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" D'une manière ou d'une autre, je reviendrai "

Ainsi avait parlé Anarazel juste avant de s'évanouir dans une nuée sombre, laissant une jeune femme en larmes sur le sable encore chaud malgré la nuit tombée. Assise, les bras entourant ses genoux, le menton posé dessus, regardant fixement les dernières braises du petit feu qu'il avait allumé avant qu'elle n'arrive. Elle aussi se souvenait, des princes phoenix et de l'effroyable nephilim, Démétron , duquel elle avait réussi à faire tomber l'armure dans le même temps qu'elle aperçut pour la première fois le démon l'observant.Craignant immédiatement qu'il ne se projette sur l'armure convoitée, elle l'agrippa en essayant de la cacher du mieux qu'elle pouvait, ce qui déclencha l'étonnement amusé de celui qu'elle appellerait plus tard, Ana'.
Un long regard reconnaissant laissa planer un silence empli d'émotions, puis la jeune femme avait saisi une petite pierre aigüe et gravé le nom d'Anarazel sur un rebord de l'armure noire.

Curieux l'un de l'autre, ils étaient restés ensemble, avaient traversé les terres et les épreuves, les attentes, les joies, les déceptions. Il avait accepté ses maladresses, elle avait accepté sa rigueur. La vie se déroulait devant eux, simplement, ce qui convenait très bien à la demoiselle, inconsciente de l'ampleur des sentiments que lui portait son ami ou se refusant à les reconnaître. Un démon peut-il avoir des sentiments ? Un démon peut-il souffrir ? Elle l'apprit hélas bien cruellement.

Comme elle aurait voulu que ces temps bénis d'amitié restent ce qu'ils étaient... Malheureusement, Anarazel souffrait, il souffrait d'aimer, trop. Il finit par l'avouer, dans l'espoir de partager enfin cet amour, ce qui tomba comme le fracas d'un tonnerre insensé, ébranlant tout alentour, la terre, les cieux, les coeurs et les âmes.

Maelyss comprit rapidement que tout cela allait mal finir, pour lui et pour elle. Insistant, il s'était démené pour obtenir cet amour qu'elle n'avait pas, il avait tout tenté, malgré cela, elle l'aimait certes, mais pas comme il le désirait. Commande t-on à l'amour ? Qu'on le ressente ou qu'on ne le ressente pas, qu'y peut-on ? Sinon se le reprocher. Pourquoi l'aimait-il ? Pourquoi ne l'aimait-elle pas pareillement ? Elle était bien placée pour savoir que Cupidon était aveugle et que ses flèches étaient meurtrières.Elle avait souffert cette passion et son coeur n'avait pas survécu à l'ordalie.

Alors dépité, fou de douleur, Ana' lui avait donné rendez-vous là où ils s'étaient rencontrés la première fois. Il avait allumé un feu et tout de noir vêtu, le regard rougi de larmes il avait donné une lettre à Maelyss qui avait pâli en lisant les deux mots écrits dessus: " Je t'aime "

Commande t-on à l'amour ? Pourquoi ne le ressentait-elle pas ? Pourquoi le ressentait-il ? Les questions restèrent sans réponses, au-delà de sa rage d'être impuissante, Maelyss fondit bêtement en larmes, il avait dit des mots qu'elle n'avait pas entendus, il l'avait embrassée puis il avait disparu.

D'autres années s'étaient écoulées, amenuisant lentement mais sûrement le goût de sa vie malgré une rencontre fantastique. Maelyss n'avait jamais oublié la douleur d'Anarazel, la sienne non plus, l'impossible contact, l'incapacité à être simplement un ami ou une amante sans que l'un comme l'autre en soit davantage condamnable. Ainsi va la vie, ainsi vont les sentiments.

Pourtant quand Ana' revint sous la forme d'Azanar, il avait ramené avec lui un peu de cette lumière qui manquait à la vie, elle retrouvait intact ce plaisir d'être simplement avec lui, mais rien n'avait changé véritablement, l'amour n'avait ni disparu, ni apparu, le dilemme restait le même.Que fallait-il qu'elle fasse pour qu'il accepte son amitié comme elle était ? Que devait-il faire pour qu'elle l'aime comme il le voulait ? L'amour n'est-il pas en premier lieu de prendre l'autre comme il est ? Avec ses " trop " et ses " trop peu ". Ou alors, l'amour ne serait-il qu'une affaire de couche partagée ? Réduit à sa plus simple expression en quelque sorte. Serait-ce là la preuve ultime de l'amour comme il l'entendait ?

Ana', quel choix me laisses-tu encore une fois ? Quelle décision puis-je prendre dans ce qui nous a toujours échappé ? Sinon celle de n'en prendre aucune.

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