Arminas Oronar, l´Ombre du Destin

Arminas Oronar Gulr
Kraken


Déconnecté
 Message
Posts : 300
Threads : 31
Il y a 13 ans | Le 14 Sep 2010 18:08:10
RENCONTRE AVEC UNE OMBRE.

Arminas Oronar, autrefois grand guerrier, craint et redouté de tous, s’était retiré de longues années durant, loin de la foule et des fous qui la composent, dans une grotte où les parois étaient couvertes de glyphes étranges et incompréhensibles. Cette grotte se trouvait sur les terres de Baduk, là où remontent les origines de tout un chacun, sur un versant escarpé d’une petite colline déserte, seulement peuplée d’arbres et de buissons. Il s’y trouvait également un lac, ainsi qu’une petite rivière qui courrait gaiement dans les collines.
Ces longues années de latence lui furent fatales : son entrainement oublié, sa sédentarité l’ayant empâté, il n’avait plus rien d’un grand guerrier. Il était cependant fin stratège, et son intelligence, alliée à sa capacité de bricolage lui permirent de chasser sa nourriture sans se fatiguer, des années durant.

C’est un début de soirée, lors d’un hiver particulièrement rigoureux, en allant se débarbouiller dans le lac, et relever ses pièges, qu’Arminas Oronar fit la rencontre d’une Ombre…

[…]

L’ancien guerrier était vêtu d’un vieil uniforme cuirassé, tombant en lambeaux par endroits, d’une paire de souliers aussi sales qu’usés. Il était sale, avait des cheveux longs et emmêlés, et portait une longue barbe grise qu’il n’avait pas taillée depuis des lustres.
Il marchait tranquillement, observant le soleil qui commençait à se coucher, au sommet de la plus petite colline. Il s’agenouilla sur les rives du lac, et commença sa toilette, se délectant par la même occasion de l’eau fraîche et revigorante qu’il contenait.
Il s’arrêta soudain, mitigé. Il était à la fois sûr d’être seul, et sûr d’être observé.

Un sentiment étrange.
Un sifflement.
Un bruissement dans les fourrés.

Arminas se retourna vivement et scruta les alentours. Il ne vit rien, et alors que la nuit tombait enfin, il retourna à sa toilette tout en pensant que, de toute façon, il était un vieil homme, seul, fatigué, sûrement malade, et désarmé, qui plus est. Qui ? Qui donc pourrait en vouloir à sa vie ?

« Qui ? Qui est là ?! » Cette fois, plus de doutes possibles, quelqu’un l’observait en silence. Il plissait les yeux pour mieux voir, mais en vain. Il se tourna une fois encore vers l’eau miroitante.
Si la personne qui l’observait refusait de se montrer à lui, ce serait lui, qui la trouverait.
Cinq minutes passèrent, sans qu’Arminas ne bouge, malgré les nombreux bruits suspects de l’individu qui l’entourait, quand soudain, dans le reflet de l’eau, il aperçut un œil d’un rouge écarlate.
Il se figea, l’oreille aux aguets et plongea sa main dans l’eau glacée, tandis qu’une autre se posait sur son épaule droite.

Il ne s’était plus senti aussi vivant qu’à cet instant depuis des années, depuis qu’il avait renoncé au monde tel qu’on le connait. Avec les réflexes d’un jeune homme de vingt ans, il se retourna, et lança le galet qu’il avait récupéré au fond de l’eau, droit dans la tête de son agresseur.
La pierre siffla quelques centièmes de secondes, traversa sa cible, sans qu’on entende le moindre bruit, sans provoquer le moindre choc, sans même atterrir de l’autre côté du visage de l’Ombre.
Arminas fixait l’Ombre, d’un regard ancré de terreur. Jamais il n’avait vu ce genre de phénomène. Comment était-ce possible ? A qui, ou plutôt, à quoi avait-il affaire ?

L’Ombre se pencha sur le vieillard agenouillé, les mains au dessus de la tête et lui susurra :
« Arminas Oronar, toi qui fut un des plus grands guerriers que ce monde ait connu en ton temps, toi, le vainqueur de la bataille du Poste Avancé de la Garde Royale, toi qui a tué tant d’âmes… Regardes toi, Arminas Oronar, regarde ce que tu es devenu ! Un vieux misérable qui demande grâce !
Je peux changer ton destin, Arminas Oronar. Je peux te rendre ta force, ta fougue et ta jeunesse d’antemps. Rejoins-moi. Rejoins-nous ! Nous ne voulons que deux choses en échange, Arminas Oronar. Ta servitude, et ton corps… »


Arminas se vit soudain, noir, sombre comme l’était son roi, avec une puissance incommensurable qu’il pouvait maîtriser à volonté. Il se vit Ombre, il se vit grand.

« Arminas Oronar, je te retrouverai dans ta grotte de solitude d’ici vingt-quatre heures. Et alors, Arminas Oronar, tu devras me donner ta réponse… »

Mais Arminas Oronar est intelligent, il réfléchit vite, et comprend le sens des paroles des autres, mieux que quiconque. Sa réponse est déjà négative. Non, pourquoi vendre son corps et son âme ?
Pour la puissance, pour la gloire, pour l’immortalité…

Oui, s’étaient de bonnes raisons.

C’est ainsi que le lendemain, Arminas Oronar avait passé sa journée dans sa grotte, s’habituant à l’obscurité. C’est ainsi qu’il L’avait attendu, l’Ombre du Keya.

[...]


Arminas Oronar Gulr
Kraken


Déconnecté
 Message
Posts : 300
Threads : 31
Il y a 13 ans | Le 14 Sep 2010 18:09:04

PRESENTATIONS.


Le soir même, à l’heure prévue, l’Ombre se présenta à lui, arrivant avec le crépuscule, imprégnant la place de la grotte de ténèbres.
Arminas, assit en tailleur sur le sol humide et froid, ne sourcilla pas lorsque l’Ombre se dressa en son entier devant lui. Il se releva cependant, signe du respect manifeste qu’il éprouvait pour Elessar.
Elessar… Comment connaissait-il son prénom ? Il lui était venu à l’esprit naturellement.
« Il s’agit de télépathie, Arminas Oronar. Je suis Elessar, Ombrae Censor de Nebullia, la cité des Ombres, capitale de la Legio Ombrae. En l’absence du Grand Gulr, c’est moi qui dirige la cité.
Hier, je t’ai fais une offre, maintenant, dis-moi. Tu as eu vingt-quatre heures pour réfléchir à ma proposition, à notre proposition. Donne-moi ta réponse. »


Arminas tourna les yeux vers sont interlocuteur.
Il se revit Ombre. Il se revit Grand.
Il acquiesça, et ajouta :
« Je suis dès à présent, le dévoué serviteur du Grand Gulr, de l’Ombrae Censor et du Keya. Faites de moi l’un des vôtres. »

L’Ombre d’Elessar hocha la tête, puis ferma les yeux.
Les glyphes de la grotte se mirent en mouvement, tous devenus d’un noir d’encre.
Elessar lui communiqua par télépathie :

« Tu as élu domicile devant l’un des derniers portails vers Nebullia. Sans le savoir, tu as été attiré vers ta destinée, Arminas Oronar. Tu es voué à faire de grandes choses à nos côtés. Il est temps de mettre ton destin en marche. Regardes, dit-il en tendant le bras vers le fond de la grotte, voilà le portail vers Nebullia, franchissons-le ensemble. »

Elessar se mut vers le pentagramme d’ombres qui s’était dessiné contre la paroi, invitant Arminas à en faire autant. Une fois qu’Elessar eut disparu, Arminas prit une profonde inspiration et le suivit.
A ce moment tout se brouilla à la vue d’Arminas, le faisant sombrer dans un tourbillon, pendant des instants qui semblèrent durer des heures. Quand enfin le sens visuel lui fut rendu, il se trouvait dans un endroit qui n’avait plus aucune similitude avec la grotte qu’ils venaient de quitter. Une majestueuse mais sombre cité s’étendait sur des kilomètres à la ronde, un grand nuage obscurcissait le ciel, plongeant Nebullia dans la pénombre.

Il lui fallut quelques instants pour se rendre compte qu’un homme de prestance l’attendait. Il portait une tunique argenté où l’on pouvait lire le blason de la Legio Ombrae "Quae Keya Protego Ombrae".
L’Ombre d’Elessar glissa vers cet homme, puis s’immobilisa à ses pieds. Lorsque l’homme s’avança, l’Ombre le suivit, comme n’importe quelle ombre suivrait la personne auquel elle appartient.

« Bonsoir, Arminas Oronar, bienvenue à Nebullia, la cité des Ombres. J’imagine que tu as compris qui je suis ? »

Arminas Oronar n’était pas bête, il réfléchissait vite. Il avait parfaitement comprit qui était l’homme qui se trouvait devant lui. Il ne répondit pas de suite, mais s’empressa de s’incliner. La tête toujours baissée, il murmura :
« Bonsoir, Ombrae Censor. Merci de m’accueillir en ces lieux. »

Lorsqu’il releva la tête, il eut un mouvement de recul : de nombreuses personnes avaient fait leur apparition aux côtés d’Elessar, légèrement en retrait.
Certaines de ces personnes lui adressaient un regard amusé, peut-être un peu dédaigneux, ou bien était-ce du mépris ? Une femme ne le regardait même pas, ne le jugeant sans doute pas digne d’intérêt.

« Voici mes Ombres, Arminas Oronar. Toutes ont un poids décisionnaire, certaines d’entre elles ont ma préférence, mais toutes comptent pour le Keya. Je vais me charger des présentations et des explications.
Voici donc Vouldhir, le Praefectus Ombrae, il est pour toi, le plus important de tous. Il te donnera un enseignement que tu devras suivre avec le plus grand soin. Ce n’est seulement qu’après avoir suivit cet enseignement que tu seras considéré comme une Ombre à part entière. »


Arminas hocha la tête en direction de Vouldhir, qui l’imita. Il revêtait une tunique noire, qui ne permettait pas de le différencier d’une réelle ombre ou d’un tissu. Il avait un sourire calculateur, sûrement en train de se demander si Arminas Oronar parviendrait à suivre son enseignement. L’Ombrae Vouldhir inspirait à Arminas Oronar un respect presque aussi grand qu’à Elessar.

« A côté de lui se trouve Howl. C’est une Ombre qui fait parler d’elle, hors de Nebullia. Suis son exemple, et tu deviendras vite réputé. »

Howl avait une longue tignasse, bien plus propre que celle d’Arminas. Il arborait un tatouage sous l’œil gauche. Il regardait la nouvelle recrue avec un sourire amical, comme s’il l’avait connu autrefois. Howl lui inspirait confiance.

Arrivait maintenant le tour de la femme qui ne lui prêtait pas le moindre regard. Elle l’intriguait. Pourquoi lui en voulait-elle ?

« Voici Elenna ! Une Ombre capricieuse. C’est aussi un vampire, que notre Howl a prit sous son aile. » Ajouta Elessar avec un léger sourire en direction d’Elenna et de son protecteur.

Arminas prit une grande respiration, conscient que son intervention lui vaudrait des tors, et lança à Elenna :
« Hé toi ! Elenna ? Tu pourrais au moins me regarder ! »
C’est à ce moment là qu’une véritable haine s’était installée entre ces deux Ombrae. Ils se vouaient désormais une haine réciproque.

L’assemblée regarda Arminas, l’air choqué, outré, et pour certains, amusés et désabusés.
Les paroles du vieil homme eurent l’effet escompté, elle se retourna vers lui, montrant les crocs. Elle, habituée et respectueuse de ce genre de cérémonie, ne répondit cependant pas à la provocation.

« Allons Allons, Ombraes, calmez-vous, ou je devrai sévir. » ordonna Elessar. Sa voix n’était plus amicale, elle était grave, sourde et sévère. L’autorité du Censor ne faisait aucun doute.
« Continuons. La dernière ombre est Lazuli. Une douce jeune fille d’apparence, mais se révèle être une Ombre redoutable. »

Lazuli observait Arminas Oronar d’un regard neutre. Elle ne laissait rien transparaitre de ses émotions. Arminas, lui, n’avait pas ce genre de capacité. Il l’observait d’un œil perçant, tentant de déchiffrer une émotion inexistante dans le regard de la jeune fille.
Arminas Oronar ne savait que penser d’elle.

[...]

Arminas Oronar Gulr
Kraken


Déconnecté
 Message
Posts : 300
Threads : 31
Il y a 13 ans | Le 14 Sep 2010 18:09:41

INITIATION.

« Bien, maintenant que les présentations sont faites, je vais t’expliquer comment fonctionne la force de la Legio Ombrae.
Notre pouvoir est un pouvoir collectif, plus il y a d’adeptes du Keya, plus notre puissance est grande.
Agenouille-toi, Arminas Oronar. Nous allons te donner le pouvoir. Celui dont tu rêves la nuit, celui qui fera de toi, le grand guerrier que tu étais autrefois. »


Arminas s’exécuta. Les Ombrae se murent autour de lui et d’Elessar, formant un pentagramme parfait. Tous entonnèrent alors l’hymne de la Legio Ombrae :
« Ô le Très-Haut,
Créateur du Tout et du Quand,
Devant les nuages assemblés qui témoignent de ta puissance,
Je m’agenouille et courbe l’échine, en signe de soumission.

Que le sang de ces victimes puisse apaiser ta colère,
Que leur cri d’agonie rassure tes oreilles,
Que leur corps se décomposant abreuve la terre de ta création,
Afin que tu nous épargnes, nous tes serviteurs.
Donne-moi la Puissance,
Donne-moi la Grandeur,
Donne-moi le Courage,
Pour que ta mémoire, encore soit honorée. »


Les Ombres volatiles entourèrent Arminas. Il les regardait grimper sur lui tels des serpents, avec un regard terrifié. Elles entraient en lui, puis ressortaient, s’entrelaçaient puis recommençaient leur manège.
Arminas Oronar tomba alors à terre, son corps vide de son âme, tandis qu’agenouillé au même endroit, se trouvait son Ombre, une Ombre aux yeux d’un rouge écarlate.

Elessar termina l’hymne par un « Quae Keya Protego Ombrae », puis ses acolytes disparurent, le laissant seul avec Arminas Oronar, nouvelle Ombre parmi Nebullia.

« Relève-toi, Ombre du Keya. »
Arminas s’exécuta.
« Tiens, prends ceci que je te confie. Tenebrae, l’épée de Nebullia. C’est une arme puissante, et gourmande. Prend garde à ce qu’elle ne te dévore pas. » Il avait fait apparaitre une magnifique épée ouvragée, aux armoiries de la Legio Ombrae. Au dessus de la garde se lisait l’inscription "Quae Keya Protego Ombrae". Une puissante aura s’en dégageait.
Arminas s’en saisit. L’épée lui réchauffait la main.

« C’est un honneur, Censor. Je saurai en être digne. »

« J’en suis persuadé, Arminas Oronar. J’en suis persuadé… » Dit-il en sombrant dans les ténèbres, laissant Arminas seul avec ses pensées.

[…]



Arminas Oronar Gulr
Kraken


Déconnecté
 Message
Posts : 300
Threads : 31
Il y a 13 ans | Le 14 Sep 2010 18:10:22

LE PRAEFECTUS OMBRAE.

Arminas avait rapidement trouvé ses marques, dans la grande citée de Nebullia. On lui avait octroyé ses appartements : une chambre à coucher aménagée selon ses goûts, une salle d’armes, ainsi qu’une vaste pièce totalement imprégnée de l’Obscurité ambiante de Nebullia.
Arminas était cependant, qu’un Aspirant, comme on les appelait. Ces hommes et ces femmes, désireux d’être unis au Keya, mais qui n’en avait pas encore l’étoffe. Arminas devait passer des tests, étranges énigmes que lui imposait Vouldhir, le Praefectus Ombrae, la seule Ombre capable de décider qui méritait l’enseignement du Keya.

« Arminas ! Viens là, Aspirant. »
Vouldhir avait un peu devancé Arminas, dans leur promenade dans Nebullia. Ils discutaient beaucoup. En fait, Vouldhir parlait, Arminas apprenait. C’était une Ombre sage, un être curieux, qui s’interrogeait sur chaque chose de la vie et y répondait avec une facilité déconcertante.

Arminas pressa le pas vers le Praefectus.
« Arminas, j’ai bien réfléchis. Pour prouver ta valeur d’Ombrae, tu ne devras accomplir qu’une seule chose. »
Il sortit une plante de sa tunique, et compléta, devant le regard interrogateur de son Aspirant :
« C’est une Mauvaise Herbe. Il y en a un peu partout, autour de la citadelle. Tu devras ramasser ces Herbes, et m’expliquer en quoi cette quête t’aidera à te rapprocher du Keya. »
Arminas l’observa, surpris, et sûr que Vouldhir allait rajouter quelque chose, mais en vain.
« Je te laisse une journée complète, pour venir me retrouver, et me dire ce que tu as compris. »
Arminas s’apprêta à répondre, mais Vouldhir, qui disparu dans les Ombres, ne lui en laissa pas le temps.

Sans qu’il ne s’en rende compte, le Praefectus l’avait conduit aux abords de la cité, là où se trouvaient ces Mauvaises Herbes, en abondance.

Arminas Oronar ne réfléchit pas, à ce moment là. Il est intelligent, mais son maître à penser l’est plus encore. Il est entre de bonnes mains, pourquoi donc réfléchir ?

Il se pencha, et commença sa besogne, arrachant inlassablement les Herbes.
Mais un travail de dure labeur donne le temps de se vider l’esprit, de ne plus penser à rien. C’est un geste monotone : saisir, puis arracher, saisir puis arracher…
Il s’arrêta brusquement dans son mouvement, relâchant doucement l’herbe qu’il avait en main.
Il repensait aux paroles de Vouldhir, « Tu devras ramasser ces Herbes, et m’expliquer en quoi cette quête t’aidera à te rapprocher du Keya. ». Ces mots raisonnaient encore dans sa tête.
Il arracha finalement la Mauvaise Herbe, puis l’observa attentivement… « …t’aidera à te rapprocher du Keya. ». Il la glissa dans sa cape, puis rentra dans ses appartements.

Le soir était tombé, et Arminas douta, allongé dans son lit.
Cette Herbe, cette maudite Herbe ne pouvait l’aider à se rapprocher du Keya, c’était ridicule ! Et pourtant, Vouldhir, lui avait demandé d’en chercher la relation, c’était donc qu’il en existait bien une, non ? Que représentait le Keya ? La toute puissance ? Le savoir ? C’était le Keya, qui avait fait des Gulrs, des hommes qui savent.
Ces Herbes… Une Herbe qui rend tout puissant ? Seuls les mages, pourraient prétendre avoir accès à un tel savoir
Le déclic se fit soudain dans sa tête. C’était pour lui, la seule relation possible au Keya… Cette Mauvaise Herbe, était le symbole du savoir du Keya ! Pourtant, Arminas n’en était pas si sûr. Mais il fallait donner une réponse à Vouldhir.

Lorsqu’il se réveilla le lendemain, il ne lui restait que quelques heures de réflexion, avant de dévoiler à Vouldhir ses déductions et conclusions.
Le temps passa vite, trop vite à son goût, certain qu’il avait échoué.
Il se trouvait de nouveaux aux abords de la cité, lorsque le Praefectus arriva sans crier gare, exactement à l’endroit où il l’avait quitté la veille. Ils se saluèrent respectueusement, puis entamèrent une nouvelle promenade.
Vouldhir observait les Mauvaises Herbes, toutes n’ayant pas subit le funeste sort qu’il leur avait réservé.
« Et bien, Aspirant, explique-moi, comment se fait-il que ces Herbes ne soient pas arrachées ? Pourquoi t’es-tu arrêté dans ta besogne ? Te lasserais-tu de la Legio Ombrae ? Voudrais-tu déjà nous quitter ? » Questionna-t-il en prenant une voix sévère.

Arminas prit alors la parole, une des rares fois depuis qu’il se promenait régulièrement avec Vouldhir, lui exposant ses réflexions de la vieilles.
« …C’est pourquoi ces Herbes symbolisent l’infinie connaissance du Keya, aussi, les arracher ne me rapprocherai pas du Keya, mais m’en éloignerai. »

Vouldhir le fixa, amusé. Il prit une profonde inspiration et souffla. Puis finalement, il se mit à expliquer lentement.
« Il n’y a aucune relation entre l’herbe et le Keya. L’homme ne peut tout mettre en relation. La seule relation possible, est une relation que tu auras inventée pour me satisfaire. »

Arminas s’arrêta subitement. Sûrement déçu d’avoir échoué au test du Praefectus, choqué par la réponse que celui-ci venait de lui donner, et fâché envers Vouldhir de lui poser une réflexion aussi stupide.
Pourtant, Arminas Oronar comprit. Il comprit ce que Vouldhir voulait lui faire comprendre.
Il comprit que Vouldhir, malgré son rang élevé dans la Legio Ombrae, ne devait être considéré comme un saint, comme un sage. Il ne fallait lui accorder tant de crédit, il fallait qu’il apprenne, qu’il réfléchisse, qu’il agisse par lui-même, non par le Praefectus, non par les idées véhiculées par ses supérieurs.

Son regard changea alors. L’éclair de compréhension qui lui passa dans les yeux ne resta pas inaperçu à ceux de Vouldhir.
Le Praefectus sourit. Le premier vrai sourire qu’Arminas vit affiché sur son visage. Vouldhir était heureux. Il n’était pas un saint, loin de là, mais sage, il l’était.

« Félicitations, Arminas. Quae Keya Protego Ombrae. » Puis il disparu sans ajouter mots.

Arminas Oronar était devenu une Ombrae. L'Ombre du Destin, comme il se ferait appeler plus tard.

[…]

Arminas Oronar Gulr
Kraken


Déconnecté
 Message
Posts : 300
Threads : 31
Il y a 13 ans | Le 14 Sep 2010 18:11:02


PREMIÈRE EXPÉRIENCE.

Arminas Oronar, toute récente recrue de la Legio Ombrae avait bien changé, en l’espace des quelques semaines qui le séparaient de son ancienne vie d’ermite.

Il n’avait maintenant, plus rien du vieil homme bedonnant qu’il était. Il avait retrouvé une jeunesse, jeunesse qui n’en finirait jamais.
Il n’avait plus de corps, n’était que l’Ombre de lui-même.
Arminas s’entrainait régulièrement dans ses appartements : s’évaporer et réapparaitre étaient les rudiments de la maîtrise des ombres. Il y parvint rapidement, mais cela ne lui suffit pas.

Intelligent et puissant, il parvint à mettre au point une technique innovante de la maîtrise des ombres.
Le but consistait à ne téléporter qu’une seule partie de son corps, une expérience difficile à tenter, lorsqu’on possède un corps solide, mais Arminas pu s’y entrainer tout à loisir, et c’est ainsi qu’après des semaines d’acharnement, il vit son bras flotter loin devant lui, arraché de son corps.
« En perfectionnant un peu la technique, je pourrai même saisir des objets. » expliqua-t-il à Howl, qui le regardait s’entrainer de temps en temps.

Les semaines passèrent, Arminas Oronar s’habitua bien vite à sa nouvelle vie.
Il avait prit l’habitude de se promener autour de la citadelle, comme il le faisait lorsqu’il était Aspirant, aux côtés de Vouldhir. Il s’était même surpris à s’arrêter au beau milieu de ces Mauvaises Herbes, et à ne plus penser.
De temps en temps, une Ombre l’accompagnait, et ils discutaient, de tout, de rien, des Ombres.
Nebullia, bien que sombre, était une splendide ville, en effervescence, et régulièrement, Arminas croisait ses compères dans les rues de la cité.
Cette fois-ci, c’était Elenna, qui passait devant lui. Il la regarda fixement, l’air de vouloir la défier.
Il savait que si un combat s’engageait entre eux, il n’avait aucune chance de vaincre, mais il tenait à lui montrer qu’il ne se laisserait pas traiter comme de la vermine.
Non, ce temps là était terminé. Arminas Oronar était mort, il n’était plus une vermine.

Elenna remarqua son regard, et montra ses canines.
Elle n’engagea même pas la conversation. Avec une rapidité impressionnante, elle se retrouva derrière Arminas et lui asséna un violent coup dans le dos, qui l’envoya directement s’écraser contre un mur en une masse informe.
Les Ombres s’élevèrent autour de lui. Il se redressa lentement, tenant Tenebrae dans sa main droite.
Le temps qu’il se relève, Elenna avait fait elle aussi apparaitre une épée dans sa main.

Arminas Oronar, puissant et intelligent songea vite à ses capacités et celles d’Elenna. Elle était rapide, pour la contrer, il lui fallait donc l’être autant.

Arminas se téléporta directement derrière elle, prêt à frapper. Elenna para facilement l’attaque et riposta.
Les lames s’entrechoquèrent plusieurs fois. Arminas enchainait les coups et les téléportations, tournant autour de son adversaire.
D’un coup plus puissant que les autres, Elenna le désarma, envoyant Tenebrae à plusieurs mètres d’Arminas, qui était maintenant étendu au sol, à la merci du vampire.
Elle montra à nouveau ses deux dents blanches, regrettant sans doute qu’il n’y ait pas de sang dans ce corps.
Pour la première fois, Arminas entendit le son de la voix d’Elenna, bien qu’il ne l’écouta qu’à moitié :
« …Tu te crois puissant, misérable ? Tu crois pouvoir me défier sans le regretter ? Je vais te faire payer cet… »
Pendant ce temps, un bras tâtait le sol, près de Tenebrae. Lorsque la main qui se trouvait au bout de ce bras se saisit de la garde de l’épée, le tout disparu.
Au même moment, l’arme d’Elenna s’abattit sur celle d’Arminas, qu’il venait de récupérer.
La violence du choc fut telle qu’il s’enfonça plus encore sur le sol, tandis qu’elle fut propulsée en arrière.

Le vampire était décoiffé, Arminas essoufflé. Tous deux comprirent que le combat était terminé.
« Ce n’est que partie remise… » Souffla-t-elle avant de cracher au sol et de partir.

Arminas, lui, resta étendu dans l’herbe, vidé de toute énergie. Il serra Tenebrae. Un étrange phénomène se mit alors en marche. Une Ombre s’élevait de l’épée, et recouvrait Arminas.
Celui-ci se releva aussitôt, plus vif que jamais.
Des mots lui revinrent en mémoire : « C’est une arme puissante, et gourmande. Prend garde à ce qu’elle ne te dévore pas. »

[…]


Arminas Oronar Gulr
Kraken


Déconnecté
 Message
Posts : 300
Threads : 31
Il y a 13 ans | Le 14 Sep 2010 18:11:33

LA MISSION.


La cité de Nebullia avait bien changée, depuis qu'Arminas avait affronté Elenna dans les ruelles sombres.
Celle-ci, ainsi que son protecteur, Howl, en étaient désormais bannis, remplacés par la toute jeune Alysée.

Arminas rentrait d'une mission de plusieurs jours, autorisée par Elessar. Le Keya lui-même avait visité Arminas durant son sommeil afin de lui confier cette tâche.

C’était il y a deux semaines de cela, il était alors minuit, lorsqu'il se réveilla en sueur, après qu'une voix désincarnée lui eut parlé.

« Arminas Oronar, suis la voie du Keya, suis sa voix.
Les ennemis du Keya doivent périr, noyés parmi les Ombres destructrices,
Ta destinée, Arminas Oronar, est de leur provoquer des sévices.
Lève toi, Ombre du Destin,
Montre leur le chemin.
Car seule la voix du Keya importe, afin que tous suivent sa voie."


Sur le moment, Arminas ne saisit pas de quoi voulait parler la voix. Ce ne fut que le lendemain, lors d'une réunion militaire tenue par la Legio Ombrae qu'il en comprit pleinement le sens.
Elle était présidée par Elessar, entouré des Ombrae au complet : Moach, Vouldhir, Santofalc, Lazuli, Hyzuro, Hakuto et Arminas lui-même, Alysée n’étant encore qu’une Aspirante, elle n’avait pas été admise à la réunion.

« ...Ces chiens galeux nous narguent, nous, puissantes Ombres, serviteurs du Keya ! Nous ne devons pas nous laisser faire ! Prenons les armes, anéantissons-les... »
Elessar parlait avec vigueur, il brandissait son poing régulièrement.

Ils se trouvaient autour d'une table ronde en bois noir, où se trouvait en son centre un aigle doré, sous lequel se déroulait une bannière avec le crédo de la Legio Ombrae "Quae Keya Protego Ombrae".

Une véritable controverse se déroulait dans la salle de réunion, chacun se levant pour parler.

Lorsqu'Arminas sorti de sa torpeur, il se leva brusquement, irresponsable de ses actes, faisant taire l'assemblée.
« Je peux éliminer le général de ces pleutres. En toute discrétion. L'acte sera revendiqué par la Legio Ombrae, tous sauront que nous sommes là. Tous, ensuite, connaîtront la puissance du Keya. » Il se rassit, attendant les réactions des décideurs. Ils s'interrogèrent du regard, doutant de l'efficacité d'Arminas.

Elessar se leva, prêt à décliner l'offre de l'Ombre, lorsque Vouldhir, le Praefectus, Ombrae sage, et respecté par le Censor, se leva à son tour.
« Je pense que nous devrions laisser Arminas faire ses preuves. » puis il se rassit à son tour.
Ces simples mots suffirent à résigner Elessar, ainsi que les autres.

« Bien, Arminas. Ce sera donc ta tâche. Réussis, et le Keya te remerciera, échoue, et tu descendras dans mon estime, si tu en ressors vivant, bien sûr.
La séance est levée, Ombrae. Vous pouvez disposer.
Quae Keya Protego Ombrae. »
dit-il en laissant les autres l'imiter, avant que tous disparaissent.

Arminas se retrouvait seul dans la salle, légèrement désorienté. Il tourna son regard vers l'emblème de la Legio Ombrae, avant de s'évaporer dans les ombres régnant dans la salle...

Assassiner un général ennemi servirait d'exemple pour les autres, et Arminas en serait la cause. C'était ce que voulait dire la voix du Keya.


Le lendemain de la réunion, il se rendit aux appartements de Vouldhir, afin de le remercier d'avoir soutenu sa cause.

«Ne me remercie pas, Arminas. Ce n'est que de toi que dépendra ta réussite ou ton échec. J'avais le sentiment qu'il fallait te laisser faire tes preuves. Le Keya me parle, je suis sa voix. Rien de plus. A présent, laisse-moi, j'ai à faire. »

Arminas disparut soudainement, happé par les ténèbres, sans qu'il ne les appela. La maîtrise des ombres du Praefectus était décidément très perfectionnée.

Il observa autour de lui, ne reconnaissant pas le paysage. Il n'était pas dans Nebullia, ni à ses alentours, il en était certain.
Vouldhir l'avait envoyé sur les Terres Argentés, Eden, comme les appelaient les Ombrae.

[…]


Arminas Oronar Gulr
Kraken


Déconnecté
 Message
Posts : 300
Threads : 31
Il y a 13 ans | Le 14 Sep 2010 18:12:00

LA CITÉ DE LUMIÈRE.

L’Eden…
Ses paysages magnifiques, sa flore luxuriante, sa faune diversifiée… Un paradis pour tous.
Mais lorsqu’on est une Ombrae, l’Eden ressemblerait à s’y méprendre aux Enfers, particulièrement lorsqu’on s’appelle Arminas Oronar.

Il devait se rendre en terre de Baduk, afin d’exécuter sa mission.
De nombreux souvenirs lui revenaient en tête, alors qu’il traversait la contrée de Kedok, la plus grande des Terres d’Argent. Le Royaume de Santéria, la vallée du Djin. De mauvais souvenirs…
Des souvenirs de sa gloire passée, bientôt retrouvée. Des souvenirs d’Arminas Oronar, grand général, vainqueur de nombreuses batailles sur ces mêmes terres.

Des souvenirs de mort.
Des souvenirs d’un mort.
Les souvenirs d’Arminas Oronar.

[…]

« Baduk, me revoici. »
La nuit était tombée, Arminas avait gagné les falaises, aux abords de la ville des Grottes de Han. Il passait sa nuit dans une grotte. Un feu noir brûlait, tandis qu’il observait la ville en contrebas.
Arminas ne dormit pas, ce soir-là. Il s’entrainait à la maîtrise des ombres, plus difficile en Eden qu’à Nebullia.
Il agitait ses bras, laissant des traces sombres dans les airs, tandis que les ombres projetés sur les parois de la grotte se mouvaient selon sa volonté. Il les agrandissait, les rétrécissait, s’en servait comme le prolongement de ses bras. Les formes obscures tentaient alors vainement de saisir les bûches posées près du feu. Il décida de s’arrêter et fit apparaître Tenebrae dans sa main droite. Il s’exerça à son maniement.
Depuis son altercation avec Elenna, Arminas sentait plus encore le pouvoir de son arme. Il parvenait même à l’activer et à s’en servir. Chaque mouvement de la lame envoyait une onde de ténèbres si puissante qu’elle était capable de fracasser la roche.
Quelques heures après, Arminas abandonna, préférant observer l’horizon, à l’est, assit en tailleur au bord de la falaise.
« Cinq lieues… »
Oui, cinq lieues. C’était la distance le séparant de son but.
Le soleil se levait. Ce n’est seulement qu’à ce moment que l’on pouvait observer la Cité de Lumière depuis les Grottes de Han. La destination d’Arminas s’offrait à son regard.

D’un revers de la main, il fit disparaitre son campement de fortune parmi les ombres, puis il disparut également, attendant que le soleil ne se couche de nouveau, avant de frapper sa victime.

[…]

Le soir même, derrière les portes de la Cité Lumière, des gardes se disputent.

« Je te dis que j’ai vu des yeux rouges dans l’ombre, là-bas ! »
« T’as encore bu toi ! Le rapport de la dernière fois ne t’a pas suffit ? »

Le garde attrapa son collègue et le souleva du sol :
« Ne me prends pas pour un imbécile, je sais ce que j’ai… »
Son visage se figea soudain. Son camarade l’observa, attendant qu’il finisse sa phrase. Il aperçut soudain la pointe d’une lame noire, dépassant de son ventre. Quand le métal disparut, l’homme courut vers la cloche d’alerte.
Il l’atteignait presque lorsqu’une Ombre se matérialisa devant lui. L’homme s’arrêta, choqué.
« Les yeux rouges… »
Ce furent les dernières paroles que prononça le garde. Il s’effondra au sol, tandis qu’Arminas disparaissait de nouveau dans les Ombres, se déplaçant furtivement dans les moindres recoins de la Cité.

La Cité Lumière… L’antipode de Nebullia et de la Legio Ombrae. Il est difficile pour une Ombre de s’y mouvoir. Les feux brûlent en permanence, dissipant l’ombre.
Mais comme la Lumière, l’Ombre ne meurt pas, non, elle se cache, elle attend son heure et surprend l’homme, lui fait peur.

[…]

Chambre du Général Athirias.

Les yeux d’Arminas se déplacent doucement dans les ténèbres de la pièce, tandis qu’Athirias dort paisiblement dans son lit de plumes.
L’Ombre se matérialisa silencieusement dans la pièce. Il glissa jusqu’au lit du Général.
Tenebrae surgit dans sa main droite. Un léger sifflement se produisit lorsqu’il la leva en l’air, au dessus du corps endormi d’Athirias.
« Quae Keya Protego Ombrae. »
Puis il abaissa son arme sur le Général. Celui-ci, rapide comme l’éclair, para d’une petite dague cachée sous son oreiller, le temps pour lui de se lever et de saisir sa propre épée.
« GAAARDES ! ALERTE, GARDES ! »
Un court combat s’engagea entre eux, les lames s’entrechoquant, lançant des étincelles dans la pièce. Tous deux se repoussèrent de quelques mètres, lorsque la porte s’ouvrit à la volée.
Arminas, surprit, fit siffler Tenebrae vers les gardes. L’un d’eux se prit l’onde de choc de plein fouet et fut projeté dans le couloir, se fracassant contre le mur.
Raide mort.
Arminas fit un rapide calcul de la situation et préféra battre en retraite. La première phase de son plan était accomplie. Il disparut de nouveau dans les ténèbres de la chambre.

[…]


Arminas Oronar Gulr
Kraken


Déconnecté
 Message
Posts : 300
Threads : 31
Il y a 13 ans | Le 14 Sep 2010 18:12:30

L’OMBRE DU DESTIN.

"L’Ombre ne meurt pas, non, elle se cache, elle attend son heure et surprend l’homme, lui fait peur. "

Arminas était de retour dans la grotte qu’il avait occupé la veille. De nouveau, un feu noir brûlait. Il s’en approcha, fit des moulinets avec ses bras. On distingua alors la voix résonnante d’Elessar.
« Quae Keya Protego Ombrae. Quelles sont les nouvelles, Arminas ? »
« Quae Keya Protego Ombrae, Censor. Je viens d’accomplir la première phase de mon plan. Une fausse attaque sur le Général Athirias, afin de distraire et occuper les troupes de gardes. Tous seront à son chevet, persuadés que je reviendrai, pendant que moi, discret comme une Ombre, je tuerai le Général Esin, fidèle de feu Yjan, grand décideur des armées du bien. »
« Félicitations, Arminas. Ton plan est judicieux, il a de fortes chances d’aboutir. Prends contact une fois la mission terminée.

Les flammes s’affolèrent, puis revinrent à la normale.
Arminas s’attarda sur le brasier durant quelques heures, pensif.

Les ténèbres tombent sur Baduk. La Cité de Lumière est endormie à tous les étages. Seule une chambre est éclairée, celle du Général Athirias. Une dizaine de gardes restent éveillés devant la porte, prêts à agir.
Les yeux mi-clos d’Arminas passèrent devant eux sans qu’il ne se fasse repérer, traversant le couloir obscur en direction de la chambre d’Esin.
Il apparut dans la chambre et observa attentivement les lieux : un gigantesque lit à baldaquin se trouvait au milieu de la pièce. Dedans dormaient deux personnes, sa cible et sa femme. Les murs étaient ornés de magnifiques tapisseries brodées aux armoiries d’Yjan. De grandes armoires en bois massifs, de grandes malles…

Il s’approcha du lit, et dit tout haut la prière pour les âmes.
« Quae Keya Protego Ombrae. »
Esin se réveilla, tout comme sa compagne, qui elle, se mit à hurler.
« Qui êtes-vous ? Que voulez-v… »
Arminas ne le laissa pas terminer sa phrase, il lui planta la lame de Tenebrae dans la poitrine. L’homme mort, la lame disparut aussi vite qu’elle était apparue.
Il se tourna vers la femme, et répondit à la question de son mari.
« Je suis Arminas Oronar, l’Ombre du Destin. Répète-le aux autres, femme, la Legio Ombrae ne vous laissera pas faire. La guerre vous est déclarée. »

La porte s’ouvrit à la volée, laissant entrer cinq gardes, alertés par le cri de la femme du Général.
Arminas secoua les bras. Les Ombres alentours s’activèrent immédiatement, lui obéissant docilement. Un immense dragon d’ombre se dressait dans la chambre. La bête, douée d’une autonomie d’intelligence fondit sur les gardes, brisant leurs lances et épée. Il fit un tour sur lui-même, balayant les hommes d’un coup de queue.
Un seul d’entre eux se tenait encore debout, alors que le dragon se dissipait dans les ténèbres.
« L’Ombre du Destin est en marche. » et il s’élança sur lui, lui assénant un violent coup de poing qui l’envoya s’écraser dans une des malles restée ouverte.
Arminas s’évapora pour à nouveau se retrouver dans sa grotte.
Comme prévu, il prit contact avec Elessar.
« …Ravit d’apprendre ta victoire, Arminas. »
« Notre victoire, Censor. »
« Oui, oui, Arminas, notre victoire. Tu pourras revenir à Nebullia quand bon te semblera. Le portail est encore actif, dans la grotte où nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Tu pourras l’utiliser. »
« Merci, Censor. Je reviendrai vite. »


C’est ainsi que naquit l’Ombre du Destin. On le nomma ainsi car sa destinée était de mettre fin à celle des autres. Jamais une cible désignée ne lui échappa.

L’Ombre du Destin…