Le réveil, sensation désagréable, surtout lorsqu'on est ramené à la conscience par le contact froid et amer des gouttes de pluie. Ketsueki ouvrit les yeux sans aucune joie dans le regard, c'était bien l'inverse, il faisait pitié de le voir dans cet état.
La première chose dont il se souvint c'était ce combat.
***** La trace du sang...
Parcourant la forêt à la recherche de proies potentielles, de gros gibier, le félin avait parcouru plusieurs lieues cette journée-là, il n’avait par malheur eu aucune nourriture à se mettre sous la dent, la trace du gibier semblait chaotique et leurs trajectoires se contredisaient de l'habitude.
C'est alors que le félin croisa la route d'une famille, l'homme transportait dans une charrette une belle pièce de viande et des tonneaux de nourriture accompagnait le tout, choisissant la mauvaise route, ils ne tardèrent pas à finir sous les crocs d'une bête sauvage, répandent le sang pour sa survie, c'était les lois de la jungle, mangée ou être mangé. Après avoir fait son repas, sans plus autant ressentir la moindre satisfaction ou le moindre remords, portant une dernière fois deux pupilles couleur pourpres vers le décor macabre qui se posait devant lui. Il regagna la route, continuant son chemin vers ou bon lui semblaient. C'est alors qu'il marchait, son armure commençait à rouiller face à la furie des éléments, mais le félin ne s'en inquiétait pas, plus rien ne l'inquiétait.
Marchant dans cette journée ensoleillée, c'était la première ou la deuxième journée de printemps. Ses cheveux blancs comme la neige étaient si sales qu'il semblait grisonner, sa queue fouettait l'air qui trahissait sa lassitude, ses oreilles quant à elle étaient rabattues sur sa tête. Sans but particulier, il se laisser porter ou bon lui semblait, ne regardant jamais en arrière, il ne pouvait plus regretter ce qu'il avait fait la seule option possible c'était de continuer d'avancer..
Parce qu'il le devait, parce qu'il le lui avait promis.
C'était la dernière lueur d'espoir à laquelle il s'accrochait, car de toute manière, selon toute vraisemblance, il ne devait plus attendre beaucoup de la part du « 'Destin » » qui avait fait ce qu'il était aujourd'hui. La mort restait tout de même l'option la plus probable pour lui, il avait voulu sombrer une fois et la vie avait faite qu'il parcourait encore aujourd'hui les terres d'argent, disparaître définitivement était ce qu'il désirait. De toute manière, il n'y avait plus beaucoup d'humanité en lui, il était devenu un fauve, une bête sauvage.
Continuant d'avancer dans la forêt, écoutant l'écho de la nature qui lui offrait une symphonie digne de Beethoven, mais portant dénudé de sens pour le guerrier. Atteignant une clairière, c'est alors qu'il entendit un cri, c'était le cri d'une autre bête féroce. Ce cri perverti par la rage semblait empreint de tous les maux de l'humanité. Alors qu'il se retourna, il n'eut que le temps d'esquiver un coup un peu malhabile, mais avec la puissance du désespoir. Sans prendre le temps de voir à qui il avait affaire, Ketsue dégaina sa lame, car peu importe les raisons à en être ainsi, un ennemi reste un ennemi. Il vit le visage empli de larmes d'un jeune homme qui devait friser la vingtaine, il portait une machette comme unique arme et sa technique ne semblait pas extraordinaire. Il cria des choses qui n'intéressait nullement le félin qui le fixait maintenant dans les yeux, attendant le moment propice pour attaquer, jouant au chat et à la souris.
Le jeune homme fils de fermier déclara qu'il était maintenant veuf avant même d'avoir eu le temps de se marier parce que le fermier qui était mort quelques instants auparavant et ses filles était sa promise.. Balivernes !
Comment avait-il réussi à le suivre de toute manière ? Sans pour autant détourner les yeux de l'homme à la machette, il semblait si peiné qu'il se contrefichait royalement d'assassiner un enfant. Tout ne dura qu'un bref instant, une fois de plus le bien venait encore de triompher du mal. Le jeune homme fonça, Ketsueki se prépara à contre-attaquer, ce qui devait être une manoeuvre d'escrime basique se transforma en hémoglobine. Alors que le félin aux yeux pourpre s'apprêta à lui faire voler la tête, il aperçut enroulé autour du bras droit de l'homme un ruban rouge. Le fauve se remémora qu'alors qu'il mangeait des légumes salés, il avait vu le cadavre de la fille qui parmi les trois devait être l'aînée, sa chevelure était blonde comme le blé et sa coiffure était une tignasse retenue par un bandeau bleu.
La simple vue du ruban rouge arrêta net le félin, se remémorant les paroles qu'une féline lui avait dit un jour, que ces fils rouges reliaient le coeur de deux âmes soeurs.. L'espace d'un instant, il comprit même toute la rage qu'il ressentait à son égard puis… …
Clin !!!
Cet unique son résonna, tout était terminé. Le félin s'effondra sur le coup, il avait été terrassé,
le bien triomphera toujours du mal.
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