Préambule.


Il arrive toujours un jour où, dans la vie d’une personne, on commence à se dire que notre mémoire nous fera bientôt défaut et que bien des évènements importants qui nous ont forgés disparaitront alors de notre esprit. Les causes qui mènent à cet oubli progressif sont multiples chez les humains mais l’on pourrait les résumer aux chocs crâniens ainsi qu’à l’approche de la mort qui s’occupe à faire diminuer sensiblement leur mémoire jusqu’à ce que dans certains cas, elle disparaisse totalement. En ce qui me concerne, je souffre d’un tout autre souci.

Pour les gens de ma caste, notre mémoire ne fait pas défaut pour un souci de diminution de capacité ni par une soit disant fin de vie, mais notre vie, considérablement longue par rapport aux humains, ne peut que difficilement être totalement gardée en mémoire sans avoir à l'apposée sur papier. Evidemment, toutes vies ne méritent guère de se voir être comtés sur du parchemin et se voir accompagnées d'une reliure mais je juge ma vie, par orgueil maladif je le concède, plus auguste que celle d'un humain ou encore plus que celle d'un bon nombre de mes congénères qui ont vécu simplement. Bien sur, le lecteur restera alors seul juge de la vraisemblance de mon orgueil qui se verra bien ou alors mal venu.

Pour commencer, ma mémoire prend ses origines six siècles en aval, quelques années après ma naissance, dont la date exacte m'échappe mais ce n'est pas grave. Mon frère jumeau et moi même étions encore adolescents, de juvéniles immortels que nos parents laissaient aller d'est en ouest sur les terres de Baduk. A l'époque, nous écumions chacune des villes du continent, massacrants les hors-la-loi que nous croisions la nuit dans les ruelles calmes et isolées des grandes villes, les saignants à blanc. Cette chasse aux criminels de tout étages était été par notre capacité à sonder partiellement les âmes des personnes en notre présence, cela se limitait aux sentiments ambiants des personnes, faisant tout de même de nous d'excellents juges de la nature humaines, bien que ce don fut au cours des années bien surfait, car Baduk, à l'instar de Kedok, était une terre de criminel, déjà à l'époque.
Je n'ai vécu que très peu de temps avec mon frère, tout au plus une trentaine d'années, interrompue par la mort, ou tout du moins, la disparition de celui-ci. Comme évaporé de mon monde, point de corps retrouvé, simplement des rumeurs sur sa mort préméditée par un groupe de paladins qui voyait en nous des assassins sans vergogne malgré le choix de nos cibles. Cet acte, irréfléchi, changea totalement mon point de vue vis à vis de l'humanité que je pensais louable, et ce jusqu'à aujourd'hui.

L'humanité se caractérisait déjà par son intolérance des autres êtres doués de pensée, souhaitant le contrôle absolu des cinq terres. J'ouvrais donc les yeux face à des décennies de massacres des castes plus puissantes que les humains, qui se mobilisaient pour juguler les races gênantes, petits groupes par petits groupes. Seuls les Hauts-Elfes, en dépit de leur immortalité ne furent pas tué, car bien plus nombreux que les hommes mais aussi pour leur volonté inébranlable de maintenir la Paix. Ma haine pour ces gens n'eu bientôt plus de limite, et celle ci m'ouvrit les portes d'un monde qui me rend aujourd'hui nostalgique : l'Ordre Athorien, qui fit partie intégrante de ma vie jusqu'à mon grand sommeil.

Mais j'en oublie les civilités et autres politesses, j'ai omis de me présenter.
Je suis un né vampire, portant le nom de Yürèc, de la Lignée des Dragulia.