L'Alchimiste

Nuseh de Guspay
Legio Ombrae


Déconnecté
 Message
Posts : 158
Threads : 16
Il y a 11 ans | Le 31 Mar 2013 00:13:42
Verset Premier : la Terre
Continent Nébullien, an 70

Tantôt nommé l’Alchimiste, Maître des Templiers, Nuseh de Guspay ou encore Punus de Yegash, bien des versions circulent au sujet de l’histoire de ce sombre personnage qui a toujours entouré les Gulr de sa présence. Sa condition même, ainsi que sa naissance, sont depuis longtemps entrés au rang de légendes, tant la vérité demeure insaisissable. Les plus superstitieux n’ont jamais hésité à inventer son histoire, parlant du mentor des Gulr comme d’une malédiction. La réalité est tout autre. L’alchimiste donc, se trouve être l’un des Premiers Nébulliens, ceux qui furent créés par l’influence magique du Keya lors de la Manifestation des Trois Formes, ceux qui naquirent à l’âge adulte, et dotés d’une intelligence infiniment supérieure à ceux qu’ils allaient enfanter. Les Premiers Nébulliens, après avoir réussi à sauvegarder leur race même s’ils en avaient altéré les conditions, se préparaient paisiblement au trépas, leur tâche en ce monde étant révolue, et le premier berceau des nébulliens fondé : la modeste ville de Lebab.

Celui qu’on allait nommer plus tard Nuseh (ce qui signifie « Espoir » en Nébullien) , était fort différent de ses congénères. Il était alors un shaman qui se passionnait pour la nature. Il possédait ainsi des herbiers gigantesques, connaissait le nom et la manière d’éviter toutes les créatures des environs de Lebab, et était capable de soigner bien des maladies. Mais toutes ces qualités cachaient un défaut, le pire de tous : la soif de pouvoir, de contrôle sur ses semblables. Le futur alchimiste, déjà, n’avait qu’une obsession, tout connaître afin de tout dominer. Cependant, s’il se savait capable de prendre le pouvoir seul, il se posait toujours une question, au sujet des Premiers Nébulliens : s’ils étaient pour le moment paisibles, ils ne verraient pas d’un bon œil que l’un des leurs bouleverse la routine. Et, si l’égo du futur maître de l’Anima Templi était déjà assez fort pour le convaincre qu’il pouvait tuer des Premiers Nébulliens sans problème, il n’était pas assez démesuré pour croire qu’il pourrait les vaincre tous s’ils étaient réunis.

Aussi, il commença à les éliminer un par un, et discrètement. Grâce à ses connaissances, et se basant sur le fait qu’il était le seul à en connaître autant, il fabriqua de nombreux poisons invisibles qu’il distribua aux Premiers Nébulliens. Ces derniers, qui étaient une centaine à la base, ne furent bientôt plus qu’une petite vingtaine, qui crut alors à une épidémie. Prenant peur, les survivants aidés de leurs descendants creusèrent une énorme fosse dans les Carrières de Lebab et ils y jetèrent tous les cadavres de leurs frères. C’est alors que vint une peur à celui qui allait devenir Nuseh de Guspay, une peur horrible et ô combien réaliste : l’approche de la mort. Le fait de l’avoir distribuée aussi aisément, d’avoir vu comment il était facile finalement de passer de vie à trépas lui fit prendre conscience que lui aussi, il pouvait mourir rapidement. Aussi mit-il provisoirement un terme à sa campagne pour trouver une solution à son problème. Son érudition avait beau être supérieure à tout ce qui existait alors, il lui fallu plusieurs années pour mettre au point une formule basée sur l’altération des quatre éléments conjugués à des rituels en l’honneur du Keya. Il nomma cette formule Al Khemie, « la modification » en langue nébullienne, terme qui au fil des âges futurs devint l’Alchimie.

Le premier des éléments à modifier était la terre. Fidèle à ce sadisme qui allait le symboliser dans bien nombre d’autres histoires, le désormais Alchimiste pensa alors à la fosse creusée dans les Carrières de Lebab, et imagina un stratagème. Le lendemain, il convoqua la vingtaine de survivants des Premiers Nébulliens dans les Carrières, prétextant qu’il avait trouvé le moyen de les rendre à jamais immortels en se servant de la force des morts. Quand tous furent réunis, notre terrible héros révéla comment, des années plus tôt, il avait empoisonné leurs congénères, dans le seul but de devenir le seul survivant parmi les Premiers Nébulliens. Il leur parla de l’Al-Khemie, de ses recherches, et du sacrifice qu’il avait maintenant à accomplir pour commencer sa route mystique vers l’immortalité. Et tout au long de ses paroles, celui qui deviendrait le maître des templiers changea d’apparence, révélant sa vraie nature. Sa peau s’assombrit jusqu’à devenir complètement noire, et ses yeux devinrent une brûlante lueur jaune. Toute sa morphologie fut transformée par sa haine.

Et alors que les Premiers Nébulliens, au départ horrifiés par les propos de leur frère, se rendaient compte de ce qu’il allait arriver et commençaient à fuir, l’Alchimiste révéla les pouvoirs que conféraient la haine aux êtres créés par le Keya. De ses mains jaillirent des éclairs qui paralysèrent instantanément tous les fuyards qui tombèrent dans la fosse. Il fit ensuite tomber des torrents de terre au-dessus des malheureux, les vouant à une mort atroce sous des dizaines de mètres de terre. Seul au milieu de ce spectacle macabre, celui qu’on nommerait Nuseh se mit à prier, remerciant le Keya de lui avoir donné la chance de goûter au vrai pouvoir, et lui promettant qu’un jour, il transmettrait ce pouvoir à des descendants… si toutefois ceux-ci s’en montraient dignes. Tournant les talons aux enterrés vivants qui hurlaient leur désespoir, remis de leur paralysie, l’Alchimiste rabattit sa capuche sur sa tête et ferma son manteau, afin que nul ne puisse voir quelle était désormais sa différence qu’il désirait cacher jalousement. Puis, au moyen de ses éclairs, il détruisit le symbole de l’unité des Premiers Nébulliens, la tour de Lebab, qui avait le pouvoir de garder les descendants unis. Du fait de la destruction de la tour, les descendants partirent chacun de leur côté, et formèrent ainsi les premières tribus Nébulliennes. Pendant ce temps, l’Alchimiste jubilait : la calcination, le rituel de la Terre, était accompli.

Ainsi naquit l’œuvre au Noir, fondée à partir de la Terre, qui constitue le premier jalon du Grand Œuvre Alchimique.


Nuseh de Guspay
Legio Ombrae


Déconnecté
 Message
Posts : 158
Threads : 16
Il y a 11 ans | Le 31 Mar 2013 00:13:56
Verset Second : l’Air
Continent Nébullien, an 308

Les années passèrent. La Calcination Alchimique, fruit d’un sacrifice abominable, avait été un grand succès, et l’Alchimiste pouvait maintenant s’en servir pour allonger considérablement son espérance de vie. En effet, par un procédé inexpliqué, le rituel avait imprégné la capuche de l’Alchimiste, qui ralentissait maintenant le vieillissement des cellules du corps de son porteur. Ce dernier essaya pendant plus d’un siècle de continuer à avancer sur sa formule, mais en vain. Il ne trouvait pas d’artefact assez puissant pour lui permettre d’atteindre la seconde phase de son Œuvre. Alors, peu à peu, il abandonna ses travaux, attendant que le temps fasse son œuvre, attendant que viennent les jours de la décrépitude, de l’agonie et de la mort. Il s’avouait vaincu. Il était fatigué d’avoir voué la grande majorité de sa vie exceptionnellement longue à la recherche d’un trésor futile. Qui, franchement, pouvait vaincre la mort ? La vie n’était pas infinie… et la fin, justement, se rapprochait pour l’Alchimiste.

En revanche, en Nebullia, les descendants des Premiers Nébulliens, qui s’étaient séparés en plusieurs tribus, se développèrent rapidement. Ils réussirent rapidement à comprendre et à utiliser les technologies inventées par les Premiers Nébulliens, qui avaient aussi été éparpillées après la destruction de la tour de Lebab. Avec l’utilisation de ces sciences, les descendants se mirent aussi à explorer le monde qui leur avait été laissé : et c’est là qu’ils entrèrent en connaissance d’autres races, parmi lesquelles les nains. Ces derniers avaient été, comme tout, créés par le Keya, mais ils n’avaient jamais quitté leurs montagnes du nord. Les rares contacts avaient été hostiles, et les témoignages des quelques survivants à ces combats, s’ils n’omettaient pas de qualifier la technique de combat des nains comme exceptionnelle, faisaient surtout état de la richesse de leurs accoutrements et de leurs armes. On racontait que tout, là-bas, brillait. Les ponts, les maisons au sein de la roche étaient recouverts d’or. Et une mine, particulièrement, était réputée pour sa richesse : celle qu’on avait nommé Azgal (le Trésor, en langue naine). Son chef, Ligön, portait, d’après les dires, une armure magique, magnifique, tapissée d’un métal encore plus précieux que l’or, et plus résistant que le plus dur des aciers. On disait que l’armure avait été forgée avec le Cœur de la Montagne, le trésor le plus précieux des nains.

Par un hasard heureux la nouvelle de cette race, et plus particulièrement de cette armure, était venue aux oreilles de l’Alchimiste. Durant toutes ces années de solitude, celui qui deviendrait le maître de l’Anima Templi avait développé une avarice impressionnante. Il raffolait de tout ce qui était précieux, brillant, et estimait d’ailleurs que seuls les Premiers Nébulliens, donc seul lui, pouvait détenir les richesses que le Keya avait offert au monde. Alors, l’Alchimiste se mit en route vers Azgal Son périple fut long, et parsemé d’embûches. Par deux fois, il se retrouva en difficulté : la première lorsqu’un essaim de monstres ailés l’attaqua à la sortie du Keytek, alors qu’il montait vers le nord. Mais s’il crut mourir, ce fut lors de sa traversée du col de la Corne Rouge, un passage obligatoire mais ô combien dangereux vers la mine d’Azgal. La neige était dense, et tombait de manière ininterrompue, tel un flot argenté, aussi l’Alchimiste fut très vite enseveli sous des tonnes de neige. Il usa les dernières forces qui lui restaient pour invoquer la flamme d’Har, le sort qui lui avait déjà permis de vaincre tous ses frères bien des années plus tard. La puissance qui émana de la flamme d’Har fit fondre toute la neige sur le col, tellement qu’un lac, nommé plus tard le Lac du Miroir, fut créé là où la neige fondue tomba. Enfin, l’Alchimiste était sauvé, et pu entrer par les deux Portes qui étaient enfoncées.

Ce n’est pas la beauté des lieux qui frappa l’Alchimiste. Certes, tout était tel qu’on le décrivait, et la lueur des flambeaux ajoutaient aux pierres précieuses une lueur presque divine. Les ponts d’or, les maisons aux fenêtres de cristal, tout était conforme aux descriptions des rescapés. Seulement, à peine l’Alchimiste était-il entré qu’il entendit le bruit d’épées qui s’entrechoquaient et la clameur de guerriers se battant. Enquêtant prestement, il découvrit que des descendants des Premiers Nébulliens étaient aux prises avec des nains, parmi lesquels se trouvait un, plus grand que les autres, et arborant une armure si blanche qu’il était presque impossible de la regarder vraiment : Ligön, avec son armure du Cœur de la Montagne. Celle-ci scintillait, et provoqua instantanément le désir de l’Alchimiste. Alors, ce dernier engagea le combat aux côtés des descendants. Grâce à son aide, ils purent vaincre toute la garde de Ligön, et, même si le seigneur de la mine d’Azgal était puissant et protégé par son armure, il ne pouvait rien face à un Premier Nébullien. Il fut rapidement vaincu, et Nuseh proposa aux descendants de tirer au sort lequel pourrait revêtir l’armure. Les descendants, ignorant qui était l’encapuchonné qui venait de leur apporter de l’aide, lui firent confiance. Malheureusement pour eux, l’Alchimiste truqua le jeu, et gagna. Il enfila donc l’armure. Afin de savourer pleinement ce moment de victoire, il déchaîna sa haine sur les descendants, et les fit tomber dans l’un des puits sans fond des mines d’Azgal.

Au même moment que les descendants chutaient vers une mort certaine, l’armure se mit alors à s’assombrir jusqu’à devenir entièrement noire, seul un aigle semblait scintiller sur le poitrail de la protection. Un sentiment de bien être enveloppa le corps de l’Alchimiste, semblable à celui qu’il avait connu après la première phase de son Œuvre Alchimique. Mais cet effet s’estompa très vite, et l’armure redevint aussi blanche qu’elle l’était auparavant. Ne comprenant pas, l’Alchimiste se résolu à vouloir quitter la mine. Seulement, il ignorait qu’en jetant les descendants dans le puits, il avait réveillé une créature maléfique, le Balrog qui veillait sur les profondeurs des mondes. Et voici que le Balrog lui barrait la route, sur le seul pont qui pouvait mener à la sortie. Les deux êtres s’affrontèrent, et longtemps, leurs forces étant équivalentes, le combat stagna. Malheureusement, si les deux protagonistes semblaient si puissants qu’ils semblaient invincibles, ce n’était pas le cas de l’or avec lequel avait été bâti le pont sur lequel ils se battaient. L’arche finit par céder, et ils tombèrent dans l’abîme. Ils se battirent pendant une éternité qui ne dura, en temps nébullien, qu’une seconde, tandis qu’ils chutaient sans fin. Finalement, l’Alchimiste vêtu de son armure vainquit le Balrog, et il fut ramené aux portes de la mine d’Azgal, qui, déchue de son Balrog, fut condamnée à jamais. Alors qu’il reprenait ses esprits, de nouveau, son armure s’assombrit pour redevenir plus noire que jamais. L’aigle doré, cette fois, était bien distinct sur la poitrine de l’Alchimiste. Le sentiment de bien-être revint, et l’Alchimiste su qu’il avait réalisé sa deuxième phase, celle de l’Air, la Purification Alchimique.

Ainsi naquit l’œuvre au Blanc, fondée à partir de l’Air, qui constitue le second jalon du Grand Œuvre Alchimique.


Nuseh de Guspay
Legio Ombrae


Déconnecté
 Message
Posts : 158
Threads : 16
Il y a 11 ans | Le 31 Mar 2013 00:14:20
Verset Troisième : l’Eau
Continent Nébullien, ans 501 à 514

Les deux siècles qui suivirent virent les tribus des descendants des premiers Nébulliens, malgré le précieux héritage reçu de leurs aïeux, ne pas réussir à s’unir afin de former une entité, un tout homogène qui permettrait de construire une grande puissance. Pire encore, ils demeuraient organisés en tribus rivales, ayant chacun leur propre organisation et leurs propres divinités. Ainsi, les tribus qui s’étaient installés dans le Keytek vouaient une vénération de tous les instants à un Ent planté au centre d’une clairière de cyprès aux feuilles d’or, les nains du nord avaient offert leur dévotion à leurs plus grandes montagnes, les affublant de noms tous plus ridicules les uns que les autres, les marins du sud vouaient à un culte la mer et ses habitants marins, tandis que les trolls, race la plus puissante en cette époque de Nebullia, ne priaient qu’en leur sainte boisson et en leurs farouches combats. Tous avaient oublié quel était le créateur du Tout et du Quand, tous s’étaient perdus dans leur contemplation d’une religion faussée, tous sauf un, l’Alchimiste, qui durant toutes ces années voyageait à travers les contrées de Nebullia, attendant patiemment que les heures de la Révélation s’annoncent.

L’Alchimiste, après ses premières aventures et la découverte des deux premiers jalons de son Grand-Œuvre, avait fini par comprendre que la science mystique dans laquelle il aspirait à devenir le plus grand maître jamais connu n’était pas très éloignée de l’étude des arcanes élémentaires. Naturellement, il avait découvert que la prochaine phase alchimique serait en rapport avec l’eau. Aussi s’était-il mis en route vers Oshgerrat, l’ile-cité bâtie dans la mer du sud. A cette époque, nul contact n’avait été établi – ou, du moins, personne ne se souvenait qu’une telle chose se soit passée – entre les habitants d’Oshgerrat et ceux du continent, malgré le fait que ceux d’Oshgerrat possèdent déjà de puissants navires, conçus par les Premiers Nébulliens et abandonnés là après la trahison de celui qu’on nommerait Nuseh. Ce dernier, afin de ne pas choquer, profita du fait que nul registre des naissances ou de la population n’existait encore pour s’inventer une identité, disant se nommer Punus, le Connaisseur. Grâce aux richesses qu’il n’avait pas manqué d’amener avec lui, il put s’offrir une réputation de choix, et, comme il était déjà, à cette époque, d’une grande sagesse, on venait souvent le trouver afin d’obtenir de précieux conseils, allant même jusqu’à le payer grassement. Fort de cette rente, Punus put facilement s’installer dans une demeure de maître, dans le quartier riche de Yegash, situé à la pointe nord de l’île.

C’est dans cette demeure qu’il reçut la visite, un soir, d’un homme plus intelligent que les autres, doté d’une ruse sans égal et d’un sens de la répartie déroutant. Cet homme vint le rencontrer avec son fils, que l’Alchimiste sentait comme ayant un gros potentiel, plus gros encore que celui de son père. Cette famille était très intéressante, et il ne faisait nul doute qu’un jour viendrait où ils seraient les héritiers des Premiers Nébulliens, même si cela prendrait certainement plusieurs générations, et bien des siècles. L’homme lui apprit se nommer Saeculia. Son fils était Ethiriès. Saeculia était venu le trouver afin de s’offrir les conseils de l’Alchimiste. Il voulait s’enrichir, et prendre le contrôle de la ville. Celui qu’on nommait alors Punus vit là une excellente occasion de se rapprocher de son Grand-Œuvre. Il offrit à Saeculia bien plus que des conseils et de l’or, il lui donna tout simplement des plans et des croquis qu’il tenait de ses frères assassinés, expliquant la manière de construire une cité irriguée, dotée de fontaines d’eau potable et de lavoirs. Grâce à ces précieux parchemins, Saeculia, aidé de ses amis Trius et Bazek, fonda la Ligue des Eaux, organisant des taxes sur l’utilisation des merveilles qu’ils mettaient à disposition des habitants d’Oshgerrat.

Les années passèrent et leur fortune augmenta considérablement, et de manière très rapide. La Ligue des Eaux ne manqua pas de remercier chaleureusement et en espèces trébuchantes l’Alchimiste, à qui ils devaient tout ceci. Ce dernier sentit, en l’an 507, un profond bouleversement dans l’équilibre des choses. Durant toute une année, il resta cloîtré dans sa demeure, cherchant à l’aide de pentacles et de cartes les raisons de ce bouleversement. Il avait son idée à ce sujet… quelque part, le Keya lui avait envoyé un signe. Un héritier, quelqu’un à qui il faudrait enseigner les arts des Premiers Nébulliens. À qui il faudrait enseigner le Grand-Œuvre. Il faudrait à l’Alchimiste, un jour, reprendre sa route afin de trouver ce signe. Mais d’abord, il lui fallait trouver le jalon de l’Eau. Cependant, venant contrarier ses plans, dans la ville, la richesse de Saeculia et ses compagnons attira bien vite la jalousie et la colère des prêtres de la Mer et de la dynastie Ogoïenne, qui s’estimait lésée de ne recevoir aucun pourcentage des montagnes d’or qui s’amoncelaient dans les coffres de la Ligue des Eaux. En l’an 510, les dirigeants d’Oshgerrat décidèrent de bannir Trius, Bazek, Saeculia et Punus sur l’île d’Opale, voisine inhospitalière d’Oshgerrat. Les quatre furent bientôt rejoints par tous ceux qui étaient hostiles aux Ogoïens, formant ainsi les premières vagues de ce qui entra dans l’histoire de l’île comme la Milice d’Opale.

L’Alchimiste était en colère, furieux de se voir ainsi refuser l’accès à Oshgerrat, et à ses précieux navires. Il était, avec ceux qu’il avait voulu aidé, coincé sur ce misérable îlot, lui, l’unique Premier Nébullien encore vivant, l’Alchimiste aux connaissances infinies. Alors, attisé par sa haine, il entreprit de se venger. Cela lui pris trois années entières de construire un plan machiavélique qui ne laisserait aucune chance aux fous qui avaient eu l’audace de lui interdire d’aller où bon lui semblait. Ils commencèrent par dérober un navire. Trius, qui était un excellent nageur, se rendit jusqu’au port d’Oshgerrat, situé pourtant à plusieurs kilomètres de l’île d’Opale, accompagné de quelques courageux. Certains ne survécurent pas à la traversée, et périrent noyés, épuisés par la longue nage. Trius réussit pourtant à voler non pas un mais deux des navires qui appartenait aux Prêtres de la Mer, et à le ramener jusque l’île d’Opale. Saeculia, investi d’une mission très importante par l’Alchimiste, prit le premier navire pour se rendre sur le continent, accompagné de quelques suivants. Son objectif était d’entrer en contact avec d’autres tribus, et plus spécialement une certaine tribu nomade appelés les Zociès, afin de se forger une alliance intéressante pour la suite des évènements, qui garantiraient ainsi une certaine stabilité aux membres de la Ligue des Eaux une fois qu’ils auraient pris le pouvoir.

Pendant ce temps, l’Alchimiste organisa la révolte. Bazek, toujours de mèche avec les grands comptables de la ville, mit tout en œuvre pour que les taxes, suspendues par décret Ogoïen, puissent être de nouveau perçues. Trius se rendit avec Punus et Ethiriès, qui était maintenant un jeune adulte plein de vivacité, et un excellent combattant, à la tête de la Milice d’Opale, et s’installèrent dans les égouts de la ville. Munis des plans des Premiers Nébulliens, les rebelles n’eurent aucun mal à bloquer les vannes d’évacuation des eaux et à désactiver les fontaines garantissant l’accès à une eau saine pour tous. Personne, dans la ville, ne comprenant ce qu’il se passait, le peuple se mit à gronder, déclarant que si leurs dirigeants ne pouvaient leur garantir l’eau, il fallait que la Ligue des Eaux revienne. Ce fut à ce moment que Trius se rendit au Palais Ogoïen afin d’exiger la destitution de la dynastie en place, accompagné de l’Alchimiste et du fils de Saeculia. En chemin, ils eurent le soin d’haranguer les foules, et la troupe qui accompagnait les rebelles se mit à grossir à vue d’œil, si bien que lorsque tout ce monde arriva devant les portes du Palais, les gardes n’eurent le choix d’ouvrir, horrifiés par la quantité de personnes hostiles qui n’attendaient qu’un malencontreux geste pour laisser libre cours à leur ivresse meurtrière.

A l’entrée dans le palais, un garde crut bon de décocher une flèche en plein cœur de Trius, le tuant instantanément. Ce fut le début de la boucherie. Marins et paysans, armés de rames ou de fourches, tous devenaient en cet instant de farouches combattants, motivés pour libérer leur condition, ignorant totalement que leurs actes et leurs pensées étaient alors dictés. L’Alchimiste, pour la première fois, faisait état de cette compétence qui lui serait plus tard bien des fois utile, cette faculté à pouvoir mener des peuples entiers pour accomplir ses objectifs personnels. On se livra dans le Palais à des atrocités sans nom. Les hommes Ogoïens furent tous pendus, sans exception, aux remparts, tandis que les femmes, après avoir été violées, se retrouvaient amputées de leurs bras. Quant eux enfants, l’Alchimiste exigea qu’on leur crève les yeux, afin que jamais ils ne puissent reconnaître les meurtriers de leurs pères, et que jamais ils ne puissent se venger. Enfin, l’Alchimiste laissa Ethiriès annoncer la victoire des siens et la restitution de la Ligue des Eaux, tandis qu’il allait, lui, affronter celui dont il avait interdit qu’on le touche. Il monta les marches froides du Palais, désormais silencieuses après le départ de tous les combattants, se dirigeant la salle du trône, dont la porte était grande ouverte.

Sa cible n’était pas du genre à fuir, et tant mieux, cela allait simplifier les choses. Rentrant dans la salle, il fit face à celui qu’il allait tuer : le Grand-Prêtre de la Mer, Patriarche de la Dynastie Ogoïenne. Si c’était autrefois un marin respecté, à la réputation sulfureuse, il était maintenant devenu un vieillard que le poids des années n’avait pas épargné. Ils se firent face un long moment, aucun des deux n’osant rompre le silence presque religieux du moment. Puis, manifestant une dextérité surprenante à son âge, le Grand-Prêtre, muni d’une épée, fondit sur l’Alchimiste. Celui-ci para, et donna un coup au Grand-Prêtre, qui tomba en arrière dans l’un des bassins de la salle du trône. Ecrasant alors le malheureux de sa botte, l’Alchimiste noya le Grand Prêtre, se forçant à affronter le regard effrayé et désespéré de celui qui cherchait une solution là où il n’y en avait plus. Il regarda non sans un certain plaisir les yeux révulsés du mourant quand les dernières traces de vie s’échappèrent de son corps, et sentit que le troisième jalon était enfin accompli. Sortant du palais, il assista au retour et à la consécration de Saeculia, qui annonçait qu’il avait rencontré, sur le Continent, d’autres hommes qui seraient ravi de s’allier à eux. Celui qui se ferait plus tard nommer Nuseh venait d’aider la création, sans le savoir, de ceux qui allaient devenir les puissants Princes-Marchands d’Oshgerrat. L’Alchimiste, conscient que soin devoir en ce lieu était accompli, pris congé de Saeculia, se promettant de garder toujours un œil sur cette famille.

Ainsi naquit l’œuvre au Jaune, fondée à partir de l’Eau, qui constitue le troisième jalon du Grand Œuvre Alchimique.


Nuseh de Guspay
Legio Ombrae


Déconnecté
 Message
Posts : 158
Threads : 16
Il y a 11 ans | Le 31 Mar 2013 00:14:36
Verset Quatrième : le Feu
Continent Nébullien, ans 847 à 863

Après les évènements d’Osgerrat, l’Alchimiste se retira dans les cavernes du nord-est de Nebullia. Ces hautes montagnes fumantes, qu’on disait divines en raison de la lave qu’elles pouvaient projeter, n’étaient autres que des volcans, qui, selon les estimations de celui qui deviendrait le maître de l’Anima Templi, étaient pour l’instant endormis. Il y étudia les phases du Grand-Œuvre, afin que rien ne soit laissé au hasard. Le temps approchait où l’Alchimie serait enfin réalisée, où le mythe de l’immortalité, de la richesse et de la résistance à toutes les maladies deviendrait enfin réalité. L’Alchimiste faisait alors preuve de toute sa patience. Cela ne servait à rien de se précipiter, tout viendrait quand l’heure serait venue. Le Keya, maître du Tout et du Quand, saurait mettre Nuseh sur la voie du Feu, le quatrième et dernier élément du Grand-Œuvre. Et il ne faisait aucun doute que cette manifestation aurait lieu ici, au milieu de ces volcans éteints. Aussi, quand son étude fut terminée, et qu’il était certain de maîtriser tout ce qui pouvait l’être, végéta-t-il pendant des siècles entiers, ne se préoccupant que peu des préoccupations du monde extérieur, se contentant de survivre en attendant son heure. Sa vie d’ermite lui permis, entre autres, de se rapprocher du Keya. Il eu le temps d’apprendre la dévotion, et le sens du mot « religion ». Il devint, dans ces années de méditation, plus pieux, ne changeant cependant en rien son caractère dément, mais obéissant maintenant aux préceptes du Keya.

Parallèlement à tout ceci, en l’an 847, la tribu des Zociès, dont l’Alchimiste avait, depuis Oshgerrat, manigancé la rencontre avec Saeculia, changea de sage. Yachim laissa la place à son fils Erst, un érudit qui manifestait une grande connaissance aussi bien des plantes et des incantations que de la tactique militaire. Un jour qu’il revenait, justement, d’une glorieuse victoire, Erst fut frappé d’insolation, et s’écroula, seul, sur le bord du chemin. Son esprit se mit alors à voyager à travers les temps et les mondes. Il vit l’unification des peuples de Nebullia, et la construction d’une capitale magnifique, demeure des Arts et temple de la Connaissance. Il vit le règne d’une armée puissante dont les blasons étaient frappés d’un aigle d’or sur un monde perverti par l’avarice et l’absence totale de noblesse. Il vit de sombres guerriers et mages détruire un édifice religieux marqué d’une croix. Il vit un être encapuchonné, vêtu d’une lourde armure noire, vivre reclus dans une caverne. Il vit beaucoup de sang, et beaucoup d’or. Il vit le pouvoir et le potentiel qui était le sien. C’est lorsqu’il réalisa qu’il voyait le futur qu’il Le vit. Le Keya, aigle dont les plumes d’or étincelaient. Mieux encore, il l’écouta, pendant ce qui sembla être une éternité, alors que le Dieu de Nebullia lui révéla la Vérité. Il connaissait maintenant le destin de cette nation, il savait qu’il était amené à faire de grandes choses. Ce fut l’Illumination Primaire. Il y eut un battement de cils, et Erst se retrouva, allongé sur le bord du chemin, là où il était tombé. Observant la place du soleil dans le ciel rougeâtre de Nebullia, il s’aperçut qu’il ne s’était écoulé que quelques minutes depuis qu’il s’était écroulé.

Erst se releva avec une idée fixe en tête : retrouver l’être encapuchonné de sa vision. Il avait senti quelque chose d’étrange quand il avait vu cela, comme si l’évènement était très proche. Alors, il se mit à parcourir pendant des années entières les campements et les villes des tribus qui n’étaient toujours pas unifiées, à la recherche d’informations sur cet homme. Comme il était doté d’une très grande et très noble réputation dans toutes les tribus, on le laissait bien volontiers passer. En échange de l’hospitalité de ses hôtes, Erst leur parlait, des heures entières, du Keya et de la possibilité de faire un peuple unique, unifié afin de prospérer. Malheureusement, les gens n’étaient encore pas prêts à écouter ces discours, et le Visionnaire ne récoltait souvent que moqueries après ses propos religieux et politiques. Un soir qu’il discutait dans une tribu établie au pied des montagnes enfumées du nord-est de ses théories sur la construction d’une ville pour rassembler tous les peuples du continent, et qu’il se mit à identifier le Keya à un aigle doré, il remarqua une agitation étrange dans l’auditoire. Plusieurs hommes, qui avaient pourtant l’air d’être de farouches guerriers, paraissaient comme effrayés, remuant sur leurs tabourets. Erst stoppa son discours, et fis parler les hommes. L’un d’eux lui révéla que des Aigles dorés avaient été peints dans plusieurs cavernes, là-haut dans les monts de feu. C’était là la demeure, toujours selon l’homme de la tribu, d’un esprit puissant qu’il ne fallait en aucun cas déranger.

Erst sentit qu’il avait là trouvé l’être de sa vision. Il prit aussitôt congé de ses hôtes, et sortit dans la nuit noire afin de gravir les sentiers qui menaient aux grottes. L’ascension lui prit plusieurs heures, si bien que le soleil commençait à se lever lorsqu’il arriva en vue des ouvertures sombres dans la roche. L’ombre des montagnes, toutefois, contribuait grandement à garder une certaine pénombre. Toutes les entrées des grottes avaient été repeintes d’un aigle d’or. A certains endroits, d’autres symboles avaient été dessinés en-dessous, comme pour ne pas les oublier. Ainsi, l’aigle côtoyait volontiers une croix pattée, une pyramide inachevée ainsi qu’un serpent se mordant la queue. Autant de runes étranges qui inspiraient la crainte sur le maître des lieux. Erst comprenait maintenant la frayeur des hommes qui lui avaient indiqué le chemin jusqu’ici. Et, malgré toute sa bravoure, il n’était pas loin de la partager. Optant pour la caverne du milieu, il avait allumé une torche et s’avançait dans le tunnel rocheux. Les murs étaient tapissés de runes plus étranges encore qu’au-dehors, que Erst reconnaissait pour être des formules mathématiques, l’art perdu des Premiers Nébulliens. Plusieurs d’entre elles étaient d’ailleurs identiques, semblant baptiser la grotte, formant les lettres G, U, S, P, A, Y. Et, au détour d’une paroi de la caverne, les deux êtres qui allaient construire, ensemble, les fondations de l’Empire du Keya, finirent, inévitablement, par se rencontrer. Erst tomba sur l’Alchimiste, qui était, comme à son habitude ces temps-là, en pleine transe. L’apparition d’Erst, toutefois, le perturba assez pour le réveiller, et, longtemps, les deux hommes s’observèrent sans mot dire. Erst était vêtu d’une soutane grise, et la capuche n’étant pas rabattue, on pouvait distinguer les traits vigoureux du sage. Quant à celui qu’on nommerait Nuseh, son armure noire luisait sous la lueur de la torche d’Erst, alors que ses yeux dorés scrutaient la pénombre, observant le nouveau venu.

L’Alchimiste, connaisseur des secrets du Keya, sut alors que l’heure du Grand-Œuvre était enfin arrivée. Le Keya lui offrait un apprenti, l’Héritier des Premiers Nébulliens. Un homme sage, et intelligent, qui pourrait construire et surtout diriger une civilisation puissante et riche. Un être suffisamment compétent pour assurer la pérennité de ce monde pour les siècles à venir. Et surtout, un esprit suffisamment riche, qui pourrait comprendre le Grand-Œuvre. Alors, même si son premier réflexe avait été de tirer l’épée qu’il gardait toujours près de lui, même si Erst, dans la crainte de sa rencontre avec l’être surnaturel qu’était l’Alchimiste avait dégainé sa lame pour se défendre, les deux se calmèrent, et discutèrent. L’Alchimiste écouta d’abord le Visionnaire lui raconter sa rencontre avec le Keya lors d’un songe, n’omettant aucun détail, et ensuite, il lui expliqua tout ce qu’il y avait à savoir. Il lui raconta qui il était, et quelles étaient les atrocités commises au long de son existence. Il lui montra le Grand-Œuvre auquel il manquait le dernier Jalon. Il lui démontra qu’il existait une quantité infinie de mondes, qui ne demandaient qu’à être colonisés et exploités. Il lui apprit comment inspirer la crainte et le respect de ses pairs, et comment obtenir gain de cause avec l’imposition de l’idéologie du Keya comme seule et unique religion. Tout cela prendrait du temps, bien sûr, des siècles voire des millénaires, mais ils avaient presque le Grand-Œuvre, et donc tout le temps nécessaire.

Entre autres trésors, l’Alchimiste offrit à Erst le Coffret d’Ivoire, qui suscita par la suite tellement de rumeurs et de fantasmes mystiques. Si, avant le départ de l’Alchimiste avec la flotte d’Oshgerrat des années plus tard (*) le Coffret verra renfermer la formule de l’Alchimiste, confiée aux Gulr, il ne contenait initialement qu’un tas de plan servant à construire et utiliser des machines sophistiquées qui permettraient la construction d’une gigantesque cité, ainsi que des techniques conseillées par l’Alchimiste à Erst pour prendre progressivement, sans choquer, le pouvoir total sur les peuples. Enfin, les deux êtres étaient prêts. Ils allaient maintenant achever le Grand-Œuvre en découvrant le quatrième jalon. Sans un mot, l’Alchimiste fit signe à Erst de le suivre, et ensemble, ils descendirent au fond de la caverne, située au cœur de la montagne. Quand il vit où l’Alchimiste le menait, Erst eut un haut-le-cœur : la montagne était en fait un volcan, et loin d’être endormi, puisque bouillonnait quelques dizaines de mètres en-dessous de la corniche sur laquelle ils étaient arrivés un lac de lave, menaçant à tout instant d’entrer en éruption. Un pentacle était tracé à la craie, et Erst placé en son centre. L’Alchimiste, après quelques incantations, dévisagea Erst. Il ôta sa capuche, dévoilant son corps assombri par le Grand-Œuvre, et après avoir pris la dague d’Erst, lui dit ces quelques mots : « La mort n’est que le commencement. » Après quoi, l’Alchimiste planta la dague dans le ventre d’Erst, qui tomba à terre, ne comprenant pas.

C’est alors que le signe du Keya se manifesta, sous la forme d’une éruption. Les parois se mirent à trembler, et la corniche, comme les murs, se mirent à s’effriter sous la violence des grondements. La lave bouillonnait, et des gerbes de lave venaient s’écraser aux côtés d’Erst qui gisait à terre, mourant. L’Alchimiste tenait toujours la dague lorsque celle-ci devint bouillante. Il l’enveloppa dans sa cape, conscient que le quatrième Jalon venait d’être accompli. Pour l’instant il avait d’autres priorités, à commencer par sortir de l’enfer dans lequel ils se trouvaient. Prenant Erst sur son épaule, celui qu’on nommerait Nuseh sortit en titubant de la grotte. Il jeta Erst sur le côté, sur un petit promontoire rocheux, et le rejoignit juste à temps pour voir les flots de lave jaillir de la grotte. Ils étaient sauvés. L’Alchimiste déroula alors sa cape, révélant la dague encore chaude. Le Grand-Œuvre était terminé. Il avait réussi. Le but de sa vie était accompli, pourtant, elle ne faisait que commencer, et longues seraient les épreuves qui terrasseraient l’Alchimiste. Ce jour était le début d’une nouvelle ère, et l’Alchimiste décida de se baptiser Nuseh, ce qui signifie « Espoir » en langage des Premiers Nébulliens.

Ainsi naquit l’œuvre au Rouge, fondée à partir du Feu, qui constitue le dernier jalon du Grand Œuvre Alchimique.


*Voir « Aventures en Haute-Mer »

Nuseh de Guspay
Legio Ombrae


Déconnecté
 Message
Posts : 158
Threads : 16
Il y a 11 ans | Le 31 Mar 2013 00:14:48
Epilogue
Continent Nébullien, an 863

C’est alors qu’il se passa quelque chose d’étrange. Ou plutôt, qu’il ne se passa rien. Erst était toujours inerte, presque cadavérique maintenant. L’Alchimie n’avait pas fonctionné, tout était à refaire. De rage, Nuseh mit un coup de poing dans la roche chaude, s’ouvrant la peau et saignant un peu. Observant le précieux liquide se répandre sur le promontoire qui les avait sauvés, l’Alchimiste eut soudain une idée. Au-dessus de la plaie béante où il avait enfoncé le poignard dans la poitrine d’Erst, il mit avant-bras, et délicatement avec la dague, il s’ouvrit le bras, assez pour qu’un petit flot de sang coule sur la plaie du mort, mêlant ainsi le sang d’Erst à celui des Premiers Nébulliens. Mais rien n’y fit, et Erst demeurait toujours immobile, sans souffle, mort. Tout était perdu.

C’est alors que la peau d’Erst Gulr s’assombrit et que des yeux violets s’ouvrèrent sur l’Alchimiste. L’Histoire pouvait commencer.