Plaines de Lodaran, Eden, il y a plus de mille ans.
La pleine lune éclairait de son faible halo le sinistre convoi. De part et d'autre d'un mystérieux chariot de fer chevauchaient sept cavaliers. Celui qui était en tête ne portait pas d'armes, tandis que les six autres étaient puissamment armés. De lourdes haches et d'énormes épées pendaient le long des selles, tandis que des boucliers frappés d'un aigle d'or étaient accrochés dans le dos. Cela faisait maintenant plusieurs heures que le chariot avait quitté le camp. Personne n'avait été mis au courant de la destinée du convoi. Pour le bien de tous, il fallait que cela demeure un secret.
Soudain, le cavalier de tête leva la main, et tous s'arrêtèrent. Ils restèrent quelques minutes, silencieux, comme s'ils essayaient de sonder l'air aux alentours. Finalement, le cavalier fit un autre signe, et tous descendirent de leur cheval. Aussitôt, tous semblèrent animés d'une énergie particulière. Ainsi, deux creusèrent un trou, tandis que deux déchargeaient de lourdes dalles de béton du dessus du chariot. Pendant ce temps, les deux derniers sortaient de l'intérieur du chariot une longue forme allongée. Durant tout le temps que durait ce curieux manège, le personnage de tête, celui qui semblait être le chef de cette équipée mystique était resté silencieux, à côté de son cheval, scrutant le ciel étoilé. Des larmes coulaient par la capuche rabattue trop sommairement sur son crâne, et on distinguait le visage d'un jeune mage qui semblait fou de rage et de tristesse en même temps.
Lorsque le trou fut creusé, on mit délicatement la mince forme allongée dedans, et on recouvrit le sol à l'aide des dalles. Puis, on cacha le tout sous une épaisse couche de terre. Maintenant, tous observaient leur chef, qui s'était avancé devant là où reposait le curieux paquet du chariot. Il y eut une courte prière dans une langue venue d'un autre monde, où on ne distingua que quelques étranges mots, tels Keya, Gulr, Ezak, Alek... Puis, il resta encore longtemps là, ignorant ses chevaliers qui se tenaient derrière lui, attendant ses ordres. Finalement, ils remontèrent tous en selle, et s'éloignèrent. Personne ne parla jamais du curieux chariot, et personne ne chercha jamais à savoir ce qui était enfoui sous les dalles.