Terminée la retraite. Je ne peux plus me terrer éternellement au Château.
Chaque seconde est un calvaire. Chaque pensée est un fardeau.
Ouvre les yeux, regarde autour de moi, que me reste-t-il ? Qui est encore à mes côtés ?

Un cavalier blanc. Loyal, fidèle, clairvoyant. Il m’a toujours secondé, il n’a jamais imposé ses idées, il a toujours maitrisé ses émotions. Un roi. Noir. La lueur blanche qu’il émet n’a d’égal que la noirceur de mon âme, aux éclats les plus sombres reflétés par mon armure d’écailles. Statuts immobiles. Plus personne ne marche, plus personne ne vit. Chaque pas en ce monde est une douleur, chaque souffle me brûle des parfums de ton souvenir. Je t’ai tant aimé.

Sato, terre d’expiation, les brûlures, la chaleur, mon corps étouffe au même rythme que mon cœur. Je coupe une à une les pattes crochues des mygales. J’évite leur venin autant qu’il m’est possible. Chaque piqûre me rapproche un peu plus de la mort. La puissance de mes sorts ne peut me sauver. Je lutte des heures sans m’arrêter, m’épuisant jusqu’à la chute, je cherche la puissance pour ne plus penser. La toilette ensanglantée des blessures que le retour du fouet d’argent m’inflige à chaque coup. Tu n’es qu’un souvenir, cesse de me hanter.

Je n’ai plus que treize bouquets.
Je perds ton image comme j’ai perdu ton amour.
Un bouquet égaré, bientôt un autre, comme les pétales d’une fleur fanée tombant un à un sur le sol glacé de mon cœur.

Treize bouquets.