~ Douce Hypnôse ~ [Howl - Elenna]

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Il y a 13 ans | Le 22 Jun 2010 22:47:29
La nuit tombait lentement sur la façade murale du Funérâriùm enveloppant celui-ci d'un voile épais aussi obscur que le pourrait être le Néant, aussi sombre que l'était mon coeur. En cette nuit où la Lune semblait ne vouloir se montrer, mes pensées étaient toutes aussi obscurcies que la Terre bercée par les Ténèbres. J'avais demandé à être seule, m'étant enfermée dans le Caveau afin d'espérer y voir un peu plus clair, raison pour laquelle Yürèc s'en était allé avec Orisha dans l'unique but de chasser le temps que mes réflexions trouvent un chemin de vérité. A vrai dire, il y avait là bien du travail à faire et il était plus que probable que jamais je ne trouvasse réponse à mes questions.

Tout avait été si étrange ces derniers jours, entre Howl qui semblait étrangement épris d'affection à mon égard et mon père qui laissait derrière lui des sous-entendus plus qu'étonnant. Cela venait à remettre en question bon nombre de choses que l'on m'avait appris comme si tout n'avait été que piètre mensonge ; mais dans tout ce chaos qui régnait dans ma tête la question que je venais à me poser se rapprochait plus du pourquoi que de la vérité des faits. Après tout, que l'on m'inventât une vie m'importait peu car celle-ci me plaisait malgré les passages obscurs que j'avais du traverser, mais quelles avaient été les raisons qui avaient poussé les deux plus grands acteurs de mon existence à me mentir à ce point ? Etait-ce dans l'unique but de me protéger ou bien n'était-ce là que pur acte égoïste ?

Assise au fin fond de mon fauteuil quelque peu usagé par le temps et l'humidité, les ongles s'insérant dans la toile rouge parme qui le recouvrait, je repassai en revue les différentes possibilités que j'avais pu trouver concernant les raisons de l'éternelle mascarade qu'avaient pu monter mon père et Howl. A vrai dire, aucune raison si ce n'est me protéger ne semblait tenir la route. Mais alors venait une autre question, comme si aucune de mes réponses ne parvenait à trouver une vérité décisive. Tel était mon esprit cette nuit là, traversé par un tourbillon sempiternel de questions. Yürèc et Orisha en avait probablement pour la nuit, même s'il n'était possible de faire perdurer plus longtemps cette solitude souhaitée car il n'était pas envisagé de mener mon Aimé à une mort subite une fois que les premiers rayons du soleil aurait percé de derrière les montagnes enneigées.

D'un geste vif je desserrai mon emprise du fauteuil, puis me levai avant de me diriger vers le comptoir derrière lequel, je le savais, traînaient quelques vieilles bouteilles de vin.


~ Ce n'est pas une bonne idée Elenna. Pense donc à ce qui germe à l'intérieur de toi. Mais c'est pourtant si difficile de résister à la tentation d'un si bon cru ... Il ne faudrait pas qu'il soit gâché. Mais as-tu seulement pensé à ce qu'il se passerait si jamais il venait à voir cela ? Je le sais ... Mais il n'est pas là. ~

Tel un automate, j'avais récupéré dans un vieux placard un de ces vieux vins qui étaient déjà là avant que nous ne nous installions au sein du Funérâriùm et qui me semblait, rien qu'au parfum qu'il dégageait, être une excellente boisson. Aussitôt dans le creux de la main, je m'empressai de retourner auprès de mon fauteuil dans lequel je me laissai tomber telle une masse. Ainsi je débouchai la bouteille vivement puis me hâtai de savourer le délicieux nectar qui y siégeait.

~ Peut-être que comme ça ... J'oublierai ... Qui sait ... ~

Les vapeurs du vin commençaient déjà à s'attaquer à mes synapses, brouillant totalement mes pensées qui virevoltaient depuis le début de la soirée. Il n'était alors plus l'heure des questions mais celle de la détente. Je fermai les yeux, me léchant le pourtour des lèvres, un petit sourire en coin.

~ Vilaine fille. Tu n'étais pas censée sombrer ainsi. Tu n'étais pas jusqu'alors insensée. Que t'arrive-t-il donc Elenna ? Il m'arrive qu'il me devient insupportable de rester spectatrice de tant de mensonges qui ne veulent être dévoilés alors qu'il est temps de passer aux aveux. Il m'arrive qu'être telle que je suis née commence à me débecter. Et si jamais je voulais changer, le pourrais-je ? ~

Il existe chez les humains une sorte de crise, une remise en question de sa propre existence durant l'adolescence. Ce qu'il se passait cette nuit là y ressemblait vaguement bien qu'il s'agissait d'un fait plus complexe qu'une simple crise pré-pubère. Pourquoi était-elle si tardive ? La réponse était aussi simple que je n'avais eu une adolescence comme les autres, enfouie dans ce cocon qu'avait tissé mon père afin de me protéger du monde extérieur.

La bouteille était désormais totalement vide, le vin qui y siégeait s'étant répandu dans mon organisme. Ma tête penchait à intervalle régulier sur le côté droit, ma main lâchant prise laissant libre cours au verre de se briser en éclat sur le sol glacé du Caveau.


~ Et il fait toc dans mon esprit ... Et il fait parfois tic aussi ... Tic-Toc ... ~

Les larmes me montèrent aux yeux, s'en allant s'échouer sur mes joues blanches, s'incrustant dans les pores comme neige au soleil. Ma bouche était ouverte, ma tête continuait son perpétuel mouvement tandis que je me laissai glisser sur le sol pour m'en aller broyer les bouts de verres qui persistaient à rester au pied de mon fauteuil.


~ Laisse la douleur amenuiser tes peines. Laisse le mal atténuer ton chagrin. Laisse le brouillard dissimuler les mensonges. Viens, viens. Suis mon chemin. ~


Je basculai la tête légèrement en arrière, puis observai à travers les sanglots qui brouillaient ma vue le plafond du Caveau. Un rictus se dessina alors sur mes lèvres, avant qu'un rire ne résonne dans la pièce.

« Et tout ça, c'est à cause de vous ... Si seulement je savais pourquoi. Mais vous désirez me faire patienter, très bien. Nous verrons ce que vous saurez dire à une pauvre folle dénuée de bon sens. Pourquoi m'avoir fait ça à moi, pourquoi m'avoir menti ? Cela vous a-t-il amusé de faire de moi votre pantin ? Celle qui ne sait rien ... L'ignorante ... »

~ Tic-Toc fait l'horloge dans ma tête ... ~

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Il y a 13 ans | Le 04 Jul 2010 23:28:00

Milieu de la nuit, le crépuscule a déjà sonné et malgré tout, je ne dors toujours pas. Comme à mon habitude, j’occupe le salon du Temple Requiescat In Pace, un verre d’hydromel posé sur la table basse en face de moi. Je suis en lotus, assis sur le sol, les yeux clos, l’esprit dans les altérations environnantes du Flux. Ce sont là de petites séances d’exercices pour affiner ma maitrise de la Mana, je m’amuse alors à détecter tout mouvement se passant au dehors et à proximité. Avec le temps j’espère acquérir une sorte d’ubiquité et ainsi voir chaque chose qui se passe et prévoir chaque acte qui sera posé.

Cette nuit, mon esprit est attiré par un endroit pourtant lointain de ce temple : le Funérâriùm. Il y croit un lourd sentiment de peine qui ne peut venir que d’Elenna.
Le jour de sa création, j’ai laissé se créer, à l’insu d’Alkantar, un lien entre Elenna et moi-même, j’avais déjà tout prévu sur les évènements qui suivraient sa naissance, tels que les questions que se poserait le démon, j’avais anticipé ma matérialisation dans ce monde que certains se plaisent à nommer l’Eden, j’avais absolument calculé chaque acte jusqu’à ce que je la rencontre, après ce fut une autre paire de manche.

Ce lien m’a permis par le passé de la retrouver plusieurs fois, lors de sa sortie du cocon, lors de sa rencontre avec Tallulah, dont elle est ressortie changée à jamais autant sur le plan physique que psychologique, c’est moi qui ai prévenu Alkantar cette nuit là, si je n'étais intervenu auprès de lui, il l'attendrait encore au fameux lac, dans les tréfonds du Keytek.
Il avait d’ailleurs choisit ce moment pour lui avouer sa parenté et je sens qu’il est bientôt temps pour moi d’avouer la mienne. Ma chère Elenna tu sembles te méprendre sur les raisons qui nous ont fait procéder ainsi.

~ J’arrive … ~

Je me relève et finis mon verre, ne faisons pas dans la dentelle, après tout ce n’est là que de l’hydromel. Je laisse mon corps s’évaporer dans les filandres et parcours alors une large partie du continent pour me retrouver de l’autre côté de la chaine de montagne séparant la Morgue du Temple. Se trouve devant moi cette crypte où je n’ai encore jamais mis les pieds, mais il n’y a pas de doute c’est bien là, je choisis de reprendre forme matérielle avant d’entrer, ainsi le reste de mes pas seront trahis par mon odeur et mes mouvements, lui laissant alors le temps de m’accueillir si l’envie lui vient ou si elle en a encore là force … je sens planer des effluves d’alcool dans son esprit.

Je ne fais qu’une bouchée des quelques couloirs qui se dressent encore entre elle et moi et arrive dans le dit Caveau. La voilà affalée sur le sol, je m’approche lentement de se corps inanimé, presque désarticulé par les effets anesthésiants de l’éthanol consommé en trop grande quantité, je passe mes bras sous ses omoplates et la relève légèrement. Tout comme elle, des bouts de verres s’insinuent dans ma peau, laissant s’échapper chez moi un sang factice alors que le sol est déjà taché du sien, ce ne sont pas là des blessures graves mais l’ébriété semble ralentir fortement ses capacités de cicatrisation.
Je m’affaire à résorber chacune de ses plaies pour ensuite m’occuper des quelques trous qui ont élus domicile sur le dos de ma main et fais disparaitre le peu de sang qui commence doucement à sécher sur le sol du Caveau.

Je l’approche un peu plus de moi, dépose un baiser sur son front et passe ma main sur sa joue.

<< Ouvre les yeux Elenna …

Que me fais-tu là ? Je sais que dans ton esprit s’est érigé un énorme conflit mais je me refuse d’aller voir même dans tes pensées ce qu’il en est vraiment.

Dis moi ce qui se passe … >>

J’appuie mon index sur sa tempe, m’employant à repousser tant bien que mal les brumes que la boisson a créé dans son esprit. Une conversation sérieuse se profile à l’horizon, je ne voudrais pas l’avoir avec une femme ivre et désespérée, si je puis retirer un paramètre autant le faire.

Je passe à nouveau ma main sur sa joue, attendant qu’elle ouvre les yeux. Après quelques minutes, elle semble sortir d’un long sommeil, me regarde avec des cernes énormes, le tribu à payer pour une soirée bien arrosée, je rigole légèrement et lui sourit quelques secondes pour ensuite prendre un regard plus dur ainsi qu’un ton plus sérieux.

<< Que me vaut cet acte irréfléchi ? Dis le moi.

Ce qui trotte dans ta tête doit être terrible si tu en arrive à laisser la santé de ton enfant en arrière plan, si tu ne t’inquiètes pas de l’état dans lequel Yürèc aurait pu te trouver. Toi dont l’orgueil est aussi grand que celui de ton paternel, tu t’euthanasies presque … au nom de quoi ?! >>

Je la fixe, attendant une réponse …



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Il y a 13 ans | Le 05 Jul 2010 14:07:08
Je perdis connaissance peu de temps après, sans doute suite à un trop plein d'éthanol puisque je n'étais pas réputée pour être une grande amatrice d'alcool ou peut être à cause de ma blessure qui ne parvenait à cicatriser. Toujours est-il que ma tête avait heurté le sol passé quelques minutes, et que je ne me souvenais alors plus de ce qu'il s'était passé. La seule chose qui persistait dans mon esprit était cette horloge qui ne cessait de résonner sur les parois de mon crâne me donnant d'horribles nausées, et ce ventre qui n'arrêtait de se donner des coups à lui-même. Ou peut-être était-ce l'enfant qui se plaignait déjà de mauvais traitements ? Je n'étais pourtant pas tombée à plat ventre, pourquoi venait-il se plaindre ? Quelle idiote faisais-je ...

Elenna ...

Ce fut là la seule chose qui parvint à être perçue dans les nombreuses paroles qu'avait émis une personne visiblement près de moi, le reste ayant été enseveli sous les bruits alentours. Un baiser, puis une caresse l'avait précédé mais malgré tout ceci il m'était impossible de donner un prénom à mon visiteur.

~ Votre faute ... ~

Trop faible, je gardai les yeux clos et attendis sans rien dire. Ce ne fut que lorsque l'horloge se mit à cesser de frapper les douze coups, lorsque le brouillard se dissipa que je ne me décidai à ouvrir les yeux apercevant à mon grand étonnement – qui n'en était pour autant imbibé de satisfaction – Howl. Le réveil était difficile, mes paupières lourdes et mon esprit encore sous le choc des martèlement de coups, mais je parvins malgré tout à lui sourire en guise de salutation. Un sourire qui se voulait à la fois agréable, mais qui malgré tout restait empli d'hypocrisie. Comment pouvais-je donc réussir à sourire suite à cette violente chute ?

« Et au nom de quoi ... n'ai-je pas été informée ... de votre petite mise en scène, ... celle de toi et mon père ? »

Je traînai mes mots, les posant avec difficulté, fermant les yeux à intervalles de temps réguliers tandis que je marquai une pause dans ma phrase. Dur retour à la réalité en fin de compte. Je me demande si je n'aurais pas été mieux ivre pour entamer cette conversation. Enfin, je ne suis pas certaine que Howl aurait apprécié et le but n'était pas qu'il s'en aille, loin de là.

Avec difficulté je me relevai doucement, m'appuyant sur le magicien pour m'aider, puis parvins à me rassoir au fin fond du fauteuil dans lequel j'avais siégé durant la première partie de la soirée. La fatigue était une entrave à cet acte, mais il ne fallait oublier la lourdeur qui commençait à peser dans mon ventre m'alourdissant facilement de trois kilogrammes sans compter que je ne cessais de manger ces derniers temps. Une longue liste de causes, pour une seule conséquence qui se voyait alors bien lourde et difficile à surmonter. Oui, il était temps pour moi de voir mon enfant naître ; il était temps d'être à nouveau libre, cela commençait légèrement à m'irriter. Une vieille mégère vous dis-je.

Le silence pesait à nouveau dans le caveau. Howl n'avait pas répondu à ma question, mais cela ne me dérangeait guère, tandis que je restai perdue dans mes pensées le regard totalement vide. Après tout, n'avions-nous pas tout notre temps devant nous ? Pourquoi ne pas profiter de cette éternité qui est si souvent mal vue ? Toujours à me plaindre de mon immortalité, et pourtant ce soir-là je venais de comprendre. Il est évident qu'aucune vie – immortelle ou non – ne sera jamais blanche comme neige mais cela ne veut pour autant pas dire qu'elle sera noire pour autant. Chaque existence possède son lot de souffrances tout comme elle comporte un nombre incalculable de plaisirs. Il est certain qu'une vie éternelle n'est jouissive que pour l'état de quelques années, mais il nous est possible d'arranger ceci et de trouver une raison de vivre. Une passion pour laquelle nous continuerions à vivre dans l'unique but de ne pas en être séparé. Et je venais d'être à deux doigts de ne plus être en mesure de la côtoyer. Quelle idiote faisais-je ...

Je fermai mes paupières un long instant puis les rouvris, dirigeant mon regard vers Howl tandis que je prenais sa main dans la mienne, la serrant fortement.

« Imagine-toi. »

Je baissai mon regard, laissai échapper un petit soupire puis – encouragée par les restes de ma possible conscience – entamai mon laïus.

« T'es-tu déjà demandé si ton existence était réelle, que ledit Howl n'existait pas ? Après tout, tu es celui qui m'a donné le nom d'Elenna n'est-ce pas ? Or il s'avère que tu me mens depuis le début ...Me trompe-je ? Dans ce cas, pourquoi te croire lorsque tu me dis que je suis la fille d'Alkantar ? En quoi ne serait-ce pas là un nouveau
mensonge ? »


Un rictus se dessina sur mon visage, tirant légèrement mes traits, pendant qu'un gloussement m'échappait. C'était nerveux. Je plaquai ma main sur ma bouche, m'interrompant, m'excusai mille fois puis repris après avoir de nouveau attrapé la main du magicien.

« Je dirais, pour faire simple, que cette découverte est pour moi une raison de remettre en question toute mon existence. Peut-être que, finalement, je ne suis rien d'autre qu'une vulgaire Démone enfantée dans le Néant ? Après tout, je ne ressemble pas tant que cela à mon soi-disant père ... Parviendras-tu seulement un jour à me prouver que je suis réellement Elenna ? »

Je relâchai mon étreinte, me laissant tomber contre le dossier du fauteuil dans lequel je m'enfonçai, puis laissai quelques gouttes s'extirper de mes yeux histoire de les humidifier un peu. Je ne demandai de réponse immédiate, je voulais prendre mon temps, prendre chaque fait les uns après les autres. Aussi, d'une voix calme je repris.

« J'ai malgré tout une question cruciale à te poser, Howl. »


Je me redressai dans mon fauteuil, rapprochant mon visage du sien, plongeant mon regard bleu azur dans le sien, un petit sourire en coin.

« Pourquoi ne rien m'avoir dit ? Pourquoi ... Ne pas m'avoir appris que tu étais lui ? Mon père. »

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Il y a 13 ans | Le 26 Aug 2010 23:53:16
[ Partie Première. ]

Après avoir maintenu ce regard quelques secondes, voir même quelques minutes, mon futur laïus se construisant dans ma tête, même si en définitive, tout ne sera que phrases pensées sur le moment, je détourne le regard, légèrement et me relève, droit devant elle, les cheveux toujours autant en bataille.
Donc, cette chère fille avait fini pas comprendre un stratagème vieux de plusieurs lustres n'ayant jamais rien laissé transparaître avant des années, je ne m'attendais pas que seulement quelques semaines elle comprenne aussi vite ce détail gémellaire. Enfin, gémellaire, il faut le dire vite, à part par la taille de nos corps respectif et la longueur de nos cheveux, je ne lui ressemble pas tant que ça non plus, mais cela s'explique aisément. Commençons par cette belle remarque esthétique de cette chère Elenna en ce cas.


Baser son lien familial sur une simple hérédité physique est assez simpliste, je trouve. Regarde moi, je ne ressemble pas plus à ton père que toi, je suis pourtant lui et vice et versa.


Je marque une courte pause, me demandant ce par quoi je vais continuer, je dois avouer que cette rapide prise de conscience de sa part me prend au dépourvu, aussi aucun discours ne fut préparé à cet effet. Tâchons de rester compréhensible ainsi qu'ordonné pour que ce qui va suivre garde un semblant de logique quant à l'agencement de mes raisons et de mes buts.

Tu te dois de distinguer ton existence de toute autre Elenna, le lien qui t'unit à ta vile parenté n'est point une Ligne de Sang mais plutôt une continuité spirituelle, une volonté dans l'esprit de ton père et qui ne le quittera jamais. C'est cette volonté qui a fait se mouvoir le Néant autour de lui pour te faire naître de l'âme de ses victimes, celle d'avoir une enfant dont il est à ce jour, fier et qu'il aime encore comme au premier jour.

Un sourire bienveillant tire mes joues, j'espère qu'elle verra que sa paranoïa actuelle n'est qu'une simple ... paranoïa à défaut d'avoir un autre mot à l'esprit.

Je peux te certifier qu'Alkantar est bien ton père Elenna, encore plus fermé que moi, il ne tolère auprès de lui que ceux qui sont issu de sa lignée, que celle-ci soit d'origine génique ou magique et c'est ce point qui fait que tu es encore en vie. Tu es lié à lui par son immuable volonté à vouloir te voir vivre.
Tu peux choisir de me croire ou non, mais les arcanes occultes qui constituent ta naissance sont à la base de la magie d'invocation dont certains mages se servent pour faire naitre des golems à partir du Flux et bien d'autres choses. Et il réside entre vous le même lien qu'entre un invocateur et son invocation, si l'instigateur de la création renie ce qu'il a fait apparaître, l'invoqué ne tient pas longtemps et disparait pour retourner dans les méandres de la Magie de ce monde. Tu n'es peut-être pas son enfant au sens propre, mais à ses yeux, tu es comme une fille sinon, il t'aurait déjà renié et tu connais la suite.


J'ai conscience que rien ou presque n'entérinera ce que je viens de dire, j'ai simplement l'espoir qu'elle garde encore assez de confiance en moi pour croire ce que je viens de lui révéler sur les origines de sa vie et la pérennité de celle ci.


La seule preuve de ce lien pourrait se montrer à la mort d'Alkantar, emportant avec lui sa propre fille, mais je pense qu'il sera trop tard alors pour te convaincre une fois que tu seras mise en bière.
Je serai d'ailleurs curieux de voir si ce lien se transmet par le sang, et qu'il emporte dans le tombeau l'ensemble de sa lignée. Mais il est à ce jour la seule personne dont j'ai connaissance à avoir pratiqué ce rituel et comme il sera bien plus éternel que presque toute chose en ce plan, l'on ne pourra vérifier cela qu'à la toute fin, si d'ici là il n'a pas perdu la trace de ses descendants.


Jusqu'alors resté debout, je tourne les talons, un petit rire dans l'esprit, rien de bien important et va m'assoir en face d'elle dans l'un des quelques fauteuils du caveau. Je plonge mon regard dans le sien, j'y cherche un signe qui me montrerait qu'elle me croit mais la fatigue, la suspicion et son incroyable faculté à cacher ses vrais sentiments me laissent dans le doute et je me refuse à faire incursion dans son esprit, qu'Ô jamais je ne voudrais altérer contre son gré.

Cependant, même s'il s'avérait que ce lien puisse se mouvoir de génération en génération par la copulation, je pense que seule l'origine du lien est frappée de la même immortalité que lui, autrement dit, toi. L'immortalité était déjà tienne avant même que tu sois vampire et il se senti ce soir là plus coupable que jamais de ne pas avoir décidé de se révéler à toi une semaine, voir même un jour plus tôt et ainsi éviter que tu sacrifies la vision du soleil pour une vie éternelle que tu avais déjà. Mais avec les années, ainsi que l'arrivée de Yürèc il finit par accepter ce fait et oublier la peine qu'il avait de ne pas avoir été assez rapide pour venir auprès de toi et empêcher le venin de se répandre en toi. Sans doute se dit-il que sans cette ... poussée de canine, tu n'aurais jamais pu connaitre celui qui t'aime tellement à ce jour.




[ ... ]

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Il y a 13 ans | Le 26 Aug 2010 23:55:17
[ Partie Deuxième. ]

A présent, une deuxième grande question m’était posée, pourquoi ai-je dont caché ma véritable identité à ses yeux pendant tant d’années ? Pour quelques raisons assez différentes les unes des autre car elles ne dépendent pas toutes de moi. Soit, il était pour moi venu le temps de lui expliquer cette vilaine cachoterie dont je ne pensais pas qu’elle le prendrait sous cet angle plus que douteux et malsain, alors qu’il était tout autre.
Je me redresse également dans ce fauteuil où j’avais quelques peu pris mes aises pendant mon dernier laïus, reprend mes explications d’une voix calme et posée.


Comme apparemment pour toi cette question est cruciale, je suppose que la réponse l’est tout autant, je vais donc y répondre de mon plein gré, car je n’ai rien à me reprocher je pense. Je ne m’étais pas préparé au scénario de la frustration, je croyais que ce que j’avais prévu se passerai comme convenu et que n’y verrai point de la duperie. Mais il en fut autrement et maintenant je dois me justifier de mes actes devant ma propre élève et fille.

Il faut savoir qu’à l’époque, Alkantar ne me considérait nullement comme ton père à part entière, pour lui je n’étais que la façade magique de son esprit qui avait réussi à se matérialiser, il saluait bien sur l’exploit et il me fut très reconnaissant de veiller sur toi. Pendant longtemps, il pensa que je m’occupais de toi parce qu’il avait accepté ma proposition, sans se douter qu’en fait, si j’ai parcouru la quasi-totalité du monde connu pour te trouver et devenir en quelques sortes ton professeur c’était surtout pour t’avoir à mes côtés. Il a réalisé, des années plus tard que j’étais bien plus ton père que lui, c’était mes arcanes et mon côté de son esprit qui ont permis la stabilité de Ta création … Je sais, cela peut paraître assez bizarre de manifester de l’orgueil envers soi même mais j’étais fort fier de pouvoir lui jeter ce fait à la figure il y a une cinquantaine d’années.


Un large sourire déforma à nouveau mon visage, certains souvenirs remontent, des moments forts risibles quand on les ressasse avec recul, ce qui fut grande joute verbale dans le passé est maintenant un vieux mal entendu qui nous fait rire tous les deux.

Si je ne t’ai pas révélé cela avant maintenant, c’est parce que premièrement, vu sa considération, il estimait que je ne devais que t’éduquer et te protéger et d’un autre côté moi j’obéissais même si cela ne me ressemble pas vraiment.
Destiné à être ton précepteur, je t’ai enseigné bien des choses, certaines d’ailleurs que je n’aurai jamais voulu inculquer avant de sortir de l’encéphale d’Alkantar, c’est au contact du monde extérieur, de ses idéaux abjectes et de son étroitesse d’esprit que j’ai laissé tomber mes rêves de paix utopique en ce monde, c’est bien dommage. Je t’ai donc aussi insufflé le verbe froid, cynique et piquant que je maitrise, comme tu as pu le voir avec les années, à merveille. Et toujours malgré mes positions d’antan, le maniement de l’épée ainsi que bien d’autres choses. J’ai aussi voulu t’octroyer avec l’entrainement, un esprit d’analyse et assez critique pour qu’un jour tu puisses comprendre l’astuce qui nous lie Alkantar et moi.

Et regarde toi, je n’ai pas du tout manqué mon coup même si j’ai du laisser filtrer quelques indices, je suis fier de toi et à la fois déçu que tu me penses aussi vil.


Je me relève du fauteuil finalement, marche jusqu’à elle et la regarde, simplement.


Dans le fond, il me reste tellement de choses à t’apprendre et je voulais simplement que tu le découvre, sous un autre angle, mais ce n’est pas grave, j’ose espérer que tu ne m’en tiendras pas rigueur trop longtemps et que tu comprendras qu’une grande partie de mes actes sont une sorte d’enseignement même s’ils ne sont pas toujours très utiles.

Je n’en n’aurai jamais fini, tu peux en être sur, j’aurai toujours une chose à te faire découvrir et comprendre, comme il en est de même pour toi envers moi.


Je lui tends la main, l’invitant à se relever …



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Il y a 13 ans | Le 01 Sep 2010 14:14:37
J'avais baissé mon regard un long moment, tandis que Howl palabrait en tentant inlassablement de se rehausser désormais qu'il avait atteint à mes yeux une certaine bassesse après tant de mensonges. Mais malgré tout je le comprenais, et l'écoutais avec grande attention bien que je parvenais à me perdre dans mes pensées de temps à autres, durant un laps de temps très restreint. Les réponses que mon professeur – ou plutôt devrais-je dire père désormais, bien que cela me procure encore d'étranges sensations – m'accordait répondaient pour la plupart à mes attentes entraînant alors un simple sourire que j'adressai à Howl lorsque je relevai mon visage. Il venait de conclure son discours et me tendait la main comme pour terminer cette querelle une bonne fois pour toute – en simple signe de lien se tissant à nouveau - , ou peut être pour faire acte de m'arracher aux ténèbres qui m'avaient trop longtemps retenue cette nuit là. J'acceptai d'être sauvée malgré tout, sans doute le fait de ne pas être assez rancunière, et pris la main de mon père avant de me jeter dans ses bras.

Yürèc ne rentra pas cette nuit-là. Sans doute avait-il compris qu'il ne valait mieux pas et avait été dormir en un autre endroit bien que tout de même à son goût, je ne sais pas et ne lui ai jamais posé la question. Toujours est-il que je ne l'ai jamais remercié depuis ce jour-là et qu'il serait temps que je le fasse. Petite mémoire qu'est la mienne, enfin ...

Je passai ainsi la nuit blottie dans les bras de celui qui, désormais, était aussi mon père- curieuse famille je dois l'admettre - , tentant au mieux de sécher mes larmes qui n'avaient cesser de perler sur mes joues depuis le début de la soirée. Mon sourire, quant à lui, semblait persister sur mes lèvres comme s'il avait déjà effacé ce souvenir douloureux de mon existence. Ce fut comme si rien ne s'était passé, comme si la réalité venait tout juste de reprendre le dessus sur le tourment, comme si rien n'avait jamais existé que dans un mauvais rêve. Je m'assoupis.

[ ... ]

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis mon rêve. Yürèc était rentré avec Orisha, me ramenant quelques délicieux présents de leur petite aventure nocturne. Si délicieux que je n'avais encore achevé de boire le sang du premier, conservant alors le liquide rougeâtre dans ces petites fioles qui ornaient mes étagères pour ne point le retrouver souillé. Ce ne fut que lors du quatrième jour que je me décidai enfin et m'installai dans la Bibliothèque du Funérâriùm, sortant parchemins et plumes. Il était l'heure du pardon.

Je griffonnai quelques mots ça et là, non satisfaite de ce que je pouvais bien écrire, de longues heures durant lesquelles je ne vis rien ni personne. Je ne le voulais, ne souhaitant être dérangée et encore moins voir mon esprit captivé par autre chose que ce qu'il devait faire en cet instant précis. Cela me sembla une éternité. Encriers vidés, plumes usées, parchemins déchirés ... Je ne parvenais à atteindre l'excellence que je me fixai et , je dois l'admettre, devenais folle à ne pas y parvenir.

Lassée, je me levai puis attrapai une fiole de sang qui régnait sur l'étagère pour m'abreuver de son contenu. Peut-être allait-ce me redonner ne serait-ce qu'une once de courage ? Rien n'y fit, il n'était pas l'heure de la poésie ou peut être même n'étais-je pas poète dans l'âme. Je mettrai ma main à couper pour cette seconde possibilité ...

[ ... ]

Je retrouvai le courage de me lancer à nouveau dans cette folie passagère poétique plusieurs semaines plus tard. L'enfant que je portais allait naitre sous peu, et je souhaitai à tout prix me faire pardonner de mon acte envers mon père qui n'avait prononcé mot depuis cette soirée cauchemardesque. Assise du mieux possible sur ma chaise, le ventre gonflé tel un ballon de baudruche n'arrangeant rien, je fermai les yeux tout en posant ma plume sur le parchemin.


~ Ne pense plus à rien, oublie jusqu'à ton existence. Il n'y a désormais plus que la plume pour donner raison à ta réalité. Que tout n'est pas qu'hypnose ... ~

Et alors je sentis. Délicatement, avec une aisance sans pareille, le bout de ma plume se mettait à frotter contre la chair du parchemin, inscrivant des mots. Ceux que mon esprit renfermait en son sein, refusant de le léguer à la plume. Il s'était apaisé, elle en avait profité.

Lorsque j'eus fini, ou plutôt devrais-je dire elle, je rouvris les yeux et baissai le regard sur le parchemin où l'on pouvait alors lire de mon écriture ces quelques phrases certes banales mais si vrai au bout du compte ...


A toi, Ô mon père tant aimé,
Cette poésie t'est dédiée...
Je te l'ai très longtemps promis,
Et enfin phrases j'inscris
Dans l'espoir de voir s'écouler
Sur tes joues perles étoilées.

Jamais, Ô grand hélas jamais,
Mes mots ne sauront égaler
L'homme de Coeur qui siège en toi.
Sache donc tout mon désarroi,
Et de ton regard somptueux
Lis ces quelques vers chaleureux.

Certes tu m'as longtemps trompée,
Dissimulant tout' vérité,
Mais ce soir j'ai enfin compris
Et sache que c'en est fini.
Mes larmes se sont asséchées,
Ma tristesse s'en est allée,
Pour ne laisser qu'un sourire
Abolissant tout souvenir.

A toi, Ô mon père tant aimé,
Cette poésie t'est dédiée ...
Que jaillissent larmes de bonheur,
Et qu'en guise d'éternelle paix
Profitons de quelques douceurs,
Savourons ces délicieux mets
Que la vie nous a accordé.
Somptueuse réalité.



J'esquissai un mince sourire, plus ou moins satisfaite du résultat. Il ne me restait alors plus qu'à faire parvenir mon oeuvre à mon père ... Mais auquel ?