C’est comme un retour en arrière, ce sont comme des images déjà perçues par le passé. Malgré tout cela, j’ai l’étrange sensation que matériellement, je ne m’y suis jamais perdue. Au grand jamais, je n’ai foulé de mes propres pas ce lieu. Pourtant, ces tableaux ils sont bien ancrés dans ma mémoire. Un village, de la verdure, et de mystérieuses créatures qui rôdent en accord avec l’horizon.

J’ai l’intime conviction, qu’ici, quelque chose à laissé trace de son passage. Qu’en cette orée de bois, un arbre aborde une signature gravée en son écorce. D’ailleurs, sans vraiment savoir pourquoi, je fais marche vers cet énorme peuplier. Arrivée à sa hauteur, je ne peux m’empêcher d’effleurer la robe rugueuse de celui-ci. Du bout des doigts, j’essaie de le ressentir. Je ferme les yeux aussi, essayant ainsi, de fouiller ma mémoire pour essayer de faire venir un souvenir. Est-ce réellement bien ma propre commémoration ?

Le vent vient se mêler à la sensation. Je tends l’oreille puis cette fois-ci, ce sont bien des mélopées du passé qui viennent s’entrechoquer en mon essence. Je vois là, également, le reflet d’une autre jeune femme. Assurément, je ne suis guère elle, simplement elle fait parti de mon antérieur.

Un sourire s’esquisse sur ma bouche. Je crois avoir enfin là, une maigre réponse. Le fait que les Etoiles parlent m’aide bien je me l’avoue. Si en plus, je me mets à écouter ce qui se disperse avec le vent, alors que demander de plus ? Peut-être tout simplement me laisser aller, là ou le feu crépite, ou encore, là ou l’eau chante. Je retourne sur mes pas, faisant attention, de ne point me frotter de trop près à ce qui se cache dans les buissons.

Ce n’est point aisé lorsqu’on ne peut savoir quel genre d’animal est prêt à bondir. J’ai la réponse moins d’une poignée de secondes après. Quelque chose me heure avec une rare violence. Cela m’extirpe un sourire surprenant. Le sang coule de mon mollet, faisant un sillon bien défini sur le côté de ma chaussure. La chose à percer ma botte comme de rien. Ce n’est là que faible douleur par rapport à ce que je peux endurer. La souffrance est mon alliée.

Je m’apprête à continuer mon chemin, lorsque soudain, sans crier Gard un homme apparaît.

Je hausse un sourcil à sa vue.

Mais que me veut-il lui ?

Je le toise du regard, comme pour lire en ses yeux, qu’elles pourraient être ses intentions. Après courte réflexion, je sais …
Je ne crains rien de lui. En effet, ce personnage m’offre le soin. A dire vrai, je suis presque offusquée de le voir ainsi effacer ma blessure. Je fronce les sourcils, mais au final, je décide de ne point lui faire part de mon ressentit. Je pense tout de même à le remercier. Nous échangeons alors quelques futiles banalités avant que le prêtre s’en retourne et s’en va.

Prêtre …

Ca sonne bizarrement … Prêtre …

Oui, c’est sans doute ceci … Ce bien un prêtre qui m’est apparu peu de temps avant que je ne foule ces Terres. J’ai mis du temps à comprendre pourquoi ce prêtre –ci s’est perdu dans mes songes. Il est encore en vie lui … C’est elle, encore une fois … Point ne sait vraiment qui elle peut être. Elle n’est plus de ce monde depuis si longtemps. Qui de toute façon penserait encore à elle, hormis moi par obligation ? C’est elle après tout qui vient hanter mes rêves. C’est encore elle qui m’aveugle de cette trop forte lumière. Pourquoi donc ne me laisse-t-elle point vivre pour la nuit ? Rien que ressentir le noir absolu.

L’obscurité se fait si douce lorsqu’on sait l’apprivoiser.