« A tous ceux dont la noblesse d’esprit se traduit par une liberté de pensée de tous les instants, à tous ceux qui ne demeurent pas englués dans la manipulation mensongère la plus totale organisée par les plus hautes institutions de ce monde, voici ce que moi, Gilmambor Saeculia Gulr, je déclare en ce jour :
Réveillez-vous, vous qui dormez depuis trop longtemps déjà ! Ne voyez-vous pas la douloureuse engeance qui vous ronge, ne voyez pas quel est le véritable ennemi, dissimulé derrière l’écran de fumée de la soi-disant paix prônée ? Vous qui vous acharnez depuis toujours à nous combattre, à nous critiquer, à nous détruire, à nous annihiler, à nous tuer, à nous cracher dessus, contemplez l’étendue du désastre que vous avez causé. Depuis trop longtemps, vous menez le combat contre nous, tout en faisant abstraction que depuis toujours, nous sommes vos alliés les plus fidèles.
Voyez : l’église des Terres d’Argent se veut une sainte institution, prônant les valeurs de l’ancien panthéon, un ensemble de diacres réunis par les causes de la religion et de l’amour fraternel. Mais qu’en est-il véritablement ? Quels lourds secrets les prêtres vous cachent-ils ? Penchons-nous sur l’étude des textes régissant la Sainte Eglise, ces Tables du Culte, retrouvées il y a peu par Noraès et ses fidèles. Les valeurs et témoignages contenus dans ce livre sont nombreux, et tous témoignent de l’établissement d’un nombre certain de divinités, protégées par des gardiens surpuissants.
En vérité je vous le dis, ces personnages divins ne sont qu’une invention utopique et futile, imaginée par l’Eglise dans le but de manipuler vos esprits. Cette institution, jadis si brillante de par l’intellect de ses représentants, n’en est plus qu’une pâle ombre, une copie bâclée que rien ne saurait apparemment sauver. Aussi, lors de la venue de Noraès, elle a comprit le profit qui pourrait être fait afin de redorer son image, et a passé un pacte avec l’Archimage : la vérité, le contenu véridique des tables du culte ne sera connu que d’un nombre restreint d’initiés. Pour les autres… ils seront tels des enfants à qui on ment pour ne pas s’évertuer à expliquer les Mystères de la vie.
Vous savez déjà qui sont les vrais dieux, messires et princes, reines et gentes dames, infirmiers et sorciers : ceux-là même que vous avez pris pour des gardiens qui protégeaient les clés de l’Arc, leurs clés, leur Arc. Car enfin, vous tous avez vu de vos yeux la preuve de leur magnificence et de leur existence : comment pourrait-il exister divines créatures supérieures ? Certes, la question se pose du comment, comment moi, être surnaturel surgi d’un autre monde, je suis en mesure de soulever le voile opaque jeté sur les évènements théologiques. Je n’ai qu’une réponse : souvenez-vous de Raol, le dernier des 7, l’aigle d’or planant au-dessus de l’Eglise dans un but protecteur. Quand il a vu quel était le destin qu’il attendait, il s’est enfui, mais souvenez-vous surtout quels furent ses mots !
« Sachez que le trésor que vous cherchez a plusieurs significations : de la thèse originelle naîtront certainement des antithèses diverses. »
Cette citation se passe de tout mot. Sachez aussi que si vous nommez l’aigle d’or Raol, en Nebullia nous le nommons Keya. Sachez qu’il est père de tous les dieux, et qu’avec les 6 autres, il a fondé le temps et l’espace, la douleur et la mort, les mondes et la vie, l’amitié et la douleur. Ils sont le Tout et le Quand, et il ne saurait en être autrement. Ainsi, le Panthéon prôné par l’Eglise n’est qu’une vaine chimère…
Pourquoi ? Pourquoi cette institution, jadis si pieuse, si tolérante, si organisée, si brillante est-elle devenue cette organisation quasi-criminelle, si douée pour le mensonge et la tromperie ? Au plus profond de mon âme, je me le demande. A ceux qui me répondront qu’au vu de la langue originelle des Tables du Culte – lesquelles sont écrites dans un vocable ancien que plus personne ou presque ne connaît - , une erreur de traduction demeure possible, je réponds ceci : depuis que nous autres, , philosophes dévoués à la Cause des justes et des libres, amoureux de la parole et de la pensée avons rédigé notre nouvelle version des Tables, prônant la divinité des Gardiens, nous sommes perçus comme des ennemis par l’Eglise.
Pourquoi encore, une fois, s’il ne s’agit que d’une erreur toute bénigne de traduction, l’église ne prend-elle pas la peine de la corriger ? Pourquoi va-t-elle jusqu’à dénigrer, stigmatiser et exclure ceux qui ne demandent qu'à éclairer de leur lumière la voie assombrie de l'humanité ? En vérité, encore une fois je vous le dis : parce qu’elle tient trop à sa prétendue suprématie théologique pour admettre s’être trompée. Parce qu’elle a peur de nos textes révélant l’Apocalypse toute prochaine. Enfin, parce que pour rien au monde elle ne permettrait à ses fidèles de penser par eux-mêmes et de choisir librement leur dieu.
Mais loin de s’arrêter là, l’Eglise, lorsqu’elle a découvert quelle était notre version de ces Tables, a récemment entrepris la recherche du Berceau, lieu de repos éternel d’Eziak Gulr, dit le conquérant, l’un de mes ancêtres, celui qui jadis, après la guerre, apporta le savoir et la connaissance à vos aïeux, hommes de l’Eden. Cet acte à lui seul fait foi de guerre : depuis quand l’église, institution pieuse aspirant à la justice, à l’égalité et à la défense de la paix a-t-elle pour activité la recherche du trouble du repos des morts, et l’incinération des saintes reliques d’Eziak ?
Aussi, en vertu de mon statut d’Empereur immortel et légitime de Nebullia, de chef incontesté de la Legio Ombrae, de Sénéchal de l’Anima Templi, de Roi des Princes-marchands d’Oshgerrat, de Grand-Prêtre du Keya, et enfin d’héritier des Gulr, je déclare qu’à dater de ce jour et jusqu’à ce que la mort délivre cette déclaration, l’Eglise des Terres d’Argent devient notre ennemie. Tous les ressortissants de l’Eglise se verront chassés et punis de leur traîtrise ainsi que de leur engouement à la violence. Mais je précise toutefois qu’il leur sera accordé tribunal des plus équitables : car je ne suis pas homme de violence, et suis prêt à entendre leur défense, pour peu qu’elle existe.
Enfin, sachez pour terminer que notre cause n’est guère individuelle. A ceux qui le désirent, nous accepteront des alliés et des pactes dans la guerre sombre qui s’amène – car elle ne fait aucun doute. Quittons nos préjugés grotesques, abandonnons nos vieilles querelles fraternelles pour nous dresser, tous ensemble, vers le véritable ennemi, privatif de la connaissance, qui vous échut de droit inaliénable !
Aussi, je suis à l’écoute de tous propos qui pourraient m’être adressé, qu’ils soient batailleurs ou de soutien, pour peu que vous accordiez du crédit à mes mots. Bientôt, la guerre sera déclarée : il n’appartient qu’à vous de choisir votre camp : celui de la liberté pour les peuples, ou celui de l’esclavage intellectuel.
Errare Humanum est, perseverare diabolicum »