Arrestation d'Eziak Gulr, le Conquérant.
Une taverne
Ce rustre n'avait rien trouvé de mieux pour le retrouver, lui, un Gulr fraîchement intronisé, Praefectus Militari de Nebullia, membre de la Legio Ombrae, l'Ombre du Destin en personne
Arminas Oronar Gulr s'était installé au fond de la salle, à la table la plus éloignée du cœur de la taverne, où de nombreux soulards se trouvaient, enchaînant les chopes de bière naines.
Ses yeux scintillaient d'une lueur rouge écarlate, synonyme de son envie de pouvoir qui n'avait cessé de croître depuis qu'Elessar Saeculia l'avait approché, quelques années auparavant.
Il s'apprêtait à quitter les lieux, furieux que son rendez-vous n'ait pas eu lieux, lorsqu'enfin, un homme recouvert d'une capuche s'approcha de lui, ses deux lourdes épées traînant à ses hanches. Il s'installa face à lui, sans lui montrer le moindre signe de respect.
« Tâchez de ne plus jamais me faire attendre, mercenaire. Ou bien il se pourrait que ce soit la dernière chose que vous feriez. Et sachez que l'on se lève, en ma présence.»
L'homme ne montra pas le moindre signe de regrets, il se contenta de porter à ses lèvres la chope qui avait rapporté, la mousse blanche dégoulinant sur la table crasseuse.
« Vous avez besoin de moi. Si vous voulez du respect, montrez-en. »
Légèrement déstabilisé par tant d'aplomb, Arminas sourit cependant, le rictus dissimulé sous sa capuche. Il aimait l'attitude d'Avatarius, ce mercenaire qui semblait apporter ce qu'il promettait. Il se ressaisit et entreprit d'exposer ses projets à son interlocuteur.
Ils discutaient face à face depuis déjà plusieurs heures, lorsque leur conversation en vint bientôt à son terme :
« Ca aura lieu demain. Il quittera le Palais à l'aube, il souhaite confier une mission à la Legio Ombrae. Je mettrai sous vos ordres une partie de ma garnison. Nous devons agir simultanément et sur plusieurs plans, pour être efficaces. Je serai moi-même retenu ailleurs, et c'est pour cela que j'ai besoin de vous. Je souhaite le capturer vivant. Mais il ne se laissera pas faire facilement, aussi, vous avez l'autorisation d'en finir, si le besoin s'en fait sentir. »
Voyant l'air dubitatif de son interlocuteur, Arminas fouilla sous sa cape et en retira une lourde bourse de pièces d'or qu'il jeta sur la table, laissant quelques pièces s'en échapper et rouler sur le bois humide de bière. L'une d'elles roula et vint s'échouer sur le sol poussiéreux de la taverne.
Avatarius se pencha pour la ramasser, avant de l'examiner à la lueur des rares bougies allumées dans la salle.
Un aigle d'or scintillait sur la pièce, que le mercenaire remit dans la bourse qu'il enfourna rapidement dans ses poches avec un hochement de tête.
« C'est d'accord. »
Il se leva, et s'inclina nonchalamment devant Arminas qui le fixait lourdement. Il se rectifia.
« C'est d'accord, Censor. »
Puis il prit congé, après avoir terminé le fond de sa bière.
Arminas Oronar Gulr sourit, en pensant à la promesse faite par Avatarius
Le lendemain, le mercenaire, entouré d'une dizaine d'hommes recouverts d'une capuche, attendait ses deux glaives dégainés, posté devant la grande porte du Palais. Tandis qu'Avatarius semblait détendu, voire même désinvolte, les hommes eux, paraissaient anxieux.
La grande porte s'ouvrit soudainement, laissant apercevoir deux hommes recouverts d'une capuche, qui en encadraient deux autres : Yareth, le garde du corps de l'Empereur et à ses côtés, Eziak Gulr lui-même, ses yeux blancs luisant sous sa capuche.
Les quatre nouveaux arrivants se figèrent l'espace d'un dixième de seconde, et Yareth réagit tout aussi promptement : il lança une dague qui atteignit sa cible entre les deux yeux, laissant choir le cadavre au sol et entama le début du combat.
Les troupes d'Avatarius étaient déjà au combat face au garde du corps et ses deux sbires, tandis que le mercenaire se frottait au Conquérant qui était armé de son Autorité, le fabuleux fléau de mythrill noir forgé par les Nains des Monts Enneigés, qui tournoyait déjà, forçant Avatarius à reculer, tandis que Yareth et ses deux comparses faisaient pleuvoir un déluge de bottes et de contre-attaques sur les neufs soldats restant, dont le nombre se réduisait rapidement, car déjà deux d'entre eux venaient d'être tués ou grièvement blessés.
L'un des soldats effectua une parade et d'un coup d'estoc vint arracher la vie à l'un des gardes accompagnant Yareth. Ce dernier répondit en décapitant un autre de ses adversaires, réduisant l'écart à deux contre six.
Dans le même instant, Avatarius offrit une estafilade sanglante à la pommette gauche de l'Empereur, lui retirant au passage sa capuche, dévoilant un hideux visage recouvert de cicatrices, la chair grisée à de nombreux endroits et le crâne glabre. Celui-ci fit tournoyer le fléau dans les airs, arrachant à Avatarius un cri de douleur lorsque la masse lui brisa le bras gauche, envoyant son arme se planter dans le dos d'un de ses propres hommes.
Il n'avait pas fallu moins de temps à Yareth, désormais seul, pour éliminer quatre de ses adversaires. Le dernier toujours debout parvint à lui couper un bras si nettement qu'il ne le perdit que lorsqu'il vint parer une nouvelle attaque, s'évanouissant par la même occasion dans une mare de sang, au milieu de cadavres gisants. Son assaillant vint se ranger auprès d'Avatarius, tous deux faisant face au Gulr. Tous trois attaquèrent en cœur, mais seuls Avatarius et Eziak en réchappèrent, le soldat ayant été frappé d'un magistral coup de fléau, droit sur son crâne réduit en bouillie.
Alors que l'Empereur tentait de déloger son arme du corps de sa victime, Avatarius frappa au moment-même où l'Autorité parvenait à se séparer de sa dernière cible.
Eziak Gulr s'effondra, une lame plantée dans dos, tandis que le mercenaire recevait la masse hérissée de pointes dans le sternum, fracassant sa cage thoracique et perforant ses poumons.