Rencontre au bord d'un lac

Hell
HôSTiLe


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Il y a 10 ans | Le 29 Apr 2014 23:11:54
Je savais où le trouver. Il n’aimait pas être dérangé quand il prenait ce petit temps, rien que pour lui. Mais il me passait tout, et il me passerait cette offense. Régulièrement, il s’isolait, je n’avais jamais trop su pourquoi. Les mois passants, je l’avais observé, et je l’avais suivi. Maintenant, je savais.

J’approchais de l’eau presque glacée, regardant le sol, pudiquement. Prenant sa tunique, je glissais silencieusement dans le lac et lui lançait l’étoffe.


Tu peux te couvrir, s’il te plait ? Je voudrais qu’on discute.

Malgré ses plaisanteries grivoises régulières, je savais qu’on pouvait avoir une conversation sérieuse, et il s’exécuta, sans même s’ombrager de mon ton peu avenant. Je retournais m’asseoir sur la berge. Je sentais le froid sur mes pieds. Il s’approcha de moi, le tissu rapidement passé autour de la taille. Il semblait intrigué par ce qui m’amenait.

Je ne comprendrais jamais pourquoi tu viens là. Au début, je pensais que c’était pour évacuer la pression, la violence de longues journées de combat, la hargne que tu reçois de victimes rageuses d’avoir cédées sous tes coups. Et puis je me suis imaginé que tu n’étais pas le gros bourrin que tu laissais paraître, et que tu aimais prendre soin de toi. Que tu te plaisais à prendre de longs bains de minuit, pour laisser l’eau froide raffermir ta peau.

Je lui souriais et me relevais. Je marchais dans l’eau, sentant le froid s’immiscer dans mon corps. Les places étaient inversées. Il était sur la berge, me regardant, surement se demandant pourquoi je l’interrompais ainsi dans ses ablutions. J’avançais plus profondément, le niveau m’arrivant maintenant à mi-cuisses. Je me retournais vers lui.

Mais revenons aux choses sérieuses. Tu me connais, depuis maintenant bien longtemps. Tu as invité Dio à partager cette grande aventure des Memor. J’ai suivi, tout naturellement, comme faisant partie des bagages. Tu avais pris un package, sans même t’en rendre compte. Et le temps a passé. Maintenant, Dio est moins présent, et je dois faire mes preuves par moi-même.

Je réprimais un frisson. Le froid m’agressait plus violemment que je ne le pensais. Vaincue par cette eau sans même qu’il n’y ait eu de combat, je remontais la rive pour rejoindre Shiraï. Je m’assis à coté de lui, tentant de lui voler sa chaleur.

Mais je ne suis pas douée à grand-chose. Qu’est ce que j’apporte aux Cor Valeo ? Ma fidélité, sans faille et indéfectible. Mon bagout, qui peut être aussi incisif qu’une arme, lorsque je suis bien lunée. Ma force de frappe ? Mieux vaut ne pas trop compter dessus. Une seule de tes attaques assure la puissance d’une dizaine des miennes.

Mais je suis là. Alors, si tu as besoin, n’hésite pas !


Je tournais mon visage vers lui et esquissais un sourire.

Dis, t’aurais pas une serviette pour me sécher ? Il faut être maso pour aimer passer du temps ici…


Kasÿan Orasar Gulr
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Il y a 10 ans | Le 30 Apr 2014 08:55:03
Les cascades de la clairière, il était bénéfique de s’y attarder après une rude journée, l'eau guérissait le corps et dénouait les articulations, ce lieu était l'endroit parfait pour faire le vide dans son esprit.

Je retirai soigneusement ma lourde armure et déposais mon casque dessus. Mes jambières, ma hache et mon marteau suivirent peu après. Une fois totalement nu, je pénétrais enfin dans les sources gelée, aux premières lueurs de la nuit. C’était mon havre de paix, le petit plaisir de ma rude vie de guerrier.

Les heures passèrent sans que je ne m’en rende compte, jusqu’à ce qu’un parfum sucré, non inconnu à ma personne vint me titiller les naseaux. Mes yeux restèrent clos, je l’imaginais s’approcher timidement, je devinais chacun de ses faits et gestes grâce à mes sens hors normes de Lycan.

Elle pénétra enfin l’eau et expédia un linge que j’attrapais avec agilité avant que celui-ci ne plonge dans l’eau et ne soit trempé. Un rapide coup de passe-passe et j’étais recouvert, je me dirigeais à présent vers ma sœur d’arme emplit de gaîté, je me surpris même à chantonner dans ma tête en fait, j’étais vraiment dans un bon soir.

Sans le moindre mot j’inclinais la tête et lui adressa un sourire auquel elle répondit avant de rependre la parole. Je l’écoutais calmement, sa voix légère sonnant comme un chant doux à mes oreilles. Une fois qu’elle eu finit, je m’approchai un peu plus et attira son attention vers les étoiles.

-Ne les trouves tu pas magnifiques ? Ce sont pour elles que je passe la plupart de mon temps ici, elles me fascinent. Elles sont tout ce que j’aimerais être. Sublimes, intouchables et immortelles, et elles ont pour compagne la plus influente des composantes de ma condition, la lune.

Elle m’abandonna quelque peu et glissait jusqu’au centre du petit lac, je sentais sa peau frémir à chaque parcelles de son corps un peu plus immergées. Elle cherchait peut être à s’approcher des astres, que sais-je... Et finalement elle fit volte face, l’air plus sérieux cette fois. Je buvais lentement ses paroles, méditant à une réponse juste. Sans attendre un mot de ma part, elle me rejoignit sur la berge et se colla à mon bras, ma condition faisait que ma température corporelle était nettement plus importante que les humains normaux, peut être cherchait elle à s’en accaparer, je ne voyais pas d’autres raison à cela, elle paraissait gelée. Je pris quelques secondes, choisis soigneusement mes mots et finalement desserra les dents.

-Ce que tu nous apportes ? Ta vision moins impulsive des choses que la notre, l’intelligence et le savoir-vivre des grandes femmes de ce monde, et malgré ta chétive silhouette, tu es bien plus forte que la plupart d’entre nous, plus posée, plus réfléchie, plus avisée. En fait, tu as un rôle bien plus important que tu ne l’imagines au sein de notre petite société. Mon père un jour m’a un jour apprit que dans la logique des choses les hommes étaient faits pour combattre et que les femmes étaient faites pour diriger. Alors voilà ce que je te demande. Laisse moi mener les batailles, nous couvrir de gloires toi, moi et nos frères d’armes, et prend les rennes de notre peuple, fais en sortes que nous vivions éternellement, je ferais en sorte que nos noms ne soient jamais oubliés et gravés dans la pierre.

Je posais une main délicate sur son épaule, pris une grande inspiration et termina.

-Sois l’autorité, je serais le conquérant. Nous en sommes tout à fait capables.

Je croisais son regard et y déchiffra un certain étonnement, mélangé à la morsure du froid qui lui gelait peut être les méninges. Je me levai et me dirigea au pied de l’arbre derrière nous, où j’avais laissé mon armure. Je pris une serviette que je lui lança affectueusement à la figure avec un sourire.



Hell
HôSTiLe


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Il y a 10 ans | Le 05 May 2014 21:19:50
J’observais les étoiles qu’il admirait tant. Petites lumières traitresses, présentes un soir, absentes le lendemain, elle ne me permettait que de me perdre dans les bois, la nuit, lorsque j’avais le malheur de compter sur elles pour me montrer le chemin. Quant à la lune, elle me paraissait encore plus vile. Offrant sa lumière pour ne pas trébucher, elle me plongeait dans l’obscurité quelques nuits plus tard. Son éclat pâle et terne n’apportait qu’instabilité. Surtout pour certains de mes compagnons d’arme.

Mais je ne voulais lever les yeux au ciel. Je préférais tourner le regard vers cet homme aux réponses intrigantes. Il me parlait presqu’en énigmes. Je tentais de remettre de l’ordre dans mes pensées, les organisant avec le plus grand soin.


Je… Euh… Que d’honneur tu me fais, avec tes propos grandiloquents et si flatteurs. Je ne sais si je peux en être digne, mais…

Je posais ma tête contre lui. Je connaissais cette chaleur, propre aux lycans. Elle me réchauffait chaque soir. Mais devant Shiraï, je ne ressentais pas cette tension qu’il y avait avec Dio, et qui nous emportait une bonne partie de la nuit. Là, j’étais en confiance, comme avec un vieil ami d’enfance, apaisée, tranquille, sereine.

Je fermais les yeux et les rouvris sur lui. Des petites lumières dansaient dans ses iris. Je voyais là probablement le plus grand intérêt des étoiles pour moi. Elles donnaient d’étranges éclats, rendant scintillants les pupilles les plus sombres.

Ragaillardie par sa chaleur et séchée grâce à sa serviette, je me redressais. La bise était fraiche, mais j’étais revigorée par son contact. Je m’étirais et lui tendais la main.


Je n’ai jamais fait ça, moi… On discute sur le chemin du retour, vers la civilisation ?

La nuit était bien entamée, et ses sens étaient un avantage non négligeable pour retrouver son chemin dans cette obscurité. Je l’observais, la main toujours tendue vers lui, puis rougis subitement et détournais le regard. Il n’était vêtu que de sa tunique, lâchement posée sur ses hanches.

Je me rassis, gardant cette fois mes distances. Il était déjà sec, l’eau s’étant rapidement évaporée au contact de sa peau. Il semblait s’amuser de cette situation, sûr de lui et de son charisme. Il connaissait ma loyauté envers lui et ma fidélité envers ses idées, et se jouait de me voir perplexe tant devant ses propos que face à son attitude désinvolte.


Chef, j’ai toujours eu un guide à suivre. Arkôs, puis toi, quand mes pas se sont détournés des Hôstiles. Je n’ai jamais eu à prendre de décision pour quiconque. J’ai déjà du mal à en prendre pour moi… Par contre, si tu l’acceptes, je veux bien être celle qui te guiderait dans l’ombre, te rappelant à tes obligations, te conseillant dans les moments de doute…

Je ne serais un maître pour personne, je ne pourrais d’ailleurs pas l’être. Mais, par contre, je pourrais te seconder. Un guide se doit d’être charismatique, d’attirer le regard, la sympathie ou le courroux. Je préfère rester dans l’ombre, je n’aime pas être le centre de toutes les attentions.


Je lui souris, mouvement sincère s’il en restait en ce monde. Je posais une main sur son épaule, m’appuyant sur lui, amicalement, puis la remontais sur sa nuque.

Mais ne t’inquiète pas, je serais toujours là pour te mettre une tapette derrière le crâne si je te vois prendre le mauvais chemin !


Kasÿan Orasar Gulr
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Il y a 9 ans | Le 20 Jun 2014 02:09:05
Le contact de sa peau froide contre la mienne me fit quelque peu frémir, mêlé aux délicieux effluves qu’elle dégageait j’étais littéralement transporté, comme dans une bulle au dessus des nuages, près de ma blanche et inaccessible compagne. Cette sensation était réellement agréable, mes sens hyper aiguisés de prédateurs me jouaient parfois des tours de la sorte, mais allais-je m’en plaindre ? Non je devais plutôt envier ce bon vieux gredin de Dio, sacré combattant, et heureux amant.

Quelques minutes seulement suffirent à la remettre d’aplomb. Je saisie délicatement la petite mimine qu’elle me tendait et nous prîmes le chemin du retour. Je prenais les devant, c’était une habitude que la horde avait finalement encré avec le temps bien que cela me déplaisait quelque peu. Il faisait assez sombre certes mais une fois de plus ce n’était pas un problème pour moi, je connaissais ce terrain comme ma poche, j’y étais né, j’y avais grandis, chassé et vécu toute ma vie.

Nous quittâmes finalement le bosquet, je ralentis légèrement et la laissais reprendre quelques centimètres d’avance sur moi. Les reflets de la lune laissaient paraître mes traits finement étirés et mes pupilles de feu, sûr de moi je lançais un regard taquin vers Hell, qui d’abord m’avait paru perplexe, jusqu’à ce que ses yeux plongés dans les miens me convainquent du contraire. Depuis le début de la soirée et notre épisode aquatique, son visage avait changé du tout au tout. Elle paraissait déterminée, pleine de convictions. Nous nous arrêtâmes finalement et elle finit enfin par me répondre.

[…]

Une fois de plus elle m’avait prouvée qu’en plus de son charme naturel elle était dotée d’une raison et d’une force de caractère comme nulle autre sur cette terre. J’imaginais qu’elle avait sournoisement analysé la situation durant notre courte balade, et c’est avec une habilité certaine qu’elle avait réussi à contourner ma demande tout en la satisfaisant, d’une certaine façon.

Je hochais la tête, un sourire étirait mes traits et mes yeux se fermèrent quelques instants. L’air ambiant était toujours aussi agréable, je ne ressentais aucune pression malgré les ténèbres de la nuit et toute les horreurs qu’elle pouvait cacher dans la pénombre. Plus d’un homme aurait été désorienté, mais pas moi. C’est presque avec allégresse que je m’adressais de nouveaux à elle, animé d’une certaine flamme.


-La perfection. Comment pourrais-je mieux te décrire si ce n’est ainsi ? Guidée par des convictions sans failles avec pour seul mot d’ordre l’abnégation. Tu es un modèle pour nous tous, notre muse, et je pèse bien mes mots. L’un des rares êtres vivant qui mériterait que l’on se sacrifie pour lui, pour valoir ne serais-ce que le quart de ce qu’il est. Je l’ai toujours cru et je ne cesserais de le croire. Que puis-je faire d’autre après tout ? Tu m’as montré la voie, et ce un nombre de fois que nulle ne peut imaginer.

Je posais ma large main sur sa frêle épaule, la gratifiant d’un sourire sincère. Nous échangeâmes un regard solennel et profond, à travers les rayons de la lune je croyais même déceler quelques traces de rougeurs sur ces joues. Mon sourire n’en fut que plus large, je la tirai délicatement vers moi afin de la prendre dans mes bras. Après une longue inspiration, je chuchotais finalement.

-Merci.