La rosée matinale recouvrait les brindilles d’herbes des plaines fraîches de Baduk. Il faisait froid, le soleil se levait doucement, tranquillement. Bien des choses avaient changées en ce monde. Les villes étaient désertées par la population, les tavernes n’étaient plus ouvertes de beau matin, comme cela se faisait à l’époque. Je pensais tout d’abord qu’un illustre assassin avait rayé de la carte l’ensemble les braves hommes de ce pays, mais les maisons ne semblent pas avoir été abîmées. Alors peut être que tout le monde était parti, tout simplement.

« J’y suis presque. Cela faisait bien longtemps …. Foutue Eglise ! »

Je retrouvais non sans peine l’église du village. Ces longues années où j’ai vécu comme un Hermite, reclue dans les hautes montagnes à boire du saké et me morfondre sur les bonnes choses du passé. Ce long temps passé loin de la bétise de l’homme et de sa méchanceté. Cependant, durant ces long mois passés seul, j’ai pleuré la disparition de bons nombre de mes amis. Ces êtres si chers qui m’avaient accompagnés lors de mon voyage, lorsque mon sabre épousait encore les carotides des autres guerriers de ce bas monde. Eux, qui ont cru à mes convictions, qui se sont battus sous ma banière. Je ne savais pas ce qu’ils étaient devenus, peut être étaient-ils morts, ou tout simplement avaient-ils suivi ma voix et s’étaient eux aussi cachés aux yeux du monde ?

A vrai dire, tout cela n’avait plus vraiment d’importance. Mon souhait était de leur rendre hommage, leur faire savoir que mes pensées allaient chaque jour vers eux. Je me rendais donc à l’Eglise, cette chère demeure de Dieu, peut être avait elle un jour accueillit leur corps, s’ils ne s’étaient pas fait déchiqueter par des loups, bien sûr.

J’entrais. L’endroit était sombre, quelques cierges brûlaient. J’avançais, sans dire un mot. Ce silence de mort me mettait mal à l’aise. Un homme était présent. Je le questionnais sur mes amis. Malheureusement, le viellard ne pouvait me répondre, il ne connaissait pas les noms que je lui donnais, ni même leurs descriptions.


« Alors, ils ne sont surement pas mort … »

Je déposais un cierge à mon tour, en guise de reconnaissance pour ces chers amis, pour lesquels je m’étaient déplacé jusqu’en ces lieux. L’émotion commençait à m’envahir, ce fut le tour des larmes de ruisseler le long de mon masque. Sanglotant, je tombais à genoux, et lançais ces mots, pleins d’espoir et de regrets :

« Mes amis ! Où êtes vous ?! Pardonnez moi d’être parti, pardonnez ma lâcheté ! Je suis toujours vivant, c’est votre souvenir qui m’a permis de survivre ! Il y a bien longtemps que nous ne nous sommes pas vu, et je ne suis jamais revenu au village depuis tout ce temps. J’aurais tant aimé vous revoir, me saouler la gueule avec vous comme au bon vieux temps, partir chasser avec vous, et tout ce que l’on faisait quand on était tous ensemble ! Ô mes compagnons où êtes vous ? J’espère au moins que vous allez bien ! »

Je frottais mes yeux avec mon poignet, me relevais doucement, et déposais cette magnifique Rose Jaune, en guise de preuve de ma profonde amitié et de mon respect, envers ceux qui avaient jadis combattus à mes côtés.


"J'espère que vous verrez ceci un jour, cette rose est le symbole de notre amitié"