CHAPITRE I: VERS BADUK
Dans le petit village isolé de Torduk, le jeune Jereck fêtait sa majorité avec ses amis lorsque une délégation royale interrompit la fête:
"Oyez oyez !
La guerre se prépare, le palais somme tous les hommes et les femmes de ce village à se présenter dans deux semaines à la caserne de votre comté pour un entraînement militaire !"
Ne s'étant jamais intéressé au combat et encore moins aux histoires politiques, il décida de s'enfuir en direction des terres d'argents par-delà les montagnes.
Le voyage jusqu'à la frontière épuisa Jereck au point de ne pas se rendre compte qu'il était observé.
-"Halte voyageur, pour avoir le droit de passer la frontière, tu dois payer !
-Je ne possède rien.. soupira Jereck
-Tu es jeune et élancé, tu as tes deux bras, tes deux jambes et tu ne sembles pas malade. On l'embarque les gars ! "
Trois autres bandits sortirent de l'ombre. Jereck sortit sa dague et fit mine d'attaquer mais un cinquième larron l'assomma par derrière.
Lorsqu'il ouvrit les yeux, il aperçu un homme incroyablement balafré, son visage n'avait même plus l'air humain ; on aurait dit qu'il avait été tué de différentes manières une bonne centaine de fois.
L'homme engagea directement la discussion:
"Mes hommes t'ont amené ici pour que je te vende comme esclave mais j'ai besoin d'hommes à tout faire. Tu sais cuisiner, chanter, séduire, combattre où nettoyer ?demanda-t-il.
-Je suis apprenti brasseur ! mentit Jereck qui adorait la bière.
-Un homme parfait pour le ménage. On t'équipera demain. Allez les gars, ramenez ce mioche à la tente aux esclaves." ordonna l'homme.
La nuit tombée, Jereck était résolu à s'enfuir mais lorsqu'il entreprit son évasion, il remarqua que le garde du butin avait abusé du rhum et décida d'en profiter.
Il s'empara discrètement de la clé, fit un baluchon avec le haut de sa tunique et y plaça cinq mille pièces d'or. En sortant, il s'arma de l'arbalète du garde assoupi, chargea un carreau et le tua à bout portant.
Il prit le reste des projectiles à disposition et s'enfuit en direction de la forêt. Mais l'alarme avait été sonnée et des chiens étaient déjà à ses trousses.
Jereck courrait trop lentement, les pièces le ralentissant et la large arbalète encore plus. Il décida de cacher l'or, d'armer l'arbalète et de sprinter pour se cacher un peu plus loin.
Les chiens étaient deux, il devait s'en débarrasser avant que les bandits n'arrivent. Il visa donc le chien le plus proche et le tua d'un projectile en plein poitrail, puis essaya de recharger mais l'autre canin fonçait déjà sur lui.
Il donna un coup d'arbalète au molosse à l'instant même où celui-ci lui sautait à la gorge. Le chien couina et s'écrasa avec fracas sur le sol terreux.
Ses oreilles sifflaient et ses poumons flambaient, il dû prendre quelques secondes pour se reprendre. Le calme revenu, il tenta de récupérer son butin mais une main énorme lui agrippa la gorge. Une voix rauque accompagnée d'une haleine à faire fondre un blob rompit le silence:
"Tu as osé me voler, moi le seigneur Kast, roi des bandits !
-"Je...Vous auriez fait pareil.. balbutia Jereck
-Tu es téméraire mais incapable au combat ! Tu as tué mes chiens, tu vas donc les remplacer. Demain, entraînement ! Allez, t'as besoin de dormir vermine. "
Trois années s'écoulèrent, Jereck rapporta tellement d'argent au clan qu'il se vit offrir le droit de porter le nom de Kaast.
Le nom du chef était porté par ses lieutenants les plus compétents, le deuxième "a" marquant la différence avec leur supérieur.
Lors d'une nuit de festivité après un raid réussi sur un village des alentours, le destin se déchaîna sur les bandits.
L'armée royale attaquait de plein fouet le camp bandit; de sa cachette, Jereck Kaast voyait ses compagnons tomber et se résigna à prendre part au combat quand il entendit Kast appeler à l'aide.
Il ramassa une épée, couru vers la tente et vit un officier transpercer son mentor de part en part; pendant un instant, il cru voir un sourire se dessiner sur les lèvres de son ami.
Jereck, combattit avec ardeur et détermination, et désarma rapidement l'officier essoufflé par le combat précédent.
Celui-ci finit à genoux, le tranchant de la lame du jeune bandit sur sa trachée; l'homme supplia:
- "Aies pitié !
- J'aurai autant de pitié que celle que tu lui as accordé" répondit calmement Jereck en tranchant la gorge du jeune gradé le plus lentement qu'il pût.
Lorsque ce fut terminé, dans un dernier soupir, son mentor lui avoua que les cinq mille pièces étaient toujours dans la cachette.
En sortant de la tente, il vit que les derniers bandits étaient en fuite et se dit qu'il ferait bien de prendre lui aussi ses jambes à son cou.
Il couru récupérer son or et parti en direction de Baduk.