Les confidences de Leanalor

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Il y a 13 ans | Le 14 Apr 2011 11:48:42


Préambule

Je m'appelle Leanalor, je suis une mage au service des Ad Vitam Aeternam. Aujourd'hui, je découvre Sato et je commence à écrire mes récits.

Premier constat

Cela fait quelques semaines que j'ai posé pied à terre sur cette nouvelle contrée qu'est Sato.

Voici une journée classique. Deux ou trois rayons de soleil viennent perturber la monotonie des sables non mouvants. Les crabes sortent timidement du sol, cherchant désespérément une proie à saisir. Un peu plus loin un groupe de salamandres attendent sur un rocher que quelque chose se passe. Mais comme toujours, rien, le vide.
Pas de mouvement, pas de vie. Le monde s'endort.

Les fourreux dorment à la pénombre des sillages montagneux, les mygales paressent sous la chaleur. Quelques protecteurs qui ne protègent rien du tout sont plantés au beau milieux des dunes, comme des épouvantails qui n'effraient plus personnes au milieu des champs de blé.
Le monde respire la mort.

Et pourtant, au milieu de ce calvaire, certaines personnes tentent de résister à la chronophagie de l'ennui. Ils sortent de leurs miteux refuges, tentes de randonnées déchirées, auberge abandonnée, puis vont chasser pour casser le silence, oublier la lassitude. Apporter un semblant d'oasis au milieu du désert.
Ces gens sont rares, on en croise très peu. Ils sont lanceurs de sorts ou bien guerriers affranchis et rejettent toute leurs colères à travers leurs armes. Ils en ont marre. La paix c'est nul, la guerre improbable. Ils se terrent et attendent.
Des jours durant, ils s'impatientent que la mort les prennent, et les emportent à tout jamais. Il se dit que de l'autre coté ça ne peut pas être pire qu'ici. J'aimerai changer cette vision si noire des choses, mais je ne vois pas comment.
Je suis encore fraîchement débarquée ici, et pourtant je commence à ressentir la douleur d'une future vie absente de tout.

Aux abords du désert, le monde est sans espoir.



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Il y a 13 ans | Le 16 Apr 2011 11:47:57

Première rencontre

Je pensais ce désert vide, et il l'est. Mais aujourd'hui, à ma grande surprise, j'ai enfin croisé quelqu'un.

J'étais sortie chasser pour me nourrir d'une bonne soupe de pattes d'araignée. On essaie de se faire plaisir comme on peut dans l'immensité de vide où je me suis fourrée. Lançant inlassablement mes cônes de froid, je fut surprise par la venue d'un fantôme.
Oui, un fantôme, ou tout du moins, c'est la première impression que j'eus sur le moment. Une grande silhouette blanche avec des cheveux droit d'un nacre à vous éblouir... et un visage, sans émotion. Au milieu de cette horreur, de petits yeux noisettes coloraient de manière désespérée la pâleur déambulante qui se dressait devant moi.

Cette rencontre fut étrange et je dois reconnaître avoir pris peur. Je pensais ce nouveau monde si agonisant que la mort elle même ne s'y pointerait pas. Puis je compris que j'étais en face d'un réel individu. Portant le blason du Qât, je reconnu immédiatement que cette personne sortait de la tente moisissante non loin de là où nous étions.
Ne voulant pas déranger quelqu'un sur son territoire, nous échangeâmes quelques mots et je partie un plus loin pour préparer mon repas. Et puis aucune raison pour provoquer plus de désordre que celui qui règne déjà ici.

Que retenir de cette journée ? Je ne le sais pas. Des questions viennent tout de même naturellement me hanter. Est-ce le temps qui avait rendue cette personne si morte ? Allais-je devenir comme elle si je restais ici plus longtemps ? Mes questions peuvent paraître naïves, mais franchement, y a t'il avenir pour la vie en ces terres ? Rien ne le laisse présager.

Aux abords du désert, le temps dévore nos pauvres charognes.


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Il y a 13 ans | Le 26 Apr 2011 11:03:05

L’assommoir : partie I

Il existe des choses bien plus sombres que tout ce qu'on peut imaginer. Des sentiments plus noirs que l'obscurité elle-même. Aujourd'hui, j'en ai fais les frais.

Dans un calme total, autrement dit sur Sato, je m'en allais chasser quelques queues de fourreux pour m'en tricoter des colliers. Quand nous sommes dans un état d'ennui profond défini par une absence totale de perspective, on essai d'oublier comme on peut. Ça n'a pas l'effet d'une gnôle d'Ungor bien sûr, mais ça y ressemble. Entre délires et breuvages, on tombe vite dans la folie.

Cependant, cette fois-ci, aucun délire, aucun breuvage, juste la chute. Le nez dans le sable, j’eus beaucoup de mal à comprendre. Les os fracturés, la peau écorchée, que m'était-il arrivé ? Le visage arrangé, je tentais de me relever pour voir ce qu'il se tramait aux alentours. Cette force surnaturelle qui m'avait mise à terre pouvait-elle être d'origine badukienne ?

Ma vision était trouble mais la douleur bien réelle. Je vis la silhouette d'un chevalier noir gayette, monté sur une monture tout aussi sombre. Une aura incroyable s'en dégageait, mais elle était d’une tristesse incommensurable. Désabusée, je restais au sol. Quel était cet alambic qui distillait des frappes si violentes ? Aujourd’hui, suis-la seule à souffrir tant, ou est-ce tout un peuple qui pleure chaque jour les troubles semés par la misère de ce pauvre monde ?
Je tombai dans l'inconscience.

Sans un mot, sans un cri, il décampa, me laissant pour morte.