Journal d'une Dryade

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Il y a 13 ans | Le 26 Aug 2010 17:57:21
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Préface *


« Ô douce pétale de rose qui me caresse la joue, enivre moi de ton odeur. Que, par le subtil parfum que tu dégages, mes sens s'éveillent et que ma journée soit éclairée de ta sublime beauté. »


Brèves pensées, bribes de mon passé, poèmes ... Qu'en sais-je ?
Ces pages ne seront rien d'autre que le reflet de ma douce vie que je mène loin du bruit des villes, loin de cette ruche grouillante d'abeilles toutes aussi effrénées les unes des autres. Loin de moi l'envie de me faire envier, seul le désir de rendre hommage à ma plus grande et tendre amie persiste. Car qui y a-t-il de plus magnifique et vivifiant que la Nature ?

Si peu admirée, tellement gâchée ... Comme si elle importait peu aux yeux des autres. Qu'il s'agisse des Hommes ou des démons sortis tout droit des plaines abyssales, tous ont une fois dans leur vie mis en péril mère Nature. Du moins je le pensai et continuai d'y penser durant de longues années jusqu'à ce que je finisse par rencontrer l'exception qui confirme la règle. Mais c'est déjà là un tout autre chapitre qu'il me faudra aborder sans pour autant m'y hâter. N'allons pas brûler les étapes, nous nous perdrions en chemin et ce n'est pas le but que nous devons atteindre car même si je saurais retrouver mon chemin, je ne voudrais vous faire traverser les pires moments que j'ai pu connaître durant ma très longue existence qui n'est au final pas si fleurie que cela.

« La vie est une rose dont chaque pétale est une illusion et chaque épine une réalité. »

Oh mais quelle impolie fais-je ...
Je suis Narcisse, fille du grand chêne de la forêt située un peu plus au nord de Lodaran et protectrice des bois. Une dryade pour être plus précise, en espérant que vous ne confondrez pas avec les hamadryades qui sont quelque peu différentes des autres. Plus proche de la Nature dans la mesure où toutes deux sont étroitement liées, l'existence de l'hamadryade dépend de celle de l'arbre lui ayant insufflé la vie. Triste sort, triste fatalité qui fait parti intégrante de la survie de cette créature ... Non je ne suis vouée à une telle mort, mais cela ne m'empêche pas de protéger mère Nature comme je le dois et sans doute même mieux que tout autre puisque je ne connais aucune limite physique.

Caressez donc chaque parchemin afin de prendre totalement contact avec ce recueil, plongez avec moi à l'intérieur même de celui-ci, écoutez avec la plus grande attention chaque bruit que vous entendrez du simple bruissement de feuille au griffon doré, admirez la beauté des paysages ... Profitez donc, car n'oubliez jamais une chose ... Tout ce qui est de ce monde est amené à disparaître un jour. Tout, du simple brin d'herbe au Grand Chêne, n'est finalement qu'éphémère.

Bataille vaine, dites-vous alors ? C'est possible.
Mais n'est-ce pas une façon de donner un sens à sa vie ? Sans doute.
Garder au fond de soi ne serait-ce qu'un filament d'espoir.

Peut-être comprendrez-vous ... Qui sait ?

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Membre supprimé
Il y a 13 ans | Le 31 Aug 2010 12:55:59
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Le Grand Chêne *


« Insufflateur de mon existence, je me ploie devant ta grandeur et resterai auprès de toi jusqu'à ce que tout ne soit qu'obscurité. Je suis et resterai liée à ta personne par le simple amour que je te porte, je m'y engage. Amour infaillible. Inextinguible. Eternel. Sempiternel. »

Nous voici arrivés au centre même de la forêt. Entendez-vous les petits gazouillements d'oiseaux ? Ne trouvez-vous pas qu'ils sont une des choses de cette terre qui inspire le plus au calme et à la paix ? J'ai toujours été une grande admiratrice de cette faune pourtant si peu connue, me laissant bercer chaque après-midi depuis le commencement par ces chants apaisants. Nous sommes ici, dans ce que j'appellerai très justement mon petit coin de Paradis.

Certes, il n'est pas des plus logiques de commencer un récit par son coeur mais il est pour moi primordial d'entamer ce journal par ce que je penserai être son tout début. Le commencement de la vie, de mon existence devrai-je même souligner car il ne faut oublier que je suis fille du grand chêne. Mais si, souvenez-vous. C'était il y a à peine une page. Cela vous revient-il en mémoire ? Vous avez préféré revenir en arrière afin de vérifier la justesse de mes propos ? Bien, alors poursuivons notre visite.

Je suis née au sein du roi de la forêt il y a maintenant plusieurs siècles ; tant d'années passées que je ne les compte plus. Cela devrait vous donner une idée, du moins je l'espère. C'est donc au sein de cet arbre que j'ai pu inspirer ma première bulle d'air puis, après m'en être extirpée, jeter mon premier regard sur le monde. Nullement agréable à voir lorsque l'on prête attention aux horreurs qu'ont pu provoquer les Hommes, mais si beau si l'on ne regarde que ce que la Nature daigne apporter. Respecter ce qu'elle nous offre a été la première règle que l'on m'a enseigné. Aussi, n'ai-je jamais dérobé de baies sans la permission de ma Souveraine Dame Nature. Lorsque le désir devenait impossible à maîtriser, il me suffisait d'effectuer un simple don en échange de quelques gourmandises.

L'on raconte dans le livre des Anciens, enfoui dans un lieu que seules les Dryades les plus sages connaissent, qu'un Homme ayant convoité puis par la suite volé des fruits qu'il avait trouvé sur son passage sans effectuer ne serait-ce qu'une prière aurait succombé peu après. Il faut résister à la tentation, et non en être soumis au point de faire entrave au développement de la terre. Toujours est-il qu'il fut retrouvé au milieu d'un champs ... à moitié. Les fourmis sont voraces quand elles veulent, ne les sous-estimez jamais.

Mais revenons-en à ce chêne dont nous nous sommes égarés quelques instants, voulez-vous ? J'ai encore de nombreuses petites anecdotes à vous raconter bien plus tard, celle-ci n'était qu'une petite mise en bouche. Il y a de cela plusieurs années je me suis mise à écrire quelques esquisses poétiques, bien que je ne sois guère très douée pour cela, et l'une d'elle traitait justement du Grand Chêne. Qui d'autre aurait donc pu m'inspirer sinon lui ?

Asseyez-vous, je vous prie et fermez donc les yeux. La douce mélodie de ma voix s'en ira caresser vos oreilles, tandis que le vent soufflera légèrement soulevant vos cheveux. Douce caresse ...

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