L'Ombre qui voulait être Gulr.

Arminas Oronar Gulr
Kraken


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Il y a 13 ans | Le 23 Apr 2011 21:33:17


Jamais.
Jamais, Ô grand jamais, une Ombre, aussi intelligente soit-elle, n’égalera un Gulr.
Mais une d’entre elle voulu s’y risquer.



Terre de Baduk, Eden, de nos jours.

Arminas Oronar, l’Ombre du Destin, se trouvait aux abords d’un lac couvert d’une épaisse couche de glace.
C’était l’hiver, en Eden, et dans la région montagneuse où il se trouvait, il avait neigé en abondance, ces derniers temps.

Il se rendait pour la première fois depuis qu’il était Ombre, là où il avait vécu en ermite, des années durant.
Alors qu’il avançait autour des rives du lac qu’il avait jadis arpenté de nombreuses fois, Arminas avançait vers une excavation qui se démarquait nettement sous le manteau blanc du décor.
Il marqua une légère pose. C’était à cet endroit précis qu’il avait vu pour la première fois Elessar, l’Ombrae Censor.
Arminas ressentit un frisson lui parcourant l’échine. Maintenant qu’il était Ombrae, il ressentait le pouvoir du Keya qui avait été exercé ici.
Mais la simple apparition de l’Ombre du Censor ne pouvait provoquer un frisson si intense.
Son regard se tourna machinalement vers son antre.
Oui.
Elessar lui avait signifié que cet endroit était jadis l’un des nombreux portails menant de Nebullia en Eden, l’œuvre de la puissance du Keya se faisait toujours ressentir, des millénaires après.

Il pénétra dans la grotte.
Rien n’avait changé. Son lit de paille était toujours au même endroit, bien que désormais amoindrit et légèrement décomposé, la grosse pierre où il avait prit l’habitude de s’assoir était là, elle aussi.
Sur le sol, il remarqua l’empreinte qu’il avait laissée, lorsque, durant toute une journée, il avait attendu la venue d’Elessar.
Tracés sur les murs, les glyphes noirs étaient toujours là, eux également, toujours aussi nets qu’avant, à la seule différence que, maintenant, Arminas pouvait les lire, bien qu’ils n’aient aucun sens.

Lorsqu’il s’en approcha, ils se mirent à scintiller, et à se mouvoir sur les murs. Il attendit qu’ils s’immobilisent, lorsque le même pentagramme qu’il avait traversé pour se rendre pour la première fois en Nebullia apparut sur le mur. Préférant l’ignorer pour l’instant, il se lança dans sa lecture, car désormais, le texte avait une signification :

« A toi qui lit ces mots,
Voici l’histoire de l’Homme-qui-sait.
Voici l’histoire du Proscrit.
Voici mon histoire.

Je fus par le passé,
Un homme à gouverner,
Mais le puissant Keya,
Vint à choisir pour moi :

Par le Gulr Premier,
Je serais initié,
A la voie du Keya.

Vint un jour ce combat,
Qui, par sa triste perte,
Fit de moi un pariât.

La mort vient m’arracher.
Perce mon lourd secret,
Car c’est là ton destin,
D’obtenir ce butin. »



Après cela, il n’y avait plus de glyphes.
Arminas traversa le portail une nouvelle fois. Et une fois encore, le voyage lui sembla durer des heures.


Lorsqu’il rouvrit les yeux, il se trouvait dans Sante Keya, devant les tapisseries accrochées aux murs, représentants les divers Gurls qui furent initiés au dogme du Keya.
Ainsi donc ces portails ne donnaient pas uniquement sur la même destination, mais ils envoyaient les personnes qui les utilisaient à l’endroit où ils devaient se rendre.
Son regard fut attiré par la représentation d’un Gulr aux yeux rouges, Moach, qui se trouvait entre Erst et Eziak.
Se retournant, il aperçut Gilmambor qui s’apprêtait à quitter la chapelle.
L’Ombrae laissa son Empereur vaquer à ses occupations et s’approcha plus près d’un des nombreux pupitres. Sur l’un d’eux, protégé par une plaque de verre, se trouvait un vieux feuillet sur lequel se trouvait l’illustration d’une des batailles les plus mémorables de l’histoire de Nebullia.
La légende indiquait :
« Moach Gurl et ses cinquante, luttant contre les deux derniers trolls de Nebullia : Mornuk et Togruk.»

L’Ombre du Destin ne pouvait ignorer tant de signes. Tout semblait indiquer une relation avec Moach Gulr.
Il en appela le pouvoir des Ombres, afin de se téléporter dans le Marais de Nebullia, sur les ruines du Château de la Ligue des Eaux.
Dès lors, les Ombres s’emparèrent de lui, s’entrelaçant en de minces volutes de fumée noire, jusqu’à ce que son corps disparaisse dans les ténèbres.

Car c’était dans l’ordre des choses de suivre son destin, le Keya lui-même intervint dans ce déplacement cosmique.
Lorsqu’Arminas Oronar rouvrit les yeux, il s’attendait à se trouver dans le Marais, mais au lieu de ça, il se trouvait dans le néant. Au loin, il aperçut une lueur dorée qui se rapprochait rapidement de lui.
Enfin, il put distinguer ce qui provoquait cette lumière : un gigantesque aigle doré.
Une fois encore, il entonna le Doleo en fermant les yeux. Lorsqu’il les rouvrit, le volatil avait reprit la forme qu’il avait déjà prise pour s’adresser à Arminas : Dragramas Arsir, son ancien maître d’armes.

Lorsqu’il prit la parole, sa voix était grave, mais douce, apaisante à ses oreilles :
« Arminas Oronar. Ton destin est tout tracé. Tu es destiné à retrouver le bâton perdu du Gulr Moach.
Sache qu’en réalité, ce trésor n’est pas perdu, mais caché. Il s’agit de ton œuvre, Ombre du Destin.»
« Moi ? Mais c’est impossible, Moach a perdu son bâton il y a des millénaires, mes parents n’étaient même pas venus au monde.»
« En ces lieux, nous transcendons l’espace et le temps, Arminas. Je t’ai accordé ce pouvoir lors de ton initiation au Dogme, bien que jusqu’à présent, jamais tu n’aies pu le maîtriser. Ici, le temps, l’espace n’ont aucun pouvoir. Seul le Néant prédomine.
Lorsque tu quitteras cet endroit, tu te retrouveras là où tu dois être. Sans aucun souvenir de cette discussion. »


D’un simple revers de bras, Dagramas Arsir fit disparaître Arminas Oronar dans les ténèbres.



Arminas Oronar Gulr
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Il y a 13 ans | Le 23 Apr 2011 21:36:00


Marais de Nebullia, An 994 de l’Âge Archaïque.

Il réapparut où il avait souhaité se rendre : dans le Marais de Nebullia.
Il se trouvait au sommet d’une des tours du Château qui tenaient encore debout, près d’une fenêtre. De là, il pouvait voir tous les alentours.
Tout proche, un homme trapu mais musclé, sautait de pierres en pierre, évitant l’eau salée qui montait et descendait au rythme des petites vagues. Il reconnut là un troll.
Il était impressionnant, sa grande taille, ses muscles saillants ainsi que les nombreuses cicatrices qui couvraient son corps étaient la preuve de sa puissance au sein de sa propre tribu.
Arminas resta perplexe, comment un troll sauvage pouvait se trouver en Nebullia, alors qu’ils avaient disparus il y a de cela des milliers d’années ?

Il remarqua plus loin un groupe d’une cinquantaine d’individus, tous vêtus de noir, qui s’approchaient en direction du troll. Il reporta son attention vers celui-ci : il pataugeait maintenant dans l’eau, en direction d’un corps inanimé. Il s’était penché dessus à peine quelques secondes, lorsque le cadavre, qui n’en était pas un, se releva.

Maintenant, les deux groupes s’avançaient l’un vers l’autre, en vue d’une violente rixe. Et il avait raison, à peine s’étaient ils retrouvés face à face que les deux créatures avaient déjà broyé le crâne de quelques soldats vêtus de noir à l’aide de leurs massues.
Arminas comprit alors. Il se trouvait, il en était sûr, en 994 de l’Âge Archaïque. Il y avait eut un problème lorsqu’il s’était téléporté. Une fluctuation cosmique sans doute, qui l’avait transporté non pas seulement dans un autre lieu, mais également dans une autre époque. C’était étrange, mais il s’occuperait de résoudre ce mystère plus tard.

Alors qu’il réfléchissait le combat était quasiment terminé : il ne restait plus qu’un troll debout, plus furieux que jamais, c’était lui le plus gros et le plus féroce des deux.
En face, il ne restait que trois hommes, dont l’un d’eux était vêtu d’une soutane noire, masquant son visage.
Malgré la distance qui les séparait, Arminas remarqua ses deux yeux rouges qui perçaient des l’obscurité de sa capuche : Moach Gulr en personne se trouvait face à lui.

Le troll tua à nouveau un soldat, lui arrachant la tête à mains nues. Moach le fit valdinguer contre un rocher proche à l’aide de son bâton. Mornuk se releva, se saisit de sa massue non loin, et frappa violemment le Gulr dans le ventre, le faisant à son tour voler dans les airs. Il lâcha prise sur son bâton qui disparut dans l’orée du bois qui était encore vert à cette époque, mais qui deviendrait mort des milliers d’années plus tard, le sel de l’eau aidant.
Pendant ce temps, le dernier soldat avait contourné le troll et en avait profité pour s’accrocher dans son dos, avant de l’égorger d’un simple mouvement de dague.
Mornuk tomba à terre, le sang se vidant de son cou. Le soldat s’approcha du Commandant en Chef des Armées de l’Empire, qui était étendu au sol, assommé.
Arminas le regarda le réanimer. Le Gulr se releva, et posa une question au soldat, qui répondit par la négative. Il vit ensuite Moach tendre la main, et le soldat lui confier sa dague encore souillée de sang. Il venait à peine de s’en saisir qu’il poignarda l’homme, qui tomba au sol.
Le Gulr scruta les lieux vivement, avant de se faire happer par les ténèbres, ce qui lui permit de se téléporter.

Il avait disparut.


Arminas Oronar Gulr
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Il y a 13 ans | Le 23 Apr 2011 21:36:24


L’Ombre du Destin l’imita, et se retrouva au pied du Château, tandis qu’à ses propres bottes se trouvaient les corps ensanglantés et démembrés de plusieurs hommes. Il entendit Mornuk déglutir difficilement son propre sang, qui s’insinuait dans ses poumons.
Arminas fit apparaitre Tenebrae dans sa main, et mit fin aux souffrances de la bête. Il retira la lame du corps désormais inanimé du troll, et, tout comme le Gulr, scruta les alentours. Sachant où diriger son regard, il se tourna vers la forêt alentour.
Il s’en approcha lentement, rapidement agacé par le clapotis de l’eau sous ses pas pourtant légers.

Il s’enfonçait dans le bois de quelques mètres, lorsqu’il décida de quitter le sentier. Tenebrae dans sa main se réchauffait, comme si elle lui indiquait la direction à prendre. Une aura noirâtre se forma autour de sa lame. Plus il s’approchait du bâton, plus l’aura noircissait.
Il marchait depuis déjà dix minutes, et avait du changer plusieurs fois de direction lorsqu’il ne tint plus : Tenebrae chauffait dangereusement sa main, brûlant même sa paume.
Il la fit disparaitre, il devait être tout proche de son destin.
Il tourna sur lui-même, afin d’observer les alentours. Il remarqua un endroit où les arbres étaient si serrés que la lumière ne filtrait plus, laissant place à une totale obscurité.
Arminas s’en approcha vivement, et d’un revers de la main, il fit disparaitre la pénombre. Il remarqua alors au centre de la nébuleuse le bâton au sol, entouré de la même aura noire que celle de Tenebrae.

Il se pencha et tandis sa main. Au moment même où sa peau entra en contact avec le bois, il ressentit un léger choc électrique, et lorsqu’il s’en saisit pleinement, la chaleur l’envahit.

Le bâton était désormais sien. Il le fit lui aussi disparaitre, tout comme il avait procédé des centaines de fois avec Tenebrae.
A nouveau, il jeta un rapide coup d’œil autour de lui, avant de se téléporter en Eden… en vain : à l’époque, il était impossible aux Ombres de se rendre en Eden par leur simple volonté, il leur fallait emprunter un portail.

Il se remémora l’Ombrae Universalis : on savait que Moach Gulr s’était exilé dans le désert de Nebullia durant plusieurs années avant de trouver et d’utiliser le premier portail qui lui permit de se rendre en Eden.
Les années aidant, les historiens de Nebullia avaient réussis à localiser avec précision l’emplacement du portail, aussi, Arminas décida de s’y téléporter.

A son arrivée, il ne trouva que le sable, et la chaleur harassante du soleil. Le vent tourbillonna levant le sable en spirale. Il avança péniblement dans le sable brûlant et piquant, laissant de fines traces de pas derrière lui, bien vite estompées par le vent.
Enfin, il arriva devant le rocher sur lequel était censé être tracé le pentagramme qui représentait le portail d’accès à l’Eden.
Il en fit le tour, sans pour autant voir ni sentir la moindre trace de la magie du Keya. Pour se rassurer, il tourna plusieurs fois autour du rocher totalement vierge.
Déçu, il fit volte face, scrutant avec peine l’horizon ensablée, sans autre succès que de se retrouver aveuglé par le soleil couchant.
Il s’écroula contre le rocher, fatigué de ce voyage temporel, et s’endormit, seul dans le désert.


Il se réveilla à l’aube, désorienté et légèrement paniqué, avant de se souvenir de ce qu’il lui était arrivé. Au moment om il eut finit de se remémorer toute l’histoire, il eut un éclair de génie : si le portail n’existait pas encore, c’était lui qui devrait le créer.
Par la pensée, il fit apparaitre le bâton de Moach Gulr, et du nœud de l’extrémité du bois, il toucha le rocher, traçant le pentagramme qu’il avait vu tant de fois durant toutes ces années d’exil dans sa grotte, en Eden.
Il scintilla quelques instants, puis plus rien. Il ne restait sur le rocher plus que l’étoile noire à cinq branches qu’il venait de dessiner.
Il recula d’un pas, admirant son œuvre, puis tandis le bras et toucha le centre du pentagramme de ses doigts.
Aussitôt, il s’anima, des glyphes se tracèrent tout seul tout autour de l’étoile, puis le portail s’ouvrit enfin.

Il prit son inspiration et le traversa.
Comme la première fois qu’il eut traversé un portail, le voyage lui coupa le souffle, pendant ce qui lui sembla durer des heures.
Lorsqu’enfin il fut libéré de ce calvaire, il se trouvait dans une pièce totalement noire et humide, où résonnait un bruit de goute à goute.
Comme il avait procédé dans la nébuleuse de la forêt, il fit disparaitre l’obscurité d’un revers de main. Il reconnut immédiatement l’endroit : c’était sa grotte de solitude. Il remarquait déjà le pentagramme qui lui était si commun, de même que les glyphes, qu’il avait tant de fois cherché à lire et à comprendre.
La seule différence était l’absence d’entrée pour accéder à la grotte. Il remédia à cela en faisant apparaitre Tenebrae. D’un ample mouvement, il fendit l’air, envoyant une onde de choc contre la paroi, ouvrant une large ouverture.
Il fit demi-tour, et se dirigea vers le fond de la grotte. Là, il traça un cercle parfait sur la roche à l’aide du bâton de Moach, ce qui eut pour effet d’ouvrir un fin passage. Il y glissa le bâton, et posa sa main sur le dessin. La roche se referma, emprisonnant le bâton comme un coffre fort.

Sa tache accomplie, Arminas Oronar sorti de la grotte.

Encore une fois, il se heurta à un léger souci. En effet, à cette époque, le pouvoir des Ombres n’était pas assez grand pour voyager dans le temps, aussi, il se trouvait coincé dans ce passé.
A nouveau, la solution lui vint : il devait se sacrifier afin que son futur lui puisse trouver le bâton, des milliers d’années plus tard.
Il se résigna. D’un revers de la main, il prit une apparence humaine : un jeune homme aux longs cheveux noirs, avec un bouc de la même couleur. Il était vêtu d’une soutane noire, en mémoire des Gulr.
D’un pas assuré, il marcha vers le plus proche village, où il tenterait de prêcher le Dogme du Keya aux autochtones, quelques années avant que Moach Gulr ne le fasse, en vain.

L’Ombre du Destin y vécut le reste de sa vie. Il ne fonda pas de famille, mais entra dans les ordres de l’Eglise locale, le meilleur moyen qu’il eut trouvé pour tenter de convertir les paroissiens.



Arminas Oronar Gulr
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Il y a 13 ans | Le 23 Apr 2011 21:36:38


Terres de Baduk, Eden, de nos jours.

C’était toujours l’hiver, sur l’Eden, et les montagnes de Baduk n’étaient pas épargnées.
Il y avait toujours cette épaisse couche de neige, le lac était toujours gelé.

Arminas Oronar se déplaçait dans le manteau blanc, avec une étrange sensation de déjà vu.
Il ressentait la magie du Keya, et comprenait d’où elle venait.
Il pensa tout d’abord à l’apparition d’Elessar au bord de ce lac. Puis il reconnu sa propre signature magique, qu’il ignorait jusqu’alors.
Instinctivement, il se rendit vers sa grotte de solitude. Il se retrouva enfin face au portail et aux glyphes.

Il commença alors sa lecture :

« Car c’était là son but,
Retrouver le Proscrit.
L’Ombre du Destin vit,
Et obtint le pouvoir brut.

Caché derrière toi,
L’objet que tu t’octroies,
Tu l’as de droit divin,
Car voilà ton butin.»


Arminas se retourna. Devant lui se trouvait maintenant le bâton de Moach Gulr. Il s’avança, le bras tendu. Une force invisible le stoppa, mais le bâton s’anima et se mut vers lui, comme attiré par un aimant.

Ses doigts se refermèrent sur le bois vieillit, imprégnant son corps d’une douce chaleur : le bâton avait reconnu son nouveau maître.