Prêtre...
J'ai pris place dans l'église, j'ai demandé à devenir prêtre, un homme de foi.
Je pensais avoir besoin de me rapprocher des bondieuseries, peut-être cela m'aiderait à me trouver, la trouver, elle.
J'avais retiré tout mes apparats de Romano Michel, lavé mon visage de la poussière devenue boueuse par les larmes sur mes joues.
Des larmes de détresse et d'ivresses en tout genres, dissimulé mon bandana ensanglanté dans ma poche droite.
Alors j'ai poussé la grande et lourde porte de l'église, le poids n'était pas tant celui de l'entrée, mais surtout celui de ma décision.
J'ai traversé la longue allée centrale du lieu saint, me suis placé devant un homme.
Il s'appelle Pulsat, un brave homme selon moi, peut-être trop idéaliste, mais un bon gars.
Je lui ai offert quelques miettes de ma vie.
J'ai osé avouer avoir des discutions avec Dieu, mais je n'avais pas tout dit ce jour là.
Je n'avais pas avoué avoir des discutions avec le Diable aussi, avoir de longs monologues avec Ciel, mon premier amour. Elle était diablement folle, une aliéné.
Je l'aimais aveuglément, je' l'aime toujours.
Main dans la main sur les routes calamiteuses, nous avions amassés plus de souvenirs que de trésors, bien que mon plus beau trésor soit ma mémoire défaillante.
Des enchantements maladroits, des mots plus hauts que les autres, certaines fois prononcés à voix basses, les murmures de l'amour, de l'humour, sans détour.
Toujours et encore liés par nos âmes sœurs, nous avions fait des rencontres improbables.
Notre empereur Tzameti si froid et si bon avec nous, un charisme à faire pâlir les divinités.
Une force herculéenne, peu de mots sortaient de sa bouche, mais le peu prononcés étaient tranchants et compréhensibles même pour un sourd complètement ivre. Je vous passe les détails quand il daignait sortir son glaive du fourreau.
L'envoutante Néruda, nous l'avions surnommés "La toubib", elle aimait regarder des près, sous toutes les coutures les gens qui l'approchaient. Elle ne se déplaçait jamais sans sa collection de bistouris, son préféré était Scalpe'elle. Elle aussi elle avait un petit je ne sais quoi qui la rendait Alliénés.
Le frappant ou frappé Arh Murh, il ne longeait pas les murs lui, il rentrait dedans tête la première, puis sortait son épée en faisant des bonds en tout sens et poussant des hurlements "boing boing boing!!!" . J'avoue ne jamais avoir réussi à cerner ce mec.
Quoi que lui a réussi à m'en filer des cernes en tournant autour de ma Ciel.
Un peu avant la fin, nous avions squattés une vieille bâtisse.
Fallait bien nous poser un jour ou l'autre.
Ciel avait suivit ensuite un sale type qui avait un prénom à coucher dehors.
Je suis parti la chercher, avec un rien de paquetage et un petit couteau rouillé.
Je retrouvais finalement la demoiselle en détresse, et le moment ou je croisais enfin son regard, elle disparait dans un éclat d'eau.
Là, se fût la panique totale. Quoi faire? Pourquoi? C'est quoi ce bordel? Et il a quoi l'autre nain à me regarder de travers? Trop de question... Une réponse.
J'avais sauté pieds joints dans le bassin de la fontaine où elle venait de s'éclipser, je voulais la garder avec moi, mais la colère avait ouvert la brèche, déchirée mon cœur.
Mes yeux se sont alors à nouveau écarquillés sur un monde, un nouveau monde où je suis perdu.
Je dois guider des gens qui veulent vivre, alors que moi je ne veux que me perdre.
Je suis censé avoir les bonnes paroles, le mot juste.
Garder l'équilibre en mon être, ne pas montrer mon déséquilibre.
Je dois voiler ma personnalité profonde.
Je suis un homme de foi, je suis aussi un homme.
Qui suis-je après tout pour écouter sans broncher des actions des uns et des autres, sans juger...
J'aime torturer mon foie jusqu'à plus soif, j'aime monter sur les tables et danser jusqu'à l'aube.
Dormir à même la terre, sur un tas d'ivrognes, parmi les femmes, sur le zinc du tavernier.
Me mettre torse nu au soleil, enfiler mon fameux bandana ensanglanté.
Me voiler la vue d'un film de sang.
Allumer des feux dans les bois, danser, danser, danser et encore danser, boire, aimer et jurer, me moquer des uns et des autres.
Dires qu'ils sont laids, que leur physique ne reflète que leur stupidité.
Compter fleurette aux jeunes pucelles, jouer de ma verve avec les femmes de joie, prendre en accolade un assassin et rire d'ivresse de son histoire pittoresque.
Comment et pourquoi je me refuserais les joies de la vie?
je n'ai point le droit à la vie moi aussi?
Et Ciel? Vie-t-elle encore, son absence, sa perte me fait souffrir.
J'ai mal au plus profond de mon être. Il me manque une partie de ma vie, encore une autre partie, et une autre...
Je me répète? Ma vie n'est qu'une histoire de répétitions.
Je nais, je disparais,je renais en des mondes inconnus, et ainsi de suite.
J'en viens à prier la mort de mes parents, que le Soleil se couche et ne revienne jamais à son zénith, que la Lune s'étouffe avec son croissant. Ainsi je trouverais peut-être la paix.