De l'ombre à la Lumière :


J'écoutais attentivement les bruits qui émanaient de dehors. Assis confortablement dans mon fauteuil, je me reposais tranquillement dans mes quartiers. La nuit venait de tomber, à l’extérieur, seuls quelques lampions éclairaient la cour de notre cité si sombre.

Je venais de me retrouver Chef sans même le demander.

Comment allais-je pouvoir mener tant d'hommes et de femmes ?

Jamais je n'aurais cru que mon frère d'arme, Shirai, nous laisse. Il avait battit les fondations de ce que nous sommes aujourd'hui, notre force, notre charisme.

Avais-je les épaules pour ça ?

Je me perdis dans mes pensées quand soudain une main vint me caresser le torse, d'une douceur incomparable et d'une délicatesse si chaude, ma femme me rejoignait dans notre chambre commune. Elle me voyait perdu, et comme à son habitude simplement me réconfortait. Ce soir là, l'envie de discuter ne se trouvait pas au rendez vous. Je me devais de réfléchir, de réagir.

Au matin, j'eus le déclic pour motiver les troupes. Si j'organisais une chasse, mais pas n'importe laquelle, une chasse aux petites bêtes à huit pattes.

Je rédigeais sur une feuille un petit texte que je placarderai le lendemain dans le hall afin que tous puissent le voir distinctement.

Une plume à la main, je laissai mon émotion s'exprimer :

« Mes frères et sœurs au cœur Vaillant,

Je sais pertinemment que les temps sont durs, la perte d'un chef, d'une forteresse et presque de notre honneur. Mais nous sommes bien plus forts que cela et nous allons le prouver en finesse cette fois.

Le peuple des terres argentées nous croient morts. Il est amusant de se dire que trois familles se sont alliées pour espérer nous faire tomber. Et, il est encore plus poilant de se dire que, sans retenu, certains se vantent et palabrent de leurs exploits titanesques.

Vils chenapans, scélérats… Mes frères, restons tapis dans l'ombre pour l'instant et préparons une petite leçon.

Voici mon plan. Depuis des années un nombre fétiche passe de génération en génération, le fabuleux soixante -neuf. Bien entendu tous ne connaissent pas réellement cette signification, hormis son aspect sexué, mais sa vérité n'est pas là et l histoire est bien trop longue.

Mes amis, je vous propose de vous venger gentiment, je vous propose une chasse à l'araignée.

Le but est très simple, établir une petite liste de 69 coups de massue vers les Arachnéa.
Bien entendu l'ombre sera notre guide et pour cela il est possible d’utiliser une personne extérieure à notre clan, pour nous aider dans cette mission. Un être sans attache, sans scrupule.

Le meilleur d'entre vous remportera une bourse de cent millions à dépenser comme il l'entend.

Cordialement,
Dio »



J’espérais par ces mots redonner de l'envie à mes camarades et leur servir une vengeance sur un plateau d'argent. Le mot placardé, je me grattais une fesse et retournais à mes occupations, laissant les autres se réveiller paisiblement..



Chapitre 2 :

Un peu plus tard dans la journée, je vis les membres de la famille avec un petit sourire et une envie débordante.

Sans même leur en parler, j'avais décidé de ne pas vraiment participer à cette petite animation, enfin pas directement. Pour que l'on se rende compte de notre avancée, je m’étais empressé d’acquérir un livre vide. J'avais pris soin de faire graver d'un écriteau couleur or le nom « Cor valeo ».

Ce livre serait en faîte notre compteur à Victimes. J’avais noté la première ligne :

*Dio assomme Mistgun pour quelques instants.*

Je lançai la machine, mon travail commençait enfin. Je me devais de trouver quelqu'un de confiance, de loyal, pourquoi pas même une petite machine de guerre. Et c'est dans une ancienne famille que je trouvais la perle rare. Le ténébreux et vaillant Chnordiste. Quand j'y repense, ce type était une brute. D'un pigeon je lui quémandai :

*Oyé, membre de la meute, si je viens à vous aujourd'hui ce n'est pas faire le marchant mais plutôt pour tester vos talents de tueur. Je souhaiterais découvrir votre force, si vous en possédez une. J'en demande la preuve et, pour vous tester, je vous demanderai d’assommer quelques araignées.

Cordialement, Dio*

Sans demander aucune explication, il accepta et c’est comme ça que chaque jour le livre, vide à la base, se remplissait de noms Arachniens.

Tout était en marche, maintenant , il ne nous rester plus qu' à faire croire que notre salut s’était estompé dans l'oubli, laissant derrière lui que de pauvres mendiants, perdus.

Un seul choix s'offrait à moi, discuter avec quelques membres en les laissant se vanter. Cette étape fut encore plus simple qu'à ma première pensée. Des petits êtres, nombreux, avec huit pattes, et surtout un sens du bavardage aiguisé.

En me rendant sur Nebullia, j'esquivais une couche, me retrouvant ainsi devant Aida. Je l'a vu s’esclaffer après chaque couche qu'elle lançait vers les gens présents. Elle m’exaspérait, mais je fis mine de rien.
Après quelques minutes, comme une démangeaison profonde, elle vint me parler.
J'ouvrai parfaitement mes deux oreilles, prêt à garder et savourer chaque mots qu'elle allait me sortir, puis elle commença.

D'un ton fourbe, elle ne manqua pas de me rappeler notre défaite face à leur union. Je me devais de garder mon calme, de cacher mes émotions pour accepter ses dires. Tout se devait d'être parfait. Je commençais par les féliciter et leur passais la pommade. Il avait bien raison, nous n'étions plus. Aucun vrai Chef, aucune cohésion avec les membres, une fin des plus tristes.

J’admettais notre défaite alors qu'elle graissait sa victoire de belles phrases. Ma mission était bien accomplie. Dans sarcasme insupportable, les dernières paroles venant d'Aida restèrent graver dans ma mémoire :


*rigole en jouant avec une couche sale en main*
Une petite araignée ! Nous sommes de petites araignées ! Toutes petites ! Insignifiantes.
Pour vous grands guerriers suprêmes !
Cependant, nous vous avons prouvé que vous n'étiez pas les rois du monde !
Et ... quand on vous voit aujourd'hui !
Dispersés ! Séparés ! Eparpillés !
Mais que faites-vous ?

*le regarde*

Je vais donc rester à ma place et patienter ! Mon objectif se rapproche ! Je serai alors capable de faire face à votre magnificence !
*rigole*

Oh grand gringalet ! *

Si elle avait su à cet instant ce qu’il se tramait. Les choses prenaient forme de jour en jour. De temps en temps, je jetais un coup d'œil discret au Livre. Premièrement, je m'aperçus que certaines personnes écrivaient en patte de mouche, quand je réussis à déchiffrer le nom de l'auteur, je ne fus pas surpris de distinguer Kraal . Après un rapide feuilletage Altus triomphait sur tous les autres. Il chassait avec ses tripes et ça se ressentait grandement. A ce moment j'étais fier d'eux et le final qui s'approchait à grand pas se devait d'être sublime.

Le jour arriva si rapidement. J'avais préparé un pigeon pour Myky, je lui demandais de me rejoindre près de Nébullia lui prétextant un cadeau en sa faveur. Elle arriva enfin devant moi, voilà un bon moment que nos regards ne s'étaient croisés. Le ton, un peu plat, laissait paraître quelques malaises entre nous. Je la regardais dans les yeux, comme elle à son tour. Sans même qu’elle ne s'en rende compte, elle venait de remplir le numéro soixante neuf. L'ombre avait eut raison d'elle.

Je la regardais quelques instants au sol. Je m'avançais, le pas lent, prêt à lui donner le coup de grâce, mettre fin à son règne et à ses araignées. Le temps du bac à Sable n’existait plus. Ils nous avaient distraits, amusés et vivifiés sans même qu'ils ne s'en aperçoivent.

Je lui tendis une main pour qu'elle se relève, et sortis de ma bourse une rose jaune.

« Ceci est personnel, mais je pense que nous avons assez joué. »

Notre animation se terminait enfin, pour nous une page venait de se tourner. Ne jamais sous estimer l'ennemi, je pense que nous avons notre Morale.

Un pigeon s’envola avec le registre des victimes vers la demeure des Arachnéa.

Il était temps pour nous Cor Valéo de tourner une page et d'écrire une nouvelle histoire.


Cor Valéo.

(Un merci à Vulshoc)