[HRP : Ces éléments se croisent avec certains récits, mais j'avais envie de retracer la mort d'Esiak, ainsi que les évènements qui ont suivi. Il s'agit principalement des premiers versets des testaments de l'ombre de l'ombrae genesia. Merci Gil' pour ton aide sur certaines zones d'ombre ^^]

Ebereka, esprit millénaire au service des Gulr, raconte :

C'était un matin horrible. Nous avions été réveillés par une pluie sauvage. Le temps de nous habiller que nous étions trempés. Puis, la pluie a fait place à une espèce de brume. Longtemps, les hommes avaient espéré que le combat serait repoussé, car vouloir prendre une citadelle par ce temps-là, ce serait une folie. Mais le conseil de guerre, commandé par Esiak et dont je faisais bien entendu partie, avait voté pour une percée dans les murailles ennemies.

C'est ainsi qu'à neuf heures, les artificiers avancèrent les lourdes catapultes et les imposants trébuchets qui constituaient nos élites d'armes de sièges. Elles avaient été magiquement modifiées pour obtenir une portée plus grande. Les plus éminents spécialistes du cerveau humain avaient été questionnés pour savoir ce qu'il valait mieux lancer pour semer le trouble psychologique dans les rangs humains. Avec une grimace de dégoût, je contemplais les chariots qui s'avançaient. Ils étaient pleins de têtes de nos ennemis que nous avions coupées pour ensuite les lancer enflammée au milieu de la ville ennemie.

La pitié et l'honneur avaient depuis longtemps disparu des habitudes de chaque camp. La guerre faisait rage depuis près de six ans, la haine avait remplacé toute l'amitié qui unissait jadis nos deux peuples. Ainsi, ils se vengeaient avidement de nos supplices en ordonnant à leurs archers de nous empêcher frénétiquement d'aller secourir nos blessés. Nous étions ainsi condamnés à observer nos frères se déverser de leur sang à quelques mètres de nous. Nos tambours tentaient tant bien que mal de couvrir les gémissements de nos amis...

[...]


Trois heures déjà que les catapultes déversaient leurs lots macabres dans les rues de la citadelle ennemie. Soudain, les portes de la citadelle s'ouvrirent. Une charge furieuse de chevaliers sema alors la zizanie dans notre infanterie, qui s'était parsemée à couvert derrière ce qu'ils pouvaient. Le trouble dura un bon moment, et je conseillais même à Esiak de s'en aller, en me laissant le commandement de l'armée. Celui-ci fut pris d'une rage folle, et refusa catégoriquement mon offre. Il ordonna aux trompettes de sonner, et derrière nos rangs, derrière nos tentes, un murmure puissant s'éleva. C'était les femmes et les prêtre du Keya, qui en cet instant tragique où tout semblait perdu, invoquaient sa divine intervention pour nous aider.

A ce son nos soldats semblèrent pris d'une énergie nouvelle, et se redressèrent farouchement contre l'ennemi. Des lances furent envoyées avec grande précision lacérer la chair des chevaux ennemis qui tombaient aussitôt, broyant sous leur poids les os de leur cavalier. De tous côtés, les héroïques membres de cette chevauchée fantastique contre nous ployaient sous le poids de notre infanterie miraculeusement réorganisée.

Ce fut à ce moment précis que nous dévoilâmes notre arme ultime : les Gulr. Ils s'étaient massés silencieusement au-devant de la pointe de la cavalerie, et, stoïque, attendaient. Ce n'est que lorsqu'Alek, le chef hérétique de la coalition humaine, atteignit les Puissants de l'empire qu'ils bougèrent enfin. Ils devinrent incroyablement rapides, se mouvant avec une dextérité extrême entre les chevaux lancés au triple galop, lançant leurs sorts destructeurs qui traversaient les armures ennemies. Seuls quelques uns passèrent cet incroyable rideau apocalyptique.

Parmi eux, Alek. Il vit que les Gulr leur tournaient maintenant le dos, déployant leurs énergies contre les suivants du jeune meneur. Il se rendit vite compte de l'opportunité qu'il avait, trop vite. Je ne pus intervenir que lorsque je le vis bander son arc, mais il était trop tard. Par un malchance inouïe, la flèche avait traversé l'air, se fichant dans le coup d'Esiak. Je vis mon père, mon créateur tomber. Je me précipitais vers lui, et avec d'autres Gulr, nous fîmes office de bouclier tandis que déjà les soigneurs tentaient l'impossible pour soigner notre Empereur.

Mais il était trop tard. Nous avions perdu. Sans Esiak, nos armées perdirent toute cohérence, toute leur force. C'était un coup horrible que nous venions de prendre, un de ceux qui allaient nous coûter la vie. Nous votâmes rapidement, et sonnions la retraite juste derrière. C'était le sauve qui peut. Les armées d'Alek qui n'avaient pas pris par au combat déferlaient de toutes les portes et poternes de la citadelle. Les moins rapides et les blessés allaient mourir, et nous nous sentions honteux d'un tel sacrifice.

Avant de partir, je chargeais un jeune officier humain, que j'avais déjà aperçu à plusieurs réceptions de l'empereur et que je savais profondément dévoué à la cause de l'empire de choisir six de ses meilleurs hommes, et de prendre la dépouille pour l'enterrer en un endroit que je lui communiquais discrètement. J'insistais particulièrement sur le fait que tout devait se passer rapidement, et sans que personne ne sache ce qu'il s'était passé. Plus tard, la vérité serait révélée sur le choix de cet endroit, mais maintenant ils n'étaient pas prêts. Juste avant qu'il ne s'exécute, je demandais à l'officier son nom, afin que plus tard, je sache me souvenir de son identité pour le remercier. Celui-ci se nommait Elessar. Je le laissais ensuite s'éloigner.

Puis, nous prîmes la route du retour. Nous pensions être en sécurité, à Nebullia... Mais nous nous étions jetés dans la gueule du loup. Alek, ce chien, a bâti un mur infranchissable entre les deux mondes, privant les Gulr d'Eden, dans lequel ils devaient impérativement se rendre pour survivre. Un à un, ils s'éteignaient tous... Je savais que je n'avais plus longtemps à vivre. Je convoquais alors Elessar, cet humain parmi tant d'autres qui avait choisi de vivre parmi nous, et qui petit à petit avait gravi les marches du pouvoir. Il était déjà Praefectus, ce qui était une très haute distinction dans l'Empire à ce moment-là, partagé par quelques dizaines d'élites seulement.

En peu de temps, je le formais au pouvoir, comme j'avais vu qu'Esiak l'avait fait. Je lui appris énormément de secrets, relatifs aux Gulr. Je lui appris à invoquer le Keya, chose qui était interdite aux humains à ce moment. Je lui appris qu'il était l'héritier incontestable de l'Empire, que sa supériorité politique lui permettrait un jour de devenir empereur. Enfin, et plus important, je lui apprenais qu'un portail, un seul, était resté ouvert, et mieux encore, qu'un Gulr avait survécu et se cachait en Eden. Mais j'insistais sur le fait que tout ceci n'était qu'une vision du futur... Il lui faudrait consolider sa réputation, chose sur laquelle je l'aidais.

Malheureusement, le dernier des Gulr de Nebullia périt. C'était Okas, un brillant politicien qui avait habilement aidé Elessar à atteindre les hautes strates du pouvoir. Je savais qu'il ne me restait plus beaucoup de temps avant que je ne rejoigne à mon tour le Keya. Je convoquais une dernière fois Elessar, et je le nommais Censor, un poste créé spécialement pour lui qui lui offrait les pouvoirs judiciaire, législatif et exécutifs de l'empire. En somme, un empereur sans le titre ni les responsabilités religieuses. Je le quittais peu de temps ensuite, en lui prédisant que je reviendrais le jour où il recevrait l'héritage des Gulr...