[font=monotype corsiva]L[/font]e Soleil s'éloigne [...] La Nuit n'est plus [...] qui sommes-nous encore ?

[Musique]

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Il est loin le jour où ces mots seront mis à jour.

Et pourtant j'ai bon espoir que les générations futures aient un jour connaissance de ces quelques lignes, hâtivement tracées en une langue qui aura sans doute mille fois le temps de disparaître avant qu'on ne les parcoure à nouveau.

Lhuz.

Tel était son nom, puisqu'il faut parler ainsi. Un nom perdu et retrouvé. Un nom d'ombre et de lumière, un nom d'honte et de gloire. Ce nom, si court et représentant à lui seul des siècles de puissance entiers.

Qui était-il ? Nul ne le saurait plus si je ne l'écrivais pas en ce jour, alors que les Terres du Mildarhion s'effondre dans les derniers assauts de l'Arnor. La Bataille est perdue, et pourtant je m'empresse de rédiger ces quelques mots. La question première est«qui suis-je ? ». Je suis Arknël Belël Newomyn, descendant dudit Lhuz, fils dernier de la lignée cent fois déchue. Simple moine copiste des Terres Blanches.

Peut-être est-ce là les dernières lignes que j'apposerai jamais sur la surface si lisse du papier, sur laquelle je m'étais complu à vivre depuis si longtemps. Si peu de temps en vérité, en regard des ères obscurs dont je vais dévoiler les quelques secrets irrévélés jusqu'alors... Mais si ce sont les dernières lignes, alors j’achèverai mon histoire, dussé-je avoir à verser mon sang pour cela. Au dehors, les cris agonisants de nos hommes montent aux fenêtres, la ville est prise et je ne pense pas pouvoir tenir en sécurité bien longtemps avant que les armées, déversées par la gueule immonde de la Trouée du Luthien, n’apposent leur pas sur le plancher de notre monastère.

Il est loin le temps et les mots ont couru, se sont détachés de la réalité et ont perdu leur flamme originelle. Cependant je suis certain à présent des premiers mots des Écrits Saints, moi qui ait passé ma vie à traduire les notes de traduction qu’Emawel, Traductrice de Cristal du Haut-Conseil, nous a laissés.


« Nol'asdur Bephomol
Qelevir del Tolomey
Nol'asdel Vaminiël
Morpophog inal'Fermel
Yshtar Puls'kemreït Gho'
Nol'noldor Tengeraz'üw Emephesh
»


« Les rivières s’emplissent à l’Est
Nos esprits se réunissent à l’Ouest
Les rivières se répandent dans la Trouée
Le Miroir nous viendra en aide
Puls’halat combattra une fois de plus
Les rivières s’assècheront dans le sang de nos cœurs. »


[Musique]

Telle était la mission que lui avait confié le Dragon en ses premiers jours.

Né dans les Brumes de l’Aurore, fils dernier du Dragon, enfant de la Lune, Lhuz fit son apparition sur ces Terres en des Temps désormais légendaires. À sa naissance, les entrailles lui furent ouvertes et le cœur retiré afin d’être remplacé par la moitié de celui de son père. C’est ainsi que le Demi-Cœur prit jour dans les contrées glacées du Septenthrion, non loin de la Mer d’Emynel.
La vie avait pris en main ce corps encore frêle et l'avait mené, d'expérience en expérience, à un esprit fort et forgé par les Écrits. Tout lui avait été enseigné. Des rudiments à la technique la plus aboutie du maniement des armes, tout comme la chimie des Nains du Faserluin, l'astronomie du lointain Kandhor, les Lettres du Domaniel ou bien les secrets des arcanes du Tereborion...
Rien n'avait été laissé au hasard dans la formation de cet être que de nombreuses générations pleureraient.


[En construction…][/font]