C'était le jour, mais le jour ne signifiait rien pour ce lieu, où il faisait toujours sombre, ténébreux et noir. Ce lieu qui n'est autre une caverne, MA caverne où s'aventurent parfois, à mon grand bonheur, ces étranges créatures du nom de "humains", ces tas de chaire et de sang, qui viennent me rendre visite, sous la terre humide d'un lendemain de pluie, dans ma grotte, mon refuge, mon habitat.


L'eau s'égoutte le long des stalactites qui gisent sur les parois supérieures de mon antre. J'entends au loin, des pas, qui souillent mon sol, mon territoire, les bruits se font entendre de plus en plus... mes sens ne se sont jamais sentis aussi excités, mon sang bouillonne rien qu'à l'idée de savoir que le repas est là... il m'arrive doucement, mais surement!

Les hommes ne voient pas très bien, dans cette noirceur, ils culbutent sans le savoir les nombreux ossements qui jonchent à même le sol, des ossements dont personne ne pourrait définir l'âge exacte si ce n'est moi.
Je me recule, je monte sur un énorme rocher, et je guette, à l'affut... comme tout bon loup que je suis, j'attends.

Ils sont au nombre de 2, un mâle et une femelle, surement un couple voulant découvrir les beautés souterraines... bien que ma laideur ne soit pas digne de leurs attentes, je me chargerais d'assouvir leur soif de curiosité! Le mâle est devant comme je le pressentais: les humains sont si facile à cerner, ils sont si prévisibles! Il ne me voit pas, je suis tapis dans l'ombre, il remue sa torche, tel une luciole, afin d'éclairer son chemin, mais, hélas, je n'en lui laisse pas le temps...

Je bondis de mon poste à toute vitesse, je lui laisse seulement le temps d'apercevoir mes crocs acérés, je le saisis à la gorge, il est projeté sur le sol, l'entrainant dans ma chute. Dans son élan inattendu -et inespéré-, il lâche sa torche, qui s'éteint soudainement, tombant dans une marre de sang, qui était à ses pieds. Il ne crie pas, il est déjà mort, le goût de son sang est déjà omniprésent sur mes papilles gustatives, sur ma langue et mon palais... je le déguste, il est délicieux!

Mais je n'ai pas le temps de le manger dans l'immédiat, non, pas maintenant, il me reste encore une proie, qui est toujours en vie... la femelle me regarde, les rayons du soleil ne parviennent pas jusqu'ici mais, éclairent certaines parois de la grotte plus haut, ce qui lui permet de percevoir ma silhouette. Mais... moi... je la vois clairement, aussi distinctement que si l'on était en plein jour, elle est debout, là, tétanisée, elle murmure quelques petits gloussements irréguliers, elle ne peut plus bouger...elle a trop peur... peur de la mort, peur de son sort... peur de MOI!! Mon instinct animal me fait savoir qu'elle sécrète une quantité phénoménale d'adrénaline: j'adore cela! Je tourne autour d'elle, me léchant les crocs; mon museau plein de sang, je grogne.

Elle pivote sur elle même, me suivant du regard, je décide alors d'en finir, je lui saute dessus, lui mords la jambe, elle tombe en hurlant de douleur, je secoue son corps dans tous les sens, je lui arrache sa cuisse, la jette sur le côté, puis avant même qu'elle ne crie plus fort, je lui arrache la tête, et d'un puissant coup de mâchoire, le sang gicla à flot, partout!!
Le diner était servit...

Et je savourais mon festin, j'adorais mon destin, je dévorais de l'humain!