Une ombre avançait dans la neige, le souffle haletant, boitant légèrement. Au loin elle apercevait les feux de la ville, ces mêmes feux qui éclairaient son visage maculé de sang. Son être intérieur redoutait les ténèbres de la nuit, mais ce n'était pas de la peur qui se lisait dans ses yeux, mais la terreur. Marchant de plus en plus vite, elle finit par trébucher et vint s'écraser lourdement sur le sol. Un courant d'air lui glaça les membres jusque dans la moelle et les battements de son cœur furent plus pressent.

Toujours à plat ventre, elle essaya de se mettre sur les coudes mais n'eut pas le temps de bouger un doigt que ma lance lui transperça l'épaule gauche et la cloua au sol. Le cri que la jeune femme poussa fut si strident que des chauves-souris s'enfuirent de peur. Des feuilles tombèrent sur le sol, du plus haut d'un arbre je me tenais caché par une longue cape sombre.
Mes yeux d’alphas brillaient de mille feux, telle des rubis incandescent aux lueurs de la nuit. Le regard de la jeune femme agonisante se perdait lentement dans les ténèbres, sans perdre une seconde de plus, je sautais de mon abri et atterrissais lourdement sur les pieds, à deux pas de ma future victime.

Elle ne me voyait pas, elle savait juste que la faucheuse se trouvait derrière elle, elle n'attendait plus que la mort, priant les dieux de lui accorder l'Eden. Mes yeux rouges se mirent à briller intensément, comme à chaque fois que je m’apprêtais à prendre une vie et accroitre mon pouvoir. Avec célérité je dégainai et planta ma hache en plein milieux du dos. Le corps de la jeune femme cessa alors de trembler.

Je la regardais quelques instants, je venais de prendre une vie, encore. J’en tremblais de plaisir, l’odeur du sang était de loin la plus fine des effluves qui m’avait été donné de connaître. Suite à ce regard plein de mépris, je repris ma route dans le brouillard et les ténèbres de la nuit. Je marchais lentement, seule dans la pénombre renfermer sur moi-même jusqu'à enfin atteindre la colline précédant le Khuladrium, notre magnifique cité.

L'orage se mit à gronder, les gouttes de pluies s'écrasaient avec force contre le sol, faisant ainsi disparaître la neige, et la morsure glaciale du vent combinée à la noirceur des nuages m'offrait un spectacle grandiose. J'admirais la magnificence du déchainement des éléments, jusqu’à ce que plusieurs ombres viennent perturber ce moment de grâce.

Aucun être doté de bon sens ne se risquerait à l'extérieur par pareil temps. Personne? Que dis-je.. Mis à part un Lycan balafré dont le poids des âges se faisait de plus en plus lourd. Les terres désertiques et chaotiques qui bordaient notre imposante bâtisse venaient d'être les témoins d’une cuisante humiliation. Dans le brouillard je distinguais des silhouettes, reconnaissait des odeurs. Des araignées, des pirates, d’anciens « amis » et autres animaux sans le moindre courage. En fait, je les reconnaisais tous, mon instinct si développé après ces millénaires d’expérience de la chasse ne pouvait me faire défaut. La colère montait peu à peu en moi, aussi je pris la route afin de rejoindre mes compagnons.

J'épousais merveilleusement le contraste de la terre accidentée qui bordaient notre lieu de vie, invisible aux yeux des autres dans cette noirceur totale. Je dépassais les hautes barrières de Nébullia, et me mis à réfléchir sérieusement quant à un échec. Nous n’en avions jamais connu auparavant, et je ne comptais d’ailleurs pas connaître cela de si tôt.

Malheureusement pour moi, lorsque je quittai enfin les terres pourries des Ombrae, je ne pus que me rendre à l’évidence devant le triste spectacle qui s’offrit à moi. Nos murs abattus, mes frères et sœurs baignant dans la boue, du sang répandu un peu partout. Comment cela avait-il pu arriver ? Le sang circulait à toute vitesse dans mes veines, mais c’est lorsque j’apperçus le corps inerte de ma fille, à qui j’avais laissé le commandement de mes troupes durant mon absence, que la fureur explosa littéralement.

-Faibles ! Aucune fierté, aucun honneur! Vous avez osé vous attaquer aux miens pendant mon absence alors que je ne pouvais les protéger, je jure par le dieu loup que votre misérable semblant d’existence prendra fin sous mon règne ! Vous subirez mon courroux, médisants !

Je n’arrivais toujours pas à y croire, étais-je dans un de ces mauvais rêves ? Certes les Ultimas et les loups sages avaient une raison solides de nous voir tomber, nous avions réduits à néants leurs navires afin de libérer la population de ce fléau grandissant, nous ne souhaitions à l'époque que leur donner satisfaction à ce peuple ingrat. Certes les loups sages nous les avions rasés de manière plus arbitraire afin que le monde soit conscient de notre force, mais les Arachnéens ? Ce peuple que j’appréciais par le passé et avec qui j’avais noué des liens d’amitié, ce peuple pour qui j’avais écrasé le château des Shade… Ainsi nous remerciaient-ils ? Traîtrise et lâcheté avaient depuis longtemps évincés le courage dans leur cœur et ce à un point que je n'aurais jamais imaginé, cela me répugnait. Profiter de mon absence pour s’attaquer à mon peuple. C’était, il faut l’avouer, très bien joué de leur part. Et même si cet arrière gout amer m’empoisonnait la bouche je devais le reconnaître.

Jamais nous n'aurions affronté un clan sans raison claire et justifiée, et surtout jamais ne l’aurions défié si ce n’était pas pour écraser et humilier leur plus haut dignitaire, car le moyen le plus rapide d’écraser une dynastie, c’est de mettre fin aux agissements de leur plus haut monarque. Ces misérables chiens, bien que satisfait de leur victoire j’imagine, avaient commis là une regrettable erreur, celle de détruire mon royaume, mais de me laisser en vie. Contrairement à ces bâtards et eunuques, nous avions une fierté, étions ivre de puissance et surtout, n'avions aucune barrière, aucune limite, aucune loi ! Mais notre seul Foi. Mon père lors de mes plus jeunes années m’avait appris qu’un Royaume se construisait avec le temps et la guerre, je le savais mieux que quiconque, et bientôt ils l’apprendraient à leur dépend. Il m’avait également enseigné que chaque homme sur terre se devait de suivre un code d’honneur et ne jamais s’en écarter, le mien était très simple. Je me rappelais exactement des paroles de mon père, que je me répétais chaque jour d’ailleurs.
« N’oublie jamais fils, la route menant à la toute puissance ne sera pas toujours glorieuses, et souvent semée d’embuches. Mais ce qui compte par-dessus tout et de t’en tenir à notre code d’honneur. Parles peu, agis pour le bien de ton peuple et ta famille, soit bon avec ton prochain, et n’ai aucune pitié pour tes ennemis. Alors seulement tu pourras te considérer comme le lycan le plus honorable, vaillant et puissant qui soit, mais tu seras aussi aimé, et un plus grand roi que moi encore. »

Mes larmes se mirent à couler, je repensais à toutes ces choses que j’avais pu offrir aux Arachnéas mais surtout à ce magicien, Lemage, que j’appréciais bien plus que n’importe quel connaissance, jusqu’à maintenant en tout cas. C’était une autre leçon de vie que je venais de prendre en pleine figure, mais le chien qui tend la patte et que tu grasse finiras par te mordre une fois le dos tourner. Mon père me répétait souvent que celui qui donne ne dois jamais s’en rappeler, et celui qui reçoit ne doit jamais oublier. Ils avaient apparemment oublié les services que j’avais pu leur rendre, mais ainsi va le monde, que pouvais-je faire contre cela. Le manque de jugeote dont ils firent preuve ce soir m’ouvrit presque totalement les yeux, plus de pitié pour ces êtres de bas étage. Oser nous comparer à cette sordide Legio Ombrae, que nous même avions détruites pour le bien de tous d’ailleurs, alors soit, nous deviendrons ces tyrans sanguinaires et écraseront toute forme de liberté, si c’est ce qu’ils cherchaient, cette nuit ils l’ont trouvé.

Suite à cette longue réflexion, Je pris ma fille dans mes bras et l’emmena dans mon premier logis, la tanière de la meute, l’ancien refuge de mon père. Je restais un long moment en sa compagnie, les yeux clos remémorant à chaque instant de cette horreur et les visages des auteurs de cet attentat. Sa condition de lycanthrope lui permettrait de vite guérir, aussi je repris le chemin des ruines du Khuladrium pour rapatrier tout mes autres combattants.

Le temps passait, secondes minutes heures? Je ne m'en souciais guère bien que toujours en proie à la violence morale dont j’étais victime. J’avais honte de les avoir abandonnés ainsi, quelques jours d’absence qui avaient couté cher. Si mon père me voyait il aurait certainement honte de moi. Peu à peu chacun de mes compatriotes repris connaissances, mal en point pour la plupart, étant donné que nous n’étions que 4 Lycans, les autres toujours humains n’avaient pas notre faculté de guérison. Je laissais passer quelques dizaine de minutes, et finalement sortis enfin de mon mutisme.

-Mes sœurs, mes frères, j’implore votre pardon. Je vous ai quitté et j’ai commis là la plus grande erreur de l’histoire de notre peuple, et j’en porterais le fardeau jusqu’à mon dernier souffle. La honte que j’éprouve à cet instant n’a d’égale que la souffrance démesurée que j’ai ressentie en revenant sur nos terres accablé de chagrin, d’horreur.

Je dégainais ma dague de son fourreau et la positionna sur ma paume gauche. D'un geste bref et véloce je l'entaillais profondément puis serra le poing, laissant ruisseler mon sang à mes pieds.

-Je n'aurais de cesse de traquer, et d'exterminer un à un malgré les obstacles, toute once de vie sur ma route tant que je n'aurais pas mutilé les corps sans vie et que je n’aurais pas arraché le cœur des auteurs de cet atrocité de mes propres mains un à un. Je serais leur bête noire, leur pire cauchemar !

J'ouvris le poing et écarta largement mes doigts ensanglantés.

-De par mon sang j'en fais le serment.

Ils avaient peut être remporté une grande bataille, mais la victoire ne serait jamais leur, pas tant que je vivrais. Là ou une faible part de mes Khuladriens avaient réussis, 3 clans presque au complet avaient du se réunir pour réitérer nos exploits passés. C’était bien là la seule satisfaction que je tirais de ce malencontreux évènement, mais ce n’était pas non plus la seule leçon que j’en avais tiré. Si les Arachnéens avaient aussi peu d’amour propre et d’honneur pour engager ces couards de pirates malfamés, et cette bande de chien galeux alors soit, l’histoire se rappel des braves et audacieux, je ne permettrais jamais que l’honneur des miens ne soit bafoué à un tel point.

Sur ces pensées je rangeai ma lame d'un rapide moulinet et me mis en route pour les contrées perdues d’Edora, laissant les miens au repos. Je n'avais plus qu'une seule pensée en tête, la vengeance. Ma tâche en ce bas monde n'était pas terminée, et j'avais horreur du travail inachevé. Après tout qui veut la paix prépare la guerre, et si la paix que j’attendais se résumait à exterminer ces vaux-rien et leurs acolytes, alors soit, je les exterminerais un à un jusqu’aux derniers. Pour qu’une civilisation émerge, une autre doit disparaître…

-Valar Morghulis.

La mort, le jugement, l'enfer froid… Quand l'homme y songe il doit trembler. Notre fameuse citation d’antan, hostile à souhait certes, les hommes l’avaient certainement oublié avec le temps. Je serais là pour la leur rappeler. Cette guerre est loin d'être terminée, et l’honneur de mon peuple doit être lavé.