Les Veilleurs.

Gilmambor Saeculia Gulr
Legio Ombrae


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Il y a 13 ans | Le 02 Oct 2010 17:12:36
Plaines de Lodaran, Eden, il y a plus de mille ans.

La pleine lune éclairait de son faible halo le sinistre convoi. De part et d'autre d'un mystérieux chariot de fer chevauchaient sept cavaliers. Celui qui était en tête ne portait pas d'armes, tandis que les six autres étaient puissamment armés. De lourdes haches et d'énormes épées pendaient le long des selles, tandis que des boucliers frappés d'un aigle d'or étaient accrochés dans le dos. Cela faisait maintenant plusieurs heures que le chariot avait quitté le camp. Personne n'avait été mis au courant de la destinée du convoi. Pour le bien de tous, il fallait que cela demeure un secret.

Soudain, le cavalier de tête leva la main, et tous s'arrêtèrent. Ils restèrent quelques minutes, silencieux, comme s'ils essayaient de sonder l'air aux alentours. Finalement, le cavalier fit un autre signe, et tous descendirent de leur cheval. Aussitôt, tous semblèrent animés d'une énergie particulière. Ainsi, deux creusèrent un trou, tandis que deux déchargeaient de lourdes dalles de béton du dessus du chariot. Pendant ce temps, les deux derniers sortaient de l'intérieur du chariot une longue forme allongée. Durant tout le temps que durait ce curieux manège, le personnage de tête, celui qui semblait être le chef de cette équipée mystique était resté silencieux, à côté de son cheval, scrutant le ciel étoilé. Des larmes coulaient par la capuche rabattue trop sommairement sur son crâne, et on distinguait le visage d'un jeune mage qui semblait fou de rage et de tristesse en même temps.

Lorsque le trou fut creusé, on mit délicatement la mince forme allongée dedans, et on recouvrit le sol à l'aide des dalles. Puis, on cacha le tout sous une épaisse couche de terre. Maintenant, tous observaient leur chef, qui s'était avancé devant là où reposait le curieux paquet du chariot. Il y eut une courte prière dans une langue venue d'un autre monde, où on ne distingua que quelques étranges mots, tels Keya, Gulr, Ezak, Alek... Puis, il resta encore longtemps là, ignorant ses chevaliers qui se tenaient derrière lui, attendant ses ordres. Finalement, ils remontèrent tous en selle, et s'éloignèrent. Personne ne parla jamais du curieux chariot, et personne ne chercha jamais à savoir ce qui était enfoui sous les dalles.

Nuseh de Guspay
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Il y a 13 ans | Le 03 Oct 2010 13:55:03
Plus d’un millénaire s’est écoulé depuis cette funeste odyssée. Personne n’a gardé le souvenir de cette chevauchée nocturne, de ce trésor enfoui sous la plaine de Lodaran. Enfin… presque personne. Cette nuit-là, après que les sept cavaliers soient rentrés dans leur camp, leur chef alla dans une tente montée un peu à l’écart du campement. Il ne se passa guère beaucoup de temps avant qu’il ne ressorte, accompagné d’une femme. Cette dernière était gracieuse : un fin voile transparent recouvrait son visage, tout en n’arrivant pas à cacher la lueur de ses yeux. Elle semblait excitée. Le chef du convoi des sept chevaliers aida la dame à monter sur son cheval, et la regarda.

« Vous voila investie d’une sainte mission, ma douce. Mon cœur pleure de devoir ainsi me séparer de vous, mais l’avenir de notre ordre passe avant mes sentiments, aussi fous qu’ils soient. Veillez sur la tombe. Formez d’autres veilleurs, qui au fil des siècles, poursuivront l’œuvre. Et surtout, garantissez la paix et la sérénité de l’endroit. Si le sang venait à y couler… ce serait dramatique. »

« N’ayez crainte, mon aimé. Ma mission continuera à travers les âges. Est-ce la volonté du Keya, que de voir notre couple si heureux se séparer pour suivre sa destinée ? »

« La volonté du Keya est indiscutable. Je souffre, mais nous n’avons guère le choix. Adieu, que le ciel vous soit profitable à tout moment. Je vous aime… »

« Mon cœur vous appartiendra toujours, Elessar… »



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Il y a 13 ans | Le 03 Oct 2010 14:21:37
Des siècles s’étaient écoulés depuis la disparition du fondateur de l’Ordre, pourtant son nom résonnait encore dans les tavernes de Nebullia. Autrefois, le prophète du nom d’Ezak Gulr, avait lui même mené la conquête de l’Eden, et avait vu naître la puissance de l’Empire. Aux yeux des nouvelles générations, le prophète, qui avait réveillé la passion chez certains fanatiques, était considéré comme celui ayant mené l’Ordre vers son apogée. Cette passion dévorante, entraîna les partisans de la juste cause à entreprendre de longs voyages les conduisant au tombeau du regretté. Ainsi les jeunes passionnés se succédèrent devant la stèle du Gulr, implorant la bonne mémoire, et un avenir certain, à leur Ordre devenu à jamais imparfait. De par ces cérémonials sacrés, le culte du prophète se poursuivit et le lieu devint source de calme et de sérénité, que seul un Ombrae venait troubler de temps à autre, par sa récitation enthousiaste du Doleo.

Il est dit en Nebullia par certains sages, que les Gulrs ignorent les cycles et lois inéluctables de la Nature. De par son inspiration certaine, Ezak Gulr serait donc insensible à la corrosion du temps, et demeurerait immaculé. A la suite de tels révélations, les sages racontent que celui qui prendrait le temps de se retrouver seul sur la dernière demeure du prophète et qui méditerait en sa présence, trouverait alors l’illumination de son âme et une perception nouvelle de la réalité. Bafouant alors ses propres sens, le nouvel illuminé se verrait ôté de toute souffrance et de supplice.
A l’entente de tels propos, Gilmambor, Empereur de Nebullia, imagina les faveurs d’une armée aux facultés impérissables. Incapable d’ignorer le soutient d’un tel appui militaire, l’Empereur s’en alla se recueillir sur les vestiges de son ancien maître.


Yareth
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Il y a 13 ans | Le 03 Oct 2010 14:28:15
Déboulant aux portes de Nebullia, je ne m’arrêtais pas pour saluer les gardes et décliner mon identité. De toute façon, mon rang de Praefectus me donnait quelques faveurs, et celle d’éviter les contrôles poussés de la garde impériale était parmi les plus plaisantes. La nouvelle que j’apportais était gravissime. Pire, ce pouvait être le début de l’apocalypse, et la fin de notre ordre. Je montais les rues, et enfin, je l’aperçus. Le palais impérial, demeure des Gulr depuis l’aube des temps. L’empereur actuel, Gilmambor, était certainement l’un des plus sages et des plus puissants que Nebullia ait jamais connu. Il s’élevait ainsi, avec ses coupoles et tourelles d’or, au milieu d’une place dont les pavés étaient incrustés de diamants. Je pénétrais dans le palais, et demandait une audience extraordinaire à Gilmambor.

Celui-ci me reçut aussitôt. Sans doute devinait-il déjà les mauvaises nouvelles que j’apportais, car sa voix, lorsqu’il s’enquit des raisons de mon audience, était déjà grave et soucieuse. Alors, je racontais. Je racontais les échecs diplomatiques sur les Terres d’Argent. Je racontais les préparatifs de chaque camp. Je racontais les armées marchant vers la plaine de Lodaran. A ce mot, l’empereur ne put réprimer une exclamation, surpris. Il comprit aussitôt quel était le danger imminent qui nous menaçait. Et prit, dans un temps très court, une décision parmi les plus importantes. Le tombeau était menacé par la guerre fratricide des Hommes. Ce serait à nous, la Legio Ombrae, de protéger coûte que coûte le tombeau qui renfermait la dépouille de notre père fondateur.

Et tant pis si le sang devait couler. Il n’existe pas pour nous de pire hérésie que la guerre sur un lieu saint.

Liphas Dayong


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Il y a 13 ans | Le 05 Oct 2010 01:04:59
Les affaires diplomatiques en Eden empiraient, je ne leur trouvais d'ailleurs ni queue ni tête. Depuis ma promotion au titre d'Ombrae, alors que je découvrais quelques miracles Nebulliens, je ne cessais de m'en faire pour l'avenir de ces terres argentées que j'avais si longtemps foulées. Je savais bien que les tensions étaient toutes aussi inutiles qu'avant, voire doublées de grande bêtise, mais le charme de ces terres et de son peuple me rendait coupable de ne rien faire pour raisonner toutes ces bandes de philistins armés et d'ignares en toge.

La situation là-bas me déprimait presque. Je me posais toujours les mêmes questions à propos des ignorants de la Justice, je me demandais s'ils étaient simplement bêtes et je retrouvais incessamment la réponse dans ma question. Ils se battent pour des seigneurs cruels, des couronnés ou chefs d'armés dont les idéaux sont aussi profondément vides que le néant. Il n'y a que des destructeurs et des inventeurs de futilités, alors qu'ici fleurissent des créateurs, élèves d'un grand Architecte. La population de l'Eden se laisse mener comme un vulgaire troupeau par des indignes qui se présentent comme leurs guides. Ces derniers ne font que peindre cycliquement le même triste paysage que certains amateurs osent admirer comme une belle œuvre : des lacs de sang, des monts orgueilleux et un vent de bêtise insolente. Est-ce donc cela que le peuple souhaite pour décorer sa vie ? J'en doutais depuis bien longtemps et désormais j'étais sûr du contraire, aussi sûr que ce peuple est aveugle.

Mon Sublime de bourbon voyait son niveau baisser au fil des jours : je m'entrainais moins et me reposais d'une certaine façon, mon esprit ressassait mon chemin et osait prévoir l'avenir, pendant que l'avenir s'écoulait dans les océans. Je savais bien au fond qu'il ne me suffisait que d'un peu de confiance pour me réveiller. Après tout, même dans mes doutes, la méthode la plus franche m'a toujours été la plus favorable.

Je faisais quelques milliers de pas dans ma chambre et jusque dans ses recoins, avant de poursuivre ma lancée dans quelques rues de la Cité des Ombres. Je m'arrêtais dans mes pensées et dans ma marche, presque instinctivement, près de l'armurerie. J'y ai récupéré tout l'équipement dont être paré un soldat Nebullien au combat : les armes étaient forgées par des sortes d'alchimistes, les armures faites d'étranges métaux sombres, les bottes étaient d'une légèreté et d'un confort impressionnants pour leur allure imposante... En bref, j'étais prêt à livrer bataille aux armées les plus coriaces.

Une fois vêtu de tout ce barda, je m'en allais, souriant, vers le palais où j'étais sûr de trouver l'Empereur pour l'informer de mon engagement solitaire dans la guerre. Le sourire qui m'y accompagnait n'était dû qu'à la drôle de conscience que j'avais d'aller bouter, seul, les soit-disant grands de l'autre monde. Je franchissais à peine le palier de la grande porte lorsque les voix des Praefectus, accompagnés de Gilmambor, résonnèrent depuis le centre de l'immense salle d'entrée. Je restai où j'étais un moment, les observant s'approcher. Arrivés à quelques mètres de moi, je m'écartais comme pour leur présenter la sortie lorsque l'Empereur me félicita brièvement d'être déjà prêt pour partir défendre le tombeau du Fondateur. Je les regardai quitter le palais un par un avant de les suivre et refermer derrière moi, sans dire un mot.

Succédant leurs pas, je grattais ma courte barbe en baissant le regard, je me questionnais brièvement sur cette mission avant de vite comprendre qu'on allait protéger un lieu sacré se trouvant à proximité des grandes batailles en Eden. Je rattrapai alors mes confrères en quelques pas rapides et leur demandai ce que l'on fera une fois au milieu de cette guerre d'inconscients. On me répondit : "Défendre le lieu". J'arborai alors un curieux sourire, presque mesquin, en me disant que défendre les alentours de ce domaine saint ne serait pas plus mal et me donnerait l'occasion de calmer quelques combattants aux intentions hostiles...