Le retour d'un fils [Sekhmet / Shiraï]

Sekhmet


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Il y a 8 ans | Le 20 Jan 2016 19:25:18
La lune est pleine ce soir et les Lycans, récemment éveillés, doivent parcourir nos terres à la recherche d'une proie digne d'une partie de chasse. Je jette un coup d'oeil par la fenêtre pour me rassurer. L'astre lunaire à plongé la plaine dans une douce lumière d'argent, la nuit est claire et je ne remarque rien d'anormal. Mon regard cherche le navire des pirates, quelques lanternes sont encore allumées mais le pont semble désert, l'embarcation est bercée par le clapotis de l'eau, tout à l'air calme.

J'ose espérer ne pas trop avoir à craindre les Lycans, mais mes compagnons sont des sujets qu'ils prendraient plaisir à traquer, tant pour leur bravoure que pour leur capacité redoutable au corps à corps.

Je m'approche de la cheminée, jette une buche dans l'antre et regarde les flammes s'agitaient. Durant quelques secondes, elles dansent sur les murs avec entrain, plongeant le salon dans une atmosphère luciférienne. Et puis, alors qu'elles parviennent enfin à laper le bois encore vigoureux, leur gourmandise s'assouvie, l'apaisement et l'allure chaleureuse d'un feu revient.

Je me glisse dans le canapé avec un soupir de soulagement. Tous dorment et je peux pour une fois m'étendre de tout mon long. J'aime la chaleur, indéniablement et celle procurait par les flammes m'est particulièrement agréable. Je les regarde et je m'y perds, comme absorbée par un envoûtement.

Shirai est rentré depuis plusieurs jours. J'ai eu la chance de le retrouver un instant sur Dusso avant qu'il ne parte pour des terres gelées inaccessibles. Il semblait en forme et je sais qu'il l'est grâce à nos échanges. L'espoir de son réveil m'a toujours habité et qu'elle a été ma joie lorsque j'ai reçu sa première lettre.

Comme à son habitude, lorsqu'il surgit, son apparition, soudaine et imprévue ne passe pas inaperçue. J'espère simplement qu'il restera, aussi longtemps que possible, le plus possible.

[...]

Un parfum s'insinue furtivement dans mes narines, me caresse lentement le nez et m'arrache de mon sommeil dans un éternuement. Mince, je me suis endormie. Le feu est presque éteint. Je m'apprête à me lever pour raviver les flammes lorsque ma vue ma rappelle ce que mon odorat a senti.

Une grosse masse sombre se tient devant moi. Ca put le chien! Qu'est ce qu'il fait ici ? Je le regarde, l'esprit encore embrouillé. Bordel, un cleps dans la maison. Et pas des moindres. Ses billes bleues me fixent avec une intensité qui me déroute. Bleu ? Étonnant pour un Lycan?

Un petit sourire nerveux se dessine sur mes lèvres alors que je perçois le reflet de mes propres yeux.

J'ignore si c'est vraiment lui, la pénombre masque ses traits. Seules ses billes luisent. Quoi qu'il en soit, à l'odeur qu'il dégage, sa nature humaine vient tout juste de reprendre le dessus. Je ne l'ai jamais vu transformé. Je me souviens que Coroner gardait un contrôle total pendant et après ses métamorphoses. J'ignore s'il en est capable lui aussi, car je sais cette capacité à changer l'homme en bête difficile à maîtriser.

Je me lève, j'hésite un instant entre donner l'alerte et garder le silence. S'il avait voulu me tuer, il en aurait déjà eu l'opportunité. Mes doigts caressent nerveusement le pommeau de ma dague, l'atmosphère devient pesant, la situation tendue.

Je me surprends à l'appeler, au moins, je serais à quoi m'en tenir, si toutefois, il a retrouvé la parole.


Shiraï ?


Kasÿan Orasar Gulr
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Il y a 8 ans | Le 20 Jan 2016 21:43:46
La masse sombre de l'animal se perdait presque dans les ténèbres de la nuit, cependant le craquement des branches sous ses pas lourds ne laissaient aucun doute sur la position de celui ci et du chemin qu'il empruntait. Insouciant et surtout inconscient du danger qui le guettait, l'imposante créature continuait à avancer en grognant dans la pénombre de la nuit, certainement à la recherche de nourriture elle aussi.

Tapis dans l'ombre j'attendais le moment opportun pour porter l'assaut, me délectant de la mise a mort qui attendait le plantigrade. L'adrénaline montait déjà, l'excitation était à son comble à la simple pensée de la cruauté qui allait se déchaîner sous peu, quand soudain,
la pluie se mit à tomber, et l'orage gronder. Prit de peur, l'imposant ours prit frénétiquement la fuite et entra par malheur dans mon champ d'action.

Déchirant la nuit d'un hurlement rauque et macabre, je bondissais sur ma proie refermant sauvagement ma gueule sur la gorge de la bête, l'envoyant immédiatement valser dans le décor. Elle n'eut pas le temps de pousser le moindre cri que j'arrachais avec férocité la chair et la trachée sans la moindre difficulté.

La chute de l'animal provoqua quelques vibrations au sol, le sang ruisselant de la large plaie ouverte. Mais alors que cette blessure aurait été fatale à la plupart des êtres vivants, je me surpris à voir la bête respirer, enfin que dis-je, à suffoquer avec horreur dans une marre de son propre sang, l'apogée pour moi.

Je décrivais des cercles autour de la créature agonisante, inspirant à pleine narire la fétide odeur mortelle, m'imprégnant de la souffrance ambiante. Il y avait bien longtemps que je n'avais pas pris plaisir à la chasse, quel imbécile. Tellement préoccupé par mes pensées sadiques, je ne vis pas le monstre s'éteindre, je posais alors sur lui un dernier regard dédaigneux et reprit mon chemin laissant le soin aux corbeaux et autres charognards de se délecter de sa carcasse.

Contrairement à la plupart des prédateurs je ne chassais pas que pour me nourrir mais surtout pour le plaisir et pour me parfaire à l'art de tuer, de renforcer cette idée que j'étais bien au sommet de la chaîne alimentaire. J'avais conscience que durant ma longue absence d'autres créatures en avaient profité pour tenter de me détrôner, mais je restais le super prédateur, celui que tout le monde craignait encore, celui qui n'était jamais tombé après des âges de guerres plus féroces les unes que les autres.

[...]

L'averse c'était calmée, durant ce court laps de temps j'avais abandonné péniblement ma forme de lycan, j'étais toujours capable de me métamorphoser à volonté, je n'avais pas perdu ce contrôle parfait qui faisait ma force, cependant je n'étais plus habitué à sentir un à un mes os se briser et mes muscles se déchirer. Avec les siècles j'avais même l'impression que la cicatrisation n'était plus aussi efficace que dans ma jeunesse, enfin..
J'avais enfin rallié les abords de la grande cité portuaire, depuis le plateau j'apercevais les lumières de la ville encore vivante malgré l'heure tardive, et le remous des vagues sur la plage du port. un bien apaisant spectacle.

J'aimais le contact de la brise océane glacée sur ma peau ardente à la fin d'une telle journée. Mon entraînement me demandait une énergie conséquente, et ma petite escapade nocturne, bien que savoureuse, m'avait coûté le peu qu'il me restait. Je me laissais tomber en arrière dans l'herbe fraîche et m'abandonnais peu à peu aux bras de Morphée.. Mes paupières se mirent à cligner avec plus de lourdeur à chaque fois, jusqu'à ce qu'une familière odeur sucrée ne vienne titiller mes narines.

Mes yeux se rouvrirent, aux aguets je me concentrais pour localiser la provenance des effluves, et me mis à machinalement la pister, comme envoûté. J'arrivais enfin devant une importante bâtisse éclairée par endroit en marge de la ville, malgré les siècles à fouler cette terre je n'avais jamais eu connaissance du dit lieu, et les questions commencèrent à fuser dans ma tête.

J'abandonnais vite ces interrogations, il y avait de l'activité par ici et je discernais plusieurs voix en approche de ma position, aussi je décidais de rester discret pour ce soir, je pris bien garde de me mouvoir dans l'ombre afin de ne pas être remarqué, une alerte à cette heure ci me vaudrait certainement une bonne bagarre à l'ancienne, mais elle ne vaudrait certainement pas la rencontre que je risquais de faire si mon flair ne m'avait pas trompé, et par expérience, je savais qu'il ne le faisait jamais.

L'endroit semblait déserté en amont de la vallée, c'était le moment pour moi d'escalader la longue muraille et chercher une faille, en toute discrétion il y va de soit. Je dénichais finalement une trappe mal renforcée sur le toit, sans soucis je la fis céder et me glissa à l'intérieur de l'imposante forteresse, toujours guidé par ce délicat parfum.

J'arrivais finalement devant devant la fameuse pièce qui dégageait cette succulente odeur qui avait bercé mon enfance, je fermais les yeux un instant et me remémorait ces quelques souvenirs vagues et lointains du jeune insouciant maladroit que j'étais...
Puis je crochetais enfin et avec habileté la serrure, prenant soin de ne pas faire trop de bruit afin de ne pas réveiller son occupante, enfin pas tout de suite du moins.

Une fois la porte refermée derrière moi, un léger soucis me traversa l'esprit : Je n'étais vêtu que d'un pagne grossièrement ficelé, j'étais trempé et il y avait fort à parier que l'odeur déplaisante qui se dégageait de ma peau trempée ne plaise à ma ravissante et raffinée génitrice. A peine eus-je le temps de relever la tête, que je vis à l'autre bout de la pièce, éclairée celle ci, son nez se plisser et ses paupières se contracter, comme lorsqu'un mauvais songe dérange votre sommeil.

Je restais donc patiemment dans l'ombre, les yeux luisants, observant avec admiration la seule femme de ma vie, celle qui me l'avait donné, celle qui ne m'avait jamais déçu et qui ne m'avait jamais oublié alors que je l'avais moi même abandonné en m'exilant de ce monde...
Elle finit enfin par se lever, raviva le feu presque mort de la cheminée et avec une expression de dégoût je dirais, tourna la tête dans ma direction, scrutant les ténèbres.

Dans une démarche peu habituelle, elle se mit a avancer timidement vers moi. Je la sentais craintive, et il y avait de quoi, ces lieux n'étaient pas réellement gage de protection pour ceux qui y résidaient lorsque la nuit leur imposait de rebrousser chemin à l'aventure et aux dangers. Étant moi même surnommé le destructeur de cité, j'étais le mieux placé pour savoir à quel point il était facile, avec de braves et dévoués compagnons d'armes, de réduire ce genre d'édifice en miette.

J'abandonnais ces pensées et repris mes esprits, les ombres dansantes de la pièces et autres jeux de lumière sur son corps de déesse la rendaient merveilleusement belle, et la délicieuse harmonie de sa voix étirait à présent un sourire sur mon visage. Je fis un pas en avant vers la lumière, prenant bien soin de ne pas paraître brusque afin de ne pas l'effrayer, et croisa enfin son regard pétillant.

-Bonsoir mère, j'espère que tu n'attendais personne d'autres..

Un rire délicat s'échappa de ma bouche, je passais rapidement ma main sur le coté de mon crane, feignant de me recoiffer avant de me gratter l'arrière du cou, presque gêné.

-Aurais tu quelque chose que je puisse me mettre sur le dos ?

Sekhmet


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Il y a 8 ans | Le 28 Jan 2016 13:58:47
Un franc sourire se dessine sur mes lèvres, égayant mes yeux qui peinent à croire ce qu'ils voient.

L'assurance dont il fait preuve, mêlé à sa gêne et à l'allégresse de le retrouver, m'arrache à mon tour un petit rire.
J'attrape la chandelle posée sur la table basse, la flamme vacille et manque de s'éteindre tant mon geste est précipité. Je m'approche de lui et posant mon index sur mes lèvres enjouées, je lui fais signe de me suivre en silence.

Nous traversons les pièces de vie sans encombre et arrivons devant l'escalier en bois. Mes appartements se trouvent à l'étage, nous sommes donc obligés de l'emprunter. Je grimace quand le bois grince lors de notre arrivé sur le pallier. Ici, le sol du couloir est en parquet et je doute que nous passions inaperçus. Je me retourne vers lui en ayant l'intention de réitérer ma demande silencieuse mais je croise à nouveau ce regard.

J'ignore pourquoi la prunelle de ses yeux a virée au bleu mais je décèle une peine immense à travers cette couleur froide.

Je lui tends la main, le coeur serré et enlace mes doigts dans les siens dans une volonté de le réconforter.

Nous arrivons enfin devant ma porte, je le libère de mon emprise à contre coeur, ouvre le verrou et nous pénétrons dans mes loges. En la refermant derrière moi, je jette un dernier petit coup d'oeil dans le couloir. Ici, même les murs ont des oreilles et j'ignore comment ils réagiraient en surprenant Shiraï au beau milieu de la nuit.

J'allume les cierges éteints à l'aide de ma chandelle. Bientôt une lueur dorée éclaire la pièce d'un halo. Sa peau se teinte d'une couleur un peu plus cuivrée, je le contemple silencieusement. Des traces de sang souillent encore son corps, trophée éphémère de sa dernière victoire.

Alors que je le regarde, je songe à qui il est, à ce qui l'amène à moi. Il est mon enfant mais loin est l'époque de l'innocence et de l'insouciance. Il est sans nul doute devenu un homme puissant, un des plus redoutés, une bête des plus dangereuses. Mais je pressens que son âme est torturée.

Il m'observe lui aussi, religieusement et je sais qu'il ressent mon inquiétude. Je ne veux pas paraître soucieuse, je lui adresse alors un léger sourire, me voulant rassurante et sors ces pensées de mon esprit. Je me dirige vers ma commode et en retire des linges propres que je lui donne.

En m'issant sur la pointe des pieds pour l'atteindre, je dépose sur sa joue un baiser en caresse et lui indique la salle de bain d'un signe de main.


- Tu peux prendre un bain. Je vais aller te chercher des vêtements.

J'examine brièvement sa carrure et quitte ma chambre, lui laissant un peu d'intimité.

Depuis plusieurs semaines, les Génésis les plus entraînés ont migrais vers une autre contrée. J'ose espérer qu'ils aient laissé derrière eux quelques vêtements qui conviendront. Il n'y a toujours personne dans le couloir, peut être sommes nous passez inaperçus en fait? Mais je m'étonne de ne pas voir Riley traîner dans le coin, curieux. Il a du flaire en temps normal pour me pister.

Je profite de son absence pour me diriger tout droit dans les anciens appartements de Natholeza. La porte est ouverte, sa chambre est comme il l'a laissé en partant. J'ouvre une commode en Ent massif et j'ai le plaisir d'y trouver des vêtements propres attendant le retour de leur propriétaire. La taille devrait convenir. J'attrape une tunique en voile de coton, un pantalon en toile, une veste chaude, sans doute de la fourrure de fourreu et de quoi se chausser.

De retour devant ma porte, j'hésite un instant avant de la pousser. Il y a eu tant de portes, que j'ai doucement, craintivement poussées sur des chambres ou j'étais attendue. Chambre de mes parents mourant que j'écoutais respirer pour la dernière fois, chambre de mon mari disparut que je ne revins jamais, chambre de mon frère agonisant des blessures d'une bataille, chambre de mes amants lassés d'un monde qui ne leur convenait plus, chambre de mon fils, que j'écoutais respirer ou que je consolais d'un cauchemar. Toutes ces entrées dans des chambres silencieuses, le coeur battant de peur ou de peine.

Et cette nuit j'ai peur, peur d'entrer dans ma propre chambre et de découvrir le mal qui ronge l'être que j'aime le plus au monde.
J'entends l'eau couler, j'ouvre légèrement la porte de la salle de bain, pose les vêtements sur le fauteuil de l'entrée avant de refermer dernière moi.

[...]

Je suis assise dans le divan lorsqu'il sort enfin. Il a retrouvé son allure élégante et son charisme. Il me rejoint, je lui souris et je lui tends une tasse de lait chaud.


-Alors racontes moi ce qui t'amène à moi, mon fils ?


Kasÿan Orasar Gulr
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Il y a 8 ans | Le 08 Feb 2016 12:17:23
La surprise presque palpable, mélangée à son somptueux sourire m'offraient un tableau magnifique nuancé par l'ombre des flammes dansantes sur les murs. J'en profitais quelques secondes, puis me mis à la suivre à travers les sombres couloirs de la bâtisse prenant soin de ne faire aucun bruit.

Bien que son parfum sucré embaumait l'air à notre passage, les odeurs imprégnant ces lieux ne m'échappèrent guère, pour la plupart d'entre elles je les connaissais, ou reconnaissais. Certains avaient combattu à mes cotés par le passé, et d'autres qui redouteraient certainement ma rencontre. Je n'avais plus de réel attache en ce monde, et le seul plaisir qu'il me restait, c'était bien de tuer, et de m'imprégner de l'horreur et la souffrance. Ce qui me permettait en réalité d'oublier ma propre peine...

Nous arrivâmes finalement au pas d'un étroit escalier, mais plongé dans mes pensées, je ne vis même pas la déesse s'arrêter, et manqua même de la bousculer. Par chance, cela n'arriva pas et je fus surpris un instant de sentir l'étreinte chaude de ses doigts enlacés entre les miens. Son regard perçant berçait à présent le mien, j'entre-ouvris la bouche et une demi seconde s'écoula avant que je ne reprenne mes esprits, balayant les souvenirs oppressants qui me hantaient depuis des lunes.

Elle me guidait à nouveau à l'étage, les grincements du bois sous ma masse la firent tressaillir à plusieurs reprises, elle redoutait certainement d'attirer l'attention sur nous, aussi nous pressions le pas pour rallier au plus vite ses appartements, et arrivâmes finalement dans une grande pièce éclairée par quelques chandelles. Elle m'embrassait tendrement, et à nouveau les visions cauchemardesques de cette fameuse nuit ébranlèrent mon esprit. Je luttais intérieurement de toutes mes forces pour ne rien laisser paraître, mais c'était trop tard et elle avait certainement remarqué mes tremblements. Par chance elle ne me questionnait pas à ce sujet et se contenta de m'indiquer la salle bain avant de me quitter. Je restais là un instant, à la contempler, puis détourna les talons.

[...]

Je ne pris pas le temps de me détendre et sorti rapidement afin de la rejoindre, à vrai dire je ne supportais pas d'être séparé d'elle lorsque j'avais la chance de la retrouver après de longues périodes, au fond, j'étais resté cet enfant qui a besoin de la proximité et du confort de sa mère, comme un caprice, surtout en cette période ténébreuse de mon existence.

Je pris place à ses cotés, me permettant de poser la tête sur ses cuisses tout en enlaçant ses doigts entre les miens. Son autre main vint me caresser la joue, avant que ses ongles ne glissent avec légèreté sur mon cou, et à ce moment précis tout était parfait, j'imaginais même que c'était un rêve et j'aurais probablement tué celui qui tenterait de m'extirper de mes songes.

Après quelques minutes, elle finit enfin par rompre le silence. Je me relevais donc, péniblement, et tachant de ne pas laisser paraître mon profond désarroi, les yeux rivés sur le feu, plongea dans la plaie béante de ma souffrance.

-Mère, je m'apprête à partir à nouveau...

Je n'osais pas la regarder dans les yeux, mais je ressentais aisément les battements de son c?ur s'accélérer. Je terminais d'un trait le bol de lait qu'elle m'avait offert un peu plus tôt, et posa ma tête dans le creux de son épaule, frottant mon visage au passage.

-Shirâhn.. Shir...

Cette sensation atroce d'être tiré par les abîmes sans pouvoir lutter, engouffré par des ténèbres sans fin perdant peu à peu tout sentiment de contrôle, les tripes nouées et le souffle haletant, je me rendis compte mais bien trop tard, que la larme qui avait perlé sinueusement à travers ma joue avait finalement atterrit sur le dos de la main de ma féline de mère.

Mon propre c?ur se mit à s'emballer, la confusion générée par cet aveux de faiblesse incontrôlé me mis mal à l'aise au plus haut point, je fermais les yeux et serra les dents, priant de tout mon être pour mettre fin à ce calvaire.