Douce félonie à la pointe d'un carreau

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Il y a 14 ans | Le 19 Feb 2010 00:47:14



urant un temps infini, auquel il m'est impossible d'associer un chiffre d'une grande exactitude, les Terres de l'Eden furent gouvernées par les Ombres, serviteurs du Keya. Ce ne fut que lors du soulèvement des Hommes, cette race inférieure qui ne m'évoque que le dégoût le plus profond, que les Ombres se retranchèrent au sein de Nebullia, condamnées à l'exil. Ces faits ne sont guère méconnus : ils ont en effet leur place dans l'Ombrae Genesia, bible dont l'unique exemplaire réside au delà du Keytek, forêt des Terres Obscures. Cependant, ce que l'Histoire semble vouloir effacer réside toujours dans le coeur des Ombres comme un poignard à jamais planté en leur être. Ils étaient présents, pour la plupart, et ils m'ont conté ce qu'il s'était passé ces jours-là. Ainsi, par cet écrit, je souhaite faire connaître la vérité sur ce passé enfoui sous les méandres du temps qui ne cesse de s'écouler. Que tous sachent enfin ce qui a pu provoquer la chute de ce qu'il pouvait y avoir de plus puissant à cette époque : le Legio Ombrae.

Rien ne laissait présager qu'une guerre se profilait à l'horizon, bien que de nombreux Gulr n'étaient pas des plus rassurés durant les jours précédant la bataille. En effet, outre les nombreux présages funestes qui se multiplièrent, Esiak Gulr avait reçu la veille de la rébellion un rapport de la main d'un des sbires soumis aux Ombrae faisant état de nombreux rassemblements d'Hommes, non-loin de la Citadelle. Il n'était pas nécessaire d'en savoir davantage pour être certain d'une confrontation très proche.

Loin de ces noires pensées festoyaient allègrement ceux qui n'étaient pas nés Gulr mais simplement Ombrae – ce qui, précisons le n'était pas un présent offert à n'importe qui – parmi lesquels se trouvaient Aélis, Aelildan, Yaedad, Sao ou encore Vouldhir. Tant de personnes à l'allure mythique dont la simple remémoration de leur nom me fait encore vibrer tant leur rôle dans l'Histoire de la Legio fut et restera à jamais d'une importance capitale. Alors que dans un coin de la pièce Vouldhir était occupé à contempler ses fleurs d'Arcanium, le regard absorbé par celles-ci, les autres étaient assis autour d'une grande table où étaient entreposées de nombreuses bouteilles de vins des meilleurs crus. Tous contentaient leurs désirs, leurs passions, à leur manière. Même Aélis, l'unique vampire du groupe, se rassasiait du sang d'un homme particulièrement bien charnu après lui avoir fait subir milles et uns tourments.
Le plus bavard se trouvait être Aelildan, le fanfaron de la troupe, qui maniait avec dextérité l'art de la parole dans le simple but de s'élever au dessus des autres et de se rendre intéressant. Tout aussi bavard, quoique la syntaxe se trouvait être plus maladroite, il y avait Sao l'un des seuls mage noir de la Legio avec Vouldhir, bien que ce dernier n'usait pas de la même magie. Vouldhir préférait en effet absorber l'énergie vitale de ses assaillants à l'aide d'une fleur d'Arcanium qu'il avait en sa possession ; nulle autre personne que lui ne savait comment cela lui était possible mais les résultats étaient stupéfiants, la fleur passant alors d'une couleur noire de jais à un ton rouge sang. Enfin le plus petit de tous, mais sans aucun doute le plus agile, se trouvait être Yaedad le diplomate de la Legio mais également assassin redouté des Terres de l'Eden. Tous fuyaient à son approche lorsqu'il était l'heure de son entraînement qui était réputé pour être des plus impressionnants. Effectivement, l'Ombrae ne cessait de vouloir accroître sa rapidité et sa force en employant les moyens les plus extrêmes, notamment en emmenant avec lui Aélis qui était elle aussi réputée pour sa vitesse qu'elle tenait de sa naissance. C'est ainsi que la vampire fut mise sous la tutelle de Yaedad, l'Homme qui m'ouvrit avec bonté les Terres de Nebullia il y a de cela quelques années, puis qu'ils envisagèrent tous deux de se marier ... Mariage qui n'eut jamais lieu.

Tout aurait pu être tout à fait normal ce soir-là si la cloche n'avait retenti au sein des murs de la Cité ... Un timbre annonçant un mal approchant, un timbre macabre. Le début de la fin.


- Ombrae ! Mes fidèles amis !

Esiak Gulr apparut à l'entrée de la pièce, levant légèrement le bras pour qu'aucun ne prenne la parole. Il était drapé dans une longue toge noire qui allait jusqu'à lui recouvrir l'entièreté de son visage de la grande capuche qu'il laissait sur sa tête où qu'il était. Toutes les Ombrae se rassemblèrent au milieu de la pièce, prêts à écouter leur supérieur.

- Ce que nous craignions tous est désormais à la porte de la Citadelle. Les Hommes sont venus reprendre ce que le Destin nous avait accordé. Préparez-vous. Il n'est pas encore l'heure de la défaite ... Nous nous battrons et exterminerons ces moins que rien. Ainsi je parle, ainsi sera fait.

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Il y a 14 ans | Le 19 Feb 2010 01:12:08


a guerre n'éclata réellement que le lendemain, lorsque tous furent prêts. Alors le bouclier qu'avait produit Keya se dissipa et les deux armées se virent contraintes d'en finir une bonne fois pour toute ; d'un côté les Hommes menés par Alek et de l'autre les Ombrae guidées par Esiak Gulr, le plus sage de sa lignée. La bataille fit rage durant de nombreux mois pendant lesquels l'équilibre des forces se voyait pencher vers les Ombres, aidées admirablement par Keya le tout puissant. De nombreux mois durant lesquels les pertes furent considérables des deux côtés de la balance ... Tandis que les Gulr, accompagnés de Vouldhir et Sao, usaient des magies les plus noires qu'ils n'avaient jamais pratiquées, les autres scindaient les corps qu'Aélis se chargeait de déguster au passage. Tout aurait pu finir par une triomphante victoire pour les Ombres si Alek n'avait pas eu en sa possession l'unique possibilité de détruire à jamais un Gulr. Il ne suffit que d'une flèche implantée dans le cou d'Esiak pour que celui-ci s'effondra à peine quelques minutes plus tard. Le poison qui régnait sur le pourtour de la flèche s'était propagé à une telle vitesse dans le sang du Gulr qu'il lui était impossible de lui échapper. Une substance dont l'appropriation resta durant des années un mystère avant d'être éclairci lorsque Elessar, successeur légitime d'Esiak Gulr, retrouva Aélis foudroyée par Keya. Il semblait alors évident que la vampire n'était autre que le point originel de toute cette manigance, décelée par la Divinité et punie lorsque fut le temps de la vengeance. La question qui n'avait encore eu de réponse n'était rien d'autre que la justification de cette tromperie. Ainsi s'associèrent à elle de nombreuses explications, sans aucune véracité.

L'Ombre n'est-elle pas l'incarnation de la fourberie en personne ? L'errance solitaire n'est-elle pas le destin de n'importe quelle Ombrae ? Nous ne savons, à ce jour, les raisons qui ont poussé la vampire à exterminer son propre chef et nous ne le comprendrons sans doute jamais. Cependant, les hypothèses établies démontrent qu'il se pourrait que tout n'ait été qu'une question de pouvoir. Le désir d'excellence, une passion meurtrière, la pire de toutes. Cependant, cette tromperie n'aura pas été vaine et sans conséquence positive pour les Ombrae car, malgré leur exil, il faut noter qu'une Ombre ne meurt jamais, elle ne devient que plus puissante des chutes qu'elle puisse connaître.

C'est ainsi que naquit aux confins de Nebullia la Legio Ombrae Genus Eris, l'Ombre Naissante, qui, par la suite, deviendrait – j'en étais on ne peut plus certaine – la Legio Ombrae Ecsecutus, l'apogée même de la légion et de la puissance du Keya.

Ainsi je dis, ainsi sera fait comme le disait si bien Esiak Gulr, bien que celui-ci n'avait prédit la possibilité d'être trahi par l'une des siennes. Mais comment pourrait-on lui en vouloir ? Qui donc pourrait se permettre de douter de l'intégrité de ses propres amis ?