Ma sœur me manque !…

Elle n’est plus parmi nous , elle est dans un coma profond selon les médecins…



Nous sommes jumelles, Léona et Eve les sœurs génocides qu’on nous appelait. Depuis notre plus tendre enfance, je pense tendre n’est pas le mot approprié, nous sommes en compétition pour un peu tout, je crois bien qu’elle a gagné la coupe du sommeil!

Elle me manque !…

Elle est la moitié de mon âme. On dit que des jumelles pensent les même choses et ressentent les même sentiments au même moment. A l’âge de trois ans, je m’en souviens comme si c’était hier,
nous jouions avec des pierres. Nous les entassions de manière à se qu’elles aient l’air d’une montagne. Nous reculions un maximum dans le jardin et nous regardions cette montagne factice, pendant des heures durant.

Et puis un jour un lapin est passé par là, escaladant notre montagne. Léona a pris une pierre et moi dans le même lapse de temps je saisis une branche bien ferme à la main. Ni une ni deux Léo lui jeta la pierre au coin du crâne, et moi je me ruais dessus pour le tabasser à grand coups de branche. Nous avons appelé CORONER pour qu’il vienne jouer avec nous, je crois qu’il était entrain d’arracher les plumes d’un oisillon. Nous nous sommes assis tous trois autour du lapin qui était juste assommé. Je me suis lever et partie en vitesse dans la cuisine en hurlant …

Attendez !.. Touchez à rien, j’arrive tout de suite!!!!

Je suis revenue avec un couteau qui ne coupait pas trop, alors j’ai galéré. Léo et CORO me regardaient intrigués de mon idée nouvelle. Je crois bien qu’ils avaient compris, le frangin riait à se pisser dessus et Léo, elle, grognait. J’aimais pas quand elle grognait, elle me faisait peur quand elle grognait comme sa.

Tenez lui les pattes!!

Ils s’exécutèrent aussi tôt et moi je commençais l’expérience. J’appuyais avec le couteau sur la poitrine du lapin, à moitié morte de rire, à moitié rageuse. Vous avez déjà entendu un lapin hurler ? Nous oui ! Une douce mélopée de sons stridents, magnifique !! Accompagnée des percussions des os qui explosent sous le poids de la lame d’une enfant qui joue avec la vie.

Une entaille commençait à apparaître, le pelage blanc du lapin devenait rouge sang, et tout coulant, c’était beau! CORO ne résista pas très longtemps avant de lâcher une des deux pattes qu’il tenait. Il avait pousser ma lame de la main, et fouillait le ventre du lapin qui bougeait encore. Il était bel et bien mort mais les nerfs essayaient de le garder en vie je crois, les souvenirs de petite filles sont un peu faussés des fois.

Nous étions complètement hilares de ce moment. Léo frappa le cadavre de toutes ses forces. Le sang et les tripes nous bondirent au visage. Je plantais le couteau dans l’œil du lapin et nous sommes partis jouer ailleurs, laissant le cadavre sur le tas de pierres.
C’était notre premier crime en famille!

À partir de là, toute notre vie s’est accélérée! C’était comme être frapper par la foudre, je crois que nous avons jamais retrouvé ce plaisir! Ce moment restera graver dans nos mémoires à tout jamais.

Chaque jour nous jouions autour de ce monticule de pierres ensanglanté, chaque jour qui passait, nous nous aventurions de plus en plus loin de la maison. Parfois même jusqu’au cœur de la forêt!
Nous nous amusions à hurler comme les Loups. Ces derniers nous répondaient à chaque coups mais nous laissaient en paix. De toute manière papa nous avait dit qu’ils étaient nos amis, nos protecteurs.

Un jour où nous sommes peut être allés trop loin, par de là la lisière de la forêt, nous avions surpris une meute de Loups entrain de dévorer une biche. Nous nous sommes approchés, lentement, pas trop rassurés mais pas trop apeurés non plus. Je crois que nous étions déjà des lycanthropes sans le savoir. Les carnivores nous laissèrent approcher, comme si nous étions des leurs. Léo et moi allâment trifouiller la biche qui était encore chaude. Alors que COROl avait sauter sur le dos d’un gros loup et je sais pas ce qu’il essayait de faire, mais le loup s’est couché sur le dos les quatre pattes en l’air. Nous ne comprenions pas tout avec Léo, et CORO lui non plus je crois!

Après ça papa est arrivé comme un furieux, les loups se sont tous couchés comme pour une révérence. La frangine et moi avions encore tout plein la bouche de cette biche, et CORO se mit à grogner après papa, il s’est mangé une bonne gifle! Et nous pas mieux!

Papa a ramassé la biche et l’a mis sur son épaule.

Allez hop !… tout le monde à la maison!!

Il était pas content, mais nous on s’en foutait, nous avions passé une bonne journée et un agréable moment. Nous avions fait connaissance avec les Loups qui chantaient avec nous depuis longtemps déjà.

Alors que nous jouions à massacrer les petits gibiers et apprenions à chasser avec les Loups, nous commencions à lorgner du côté des villageois qui habitaient pas très loin de la maison. Je crois bien que Léo et moi nous sommes parties les premières dans le village, CORO était un peu solitaire, il n’a toujours pas changer d‘ailleurs. On attendait au centre du village, un villageois passait et nous lui sautions dessus et le tapions à mort…

Et puis nous nous sommes vite ennuyés, car les passants se faisaient de plus en plus rares.
J’avais dit à Léo que j’allais un peu plus loin que le village, besoin de prendre l’air du grand large, découvrir de nouvelles proies et des nouvelles manières de chasser. Elle ne voulait pas venir avec moi, je pense qu’elle était bien trop attachée à toute cette fête sanguinaire quotidienne.
J’ai entamé mon périple en solitaire, laissant Léona seule avec les cadavres empilés. Je repassais quelques fois la voir dans le village, mais au fur et à mesure que je m’éloignais de la frangine et du frangin, je crois que quelques part j’y ai perdu mon âme d’enfant.

J’ai perdu le goût de jouer, juste tabasser. J’avais gagné cette rage qui m’anime aujourd’hui!
Celle de vous fendre le crâne en esquissant un sourire carnassier! Bien entendu, comme tout le monde le sait déjà, nous avons tout les trois négligé d’apprendre à écrire et lire, nous préférions de loin jouer de la lame que des mots, créer les histoires plutôt que de les retranscrire. La nature nous a fait don de savoir tuer, à d’autres de savoir conter. Nous aimons vous couper la langue, l’arracher, et la jeter aux charognards.

Léona a gardé son sourire de jeune fille. Elle est belle ma sœur !.. Je l’aime plus que je m’aime moi.

CORO aussi a grandi, moins vite que moi mais il a grandi, et est devenu ce tueur féroce que j’adore par-dessus tout. Je le regarde vous chasser en silence, traîner vos dépouilles. Il est devenu un homme bestial, sans pitié, un torse à en faire pâlir un apollon, des crocs plus longs que les miens, il est devenu le mâle dominant dans notre Meute actuelle. Les louveteaux le respectent et moi j’aime ma Meute! Parce que nous sommes une famille unie.

Une famille qui passe voir Léo sur sa couche funèbre. Des fois je prend sa main inerte et la tiens contre mon cœur, j’attends comme ça qu’elle me réponde ou qu’elle bouge un cil…mais rien !

Léo est ailleurs !… Je lui parle, lui raconte mes journées, espérant qu’elle m’entende et qu’elle réagisse, par envie peut être de rejouer avec CORO et moi, de rejouer comme au bon vieux temps ou elle était, là, pleine de vie!Souriante! J’entends encore sa voix matinale me dire:

Kikou ma sœur, prends ton exalibur et allons découper des villageois.

Elle riait… Elle riait, tous les jours…loin de moi ces derniers jours, je regrette de ne pas avoir eu le temps de lui dire combien je l’aime!

Je t’aime ma sœur si tu m’entends!!!

*par noyer son cafard dans le sang *