Où est Grobaril ?

Mieren


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Il y a 9 ans | Le 09 Oct 2014 13:41:33
Une pluie aussi soudaine que violente s'abattit sur le port. Les frêles embarcations tanguaient sous la force de la houle, provoquée par un vent fort et froid qui faisait claquer les voiles des navires les plus solides. Les quais s'inondèrent rapidement, ainsi les badauds se réfugièrent aussi vite que possible dans les bâtiments alentour. Soit dans le temple pour les plus pressés, soit dans l'auberge pour les plus malins. L'eau qui tombait avait cet avantage de retenir le sable que les bourrasques soulevaient de la plage toute proche. Plage balayée par des vagues d'une rare puissance. Le gérant de l'échoppe remballa ses marchandises et se mit à l'abri, après avoir soigneusement fermé sa boutique. La forge n'avait rien à craindre, elle n'avait plus été en activité depuis bien longtemps, à en voir l'état de la cheminée et les dépôts de sel sur l'enclume. C'était devenu un commerce comme un autre qui tentait d'attirer les jeunes aventuriers avec des armes et armures en bien piètre état. Si elle tenait encore debout, c'est qu'elle trouvait bien des clients à qui vendre ces horreurs, cela dit. Les fenêtres de l'auberge paraissaient des halos jaune pâle, derrière le rideau d'eau de l'ondée.

J'avais choisi la taverne pour éviter de finir détrempé. Des gouttelettes coulaient du bord de mon chapeau alors que je pénétrais dans la bâtisse, forcément animée et bruyante. Chose que je n'appréciais pas spécialement, mais avec laquelle j'allais composer jusqu'à ce que le déluge cesse. Ma gabardine gouttait, elle aussi. Je balayai rapidement l'endroit du regard, choisis une table puis m'y installai. J'ôtai mon vêtement et le déposai sur le dossier de la chaise. Les marins forcés à rester à terre occupaient toute l'attention de la seule serveuse du bouiboui. On ne s'entendait plus causer, entre le brouhaha ambiant et l'averse qui fouettait le toit. Je dus attendre plusieurs minutes avant de voir poindre le nez de la maritorne qui me demanda sèchement ce que je désirais boire. Ce n'était pas la soif qui m'avait amené ici, mais — outre la flotte qui tombait — le besoin de retrouver quelqu'un. Juste avant que le temps ne tourne, sur les quais, j'avais demandé à un dénommé Morando, , mais ce dernier m'avait rembarré. Puisque presque toute la population du port de Baduk était réunie ici, maintenant, c'était l'occasion de glaner des informations.

Je posai un regard indifférent sur les formes de la domestique, plantée devant moi, avant de lui adresser la parole.


"Grobaril" ? Ça te dit quelque chose ?

Elle fit une sorte de moue puis haussa les épaules.

D'accord. Sers-moi un bock... de lait... tiède.

Elle ne parut nullement surprise par ma commande puis s'exécuta.

Il fallait que je trouve quelqu'un qui pourrait m'aiguiller. Ce Grobaril, aussi avare que soumis à sa dame, m'avait promis des choses. J'avais bien l'intention de faire en sorte qu'il honore ses engagements.

Mieren


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Il y a 9 ans | Le 13 Oct 2014 11:37:35
Le fracas de l'eau sur les tuiles cessa. Un ciel calme et clair revint puis, peu à peu, la taverne se vida de ses occupants. Le tenancier nettoyait les tables après que la serveuse y ait passé un rapide coup d'éponge. Une légère nappe blanche couvrait le fond de mon verre, que je regardai fixement. Moi qui ne comptais pas quitter les lieux avant d'avoir eu mes informations, j'allais devoir chercher ailleurs. Personne ici n'avait pu, ou voulu, m'orienter. Mettre la main sur ce Grobaril n'allait pas être chose aisée, de toute évidence. J'étais bien retourné dans le village sans nom qui m'avait accueilli, mais sans succès. Grobaril avait disparu, le bougre.

Je fouillai rapidement la poche de ma veste encore trempée, y attrapai deux pièces puis les posai à côté de ma chope vide. La nuit n'allait pas tarder à tomber, et j'avais tout intérêt à trouver un endroit où dormir avant que le port ne se transforme en un endroit malfamé.

Au matin, le soleil brillait au milieu d'un ciel sans nuage. La chambre m'avait coûté deux pièces de plus, et les dépenses n'allaient pas s'arrêter là, car des emplettes s'avéraient nécessaires avant de prendre la route pour Lodaran. Peut-être, là-bas, quelqu'un avait aperçu celui que je cherchais. Une route périlleuse mais obligée, dans l'espoir de trouver autre chose que des manants et pauvres hères, comme ce fut le cas dans ce vieux port de Baduk. J'étais certain que des gens pouvaient m'aider, il fallait simplement mettre la main dessus, et cela n'était pas une mince affaire.

Avec beaucoup de chance, le roi même de Lodaran pouvait m'accorder une audience et m'apporter son assistance. Je n'avais pas envie de finir dans le bois de Jalmioux à accoster des brigands sans scrupules pour leur demander ce service, mais s'il fallait en arriver là...

S'enquérir d'informations était encore plus difficile que trouver des gens, étant donné qu'il fallait d'abord trouver des gens pour s'enquérir d'informations, et que les bavards n'étaient pas légion. J'avais peu d'espoir, mais je comptais sur la chance. Sait-on jamais, au détour d'un chemin. Même s'ils n'avaient pas les mêmes ambitions que moi, je souhaitais également trouver des compagnons, ne serait-ce que pour ne pas faire route en solitaire, car la lassitude pointe vite le bout de son nez, et les dangers avec. Je n'aurais pas grand chose à leur apporter, jusqu'à ce que je trouve Grobaril et les millions de pièces d'or qu'il m'avait promis. Une fortune bien partagée est une fortune bien dépensée.

Mieren


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Il y a 9 ans | Le 12 Nov 2014 14:55:15
Après de nombreuses tractations à travers Baduk, sans grand succès il faut bien l'avouer, je me retrouvai à errer sur Kedok, croisant ça et là quelques poivrots sans intérêt. De Nebullia à la tour de surveillance près du poste de garde de Santéria, différentes créatures faisaient leur loi, mais aucune d'entre elles n'était assez évoluée pour en faire un allié. Fames et Exitium dégageaient une classe rare, mais dépourvu de monture, je ne pouvais décemment pas leur demander de m'accepter dans leur confrérie. À mon arrivée, Morbi m'avait prévenu: malgré le passe-droit dont je disposais grâce à Arminas Oronar Gulr, je n'étais pas à l'abri des dangers communs que l'on pouvait rencontrer sur les chemins de cette contrée. Afin de ne pas trop m'exposer, je m'étais rendu le plus rapidement possible à l'auberge qui trônait au pied de l'étendue d'eau. Là, j'étais en sécurité. J'allais pouvoir me remettre sérieusement à chercher des compagnons. Dans le coin de ma tête traînait toujours l'offre alléchante du Censor. Comme Grobaril, il m'avait affirmé qu'il pouvait me donner accès à la fortune. Deux solutions s'offraient à moi, maintenant. Soit je me méfiais de sa parole, comme je me méfiais de celle du Troll qui m'avait apparemment menti, soit je lui faisais pleinement confiance et acceptais son invitation. Seulement, ni l'une ni l'autre de ces conclusions n'étaient dans mes habitudes.

Plusieurs jours passèrent, avant que je ne fasse la rencontre d'une personne dont l'aide me fut précieuse. Les armureries locales ne fournissaient pas ce qu'il me fallait, et elle s'était dévouée pour m'apporter et m'offrir gracieusement tout ce que je cherchais, et cela, sans demander quoi que ce soit en échange. Plusieurs fois je l'ai rencontrée, plusieurs fois nous nous sommes parlé. C'était une personne très agréable, aux qualités qui rejoignaient les miennes. Malheureusement, moi, je n'avais pas les capacités pécuniaires pour faire briller ma générosité. Plus tard, elle me proposa à son tour de rejoindre son groupe, qui s'avéra être le même que celui d'Arminas Oronar Gulr. S'ils étaient tous aussi aimables et magnanimes, alors ils étaient ce qui se rapprochait le plus de mes attentes. Aussi, comme je dis à Lucy, c'aurait été une offense que de refuser son invitation. Dès lors, je pris contact avec le dirigeant d'Elevatis Ombrae.