Je me tiens là, debout, scrutant l'horizon, une main accrochée à la barre du bâtiment "Le Naufrage". J'en suis devenu le Cap'tain suite au départ d'Oceano parti voir des compagnons à lui sur la terre ferme.
Voulant donner vie au pont du gréement, j'entre dans mon rôle de Cap'tain ; nous levons l'encre et nous partons à l'aventure sur les vastes mers d'Edora. En effet, à vu d'œil pirate (pas encore bien ajusté) je dirais qu'il y a soixante pour cent d'eau. Cela laisse un large périmètre où s'amuser à voler les aventuriers.


Je ne suis pirate que depuis quelques lunes ; une vie que je ne connaissais pas, mais vu comme j'aime l'eau, ça ne pouvait que m'aller (bien qu'elle soit salée...) Ah, mais où ai-je la tête ?! Il me faut vous raconter le début de l'histoire !
À la base je venais voir mon ami Oceano, un compagnon que j'ai rencontré chez ma sœur Myky. Un guerrier nautique, un marin qui à construit son navire et l'a nommé Le Naufrage puis qui a choisis la vie de pirate. Abordage, massacre, pillage, rhum et rire : voilà comment résumer sa vie.

Je suis allé sur le navire pour y partager avec lui quelques verres, qui se transformèrent en bouteilles à me raconter ses aventures sur les eaux des Terres argentées. Je pouvais me voir, les yeux brillants, lorsqu'il me racontait sa vie d'exploration. J'ai donc décidé de devenir un pirate du Kraken !


Étant un voleur, il me fallait un moyen pour pouvoir revenir sur la terre ferme. J'ai donc construit une petite barque, du nom de Krakenton, qui a maintenant bien évoluée. Un mât trône fièrement au centre de son petit pont : ainsi mon apprenti pirate Lennärt n'aura plus à ramer et il pourra boire du rhum à mes côtés en se laissant transporter par le vent. Enfin, grâce à Krakenton à mes côtés, je pouvais retourner sur terre et vider les poches des aventuriers.

Baduk, Kedok, Boudok, Dusso, Sato et Edora. Je contrôle pratiquement tous ces territoires : détrousser les bourses, glisser mes mains dans des poches, rentrer dans les auberges en silence et récolter les butins de chasses ; voilà ma vie. Mais je suis un pirate désormais ! Abordage sur les forteresses navales, aventures en barque pour chasser les monstres marins : grâce à mon agilité et ma ruse je n'étais jamais vu. La lune, les nuages, les vagues, voilà comment je passais inaperçu. Je suis devenu un bon marin, observant beaucoup Oceano et sa manière de faire les choses.
Maintenant que je suis devenu le troisième plus grand voleur des Terres d'Argents, mon nom est sur les lèvres de beaucoup. Heureusement, j'ai la faculté de disparaître aux yeux des Hommes.


Je reviens donc au fait que je sois actuellement le Cap'tain du Kraken. Avec mes hommes nous parcourons beaucoup les mers d'Edora, je pense que nous devons presque les contrôler. La seule chose qui m'inquiète encore, ce sont les vingtaines de guerriers s'entraînant dans les montagnes enneigées, bien que ça ne m'empêche pas d'aller leur faire les poches et que sur la mer nous restons les plus forts.
Ah ! Très important, j'ai eu le droit à plusieurs mutineries depuis que je commande le bâtiment, mais jusqu'à maintenant j'ai pu toutes en venir à bout. Ces forbans des mers ne m'acceptent pas comme Cap'tain... surtout depuis que j'ai privé les accès à la salle des coffres à certains moussaillons pour les punir du manque de respect qu'ils ont envers leur Cap'tain, à savoir moi ! Enfin, c'est essentiellement depuis que j'ai appliqué cette punition à Oceano, vrai et unique Cap'tain de notre bâtiment, que ses mutins ne cessent de baver sur moi... Grrr par le Kraken !


J'ai donc eu l'idée d'inviter notre chère voisine Sekhmet à bord. Oui oui oui, je sais, une femme à bord ça porte-malheur, mais sachez que c'est parfois pire de ne pas en avoir : actuellement pour moi, c'est le cas ! J'espère donc que grâce à mon plan presque parfait, Marvel, Oceano et Krucify reviennent et que les braves pirates me laisseront encore naviguer un peu, au rythme des vagues sur la coque du bateau et du son de ma voix donnant des ordres. Ainsi je pourrais rendre au Cap'tain ce qui est au Cap'tain !

Je me tiens de nouveau debout, scrutant l'horizon depuis le gaillard d'arrière du bâtiment. C'est ici que le capitaine se place pour diriger ses hommes. C'est donc de ce poste que l'on acquière et que l'on apprend à se servir du troisième œil, celui du dirigeant du navire. Il est stipulé par la légende que généralement ce globe oculaire est constitué de verre... De mon point de vue, ce champ de vision cérébral est une faculté de l'inconscient de mon esprit, qui me permet de voir chaque mouvement, chaque acte de mon équipage. La plupart du temps lorsque je scrute l'horizon de la sorte, c'est pour élaborer minutieusement mon plan que je mûris ensuite longtemps à bord de mon navire, dans la cabine privée du Cap'tain.

Dans mes quartiers, il n'y a pas grand-chose : un lit spacieux si grand qu'il fait presque la moitié de la pièce ainsi qu'un fauteuil en cuir moelleux qui, lorsque je m'assois dessus, laisse mon corps s'y enfoncer de quelques centimètres vers le fond. De là je peux attraper mon verre et ma bouteille de rhum, directement fabriqué et affiné dans les cales de l'embarcation. Juste devant l'assise, se trouve une petite table avec un échiquier trônant dessus et rien d'autre. Ce plateau de jeu, divisé en plusieurs carrés noirs et blancs, est un plan détaillé que moi seul peux lire et comprendre. Ce don, je le dois à « Cette Personne »…

Pour faire fonctionner mon plan, il allait me falloir un équipage bien plus conséquent mais surtout bien plus puissant ! Je suis déjà bien content d'avoir une arme de destruction massive : après tout, quoi de mieux qu'un Troll pour frapper fort ? Cela dit, je sais que ce n'est pas suffisant... Je me suis donc installé à la taverne et me suis caché dans l'ombre. C'est ainsi que ma recherche de matelot débuta.

Je suis resté en ce lieu durant des semaines, observant et écoutant chaque mot qui sortait de la bouche de leur propriétaire. Ma première intention se porta sur Mills, un aventurier pratiquant la magie. Il ne fait pas encore bien mal mais il a un très fort potentiel. Il sera ma longue vue !
Vient ensuite Karaz, un autre magicien assez fêlé dans sa tête, prêt à se jeter dans une mer d'ennemis : une personne possédant la bravoure digne d'un pirate du Kraken. Il faudra juste lui apprendre les bonnes manières mais il évoluera en un fier pirate du Kraken, j'en suis persuadé.
En troisième, j'ai croisé sur Sato un jeune guerrier : Old Shool de son nom. C'est un tueur assoiffé de sang, un homme idéal pour faire grimper la réputation d'un bâtiment pirate. Je l'ai donc pris sous mes voiles.

Les jours passent, l'entrainement à bord du Naufrage reste simple : balayes le navire pour devenir plus fort, bois du rhum pour devenir plus résistant ! Ceux qui ne respectent pas ces règles passent à la planche et ce sans le moindre remord de ma part… Un matin, alors que j'étais en train de dépouiller Arminas (le censor de Nebullia ou de je ne sais quoi), un pigeon s'approche de moi. Je me demande encore comment il m'a trouvé puisque je venais d'utiliser mon sort pour me camoufler. Il transportait un message de SomeBody et Stumi, deux aventuriers qui venaient de découvrir Edora et qui souhaitaient rejoindre le Kraken. J'ai accepté leurs venus pour monter en puissance mais je garderais toujours un œil sur eux et bien sûr le plus apte : le troisième.

Vient alors la dernière rencontre et le dernier homme à rejoindre le Kraken. Sindbad, un jeune voleur croisé sur Kedok avec qui j'ai pu boire quelques verres et dont j'ai pu écouter l'histoire. A la fin, il m'a demandé s'il pouvait monter à bord et découvrir le monde sur mon bâtiment. Nous avons donc convenu d'un marché : il devra nettoyer la coque extérieure du Naufrage en décrochant les moules qui s'accrochent lorsqu'on amarre dans un port. Avec son agilité de pickpocket, ça ne devrait pas lui poser problème. Il devra également s'occuper de mon petit mais très cher Krakenton, ma chaloupe a une voile et un foc !

Une nuit, alors que j'étais installé comme à mon habitude sur le gaillard d'arrière, observant mes hommes se soûler, raconter et chanter leurs exploits de pirate du Kraken, je me suis dis qu'il était temps de faire appel à eux pour avancer les pièces de mon échiquier. L'heure de rappeler Oceano, le Maître du Kraken, ainsi que Krucify, son fidèle second et commandant de l'unité Krustacé, est maintenant arrivée. Je sais aussi que si le légendaire leader historique du navire revenait, alors Marvel le pirate sanguinaire fera à nouveau tomber la colère du Kraken sur nos ennemis.

Il est temps ...

Je me trouve actuellement à bord du Krakenton. Je vogue seul sur les eaux des terres enneigées de Dusso. La neige tombe de plus belle sur toute la contrée. Ce vaisseau de ma flotte, recouvert de flocons immaculés, est stationné proche du rivage de la Cité des Eléments. C'est une des villes que je connais le mieux depuis que je foule les Terres d'Argent. Elle est protégée par les montagnes se trouvant sur son flanc et les anges de la nuit sont ses gardiens ; les murs des édifices étaient si... blancs à l'époque. C'est dans cette cité, ne ressemblant maintenant plus à rien, que j'ai accompagné la Reine pour la première fois : une ville perdue dans un désert de neige. C'est ici même que je revins des profondeurs des mers, raccompagné par le Kraken en personne. C'était il y a quelques heures, jours ou semaines ; à vrai dire, je n'en sais rien du tout. Je regarde mes mains qui tremblent, mon corps est exténué. Est-ce dû à cet événement ?

[...]

Je me trouvais près de l'Îlot des Éclaireurs, sur Sato, où j'avais jeté l'ancre en mer. Le soleil était bien haut dans le ciel, on pourrait même croire que jamais la lune ne parviendrait à calmer cette lumière intense. La chaleur ambiante aurait pu couper le souffle de n'importe qui. Heureusement, le Cap'tain était prévoyant : il devait bien y avoir quatre carcasses de tonneaux qui jonchaient le pont principal du Krakenton. J'étais seul à bord, l'équipage devait surement être de sortie. Les membres ont le droit à leurs quartiers libres : je suis peut-être le Cap'tain du Kraken et également un pirate mais j'ai conscience que mes hommes doivent avoir certaines libertés ainsi que leurs façons de penser en dehors de la coque de mes bâtiments. Souriant, un verre à la main, j'admirais ce paysage que m'offrait ma vie de pirate.

J'étais là, sur le gaillard arrière, tel est la place du Cap'tain. Une bouteille de rhum à la main, le regard plongé sur la fameuse Licorne de Corail ; la pauvre, dès qu'elle se réveille, je m'attaque à cette créature légendaire pour lui subtiliser sa corne. D'ailleurs, je pense que son sang est assez proche de celui du lézard puisque cette corne repousse toujours !
Alors que je m'élançais à travers le bâtiment pour sauter de la proue tout en gardant la licorne dans mon champ de vision, mon ricanement faisait écho à travers la chaîne de montagne de l'îlot. Une mauvaise intuition m'envahit soudain de la tête aux pieds et m'arrêta net. La Licorne avait fui, les léviathans qui étaient autour du Krakenton avaient disparus également.

Il arrive...

J'attendais au milieu du pont principal de savoir ce qu'il allait se passer. Mon troisième œil, lui, était aux aguets et je pouvais le voir. Je n'osais pas me retourner sachant pertinemment ce qui m'attendait. Légèrement anxieux de ne pas contrôler la situation, un frisson parcourut mon corps me donnant l'impression d'une onde froide sillonnant mes fesses jusqu'à s'écraser dans mon pied droit, tels les vagues se fracassant contre la roche. Je soupirai, laissant la peur s'envoler dans l'air alentour puis me retournai. C'est là qu'elles sont apparues ! Même si mon "œil" les avaient vu venir d'en dessous, d'énormes tentacules (j'en comptais cinq) sortirent de l'eau et entourèrent le Krakenton. Subitement elles saisirent la coque de l'embarcation. Les tremblements que provoquèrent les appendices ne me gênèrent guerre pour me mouvoir sur mon bâtiment mais malgré mon immense agilité, je ne pu m'enfuir : deux autres tentacules me bloquèrent me maintenant ainsi à bord. Je ne pu m'empêcher de ricaner puis d'attraper la bouteille de rhum accrochée à ma ceinture.

Quoi de mieux pour un Cap'tain, que de couler avec son navire ?

L'eau arrivait au niveau de mes pieds lorsque je finis ma bouteille et la lançai à la mer. J'attrapai un cordage qui était attaché au mât principal et m'apprêtai à pénétrer dans ce monde aquatique en écoutant la mer avaler mon bâtiment. Une dernière bouffée d'air avant de mourir noyé... Une fois dans les profondeurs, il fallait que je le voie de plus près. Lâchant une bulle d'air, je me focalisai sur ce qui m'entourait. Je ne pouvais en aucun cas voir dans cette pénombre mais le Cap'tain était un malin. Étant toujours à bord de mon Krakenton, mon troisième œil, était tout à fait utilisable. Là, juste devant moi et mon navire sombrant, nageait le Kraken : je ne pouvais voir qu'une partie de l'immense corps du monstre marin vivant dans les profondeurs océanes. Ce monstre à qui j'ai voué une sorte de culte. J'ai donné ma vie pour faire résonner son nom sur les Terres d'Argents. Je fermai les yeux, attendant ma fin et Lui souris...

"Hotaru..."

J'ouvris brusquement les yeux et me retrouvai à quelques mètres de lui. Je plongeai mon regard dans les yeux rouges du Kraken. C'était lui qui me parlait... ou du moins je l'entendais dans ma tête. Impossible pour moi de détourner mes yeux des siens pendant que nous communiquions. Sa voix était grave et pratiquement incompréhensible par moment mais en l'écoutant je pouvais pleinement comprendre ce qu'il me disait. Une fois la conversation finie, le Kraken releva ses tentacules pour remonter le navire à la surface. Je suis passé des terres arides aux terres enneigées en traversant les limbes des profondeurs sans même m'en rendre compte.

[...]

Je suis là, sur le gaillard arrière, tel est la place du Cap'tain. Une bouteille à la main, le regard sur l'horizon avec les paroles du Kraken qui résonnent dans ma tête. Réalisant que j'avais reçu un cadeau mais aussi une malédiction suite à ma rencontre avec Lui. Voici cette malédiction : je ne peux rester qu'une minute sur la terre ferme par pirate combattant pour le Kraken. Passé ce délai, les premiers symptômes arrivent : nausées, vertiges, frissons : quoi de mieux pour un pirate que d'avoir le mal de terre ?! Le cadeau, quant à lui, je l'appelle la bénédiction du Kraken : j'ai le pouvoir de rendre submersible le Krakenton à ma guise ! Le seul problème qu'il me reste à résoudre, c'est de savoir comment…

A force de tourner en rond autour de la barre du navire recouverte d'un voile blanc tout comme le reste du bâtiment, mes traces dessinent un rond que j'imagine plus comme un léviathan se mordant la queue. Va savoir pourquoi. Je relève les yeux et peux voir que seul le signe du Kraken n'est pas recouvert au niveau des voiles pas plus que sur le drapeau qui surmonte le mât principal. Comme si cette représentation du Kraken faisait partie de la créature et qu'elle n'acceptait pas d'être sous ce voile blanc. Je ne peux m'empêcher de ricaner : le fait de penser au Kraken m'a permis de savoir comment submerger mon bâtiment. Laissant mon regard sur ce symbole et observant avec mon précieux œil, le reste se fait seul.

Le Krakenton s'enfonce petit à petit dans l'eau. Le sourire toujours aux lèvres, j'attrape la bouteille à ma ceinture, regardant mon nouveau pouvoir fonctionner. Une fois entièrement sous la surface de l'eau, je peux apercevoir une immense bulle se créer autour du navire, faisant de ce dernier une lanterne brillant dans les profondeurs des Océans. Ce n'est pas qu'il n'y a plus d'eau mais plutôt comme si j'avais le pouvoir de respirer sous l'eau…

Je me trouve à bord du Naufrage, le bâtiment du Maître des Océans, fêtant notre première piraterie en terre ferme avec mon équipage. Le rhum du Kraken coule à flot, la bière du Kraken n'arrête pas de mousser à travers le pont. Le Diable des Mers est le fier inventeur de ce breuvage pour les amateurs de bière comme lui. Une touche de rhum pour sentir la marée montante lorsque la mousse se propage le long de notre gosier et finit sa course dans la bouche ! Un véritable raz de marée aussi explosif que ceux du pirate SomeBody, le Mage Protecteur du Kraken. Ce dernier se trouve en haut du grand mât avec ma Longue-Vue répondant au nom de Mills, mon brave pirate. Il lui arrive de temps en temps de consulter SomeBody pour lui apprendre des sorts ou plutôt pour les rendre plus dangereux... Une vague de rhum coule lentement mais surement vers le bas de cette longue et lourde poutre que ce Troll de Second aime tant ! Celui-ci est justement adossé dessus en train de vider quelques tonneaux de tous les alcools qui traînent devant ses pieds. En même temps il a du choix vu que Yeiko, le Pirate à Capuche et SnakeEyes, le Serpent des Mers en font rouler à travers le pont et s'amuse à en esquiver le plus... Les enfants ! Tsss, ça fait tourner le rhum ! C'est la raison pour laquelle j'ai un goût de mer parce que amer, ce n'est pas assez dans la bouche. Heureusement Kyoshiro, le Pirate Cuistot du Kraken nous fait à manger, avec toute la nourriture que nous avons pu prendre sur la terre ferme. De la bonne viande en sauce au rhum, avec une touche d'épice et autres herbes qu'il a récupéré sur Boudok avec des pommes de terre de Baduk, un vrai repas de pirate ! Le dernier membre de l'équipage se trouve en haut du mât de misaine caché par le pavillon, je peux le voir avec mon oeil de Cap'tain. Je souris à la vue de la chope pleine de rhum qu'il déguste pour faire la fête avec ses compagnons. Je monte les marches pour revenir à ma place de Cap'tain sur le pont de commandement, j'effleure la barre du bout de mes doigts en observant les terres de Sato. Le bâtiment vogue et prend le large afin de rentrer chez nous, sur les mers d'Edora.

[...]

Enfin arrivés à bon port, là où nos fleurs carnivores nous attendent avec joie. Il faut savoir prendre soin d'elles. Elles sont trop souvent attaquées par des aventuriers qui osent s'approcher de la demeure des pirates du Kraken. Je reste sur mon gaillard arrière fixant toujours l'horizon avec ce goût de mer dans la bouche. Je suis perdu dans ma pensée : pour notre première sortie sur la terre ferme avec la Flotte du Kraken, c'est un veritable échec. Le pont est calme, le Troll est dans sa cale et garde l'alcool afin qu'aucun ne vienne se saouler la tronche. La nuit dernière n'était pas une fête célébrant une victoire, chaque homme à bord le sait et ils se remettent tous en question. Moi-même je commence à douter de mes aptitudes dans la classe Rodeur dont Lyanna m'a enseignées les subtilités. Je n'ai fait que leur donner des ordres, comment faire ceci, comment faire cela... Je préfère montrer les choses et non les dicter. Comment puis-je laisser mon équipage se blesser pour le Kraken pendant que je reste dans mon tonneau d'eau de mer, que mon Second a dû trimbaler partout... quoi que, il continuera bien entendu à le faire ! En tout cas, ce que je fais, n'est pas digne d'un Cap'tain à mes yeux ! J'attrape ma bouteille de rhum qui se trouve attachée à ma ceinture et la déleste de quelques gorgées afin de changer ce goût immonde par un breuvage bien plus fruité et qui permet d'éclaircir ma lanterne.

Je m'appuie à la rambarde arrière de la poupe, j'observe mes mains abîmées par les nombreux combats que je menais avec ma claymore. Les souvenirs m'envahissent, ce temps de guerre où toutes les contrées étaient recouvertes d'une marée de sang, les combats faisaient rage. Cette époque sombre où même mon esprit sombra dans la noirceur. J'étais jeune et à la tête des Sacrés du Ciel. Je frappe du poing la rambarde, énervé que mes propres souvenirs me montrent la cruauté dont je faisais preuve pour protéger mes proches. Aujourd'hui, je suis seulement capable d'observer et de me laisser frapper. Avant j'aurais dépecé chaque personne osant s'attaquer à l'un des miens ou à moi-même... Je relève la tête pour admirer le bâtiment principal de la Flotte du Kraken et son équipage qui font ma fierté. Kyoshiro est en train de monter les escaliers pour m'apporter mon plat. Mon regard croise le sien. Il comprit tout de suite ce qu'il avait à dire pour booster son fils !

"Cap'tain, je dois te parler d'homme à homme pendant que tu savoures ce repas. Lorsque je suis revenu et que je me suis engagé, incognito, sur ton navire, je voulais voir de mes propres yeux le chemin que tu avais parcouru. Je dois dire que je suis impressionné mais aussi profondément triste pour toi."

Je stoppe mon repas et léve les yeux vers lui.

"Tu as réussi à te faire un nom en volant et pillant, mais qu'est devenu le guerrier que tu étais, dont tu étais si fier ? Ne suis pas les traces de ton père, le vol ce n'est pas fait pour toi. Tu es un guerrier, un Mibu."

J'attrape ma bouteille de rhum, écoutant attentivement les paroles de mon père, et la lui donne afin qu'il se désaltère !

"Si j'ai abandonné les armes, c'est parce qu'il y avait bien trop de sang d'innocents sur mes mains, mais toi ? Toi qui a toujours défendu tes convictions et ta famille, la claymore à la main, peux-tu aujourd'hui me jurer, en me regardant dans le blanc des yeux, que tu es heureux ? En t'observant sur cette rambarde, je dirais que non. Tu es un fier Cap'tain, ce gamin devenu grand avec plein de rêves en tête, tu devrais penser à qui tu étais, ce que tu es et qui tu seras. Les pirates Kraken ont besoin d'un fier guerrier à leur tête, laisse les sales besognes aux autres ! Quelle que soit ta décision, je te soutiendrai et te suivrai, moi, ton fidèle cuistot voyou et père aimant."

Je ne peux m'empêcher de ricaner, tout l'équipage peut entendre mon rayement qui fait écho entre les voiles du bâtiment. Ses paroles ont balayé le brouillard dans ma tête, ainsi je sais maintenant que je dois Le débusquer pour arriver à mes fins !

[...]

Je me trouve à bord de mon Krakenton, tenant la barre et voguant sur les mers d'Edora. Je suis seul sur ce merveilleux Galion, j'ai laissé l'équipage aux mains de mon Second de Troll. Avec Marvel, cela nous a pris 3 jours et 2 nuits sans dormir pour construire le bâtiment. La motivation fut l'adrénaline qui nous garda éveillé et le nombre de tonneaux de rhum vide qui jonchait le chantier, qui se trouvait à l'Îlot des éclaireurs, multiplia notre engouement. Cette ville de marins d'eau douce est réputée par son bois de qualité qu'ils se procurent à la forêt des elfs, plus au nord... enfin bref ! Laissant mon bâtiment suivre le cours des vagues, je dérive proche de Volcania. Je me prépare a aller à Sa rencontre. Je me place au centre du Galion, marqué par le signe d'une pieuvre géante et active mon précieux oeil de Cap'tain du Kraken.

Un craquement résonne sur la coque, le bâtiment est en train de se faire avaler lentement par la mer. Le procédé est assez long, je n'ai pas encore l'habitude de le faire aussi vite que je le souhaiterais mais je connais la qualité du bois et la robustesse de la quille, qui relie et soutient le navire. Pour construire ce galion, nous avons commencé par poser la quille, puis le bois pour la proue et la poupe, pour les flancs, les membrures, la coque et enfin nous avons posé le pont supérieur... Tous ces composants sont disposés de façon à reposer sur la quille, c'est comme ça que l'on construit un bateau. Les craquements continuent de résonner mais le bruit est maintenant plus sourd, l'eau de mer est déjà à mes pieds. Ça y est, le Krakenton se submerge. Une fois sous la surface de l'eau, la bulle se forme autour du bâtiment. Je peux maintenant remonter à la barre pour diriger à ma guise mon cher bâtiment. Je pars à Sa recherche, lui seul peut m'aider à devenir celui que je dois être.

Les profondeurs sont toujours aussi sombres et froides mais aucun doute là-dessus, Il est là, juste devant mon bâtiment. Le Kraken ! Ne détournant pas le regard de ses yeux rouges, j'entends sa voix résonner encore dans ma tête. Il sait tout, il me raconte que lui, le Kraken, ne reste jamais loin de moi, le Cap'tain de la Flotte. Il me juge et regarde chacun de mes faits et gestes. Je ne suis donc par surpris d'avoir un tentacule au-dessus de la tête, prête à s'abattre sur moi... pour une fois que ce n'est pas un glaive.
L'un des appendices s'enroule autour de la coque du Krakenton, je ne contrôle plus mon galion. Il m'emmène plus profondément dans le monde aquatique, je ne sais ni où je suis ni où je vais mais ce qui est certain, c'est que je vais en baver.

[...]

Je me trouve actuellement dans une caverne aquatique, elle est si immense que mon bâtiment parait ridicule. Mais Lui peut se mouvoir librement malgré son corps si imposant. Cela fait plusieurs jours que je suis ici en train de lutter contre mon adversaire... le Kraken ! Peu de sommeil et pas de rhum, combattant contre un seul tentacule, j'avais déjà brisé plus d'une dizaine d'épées. Pour le moment, cette claymore tient plutôt bien, bien qu'elle commence à s'émousser face à Sa peau résistante. Bien que mes sensations d'antan me sont revenues assez vite, je frappe avec hargne mon unique adversaire et voit mon arme se scinder en deux. Sur le champ de bataille, une multitude d'arme est planté sur le sol, je n'ai qu'a tendre la main pour en saisir une. J'attrape un espadon en serrant fermement la poignée, je m'élance sur Lui en abattant avec conviction cette lame. Cette fois ci la sensation est différente, je sens ma lame s'enfoncer dans sa chair pour la première fois... Puis, le néant, je ne me souviens de rien. Mon corps s'est écroulé de fatigue, après une si longue confrontation.

[...]


"Il fait sombre, je peux même dire que c'est le noir total. J'entends un bruit sourd résonner dans mon crane...Boum boum... Le battement de mon cœur, je suis en vie mais où suis-je ? Je me battais contre le Kraken, je l'ai même blessé et... Je me suis écroulé de fatigue. Je vais donc mourir sans avoir eu la force de protéger mon équipage comme il le mérite ?!

Naaaaaan ! Je ne peux pas accepter ça !"

Soudain, j'entends une voix :

"Tu enrages comme avant, hein ? P'ti Clou ! Alors lèves toi et montre lui le Cap'tain que tu es devenu, avec la force d'abattre n'importe qui sous ta rage de Berserker comme dans le temps."



[...]

Je suis là, allongé sur le sol, je sens l'espadon qui se trouve à portée de main. Je saisis l'arme en me relevant lentement. J'attrape mon tricorne et le replace délicatement sur ma tête. Je fais le geste d'attraper machinalement la bouteille de rhum accroché à ma ceinture mais elle n'est plus là. Elle s'est brisé au sol. C'est un signe, le nouveau Cap'tain du Kraken s'est éveillé. Je compte bien botté le cul de cette pieuvre pour en faire mon animal domestique ! Ma rage a pris le dessus, je ne compte plus mourir face à Lui, je dois vivre et guider mes hommes.

Je plonge mes yeux dans ceux de la bête aquatique, qui se trouve entre moi et mon bâtiment. Il a un regard chaud, le rouge fait bouillonner mon sang. J'agrippe fermement l'espadon et m'élance vers le corps du Kraken. Finit de jouer avec le tentacule, il est temps de montrer lequel de nous deux utilise l'autre ! Je saute sur le premier appendice, qui se jette sur moi, ce qui me donne l'élan nécessaire afin de le remonter et d'atteindre mon but : abattre ma lame sur son corps, que je tranche aisément. Un tentacule arrive sur le côté, je fais donc un bond en arrière et plonge ma lame dans sa chair puis me retourne pour donner un coup brutal au Kraken. Il est temps de rentrer ! J'imagine l'état du Naufrage avec le Troll comme commandant de bord et je souris. Je continue mon enchaînement de coups, il ne peut rien me faire lorsque je combats pour mes convictions et cette rage fait clairement la différence ! Un tremblement énorme se fait sentir dans toute la caverne, lorsque le céphalopode s'est écroulé sur le sol humide. J'ai vaincu le Kraken. Je peux maintenant rejoindre mon galion, mon Krakenton.

Les jours passent et je m'apprête à remonter à la surface. Je suis à bord de mon bâtiment, en train de boire enfin du bon rhum, après avoir passé tant de jours en enfers. Mon corps est léger et ne dégage plus du tout la même aura. Mon regard se porte sur le Kraken, qui s'est remis de la plupart de ses blessures. Je repense au moment où, lorsque j'étais inconscient, j'ai entendu cette voix “... P'ti Clou !” : Seul Kestiro m'appelait comme ça. Peu m'importe pourquoi je l'ai entendu, le principal est d'avoir obtenu ce que je voulais. Il est maintenant temps de montrer qui je suis et ce dont est capable le Cap'tain !

(Merci à Kyoshiro)

Je me trouve à bord de mon Krakenton, voguant ou plutôt dérivant vers l'île du Lac. Les deux chaines de montagnes et l'eau me procurent un lieu protégé et inaccessible à la bête. Moi, le Cap'tain de la flotte, obligé de reculer face à l'ennemi. Fatigué et exténué, je me laisse glisser dos au gouvernail et attrape ma bouteille accroché à ma ceinture. Heureusement, elle n'a pas été brisée pendant mon changement de cap brusque sur la terre ferme. Mon regard se porte sur le volcan avant qu'il ne disparaisse de mon champ de vision par le Rempart du Kraken. J'appellerais ces chaînes de montagne ainsi, maintenant.

Le sang coule en quantité sur le gaillard arrière, j'apporte la bouteille à mes lèvres avec difficulté. Ces dernières sont sèches et cette Bièr'O'Rhum que le Diable m'a confectionné redonne vie à mon corps un bref instant. Je laisse couler ce breuvage sur la plaie immense de mon torse, elle est même certainement plus grande que je pense, mais difficile à dire. Mon armure de Démétron est aussi incrustée dans ma chair.

Mouahahahahah

Je ne peux m'empêcher de rire en repensant à ce combat. Le Lycan est fort et durant cette nuit agitée, j'ai réussi à me faire subtiliser mon tricorne par un sbire gobelin et à me faire tailler la chair par un nouvel ennemi sur ma route.

[...]

Il faisait nuit sur la contrée de Baduk. Une troupe de gobelins s'était attaquée aux différents villages. Le voyage entre les mers Edorienne et le lac Badukien fût très rapide. J'avais découvert un passage sous-marin reliant les deux lors d'une de mes nombreuses explorations subaquatiques avec Krakenton. J'étais donc à la poursuite d'un sbire gobelin à travers les terres, je devais faire des allers retours entre mon bâtiment et repartir à la traque du fauteur de trouble. Cette fichue malédiction… J'ai donc pris un tonneau d'eau de mer pour m'aventurer plus loin.

La piste me menait au pied du volcan de Baduk. Nombreux étaient les aventuriers qui avaient répondu présent afin de calmer ce vulgaire gobelin. Ce dernier, agile et vif se faufilait entres les guerriers et mages de ces terres afin de m'assommer avec le plat de sa hache. Il a ainsi pu récupérer mon tricorne facilement. La tête en vrac et surtout à l'air libre, une sensation bien désagréable lorsque je suis hors de ma cabine, le réveil fût douloureux et très énervant. Le combat fût terminé peu après minuit, les combattants criaient victoire et moi je récupérais au corps inerte du gobelin mon bien le plus précieux.

La nuit continuait de plus belle, j'avais embarqué mon tonneau d'eau de mer sur le sommet du volcan. La vue qui mettait offerte, en buvant mon breuvage, rendait cette nuit bien plus douce qu'elle ne l'était auparavant... Mais l'atmosphère de la terre était le même lorsqu'une tempête arrive en pleine mer. Mon regard quitta l'horizon et s'abaissa vers l'aval du volcan. Une présence sombre et meurtrière me força à me mettre en garde, explosant ainsi mon tonneau de l'intérieur. Shiraï était le responsable de cette aura.

Le Lycan s'approchait lentement de moi, je le fixais laissant mes lames aux fourreaux. Nombreuses étaient les fois où j'avais croisé le fer avec lui, mais cette fois-là était différente. Son animosité était particulièrement élevée. J'abaissais mon tricorne à l'avant pour cacher légèrement mes yeux et sourire dans l'ombre que mon couvre-chef me procurait, je pouvais apercevoir un minimum la bête. C'était la première fois que je voyais Shiraï ainsi, il empestait le loup sauvage et son aura meurtrière était tout aussi nouveau pour moi.

Je n'avais pas le temps de savoir son intention, mon tonneau d'eau de mer brisé, je n'avais plus rien pour contenir ma malédiction. Il devait me rester une dizaine de minutes tout au plus avant de ressentir les premiers symptômes. Sans plus attendre, je m'étais élancé sur Shiraï. Mon cap était simple, rejoindre le Krakenton au plus vite mais l'ennemi qui se dressait sur ma route était bien trop intéressant... Mon sang bouillait, celui des Mibu s'exprimait et voulait combattre. Ce sentiment m'avait manqué !
Pendant ma charge, j'agrippais les poignées de mes lames et donnais mon assaut de toute ma force sur mon adversaire. Il put facilement bloquer mon coup avec sa lame mais son expression lorsqu'il sentit la terre s'affaisser sous ses pieds en disait long ! Le duel était puissant et intense, un duel au sommet du Volcan. Je le savais le temps jouait contre moi mais mon adversaire ne me laissait pas passer. Le mal de terre commençait à faire son œuvre, je le sentais et sûrement qu'il le sentait lui aussi. J'étais bien moins stable lorsque je bloquais les coups de sa lame; l'Impact de Traagal. Je fis un bond en arrière puis quelques petits sauts pour sortir de son périmètre.

Mon regard ne pouvait quitter mon adversaire, je rangeais mon cimeterre dans son fourreau et attrapais ma bouteille accrochée à la ceinture pour me désaltérer un coup. Le Lycan était sûrement aussi fatigué, je me savais large pour boire un peu. Sauf que maintenant il fallait avancer. La Jubilaire dans ma main droite, la bouteille dans l'autre, je m'élançais à nouveau. Un coup brutal, laissant mon corps suivre le mouvement, je bousculais la bête afin de passer à travers. Après le contact, Shiraï fonça sa lame sur mon armure d'un coup vif et précis, je sentais le fer parcourir le haut de mon épaule droite et se diriger lentement vers le bas gauche du torse. Je reculais ma main gauche légèrement pour éviter que la lame du Lycan ne brise la bouteille puis avec mon bras droit, je relevais ma lame vers le ciel pour enlever ce foutu Impact de mon corps. Mon bras en l'air, je lâchais mon arme pour donner un coup de poing tombant dans la mâchoire de Shiraï... En lâchant mon arme de la sorte, je me sentais plus rapide et moins hostile à sa vie, il a dû ne plus sentir mon bras lorsqu'il s'est abattu sur son visage. Par un mouvement rapide, j'agrippais la poignée de Jubilaire pour trancher le corps de mon adversaire... je ne pus le traverser pour le couper en deux. La blessure sur mon torse avait ralenti mon mouvement et certainement ma force en avait pris un coup. Je profitais de ce moment pour déguerpir au plus vite pour rejoindre mon bâtiment. Il n'y avait pas quelques heures, j'étais moi-même à la traque d'un gobelin, maintenant c'était mon tour d'être traqué et pour le Lycan, la piste était simple et encore chaude de mon sang. Une proie facile.

Krakenton était en vue, sagement amarré proche d'un feu de camp immense juste à côté de l'Imprimerie des Terres d'Argent... Ils n'avaient pas peur que tout flambe ! Arrivé sur la plage devant la planche qui m'amenait sur le pont, je faisais demi-tour pour voir le volcan, coïncidence ou pas, le Lycan hurlait à en cracher des poumons par sa gorge. Que signifiait ce hurlement ?

[...]

Mon bâtiment m'approche lentement mais sûrement, à la dérive, de la petite île au centre du lac. Le Krakenton est presque aussi imposant. Je peux entendre le peu de villageois s'affoler à la vue d'un vaisseau fantôme. Je n'ai plus une goutte dans ma bouteille et je commence à perdre connaissance, j'ai perdu bien trop de sang. Ma vue se voile mais je peux apercevoir une silhouette grimper sur mon bâtiment, impossible à reconnaitre. Est-ce Shiraï ? Est-ce l'heure de couler avec mon bâtiment adoré ?
Je sens mon corps se soulever par le bras droit, quelqu'un me tire mais qui ? Il fallait que je sache. J'ouvre difficilement un œil, c'était Lui... enfin.

Je me trouve actuellement dans une caverne sur une plage d'Edora face à la mer. Ce lieu est la nouvelle maison d'Hébus, mon troll des mers et fidèle ami. Bien qu'il se peut que je ne le sois pas pour lui et qu'il ne m'appartient pas. Je cohabite donc avec lui et une enfant trollette de son petit nom, Unun.

Voilà des mois que je n'ai pas mis un pied en mer, le Krakenton est amarré au Nord de La Vallée Oubliée. Je ne suis pas monté à bord depuis si longtemps. Si vous vous demandez comment je fais pour rester sur la terre ferme depuis des mois. La malédiction du Kraken m'a été retiré brutalement suite au décès d'Oceano... Mon Cap'tain ! Je commence seulement à comprendre pourquoi j'étais maudit et c'est simplement parce que je n'étais pas le réel Cap'tain de la flotte du Kraken.

Au jour d'aujourd'hui, je ne suis le Cap'tain d'aucun bâtiment encore moins de pirate. J'ère par ci par là, je bois avec d'anciens compagnons, d'anciens ennemis, enfin qu'avec des anciens, je deviens un ancien sur ces terres et même pas plus tard qu'hier on me surnommait Papy ! Je n'ai même pas d'enfant et j'ai pas l'impression de faire vieux. En tout cas je me sens comme un vieux gars. J'ai totalement pété les plombs et mon univers s'est écroulé.

[...]

Je me trouvais dans un lit, au Temple de l'île. J'ouvrais les yeux dû à la douleur de ma blessure infligé par le Lycan. Qu'est ce que je faisais là, je l'ignorais, mon dernier souvenir était l'aide d'Oceano... Il était là, debout devant moi.

"Cap'tain"

Le seul mot que j'ai pu lui adressé depuis tout ce temps. Tant d'histoire à raconter, tant de chose à exprimer. Et rien d'autre ne pouvait sortir de ma bouche. Surement la honte, le regret et le mal être. Cette cicatrice sur mon torse avait blessé mon corps, mon âme et peu être plus. Ces mots qu'en à lui, ont su apaiser certains maux qui me tourmentaient.

Les jours passèrent, je me retrouvais seul dans ce lit. De temps en temps des prêtres venaient changer mes bandages. Le Cap'tain était partit à la poursuite du Lycan afin de l'arrêter dans sa folie. Ils sont d'anciens amis mais l'état sauvage de Shiraî m'inquiétait. Et comment pourra-t-il arrêter ce loup ? Je l'ignorais mais je ne pouvais qu'attendre, incapable de bouger mon corps.

La nuit était calme sur cette île entouré des Remparts du Kraken, mais comme toujours dans la vie, le calme fût balayé par une tempête. Un orage énorme éclata sur les terres de Baduk. Je fis un effort presque surhumain pour me relever et m'approcher de la fenêtre. Il pleuvait des cordes, d'où j'étais, je pouvais voir mon bâtiment. Le vent et le lac qui s'agitaient autant n'était pas normal, quelque chose avait du arriver... Oceano ?

Le jour n'avait même pas pointé le bout de son nez, je partais subitement laissant mes armes et ma bouteille sur place. Je me dirigeais au volcan, la route fût longue et douloureuse avec ce corps meurtri et trempé jusqu'aux os. J'arrivais presque au sommet, une odeur de chien mouillé m'imprégnait le nez... Je n'avais pas mes armes. J'avançais lentement, guettant les moindres coins et recoins. Pas de Lycan à l'horizon mais un cadavre... Le Cap'tain nous avait quitté !

Un voile obscurcit mes sentiments et ma façon de penser, sûrement dû aux herbes de Jari Muana que j'avais fumé tout le long du chemin jusqu'ici afin d'oublier ma douleur physique et moral. J'attrapais le corps inerte d'Oceano et retournais à bord du Krakenton. Je ne sais pas trop ce qu'il m'était prit mais... j'avais ramené le Cap'tain à son propre bâtiment, Le Naufrage. Ce dernier était amarré au Sud des Terres de Rêve sur Edora. Certains moussaillons de la flotte du Kraken s'y trouvaient et dormaient paisiblement à bord. J'avais installé Oceano dans sa cabine et j'y avais mit le feu... Sans même admirer et profiter des funérailles de mon Cap'tain, j'avais attrapé une arme qui se trouvait sur le pont, une arme à deux mains... Une espadon. Je me dirigeais rapidement vers Tortuga qui flottait non loin d'ici... Avant même que je m'en rende compte, j'avais découpé le bâtiment en deux... Il coula rapidement !

Au petit matin, je dormais sur une plage, du sable recouvrait une partie de mon visage puis une baffe soudaine s'était fracassée sur ma tronche, faisant voler le sable. C'était Kyoshiro, mon père. Nos regards se croisaient, le sien était bouleversé et à la fois peiné. Le mien était vide et sans repère. Il me tendit sa main pour m'aider à me relever, une fois debout il me pointa du doigt les débris de Tortuga, les tonneaux de rhum vide flottant sur la mer ou roulant sur la plage aidé par les vagues. Quelques cadavres de valeureux pirates traînaient un peu partout... Kyoshiro me tendit mon tricorne, je l'attrapa puis l'installa sur mon crâne sans oublier de l'abaisser afin de cacher mon regard.

La nuit tomba, je me trouvais à bord de mon Krakenton, sur le gaillard arrière. Un rassemblement de la flotte du Kraken se trouvait sur le pont, tout les plus braves pirates y attendaient des réponses. Personne ne savait ce qu'il s'était passé la nuit dernière à part peu être Kyoshiro, je sentais encore sa baffe alors que la journée s'était écoulée. Je frottais ma joue puis me retourna vers mon équipage, montrant la blessure immense de mon torse. Je les regardais un à un puis prit la parole.

"Yohooo !

La grande flotte du Kraken, prends fin ici et maintenant. Mon Cap'tain a trépassé, mon ambition à couler avec. Reprenez le court de votre vie et raconter vos exploits de fiers pirates du Kraken à travers votre route. Je ne vous demande pas de me comprendre, de toute façon vous ne pourriez pas.

Messieurs, Dames. Merci à vous !"

Sans attendre, je sautais du gaillard arrière pour atterrir sur une chaloupe. Laissant mon Krakenton en pleine mutinerie et chaos. Poursuivant ma route sur les Terres Argentées et laissant derrière moi le Kraken.

[...]

Je me trouve sur cette plage d'Edora, devant l'épave du Naufrage. La première fois depuis cette nuit où je reviens ici, je pensais que le bâtiment était en cendre. D'après les rumeurs, une vague gigantesque s'est fracassée sur le navire, éteignant les flammes en une fois. C'est peu être l'oeuvre du Kraken ? Je l'ignore. Je suis resté sur place de longue heure à contempler ce fier bâtiment, à me poser une multitude de question sans réponse.

La nuit tombée, je suis retourné me terrer dans la grotte. L'avantage de cohabité avec des trolls, je n'ai pas besoin de me poser de question pour me ravitailler. La nourriture et la boisson s'y trouvent en abondance. De quoi nourrir une flotte de pirate alors qu'il n'y a seulement que deux trolls et moi. Comme chaque soir après le festin, je m'installe sur la plage, y allume un petit feu et observe l'océan. L'odeur de l'eau salée, le sable qui s'insinue partout, le bruit des vagues, en un mot la tranquillité.

Malgré cette tranquillité, je ne peux m'empêcher de penser au futur combat de ces terres contre le mage maléfique Reylindir. Après mon départ de la flotte, j'ai rassemblé quelques compagnons d'armes sous la bannière Ouroboros afin de nous préparer pour ce futur combat mais je ne m'y sens pas à ma place.

L'aurore prend position dans le ciel, chassant la nuit petit à petit. Je me trouve toujours sur la plage, je peux entendre d'ici les ronflements d'Hébus. Mon regard ne quitte pas la mer et mes pensées sont fixées sur une chose. Le Kraken. Que dois-je faire ? Pour le moment aucune idée, je vais juste aller dormir un peu.

Je me trouve actuellement sur une chaloupe de fortune à base de tonneaux de rhum. Je vogue proche de l'île du Lac entourée par le Rempart du Kraken, j'ai pu y récupérer mes armes mais surtout ma bouteille de rhum, après de long mois sans qu’elle ne soit attachée à ma ceinture. Ivre mais pas encore mort, je me prélasse sous cette nuit fraîche au gré des vagues. Cette sensation me manquait. Je réfléchis, mes pensées se perdent et se retrouvent. Si seulement j'avais mon échiquier sous la main... Il se trouve dans ma cabine. Où est le Krakenton ? Où est-ce-que je l'ai foutu ? Aucune idée... Merde. Les vagues remuent le rhum que j'ai ingurgité et mes pensées.

J'observe le ciel étoilé, mes pensées se sont apaisées en admirant les boules blanches que forment les étoiles. Elles me rappellent la collection que j'ai commencée il y a tant d'années. Il serait peut être tant d'apporter ma centaine promis pour la Mère Noël. Je me redresse et même me lève, afin de faire descendre et stabiliser ce rhum qui vogue dans mon estomac. Mon regard se porte sur l'horizon avec deux objectifs en tête. Le premier consiste à attendre afin de décuver mais en patientant je peux faire mon deuxième objectif, qui est d'écrire une lettre à la Mère Noël. J'attrape le plus beau parchemin usé dans mon baluchon avec un flacon de rhum noir et une plume de griffon.

"Yohooo à vous ma chère Mère Noël !

Si vous recevez cette bouteille à la mer, cela signifie la fin de ma quête pour vous.
J'ai mis de nombreuses années mais j'ai enfin réuni la centaine de Magie de Noël que je vous avais promis.
J'espère revoir votre incroyable sourire très bientôt.

Hotaru, votre serviteur. "

C'est le matin, je me suis écroulé et endormi juste après avoir terminé la lettre. J'attrape cette dernière qui était sous mon cul, j'enroule le parchemin et le glisse dans une bouteille vide. L'approchant de mes lèvres, un murmure s'échappe et lui glisse quelques mots avant de la lancer dans l'eau après l'avoir refermée avec un bouchon. Mes yeux fixent l'objet flottant et voguant vers sa destination, tôt ou tard. Je n'ai plus qu'à commencer à chercher mon bâtiment. Je suis d'abord partit pour Edora, à la Vallée Oubliée. Aucun navire, même pas une épave dans les environs. Je suis ensuite allé vérifier à Boudok, la ville portuaire Océano en vue, sans l'ombre du Krakenton.

Les jours passent et se ressemblent, je me trouve sur les mers glacées de Dusso. A bord de ma chaloupe de fortune, je chasse et m'acharne même, sur les poulpes diaboliques afin de récolter des tentacules. Ces derniers jours, j'en laisse traîner un peu partout sur les Terres Argentées, je ne sais pas trop pourquoi je fais ça mais je recherche activement le Kraken. Quoi que, maintenant que j'y pense, il vaudrait mieux que je cherche mon bâtiment... ça sera sûrement plus simple qu'avec ce radeau ! J'ai donc pris voile vers le Lyngbakr, aux dernières nouvelles elle est stabilisée proche du phare d'Océannia, à Edora. J'espère juste qu'elle n'a pas bougé, sinon je vais être dans le pétrin.



Je me trouve actuellement sur ma chaloupe de fortune, amarrée au Lyngbakr. Comme à mon habitude je reste à bord. Sur cette mystérieuse île, je ne me sens pas l'âme d'un pirate. Aucune manœuvre, pas de cordes, pas de gouvernail mais une âme et une conscience. J'ai l'air d'un chevalier sauf que ma monture est plus imposante ! Moi je suis un pirate ! Du moins à ma manière.
Généralement le soir, nous nous retrouvions au sommet, principalement pour manger, les cuisines de père s'y trouvant. Je pose pied à terre si on peut dire. Plus aucune sensation, je dépose tout de même ma main sur le dos du Lyngbark, lui montrant ma présence et mon respect pour lui. L'heure de la marche pour atteindre la réunion d'empaffés que nous sommes est arrivée mais ce soir, mes camarades sauront mes intentions de retrouver mon bâtiment et le Kraken. Il est temps de secouer nos âmes et nos ambitions. Sur mon ascension, il y a le hamac de Yeiko mais aussi un autre caché dans l'ombre des feuillages pour Yahiko. Un peu plus haut sur la route et pas très loin, le lieu de Golden. On peut facilement reconnaître, sa magie devenant plus puissante qu'à l'époque du Kraken, elle macule les arbres qui deviennent d'un or qui ferait frémir n'importe quel être humain. Je ne croise personne d'autre, je n'ai encore jamais fait le tour du Lyngbakr. Une fois à destination, une bâtisse en bois se dresse devant moi et l'odeur du plat de ce soir parcourt mon nez. J'attrape ma bouteille de rhum à la ceinture et boit un bon coup en entrant, une grande pièce s'offre à moi avec une table immense, Marvel et Golden sont déjà installés. Ils ont les crocs. A l'arrière de cette dernière, un comptoir, je peux voir Roronoa et Kazutoshi brailler et faire un concourt de shot de rhum. Je peux apercevoir Kyoshiro tout sourire aux lèvres en train de touiller sa marmite dans la cuisine.

"Yohooo camarades !"

La nuit passe, je redescends de la bête afin de retrouver ma chaloupe. Ma bouteille de rhum à la main, je profite de la descendre aussi vite que ma descente du Mont-Lyngbakr. L'ambiance de notre réunion était chaleureuse et enivrante. Nous avons bien mangé aussi, Kyoshiro nous a régalés avec son poulpe au cognac. Les discussions étaient toutes plus intéressantes les unes que les autres. J'ai notamment découvert que Roronoa était un vampire. Incroyable ! Il en existe encore ! Il parlait d'ailleurs de partir un jour ou deux afin de se délecter d'un breuvage chaud. Quant à Kyoshiro, il a abandonné le larcin pour se mettre à la magie. Sacré père, il est capable de s'adapter à tous les styles. Il va un jour devenir un ninja, j'en suis quasiment certain...



Je me trouve actuellement au Rempart du Kraken, mon regard se porte au loin vers le volcan de Baduk. Mon esprit est en pleine ébullition à la recherche du lieu où pourrait être mon bâtiment, même en cherchant à travers les contrées argentées, à mes endroits habituels, je ne le trouve pas. Où ai-je pu l'amarrer ? L'aurais-je coulé ? Non impossible.

"Hmmmm"

J'attrape une bouteille dans mon baluchon, c'est la Ka'line qui m'a été offerte il y quelques jours. Je l'apporte à mes lèvres doucement, je sens l'odeur de vodka remonter mon nez, mais, subitement j'arrête mon mouvement. Mon regard se fixe sur le pont de ma chaloupe ou plutôt devrais-je dire, sous ma chaloupe. Je le vois, il est là, voilà des mois que je le recherche et je l'avais tranquillement caché ici, juste là, sous mes pieds dans les profondeurs. Mon Krakenton ! Je l'avais donc coulé à ma manière... Le sourire aux lèvres, je dépose une main sur mon tricorne et me laisse tomber à la flotte.

J'y suis enfin à bord de mon Krakenton, je marche lentement sur le pont observant les ombres du passé, je peux y voir Mills s’entraînant à contrôler l'océan sous le regard admiratif de plusieurs moussaillons notamment de Comics. Je peux voir Souricette grimpant à toute allure le mât afin de contempler la vue. Je peux voir le Troll grognant sur n'importe qui trop près de lui bien que son odeur suffisait à faire reculer déjà beaucoup de monde. Je me déplace et remonte les marches pour rejoindre le gaillard arrière, mon regard fixe un point, chaque pas que je fais me montre doucement la barre. Je peux y voir l'ombre de Yeiko tenant la barre et me saluant tout sourire aux lèvres. J'abaisse doucement mon tricorne et observe le pont, les ombres que je vois sont les mêmes que la fois où j'ai continué ma route seul. Je les vois toutes m'observant et ces mots m'ont échappés.

"Camarades, santey !"

Un regard doux et calme, un sourire se forme sur mes lèvres, observant ces ombres qui ont disparues comme poussières aux vents.


Je suis là, bien installé sur mon fauteuil. Mon regard plongé sur l'échiquier, j'y place quelques pièces. Un pion sur une case blanche, c'est moi et mon positionnement. Un cavalier sur une case blanche un peu plus loin, c'est le Lyngbakr. Un roi posé en dehors de l'échiquier, c'est le Kraken. Ensuite, j'y place plusieurs tours sur des cases noires. Ainsi que des fous sur des bords de case. Noires et blanches je connais pas encore leurs intentions. J'attrape la bouteille de rhum, une de ma réserve personnelle, il en reste peu mais il est bien meilleur que cette pisse qu'on vend sur Kedok. Une petite gorgée de ce rhum purement Kraken, un régale, je n'ai jamais oublié ce goût subtil et enchanteur. Puis une seconde bien plus grosse pour sentir l'alcool couler dans les profondeurs de mon corps. Je me redresse et place une Reine à l'opposé du roi avant de sortir de mes quartiers et rejoindre le pont. J'observe ce navire fantôme en rejoignant la barre. Il est l'heure de reprendre du service et de redonner vie à ce bâtiment.