La mort d'une Reine...

Myky
Memento mori


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Il y a 7 ans | Le 27 Nov 2016 02:53:08
La nuit était bien sombre ce soir, pas de lune pour bercer la demeure des Arachnéas... Ça ronflait dans la salle principale, dans les couloirs et moi même j'étais dans ma cave. Je peaufinais quelques équipements en faisant cogner le marteau sur ma forge brûlante...

Plongée dans ce travail de longue haleine je n'ai pas entendu l'assaut... Ils n'étaient pas vraiment nombreux, enfin je crois.
Les minutes s'écoulaient sans que vraiment je ne réagisse, sans que je me doute qu'ils avaient franchi mes portes. Que déjà certaines gorges étaient tranchées dans leurs sommeil.

Puis ils se sont sans doute engouffrés dans les couloirs, une amphore attira mon attention en s'écrasant sur le sol... Je déposais mon marteau, mais je n'avais pas fermé ma porte pour une fois.



Je n'eus pas le temps de me retourner et prendre les armes que Stumi m'asséna le coup fatal...

L'Angaerie, je me souviens juste d'elle... de son cri lorsqu'ils passèrent la porte dérobée qui menait à l'antre de la déesse Arachnide... Je suppose qu'elle ne fut pas simple à abattre, mais je n'étais pas la pour assister au combat. Je n'étais pas la pour la défendre, j'avais échoué et la vie quittait mon corps petit à petit sans retour possible...

Chaque enfant de l'Angaerie qui mourrait m'assénait une atroce douleur, la mort ne doit elle pas être paisible ? Puis sa voix raisonna dans le peu de conscience qu'il me restait, elle que j'avais banni lorsque mon forgeron avait détruit la carapace faite autour de mon coeur...

Myky... Ton heure n'est pas venue...
Laisse moi, j'ai fait mon temps..
Non tu as encore beaucoup à faire... Et je compte sur toi pour que ce cadeau que je te fais, te réveille plus forte que jamais... N'oublie jamais que tu me dois cette nouvelle vie...


Les minutes passèrent, les heures peut être je ne sais pas vraiment. Les torches qui éclairaient ma cave étaient au sol et brûlaient le reste des étagères. La lumière étaient puissante comme ci j'avais dormi cent ans et pourtant lorsqu'enfin mes yeux s'ouvrirent, seulement quelques minutes étaient passées...

Mes membres tremblaient, la colère ou la magie de l'Angaerie je ne sais pas mais j'eus beaucoup de difficultés à me hisser sur mes pieds... Ma forge détruite, mes amphores évaporées... j'appuyais ma main sur le tas de pierre un instant jusqu'à ce que ma tête ne tourne plus puis d'instinct je me dirigeais vers la déesse que j'étais sensée protéger... Doucement puis prenant de plus en plus d'aisance je finis le reste du chemin en courant parmi les cadavres de ses progénitures...

Je ne trouvais pas son cadavre, juste une petite amulette déposée sur son trône comme un cadeau de plus de l'arachnide. Elle aurait pu choisir protecteurs plus puissants mais c'est moi qu'elle a choisi...

C'est en son nom que je combattrai... Pour elle et ce passé commun que je reprendrais les armes... Juste pour leur rappeler à tous...

Memento Mori.


Hotaru
Kraken


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Il y a 7 ans | Le 27 Nov 2016 18:00:51
Cette nuit noire fût marquée par le retour de Marvel à bord du Kraken. Nous avions convenu d'améliorer le Krakenton toute la nuit pour en faire un bâtiment digne de ce nom. Nous partîmes donc pour les terres arides de Sato : il nous fallait un endroit tranquille, avec de l'eau, pour y améliorer mon embarcation. Je pris énormément de rhum avec moi ; nous pouvions discuter et rattraper le temps perdu. Le breuvage sert aussi de protection naturelle contre l'eau salée. Il faut donc y imbiber toutes les planches lors de la construction du bâtiment.

Nous étions en train de travailler, sans que la lune ne nous éclaire, de simple torche nous offrant assez de clarté pour savoir ce que l'on faisait, lorsqu'une lumière éclatante éclaira le ciel sombre de la nuit. Nous pouvions distinguer une épaisse fumée virevoltante et sombre s'envoler vers le ciel sans étoile. Alors que j'avais les yeux fixés vers l'Est, Marvel, lui, partit sans dire un mot. Je savais qu'il se dirigeait vers l'incendie. Je pris donc mes affaires et une bouteille de rhum pleine que j'accrochai à ma ceinture et partis à travers les montagnes. Grâce à mon agilité et mon expérience, je peux me déplacer librement à travers les chemins rocheux.

Plus j'avançais vers l'incendie, plus mon cœur serrait ma poitrine. J'attrapai donc ma bouteille et portai le goulot à mes lèvres pour en ingurgiter en parti le contenu. J'avais de la route et peu de boisson ; je devais me rationner. Je ne pus le croire une fois arrivé vers le Château de Vignefolle, après avoir traversé la chaîne de montagne des Sicaires : l'incendie était clairement en train de brûler la demeure de ma sœur, Myky.

J'avançais avec plus de hâte et me retrouvai à quelques mètres de feue la lourde d'entrée. Un tas de ruine se dressait devant moi mais aucun indice ne laissait deviner que ce fût une immense porte... Je me tenais debout, balayant du regard toutes les directions possibles et imaginables. Je ne voulais pas laisser quelqu'un s'échapper. Malheureusement, plus personne n'était dans les parages, en dehors de Marvel qui venait d'arriver. Nos regards se sont croisés un petit instant. Nous pouvions nous comprendre sans dire un mot. Après tout, nous venions tous deux de perdre notre chambre et nos amis en ces lieux.

La tristesse m'envahit, mes jambes devinrent lourdes, je ne pouvais plus rester debout. Je me suis donc laissé tomber à la renverse ; mes fesses amortirent la légère chute. Toujours devant la demeure de toile, devenue de braises et de cendres, je n'arrivais pas à réfléchir à ce que je devais faire. Peu de personne savaient qu'avant d'être Cap'tain, que dis-je, avant même d'être un pirate, j'étais un fier défenseur de l'Arachnea et de sa toile... Je ne sais pas ce qu'il venait de se dérouler mais je ne pouvais pas rester sans rien faire devant cet horrible spectacle...

Je relevai la tête, laissant mon regard à la fenêtre de ma maîtresse qui ne se trouvait même plus à sa place habituelle, tout en espérant que rien ne lui soit arrivé. Je saisis ma bouteille de rhum, me levai tant bien que mal et vidai une bonne fois pour toute cette dernière dans mon gosier. Une fois terminée, je lançai la bouteille dans les flammes et laissai un cri de rage et de colère sortir de mes entrailles…

Zerone
Memento mori


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Il y a 7 ans | Le 30 Nov 2016 18:20:58
Sagement attablé, je regardais les flammes de l'âtre rougissant se refléter dans l'ambre de ma liqueur de Brofö. Pour passer le temps qui me séparait de ma muse, je faisais danser l'alcool et milles éclats de lumière s'éparpillaient dans l'atmosphère pesante de la taverne de Nebullia. J'attendais donc ici, patiemment, l'heure de nos retrouvailles avec ce verre pour me réchauffer, à défaut des caresses et des baisers de ma forgeronne.

Elle avait un peu de retard, rien d'inquiétant aux premiers abords mais Myky était du genre ponctuelle. Je culpabilisais alors un peu, harassé par l'entrainement je ne voulais pas rejoindre ses appartements, au fin fond de Sato. Peut-être était-elle fatiguée aussi ? Je grimaçais à l'idée lorsque dehors, des bruits, des cris habillaient les rues fraîches de la ville. Un brouhaha qui se faisait plus intense au fur et à mesure que les minutes s'égrainaient. Par curiosité malsaine, je me levais de ma chaise et allait sur le porche de l'auberge pour satisfaire cette dernière.

Les gens s'agitaient, lanternes et torches à la main, à la recherche de leurs proches si j'en crus les bouts de phrases prononcées difficilement par les habitants paniqués. Quelques mots se détachaient des autres... Fort, Sato, Détruit. Mon sang ne faisait qu'un tour et j'attrapais au col le premier manant qui me tombait sous la main. Je l'amenais sous l'abri et le plaquais contre la porte de la taverne.

« Toi, parle clairement ou j'éclate ta face si fort contre la porte que ta mâchoire servira d'heurtoir. »

Le ton était froid, sérieux, j'espérais m'être bien fait comprendre et lui laissais quelques secondes pour qu'il choisisse ses mots soigneusement. Ma main relâchait son manteau à la fin de sa phrase, j'étais un peu décontenancé et le laissait filer. Mon esprit était embué, je me devais de vérifier ses dires, je retournais donc à l'intérieur de la taverne, saisissait manteau et besace pour prendre précipitamment la direction de Sato....

[…]

L'horizon devant moi se confondait avec le ciel de cette nuit noire, lugubre où la faune avait fui pour des climats plus chauds, même ici sur Sato. Je marchais, empruntais le sable d'un pas pressé mais intérieurement, j'étais craintif, j'avais peur que les dires de ce branquignole soient vrais. Mon odorat m'enfonçait alors un peu plus dans mes tourments, l'odeur du bois brûlé et de la chair se mêlaient au vent glacial et portait la mauvaise nouvelle jusqu'à moi.

Je ne l'avais pas encore vu de mes propres yeux que j'en étais déjà convaincu, ma reine, ma muse et son clan avait subi une attaque portée par des bandits... Des lâches de la dernière espèce que je jurai déjà de tuer, d'annihiler jusqu'au dernier dans des murmures presque inaudibles... Puis au loin, après que les montagnes aient fini de cacher la vérité à mes yeux, se détachait de l'horizon une lueur, mince et mourante, d'un feu...

Je m'avançais alors vers ce qui était jusqu'il y a peu, le fortin de ma reine, son repère. Il ne restait quasi rien, les murs étaient tombés, la charpente n'était plus qu'un amas de braises en quinconce sur le sol. Je foulais ce dernier, pavé de cendres et de sang, à la recherche d'un visage, le sien, complètement obnubilé et hanté à l'idée de l'imaginer sans cette étincelle de vie dans le regard. Mon visage était fermé, les yeux rougis par la chaleur mais pas que...

Je reconnaissais les lieux, les devinais et j'approchais de sa chambre enfin de ce qu'il en restait. Personne sous les poutres écrasées, sous les pierres effondrées non plus, il me restait alors un mince espoir auquel m'accrocher et c'était animé par ce dernier que je déblayais l'accès à sa cave « secrète »...

[…]

Je descendais alors les marches jusqu'à la porte de pierre qui gardait si efficacement son trésor jusqu'à maintenant mais elle n'était pas close et mes yeux se fermaient soudainement. Je me préparais au pire, à un monde sans elle...

J'ouvrais enfin les yeux dans un long et pénible soupir, une rage immense étreignant ma gorge. Je faisais le premier pas et commençais à arpenter les lieux, entre les étagères tombées et les amphores éclatées, il était difficile de progresser. J'inspectais son bureau noirci par la fumée où quelques uns de ses croquis avaient survécu... Mais personne dans cette pièce.

Plus loin, au fond de la cave, une ouverture, qui m'était complètement inconnue, laissait échapper un fin filet de lumière. Une porte dérobée, que ces chient avaient tout de même trouvé, était mon dernier espoir... Je pénétrais alors prudemment la pièce, une grotte plutôt, un sanctuaire creusé à même la roche, où les torches encore chaudes jonchaient le sol...

Et là, devant mes yeux, se trouvait ma raison d'être, amochée, tremblante mais vivante... Mon cœur s'emballait et je la rejoignais pour la réconforter de mes bras... Inconscient de ce qu'il venait de se passer, je prenais simplement soin d'elle, sa tête contre mon torse, je lui murmurais que je l'aimais plus que tout... Et déjà, que je l'aiderai dans sa quête de vengeance et que je pourrirais jusqu'au dernier de mes souffles ceux qui ont osé faire couler son sang.