J’avais investi du temps et de l’argent, dans cette maisonnette. Mais, à force d’effort, il fallait l’avouer, elle avait de la gueule.

De l’extérieur, elle paraissait si petite, si étriquée, si rustique… Avec ses murs de pierres grises, et son toit de chaume, elle dénotait par rapport aux autres bâtisses de la ville, aux tuiles bleues et froides, qui rejetaient le soleil. Aucun bâtiment ne lui ressemblait.

J’étais plutôt fière de moi. Un panneau de fer forgé était appuyé contre un mur. Il ne me restait plus qu’à l’installer.

Hélant un passant pour qu’il puisse m’aider à le porter, je ressentais l’excitation envahir mon corps. Bientôt, j’allais réaliser l’un de mes vieux rêves. Non, pas gagner plein d’argent, ni devenir une star mondialement reconnue. Non, bientôt, j’ouvrirais une auberge.



C’est clair, j’aime !

Le panneau était peut être peu accueillant. Ce chat semblait plus fuir la compagnie qu’ouvrir sa porte aux clients. Mais peu importe. Tout le monde serait le bienvenu.

Je poussais la lourde porte de bois. Elle grinçait sur ses gonds. Mauvais point, ça. Bon, on était en été, elle resterait ouverte le temps qu’elle soit huilée.

Dans la vaste salle, obscurcie par un léger voile de poussière, on pouvait apercevoir de nombreuses tables et chaises. Un feu ronflait, dans l’âtre, faisant danser les ombres sur les murs nus. Quelques fauteuils moelleux se trouvaient non loin du foyer. Oh, ils ne dureraient pas longtemps, mais pour l’instant, ils donneraient une impression de chez soi. Le reste de la décoration viendrait avec le temps, avec le passage des clients et leur empreinte.

Dans le fond de la pièce, un bar s’étendait. On pouvait voir quelques dizaines de bouteilles et tonneaux à l’arrière, de formes et de couleurs étranges. Certains flacons, couverts de poussière, faisaient presque peur. Ils seraient réservés aux plus courageux. Un peu plus loin, on distinguait une porte, camouflée dans le mur. Elle menait à une petite pièce. Mes appartements. Je ne voulais pas être loin de cette ambiance. Enfin, du moins dans les premiers temps. Puis, comme tout, ça me passerait.

Sur le bar, tout proche du mur, une boule de poils avait élu domicile sur un torchon. Elle ne m’avait pas dérangé, le premier jour où j’étais passée en ce lieu. Ce n’était pas mon chat, mais celui de l’auberge. Dommage, il était roux, un pelage noir aurait mieux convenu. Il sommeillait, ouvrant un œil doré de temps en temps. Le bruit de la clientèle le ferait peut être fuir, un jour.

J’observais les bouteilles alignées. Il y en avait pour tous les goûts. Boissons chaudes ou froides, alcoolisées ou non, à base de fruit, de plantes, de racines… J’étais fière du choix que je pouvais offrir. Il faut dire que j’avais pillé les meilleures caves, celles d’Herofdead, du pôtager, quelques recettes qui me venaient de Gotrek, quelques remèdes pour tous les états humains, appris par Ombre autour d’un grand feu de joie. Il y avait même la fameuse liqueur de cactus, avec laquelle Krocker m’avait fait perdre l’esprit, à notre premier rendez-vous.

Les rares rayons de soleil qui passaient par les volets entrebâillés brillaient sur le verre. Les alcools les plus forts étaient de côté, à l’abri des saoulards et des envieux. Et, là aussi, que de belles bouteilles ! Boissons de noce, ou pour noyer son chagrin, petit verre entre amis, ou pour séduire une belle, j’avais de tout. De quoi enivrer le plus robuste des buveurs, de quoi faire tourner la tête aux plus sages, de quoi épuiser les guerriers les plus puissants à force de lever le coude. J’avais la quantité et la qualité.

Je montais le large escalier qui menait à l’étage. On pouvait marcher à trois de front sans se gêner. Je dois l’avouer, il faisait parti des points particuliers qui m’avaient fait choisir cette bâtisse pour en faire mon auberge. Il était vaste, massif. Il en imposait. Il menait à un couloir tout aussi large. Poutres apparentes, pierres de taille, porte et sol de bois, le premier aspect était rustique. Pas de belles tapisseries aux murs, ni de tableaux de maître. Mais, après tout, on ne venait pas à l’auberge pour admirer des œuvres d’art, mais pour trouver un lit moelleux, un repas consistant et des volets bien clos. Bon, connaissant les hommes, j’avais rajouté trois critères dans mon auberge : une cave bien pleine, la proximité d’un bordel et des murs si épais qu’aucun bruit ne filtrait. La tranquillité du client, en toutes circonstances.

Je continuais mon inspection. Visitant chambre après chambre, je vérifiais tout. L’état du lit, de la cheminée, des draps, des bougies… Une petite pièce d’eau attenait à chaque chambre. Rustique et primitive, elle avait le mérite d’éviter d’aller au lac, de bon matin, pour se débarbouiller. L’eau était froide, mais il y avait des serviettes douces, et propres. Presqu’un luxe.

Tout était en ordre. Je retournais au rez-de-chaussée. Le chat avait bougé. Il était passé du bar à un fauteuil, devant la cheminée. Il faudrait que je lui donne un nom, un jour. Enfin, avant de s’attacher, il fallait voir s’il s’adaptait à la nouvelle activité du lieu.

Je sortais et observais une nouvelle fois l’édifice. Mon auberge. Mon commerce. Je reculais de quelques pas. A droite de l’établissement, une drôle de boutique. Elle, elle dénotait encore plus que la taverne ! Ronde, orange, bordée de vert, aux reliefs fleuris et nervurées, une vraie maisonnette de lutin. Sortie de l’esprit d’un architecte hors du commun, aux pensées sans limite et irréaliste. Oh, je connaissais bien son créateur, bien qu’il se fasse discret, maintenant. Il vivait toujours, dans son coin, à observer avec patience les événements. Il n’avait jamais été un grand causeur, de toutes façons.

Il n’était pas non plus derrière le comptoir quand je passais le seuil de la porte. Pas de trace de Loki. Pas plus que des autres vieux amis avec qui j’avais parcouru la campagne pendant des années. Les frères Dark devaient se reposer, bien au chaud à coté de la boule de poils, tandis que Maho rêverait d’ananas. Ils étaient les ultimes survivants de cette charmante compagnie.

Non, à la place, pour accueillir les clients, un homme, l’air bourru, mal rasé, le regard vide. Avait-il trop abusé de ses produits ? Car telle était la fonction de cette petite boutique : c’était un débit de boisson en gros. Pas de bar, pas de chaise, pas de table où se reposer, uniquement un stock jamais vide, et un comptoir où déposer des pièces sonnantes et trébuchantes, en échange de ces fioles aux couleurs étranges.

Je ressortais et observais l’ensemble. Au cœur de Sato, cet oasis ferait du bien. De quoi se reposer, boire, se restaurer, et même se divertir. Il y avait tout à disposition.

Tout était en ordre, on pouvait y aller.

Oh, un dernier oubli ! Je placardais sur le mur, proche du bar, tarif et consommation. Voilà qui était mieux ! Fermant la porte de l’auberge, je me dirigeais vers la place publique. Un énorme chêne siégeait au milieu. Lieu de justice, en d’autres temps, peut-être. Sortant une fine lame de ma poche, je clouais un parchemin dessus.



Puis, au pas de course, je rentrais à la masure, attendre les premiers clients.


Hrp : Suite à une proposition, l’équipe, accepte de mettre en ligne d’autres boissons, dans cette taverne du chat noir. La boisson doit avoir une présentation rp ici (un client qui propose de nouvelles boissons, un marchand ambulant qui vient déposer sa camelote… La présentation est libre), avec son image.

L’équipe décidera en interne de la création ou non de l’objet. La réponse se fera sur ce post, comme les demandes. Il s’agira de breuvages comme ceux de la taverne FSMD, ou autres alcool.