain bonheur... Tout simplement.
Mais ses questions soudaines avaient rompu cet enchantement bucolique en même temps que mes pas. Je me répétais intérieurement ses mots, qui se bousculaient, éveillant la géhenne qui en mon âme ne dormait jamais que d'un oeil.
Elevant mon regard vers un lointain horizon, je fis demi-tour pour lui répondre.


- La vengeance, Mysis, est une bien piètre consolation, elle nous aveugle et nous affaiblit. En fait, c'est le désir de vengeance qui est redoutable, bien plus que la vengeance elle-même. Car aveuglés par la douleur ou la colère, nous perdons le sens de la raison et nous mettons en péril.
La vengeance est un plat qui se mange froid, vois-tu, c'est parce que consommé chaud il peut être fatalement brûlant...
Alors que longuement mûri, consciencieusement observé, maîtrisé en son coeur , il devient une intense satisfaction... le moment venu.

Je le regardai, intriguée, m'interrogeant sur les raisons de ses interrogations, il parlait peu en vérité, en dehors de ses facéties qui me chatouillaient souvent l'humeur... Je continuai à lui conter mes pensées sur le sujet qu'il venait d'évoquer.

- Bien sûr que l'on peut se le permettre ! On doit, même, faire tout son possible pour la réaliser, que ce soit tôt, ou tard.. C'est là toute la subtilité à employer, il faut savoir prendre son mal en patience, user de fines stratégies ou profiter d'une chance ultime lorsqu'elle se présente. Et puis, nous, Gardiens des Enfers, ne nous arrêtons aucunement aux moyens d'apaiser un sentiment de trahison, nous accordant tous les droits, bien au-delà de ce qui serait "suffisant" si nous le désirons. Tu comprends donc que non contents de supprimer l'objet de notre haine, nous nous accordons le droit d'étancher ce qu'il en reste sur quiconque a la malchance de ne pas être des nôtres.

Le sujet m'inspirait énormément et j'aurais pu continuer des heures à parler... à raconter mes propres expériences... Peut être en aurai-je l'occasion, une autre fois.
Pour l'heure, je me tus pour le laisser digérer mes paroles et m'expliquer les raisons de ce questionnement impromptu.


Alors qu'il pensait avoir froissé Dame Maelyss pour de bon avec toutes ses fadaises il fut surpris d'entendre à nouveau le son de sa voix. Il l'écouta parler avec tant d'attention que le temps paraissait suspendu, pas un bruit, rien ne pu venir perturber ce moment si majestueux. Il l'écouta et dégusta chaque mot, chaque syllabe. Quand elle arrêta de parler une perle de sueur coulant sur son cou le ramena à la réalité, il prit le temps d'emmagasiner tout ce qu'elle venait dire et répondit sur un ton calme et posé.

- Depuis le jour de la mort de ma mère je ne cesse de vouloir me venger. J'ai bien tué son meurtrier mais cela ne me suffit désormais plus…

Une larme était en train de perler lorsqu' il parla de sa défunte mère, mais elle fut vite évaporée à cause de la chaleur qui régnait aux Enfers. Il ferma les yeux, prit une grande inspiration et continua son discours.

- Chaque nuit je rêve de ce jour où elle fut assassinée chaque nuit je revois le visage de cet homme tapi dans l'ombre du sang plein la main. Mais maintenant le douleur devient de plus en plus grande et ne cessera jamais de croitre en moi. Je pense que si je veux rendre hommage à ma mère je me dois de tuer tous ceux qui ont aimé son meurtrier pour qu'ils ressentent ce que je ressens depuis trop longtemps.

La chaleur était de plus en plus insoutenable, il réouvra les yeux et termina son discours.

- C'est parce que je ne sais si mes intentions sont bonnes que je suis venu vous poser cette question qui peut paraitre futile pour certains mais existentielle pour ma personne.

Il avait désormais la main serrée sur la poignée de Faux qu'il avait prit dans l'armurerie des Enfers et qui depuis ce jour avait déjà vu couler beaucoup de sang. Son regard se tourna ensuite vers le néant qui s'étendait devant lui en attendant patiemment une réponse de la Dame qui se tenait non loin de lui.

Il buvait mes paroles comme si j'avais détenu le Saint Graal.. Comme si je détenais toutes les vérités.. Alors que, comme lui, je n'avais fait que traverser le temps et les épreuves comme j'avais pu. Sans doute était-ce ça qu'il écoutait, l'expérience, ce que je pouvais lui apprendre de ce que je connaissais.
La fièvre le gagnait à mesure qu'il me contait sa triste histoire, je le voyais malgré que sueur et larmes s'évaporaient rapidement. Peu de choses échappaient à mon regard attentif, ce qui me donnait souvent l'avantage sur bien des situations. Il ignorait encore beaucoup de choses, comme à quel point sa souffrance le servirait, lui donnerait la toute puissance sur tous les autres, une fois qu'il l'aurait comprise et acceptée...


- Tu te trompes si tu penses qu'un jour quelque chose changera ce qui est de ta douleur, ce qui est fait ne peut être changé, tu devras apprendre à vivre avec.Tu auras beau tuer tout ce qui vit, ta mère n'en restera pas moins au palais des ombres...Ta douleur est l'hommage éternel que tu lui rends.

J'avais conscience de la dureté de mes paroles, Mysis comprendrait, c'était comme quand je jouais à faire semblant de le mépriser, pour provoquer une réaction qui le dirigerait vers des lieux plus sécurisés pour son salut..Il lui faudrait peut être du temps... Il lui faudrait peut être me mépriser aussi. J'espérais qu'il le comprenne, au plus vite, ce qui lui épargnerait d'autres douleurs inutiles.

- Tu as réalisé ta vengeance en assassinant un assassin, et tu l'es devenu toi-même.. Ta haine s'est étendue en un marasme dans lequel tu te noies. Pour en sortir tu dois accepter ce qui est et ce que tu es, en faire une force pour que ça ne soit plus une faiblesse. Il est possible de changer son regard sur les choses, tu n'oublieras jamais la femme qui t'a donné la vie, tout comme tu n'oublieras jamais celui qui la lui a ôtée... Acceptes ce fait, mesure la grandeur de la force qui te bouleverse et domptes-la ! Fais-en ton cri de guerre, ta conviction et ta gloire.
Sans remords car il n'existe pas de bonnes ou de mauvaises intentions, il n'existe que les hasards de la vie et tes choix.

Je me remémorai alors mon parcours, me souvenant de la longueur infinie du temps que j'avais mis à dépasser tous les sentiments que j'avais éprouvés, bien souvent même mes victoires furent acquises malgré ma volonté. Détournée des souffrances embryonnantes par l'instinct de survie, puis, par la suite, par l'entourage de mes frères d'armes.

Il écoutait, toujours attentif à ce que disait Dame Maelyss, dans le fond elle n'avait pas tord, ce qu'elle racontait était sa propre expérience, mais une expérience qui dura et durera encore pour longtemps, c'était à son tour sa vérité.
Il referma à nouveau ses paupières et dans murmura :


- Si je comprends bien, il faut que je souffre pour honorer la mémoire de ma défunte mère ?

Il réouvra les yeux et esquissa un sourire.

- C'est une chose que j'accepte avec le plus grand plaisir, si ma souffrance et ma douleur permettent à ma mère d'être honorée alors j'accueille cette proposition les bras grands ouverts…
Dame Maelyss vous dites que je suis moi-même devenu un assassin, je ne le conteste pas mais si je veux pouvoir l'accepter complètement il faut que je sois sûr de ne pas être vu différemment ici, depuis que je suis arrivé à vos portes et une fois que vous m'avez accueilli j'ai eu l'impression de retrouver une famille… Mais… je ne veux pas paraître un monstre pour ceux en qui je crois.
Il se tu un instant avant de reprendre sur un ton plus calme :

- Hier soir, alors que je trainais avec un Gardien j'ai tué bon nombre de personnes, j'ai aussi tué une demoiselle pour attirer son fiancé qui parlait trop, mais je n'en ai éprouvé aucun regret que ce soit pour les anonymes ou la demoiselle, j'y ai même pris un certain plaisir à leur arracher la vie lorsque le mari arriva enfin il me mit à terre à chaque fois mais je me relevais sans cesse, je repensais à ce jour où ma mère me quitta, je voulais lui prouver qu'il y aurait toujours quelqu'un pour l'honorer quelque soit le prix à payer pour cela…

Il prit une grande bouffée d'air qu'il regretta immédiatement, la chaleur ne cessait d'augmenter et cette bouffée lui brula la gorge. Il posa ensuite son regard sur Dame Maelyss et la remercia pour tout ce qu'elle lui avait déjà appris.

Sa naïveté me toucha...Il avait dû être fort choyé et je réalisai soudain la cruauté de ce qu'il avait pu ressentir devant une barbarie qui lui était jusqu'alors inconnue. La réalité lui était parvenue comme un boulet de canon, violente et inévitable.Ne lui restait plus qu'à traîner ce boulet de façon à ne pas s'entraver inutilement.

- Non, il ne FAUT pas que tu souffres, mais PUISQUE tu souffres, donnes un sens à cette douleur afin qu'elle ne t'affaiblisse pas. Considères ce mal comme un cadeau, appropries-le toi, car je ne pense pas qu'un jour il disparaisse, au mieux tu l'endureras comme un bagage un peu lourd.
Ce poids dont tu doutes encore de l'utilité, bien que tu viennes de me démontrer le contraire... Tu as fait ce que tout digne Gardien se doit de faire, vois comme cette douleur fait de toi un des meilleurs instruments de notre blason..Nous sommes les Enfers, Mysis, nous ne connaissons ni scrupules, ni pitié. A chacun son fardeau.

Je le vis déglutir en me disant que les apprentissages n'étaient pas toujours des plus aisés à acquérir. Mais je savais avec certitude qu'il portait en lui toutes les capacités pour être un grand battant, même s'il était probablement encore loin de le savoir ou même de s'en douter, puisqu'il me remerciait alors que je n'avais rien fait, que lui montrer ce qu'il devait voir. Ma bienveillance veillerait à ce qu'il s'en rende compte.

- C'est vrai, j'ai été fort choyé par ma mère certain diront que c'est mal, moi je me dis que sur ces Terres chaque être à le droit de se sentir aimé même si cela ne dure que quelques instants.

Il regarda Dame Maelyss, ses yeux étaient étincelants, il s'adressa ensuite à elle :

- Dame Maelyss, si je peux vous promettre une chose c'est bien celle-ci, ce boulet que je traine depuis longtemps, dans peu de temps je le porterai et avec ce fardeau j'honorai ma mère, vous et les Gardiens, je vous en fait le serment !

Il prit sa Faux, de la main gauche, la pointa vers la Dame qui se tenait devant lui et s'inclina ensuite, la remerciant encore une fois pour ce qu'elle lui apprenait, même si pour cette dernière ces choses peuvent paraitre sans trop grande importance, pour lui elles le sont et c'est avec le plus grand honneur qu'il apprendra encore de cette Dame.

- La tendresse et l'amour ont leur place en ce monde, je ne le sais que trop bien...J'ai aimé moi aussi, j'aime encore, j'ai cru en mourir mille fois et c'est ce qui m'a forgée. Seulement, ces sentiments ne doivent pas prendre la place de la raison et de nos devoirs, c'est là la difficulté et bien souvent la vie se charge de nous rappeller à l'ordre. Il est bon d'aimer, et de l'être également, mais il faut savoir que cela peut nous donner autant de force que nous affaiblir.. Je pense donc qu'il est raisonnable de savoir mettre ces douces émotions de côté, dans les secrets replis de notre âme. Ton expérience d'hier t'a démontré combien nous sommes faibles à défendre ce que l'on aime...
Tu es vaillant, Mysis, il ne te manque plus que du temps pour t'endurcir, restes toujours tel que tu es, sans vouloir brûler les étapes, chacune d'elle a son importance.Crois-en toi et rien ne saura te rabaisser. Le corps et l'âme sont distincts, souviens-toi... Il y en aura toujours un pour aider l'autre à survivre.
Va maintenant, va affronter ton destin. Et que la force soit avec toi.

Je me retournai prestement pour qu'il ne voie pas l'eau qui commençait à scintiller dans mes yeux... Il avait ravivé un feu que j'avais cru maîtriser par le passé et qui de nouveau embrasait tout mon être, embrumant mon esprit de ses fumées étouffantes.L'amour est bien pire que l'enfer quelque fois.

- J'ai aussi remarqué que l'homme était encore plus lâche que je ne l'imaginais… Je vais suivre votre conseils Dame Maelyss et mettre mes émotions de côté au plus profond de mon être pour ne plus en être victime dans des moments de défaillance.

Lorsqu'il vit la Dame se retourner rapidement il ne pu s'empêcher de lui lancer un regard interrogateur qui tomba rapidement. Il ne voulait pas la déranger plus longtemps, elle devait sûrement ressasser le passé peut-être trop profondément enfui au fond de son âme.
Il s'inclina dans le dos de Dame Maelyss, posa son arme sur son épaule et se redirigea vers les ténèbres pour méditer sur les phrases qu'ils avaient échangé.
L'amour est une arme à double tranchant…


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Maelyss
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Il y a 6 ans | Le 14 Jan 2018 15:17:17
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Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus eut la chance de pouvoir discuter avec elle, Dame Maelyss... Un vent brûlant soufflait aux Enfers, cela ne changeait pas de d'habitude mais il commençait à se sentir bien en ce lieux, la chaleur ne l'étouffait plus, il se sentait bien ici. Il s'approcha de la Dame qui se tenait au pied d'un ravin, le regard fermé comme à son habitude. Il lui passa sa lame sur le dos pour la prévenir de sa présence.

-Bonsoir Dame Maelyss.

Cela faisait quelques jours qu'il n'avait pas aperçu la Dame il se demandait si elle se souvenait encore de lui. Il s'assit aux côtés de la Dame laissant tomber ses jambes dans le précipice.

- Hier j'ai tué, Dame Maelyss... J'ai tué des hommes, des femmes plus expérimentés que moi. Mais j'ai aussi tué un enfant. Est-ce mal? Il se tenait devant moi l'arme au poing, je ne voulais me battre contre lui mais il ne m'en a pas laissé le choix... Je n'avais jamais tué de si jeune personne avant. Suis-je un monstre pour autant ? Aurais-je dû le laisser me vaincre ou fuir ?

Il ferma les yeux et soupira longuement, le vent brûlant lui frappait le visage, il se sentait bien en Enfers, il aurait sans doute du venir ici bien plutôt...

Cela ne faisait que quelques jours que j'avais déserté la nécropole, quelques jours seulement... Et je lui manquais déjà. J'entendis ses pas approcher, je sentis sa lame sur mon dos, sans me retourner, peu m'importait... ami, ennemi.. Je me pris à rêver d'Athirias, qui en quelques mouvements m'aurait réduite à l'état de néant.. Mais Athirias ne portait pas de lame... Je reconnu la voix de Mysis me saluant..
Je m'étais éloignée de nouveau, poursuivant sans relâche la même quête, encore et toujours, cherchant une alternative à ma solitude. Evidemment, imaginer rompre la solitude en se mettant à l'écart de tout ne semblait pas être des plus judicieux... Si c'était aussi simple, si, comme dit le dicton "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé" n'était pas si vrai. Que cet être soit mort ou non d'ailleurs, la preuve.

Malgré mes diverses occupations, malgré les jeunes recrues que je m'étais engagée à aider de tous mes moyens, malgré le soutien d'Avatarius, que j'avais fini par considérer comme mon mentor à force de m'appuyer sur lui, les responsabilités me devenaient parfois, souvent, insupportables et je devais m'éloigner, me souvenir de comment j'en étais arrivée là, des raisons qui me poussaient à poursuivre cette oeuvre...

Et la philosophie prenait de plus en plus de place, la vie devenait toujours plus forte, toujours plus intense et interminable, férocement implacable dans son immensité quand j'aurais voulu qu'elle ne se réduise qu'à ce poids que j'avais sur le coeur et qu'il le broie.

Je savais si bien dispenser les conseils que je n'étais pas moi même en mesure d'appliquer... De nouveau, je me remettais totalement en question, persuadée que si la mort se refusait à m'emporter c'est que j'avais sans doute encore des choses à accomplir..
Je soupirai longuement, puis tournai enfin mon visage , souriant sans entrain, vers Mysis qui s'était assis à côté de moi. Il avait dû me croire pétrifiée durant le temps que j'avais pris à réfléchir, bien qu'en fait ce temps ne fut peut être que l'affaire de quelques secondes seulement... J'avais perdu cette notion à force de patience, à force d'attente, le temps ne représentait plus rien..

A cet instant je me rendis compte que l'indifférence avait conquis tous les domaines qui n'étaient pas ce poids précis qui me pesait tant et inutilement.. J'eus l'envie irrépressible de crier mon désespoir et de demander le secours de Mysis. Mais en le regardant, je vis dans ce regard même, l'absurdité de ma déraison. Je ravalai mes cris imaginaires, puis contemplai un moment ce jeune homme qui parlait encore comme un enfant... Innocent et pur comme un diamant, je le trouvai attachant et tellement plus fort que moi, malgré le sombre passé qu'il avait vécu. J'étais bien ingrate de tendre à la vie mon visage sinistre et indifférent après qu'elle m'eut pourtant gâtée outre mesure...

Je n'en finissais pas de penser...Mysis restait patiemment à côté de moi, après m'avoir raconté quelques-uns de ces évènements qui le troublaient toujours, il attendait lui aussi des réponses pour le rassurer, dans la mesure ou il serait possible de lui en fournir et dans le fond, c'était si simple...


- Bonsoir Mysis, te voici de nouveau empreint de doutes, il est parfois bien difficile de suivre le chemin que l'on a pourtant soi-même tracé, n'est-ce pas?
Personne ne peut dire ce qu'est le bien ou le mal je crois, ces notions appartiennent à chacun... Ce que je sais avec certitude, c'est que si nous vivons c'est qu'il y a bien une raison à cela et que si nous vivons en Enfer c'est bien que nous sommes là pour persécuter toute vie qui n'est pas marquée de notre sceau. Notre passé fait que nous sommes indifférents à la douleur d'autrui, ayant assez à faire avec la nôtre. Ainsi donc, tu peux cesser l'empathie, ces êtres qui tombent sous notre courroux ne sont rien, ne représentent rien, qu'ils soient hommes, femmes ou enfants... N'oublie pas cette rage en toi qui te guidait, qui doit te guider encore, fais brûler tes doutes dans les flammes méphistophéliques, porte-toi au-dessus de ces interrogations inutiles. Vois comme Zapi s'était joué de toi...Il en va de même pour tout être que nous croisons et qui n'appartient qu'aux limbes où nous l'envoyons..

Les mots que la Dame avait choisi étaient à nouveau justes et le pénétraient au plus profond de son âme, à chaque fois qu'il écoutait la Dame cela lui faisait le même effet, il avait l'impression de sortir de ces conversation plus grand, plus fort, plus sûr de soi. Mais il sentait dans la voix de la Dame que certaines choses la tracassaient.

- Je sais que je suis encore très jeune comparé à vous, que vous avez vécu des choses bien plus atroces que moi mais vous savez vous pouvez dire ce qui ne va pas, ce qui vous déplait, je pense que si l'on dit ce que l'on a sur le cœur, ce que l'on ressent, on pourra mieux se l'admettre et peut-être mettre un terme à tout ce qui ne va pas autour de nous...

Il ne savait si ce qu'il disait était juste ou pas mais le fait de voir son mentor, celle qui l'avait accueilli et tant aidé depuis son arrivée aux Enfer dans un était si triste le rendait malheureux aussi.

- S'il vous plait Dame Maelyss, redevenez celle que j'ai connu lorsque que je suis arrivé ici, la Dame entreprenante et enthousiaste que vous étiez !

Il regarda en direction de la Dame et lui fit un sourire amical.

- Prenez le temps de réfléchir à tout ça et d'oublier si nécessaire, délivrez-vous de cette prison que vous vous êtes construite au fil du temps...


..