Histoire de Silver : Croquette et les Dums

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Il y a 14 ans | Le 19 Jan 2010 09:40:04
A la demande de Claudio et de plusieurs joueurs, je publie à nouveau cette page d'histoire des tous premiers temps des Terres d'Argent



L’histoire de cette noble tribu prend place en un temps où ces terres étaient encore jeunes et inexplorées, en un temps ou les hommes pouvaient être encore sages malgré leur jeunesse et leur manque d’expérience de la duplicité humaine, source de tous les maux. En ces temps oubliés, les populations de ce monde apprirent pourtant à leur dépends que la violence et la guerre, nées des désaccords, des querelles stériles, étaient les seuls moyens pour survivre.

L’histoire de la Dum Dum Company, plus communément connue sous le nom de clan Dum, est étroitement liée à la vie et au destin de la femme qui mena ce fier clan, la prêtresse de Xena, déesse de la guerre, déesse capricieuse et libertaire, la vaillante Croquette.

On ne sait pas grand chose de Croquette, de sa vie et de son enfance, avant qu’elle ne mit le pied sur les terres de Baduk. Tout ce que l’on sait, c’est qu’elle était prêtresse de Xéna et qu’elle était venue pour faire entendre et partager la parole de sa déesse. A cette fin, et sous le commandement de cette dernière, elle réunit rapidement autour d’elle tout ce que les villes comptaient de gueux et de malandrins. Elle savait que la parole sacrée brusquerait les esprits simples et qu’elle risquait de se trouver rapidement confrontée à une hostilité croissante née de l’incompréhension de peuples frustes peu habitués au discours de la raison. Aussi, il était important de se doter d’un entourage fiable, d’une garde armée qui non seulement dissuaderait les opposants mais permettrait également de pacifier les régions les plus sauvages.

C’est ainsi que Croquette, entourée tout d’abord d’une poignée de fidèles, créa rapidement l’un des clans les plus puissants et les mieux armés de Baduk.

Dans leurs premières heures, les Dums se firent voleurs. L’or était nécessaire pour accroître la puissance du clan au service de la gloire de Xéna et ils multiplièrent de manière inconséquente les rapines et les vols armés. Cette erreur d’appréciation entacha le prestige des porte-étendards de la déesse Xéna et décrédibilisa le discours religieux de Croquette. Comment ? Ceux qui prônaient la liberté n’étaient que de vils truands ? Bon nombre des fidèles quittèrent le clan, préférant suivre des voies impies, loin du regard bienveillant de Xéna. Mais d’autres restèrent fidèles à Croquette, à son message, à sa mission.

Parmi eux, les plus proches : Thulsa Doom, guerrier farouche et insondable, force brute et impitoyable, qui fut le garde du corps de Croquette et son plus dévoué serviteur. Destruktor, un barbare dissipé et jovial qui affrontait ses ennemis autant avec le verbe qu’avec la hache. Alexiel, guerrière splendide que Croquette recueillit alors qu’elle était traquée par le sinistre Wauters (dont Thulsa Doom vint plusieurs fois à bout par la suite, le massacrant allègrement) et qui fut sa confidente, sa sœur de cœur et de combat. Maltabius, imposant combattant, voix de la sagesse et de la vertu. Spliphilou, stratège et ami, qui fut un élément essentiel de la cohésion du groupe.

Ceux-là, ils étaient l’âme même des Dums, le squelette, l’architecture indéfectible autour desquels les autres s’articulaient.

Et même si les rapines perpétrées par le clan engendraient des rancoeurs, Croquette réussit non seulement à recruter d’autres fidèles, mais à étendre sa sphère d’influence non sur une cité, non sur une région, mais sur le monde. Et c’est alors qu’elle cessa les rapines, les razzias, pour se recentrer sur sa tâche première : dispenser le discours de la déesse.

Elle accrut la force de la parole au détriment de la voix des armes, cherchant alliances et compromis. Le discours de la prêtresse domina un temps sur l’action.

Mais ce discours, quel était-il ?

Xéna, d’après ce que professait Croquette, était la déesse de la guerre, une déesse de la liberté d’action, de la fougue et de l’individualisme. Elle régnait partout où le combat s’exprimait, se réjouissant de la violence des combats, de l’agonie des vaincus, du triomphe des vainqueurs.
Mais elle était également une déesse sensuelle et une force de vie. Aussi, elle se réjouissait autant des batailles se déroulant sur la plaine que d’un lit défait après que les amants aient lutté toute une nuit en des étreintes fougueuses. C’était une déesse imprévisible mais juste, exigeante mais fiable pourvu qu’on la vénère et qu’on lui fasse régulièrement offrande.

Les Dums se cherchèrent beaucoup, arpentèrent les plaines de Baduk, produisant les faits, gestes et paroles de la déesse, agissant tels de fidèles et zélés servants au service de cette dernière. Ils rencontrèrent plusieurs clans dont certains devinrent des rivaux, voire des ennemis mortels. En ces temps, les campements à la belle étoile étaient monnaie courante et les escarmouches nocturnes permettaient le plus souvent de mettre à bas un adversaire trop ouvertement agressif. Les différents ennemis des Dums, ceux qui contestaient la suprématie de Croquette, méprisaient la parole sacrée de Xéna, ou pire, agressèrent délibérément les disciples de celle-ci, furent vaincus dans des expéditions punitives redoutables qui causèrent beaucoup de morts. Dans ces luttes mortelles, Thulsa Doom excella, montrant une dévotion exemplaire à sa cause, à son chef, aux siens. Cette machine de guerre impitoyable eut rapidement un nombre de combat et de victoires impressionnant. Destruktor le talonnait de près. Son style plus brut n’en faisait pas moins un fléau des vivants. Sa barbarie naturelle s’exprimait pleinement sur le champ de bataille ou par une verve des plus cocasses, mais seulement après une tournée de bière.

Et alors que les combats rugissaient sur les plaines, Croquette prenait la parole sur la place publique, haranguant ses ennemis, les provoquant parfois, et tentait de les mener tous sur la voie de la raison. Elle apprit les finesses de la diplomatie, mais su également se méfier des paroles trop ouvertement apaisantes. Nombre de ses ennemis n’avaient pas ses talents oratoires et tentèrent souvent de l’abuser. Elle ne fut cependant jamais dupe et su mettre à nu, au vu et au su de tous, ce que le discours adverse comprenait de fausseté, d’hypocrisie et de contradictions.

Les joutes verbales et les guerres lui permirent de s’affirmer en tant que chef respectée, diplomate avisée et prêtresse effrontée qui n’hésitait pas à ridiculiser ses ennemis tout en brandissant l’étendard de Xéna. Car même si elle parla souvent en son nom propre, défendant ses idéaux, elle n’en oublia jamais de diffuser largement les enseignements de sa déesse.

Les Dums connurent des passes sombres qui affectèrent beaucoup leur prestige mais renforcèrent l’image dominante de Croquette.



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Il y a 14 ans | Le 19 Jan 2010 09:45:50
Une période sinistre vit des troupes noires chevaucher sur Baduk. Ces guerriers sans scrupules, ligués contre l’apathie et la molesse de ce monde, massacrèrent, pillèrent et réduire à néant tout espoir de paix. Ils avaient pour nom GoodCul, Wap, Praestab… des noms inoubliables tant leur malice et leur vilenie causèrent de défaite et d’impuissance. Ils furent craints et tous fuyaient à leur approche. Leur passage ne laissait que mort, cendres et désespoir.

Les guerres entre clans cessèrent un temps et les chefs tentèrent de s’accorder pour faire face à cette nouvelle menace. Une trêve générale fut prononcée, la paix fut évoquée.

A cette époque, les Dums étaient en conflit avec un clan d’irréductible, les Lodoss. A leur tête, un dénommé Toon menait les hostilité à l’encontre du clan de Croquette. Les Lodoss avaient mené la première escarmouche, avaient versé le premier sang et Croquette avait décidé d’une guerre totale contre ces mécréants. Bon nombre de Lodoss mordirent la poussière avant que les pourparlers et les débats ne commencent. La passion de Croquette s’opposa à la mauvaise foi de Toon qui alimentait perpétuellement les braises de la discorde, engageant sans cesse un amour-propre et une fierté de clan incompatibles avec la paix. Une trêve fragile s’annonça pourtant, mais les Lodoss restèrent des ennemis jurés des Dums.

C’est dans ce contexte de tension constante que les sages de Baduk demandèrent à Croquette de déposer les armes et de rejoindre les peuples libres en guerre contre les maraudeurs.
La prêtresse de Xéna acquiesça difficilement tandis que tous les autres clans de ces terres avaient déjà joint leurs forces contre les assassins qui rôdaient et continuaient de tuer.

La promesse de Croquette fut cependant de courte durée. Elle repartit en guerre, malgré les ravages faits par GoodCul et sa horde, malgré les traités de paix. Elle entra en guerre seule avec les siens mais contre tous. Cette guerre initiée par les Dums était une guerre sainte, une guerre exigée par Xéna pour laver une action sacrilège. La guerre du String d’Or de Xéna.

Le String d’Or était une relique offerte par la déesse à sa prêtresse favorite, Croquette. D'après les prêtresse de Xéna, le String donnait force et puissance et, qui plus est, ne rétrécissait pas au lavage ni ne déteignait, si tant est que ces derniers arguments aient une quelconque valeur symbolique ou religieuse. Les prêtres, si on les écoute, ont parfois des discours fantaisistes susceptibles d'ébranler la foi des fidèles. Et dans ce cas, le discours sur le String était assurément inspiré par des préoccupations féminines d'ordre pratique.

Il advint, alors que les hordes barbares déferlaient sur Baduk, que le String fut volé à Croquette. Ce symbole au service du prosélytisme des Dums, cet artéfact unique dont la prêtresse avait la garde, lui fut subtilisé malgré toutes les précautions mises au service de sa sauvegarde.
Croquette en fut mortifiée. Elle avait failli à sa tâche de prêtresse, devait en rendre compte à Xéna, et payer sa faute. Xéna pourtnat, malgré sa colère, fut magnanime : elle imposa à Croquette, en guise de repentance, le sacrifice quotidien de tous les innocents qui croiseraient la route des Dums, et ce tant que le String Sacré ne serait pas recouvré.

Les Dums obéirent à leur déesse. Dès lors, les terres d’argent n’eurent pas seulement à craindre les razzias menées par GoodCul et les siens, mais également les massacres perpétrés par les Dums au nom de Xéna. Chaque nuit, les Dums tuaient. Et Xéna se réjouissait.

Mais Croquette venait de rompre la trêve fragile proposée par les sages. Elle s’opposa à la paix et encourut les foudres de tous les clans de Baduk. Les Lodoss trouvèrent là l’occasion idéale pour prendre à nouveau les armes contre les Dums.

Les combats furent de jour en jour toujours plus horribles. Les joutes verbales entre Croquette et Toon s’intensifièrent. Les morts s’étalaient dans les fossés, dans les villages, sur les plaines, toujours plus nombreux mais le String restait introuvable.

Les chefs parlèrent et parlèrent encore, en vain, et tous finir par pointer Croquette et les Dums d’un doigt accusateur : non seulement elle brisait la trêve établie mais elle devenait complice de GoodCul et de ses assassins. Croquette, fanatisée par l’amour de Xéna, resta droite et fière dans ses certitudes (d’aucuns évoquèrent un entêtement aveugle), et résista à la cabale qui s’exprimait contre sa foi. Elle continua sa recherche de la relique sacrée et contenta Xéna par des sacrifices toujours plus nombreux.

Les Lodoss ajoutèrent à la difficile quête en harcelant quotidiennement les Dums. Mais l’on n’ébranle pas aussi facilement un clan soudé par la certitude de la légitimité de ses actes. Leurs escarmouches restèrent épisodiques et ne firent pas beaucoup souffrir les servants de Xéna.

Au sein du clan, cependant, un guerrier peinait à laver sa conscience d’un acte misérable aux conséquences dramatiques. Destruktor, le barbare fidèle, savait qu’il venait de précipiter son clan dans un chaos qu’il ne parvenait plus à contrôler. Car il était celui qui avait dérobé le String D’Or. Un jour que Croquette se baignait dans une lagune, il était resté fasciné non par la beauté unique de celle qu’il suivait avec dévouement, mais par l’éclat merveilleux de l’artéfact sacré posé négligemment sur la berge avec l’équipement de la prêtresse. Il s’en était emparé et l’avait secrètement conservé, inconscient des troubles qu’il allait engendrer.
Le pire étant à venir, il l’avait malencontreusement perdu au jeu, dans une partie de bras de fer avec un mystérieux inconnu qu’il n’avait jamais revu. Un certain Aza… quelque chose. Mais l’homme, malgré les recherches intensives du barbare, semblait avoir quitté ces terres.
Destruktor était au désespoir, et tenu chaque jour par la culpabilité et le remord, il n’osait avouer sa faute à Croquette. Il savait par ailleurs qu’il encourait la mort immédiate pour une telle révélation. Il garda donc son secret jusqu’au bout, tuant sans relâche des poignées d’innocents au seul motif, non d’une guerre sainte, mais d’une culpabilité refoulée.

Jour après jour la pression autour des Dums s’accentuait. Les clans contestaient Croquette, la conspuaient, l’insultaient, la vilipendaient, feignant de ne pas comprendre ce qu’ils nommaient son entêtement mais qui n’était autre que l’expression d’une foi aveugle en une déesse que bon nombre de clans refusaient.

La fin du massacre vint pourtant. Alors que Croquette, sur la place publique, menaçait de se faire lyncher, malgré la bienveillance des siens, un cavalier approcha. Il offrit de faire taire les armes et les contestations et rendit son bien à Xéna par l’entremise de sa représentante : il produisit le String Sacré et le donna à Croquette qui le reçut respectueusement. Il adressa un regard étrange à Destruktor, un regard empreint de complicité et de reproche, et l’autre baissa silencieusement la tête. L’homme se nommait Azaeldrin. Par ce geste, il venait de sceller avec Croquette une amitié qui allait encore durer longtemps.

La colère de Xéna n’avait plus de raison d’être. Croquette annonça publiquement la fin de ses exactions et s’en fut avec les siens. Nul ne la retint. Même dans ses errements, elle imposait le respect.

Les maraudeurs qu’on nommait les Equarrisseurs courraient toujours, mais les Dums ne les craignaient pas. Ils avaient plus à craindre des tribus rancunières qui promirent, à la suite des Lodoss toujours opportunistes, de venger les morts causés par la folie des Dums.

Mais la Quête du String D’Or Sacré de Xéna venait de toucher à sa fin.


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Il y a 14 ans | Le 19 Jan 2010 09:50:05
Histoire de Dums et de Croquette - Chapitre 2

Les Dums prospérèrent mais, comme beaucoup de clan de haute lignée, ils sombrèrent. Leur chute fut étroitement liée à celle de Croquette, tant son charisme, sa détermination à élever les siens vers les sommets et la gloire, ainsi que l'affection et la fraternité qui unissaient les membres de la confrérie des servants de Xéna à leur chef étaient profonds et sincères.

Le String était recouvré, mais Croquette avait attiré sur elle la colère des autres tribus. Sa verve et ses propos acérés en avaient blessé plus d’un et l'on reprochait toujours aux Dums la mort de nombreux innocents qui avaient péri sous leurs lames en période de trêve et de paix. Les Lodoss profitèrent de cette ambiance querelleuse pour faire valoir leur droit à la vengeance. Ils multiplièrent les raids et les exactions contre les servants de Xéna.

Par ailleurs, alors que les clans continuaient de s’affronter sur Baduk, des scouts, des éclaireurs firent part de la découverte de nouvelles terres. Le continent ainsi révélé se nommait Kédok et apparaissait riche et fertile. Les premiers colons mentionnèrent des richesses inédites. De nouveaux matériaux avaient été découverts et permettaient la forge d’armes plus puissantes. Néanmoins, des créatures dangereuses peuplaient ce nouveau monde et seuls les plus aguerris pouvaient survivre en ces terres hostiles.

L’exode commença et les luttes de pouvoir se déplacèrent tout en s’intensifiant. En effet, les clans recherchèrent en ces nouveaux territoires des moyens toujours plus puissants pour terrasser leurs adversaires. Une frénésie guerrière s’empara des chefs et les alliances entre clans volèrent en éclat. Tous ne voulaient plus que la puissance et le pouvoir qui va avec et beaucoup négligèrent alors les anciennes alliances forgées par la paix, pour la paix. On vit l’émergence de nouveaux clans sans foi ni loi qui n’hésitèrent pas à massacrer toujours plus pour asseoir leur suprématie.

L'un de ces clans s’affirma au détriment des autres : les Marmo. Leur chef, le puissant Imboro, draina en ses rangs tout ce que les Terres d'Argent comptaient de malandrins, de gueux, de misérables. Il recruta en masse et les troupes Marmo grossirent au point de transformer le clan en une véritable armée. Dès lors, il y avait deux choix : être avec ou contre les Marmo, tant leur puissance était fabuleuse. Bon nombre de chefs de clan préférèrent faire allégeance à Imboro plutôt que de risquer la destruction et l’anéantissement de leur bannière.

Les Lodoss firent ainsi preuve d'opportunisme : ils s’accoquinèrent aux Marmo, furent armés par Imboro et proclamèrent une guerre intensive contre les Dums. Forts de leur nouvelle alliance et d’une puissance héritée des terres de Kédok, ils mirent à mal les servants de Xéna, mais ne parvinrent pourtant jamais à atteindre leur chef. Croquette, prudente, trouvait toujours le moyen d’échapper aux assassins Lodoss. En retour, Thulsa Doom, proclamé exécuteur et vengeur des Dums, rendit justice pour les siens et tua dans l’ombre les Lodoss qu’il rencontrait, humiliant ses poursuivants tout en restant insaisissable, telle une ombre. Il était l’un des Dums les plus puissants, après le terrible Maltabius, et ses actions solitaires devinrent vite redoutées.

Croquette ne semblait cependant pas inquiète. Malgré les conseils avisés des siens, elle n’était pas pressée de migrer vers Kédok et la course aux armements ne semblait pas l’intéresser. Sa priorité restait sa tâche de prêtresse et elle se perdait souvent en prières, demandant à Xéna de veiller sur elle et les siens. C’était sur la place publique qu’elle fustigeait ses ennemis, les défiant dans des joutes oratoires au cours desquelles elle les dominait sans trop d’effort. En tant que prêtresse, elle était formée à la dialectique et à la rhétorique, alors que ses opposants n’étaient, la plupart du temps, que des barbares ou des guerriers rustres et sans finesse. Elle oubliait que l’avenir du clan se jouait aussi sur le champ de bataille et que Xéna réclamait son content de combats. Croquette s’égarait.

Xéna lui apparut une nuit. Elle était terrible et revendicatrice. Elle tança vertement Croquette, lui reprochant son attitude passive et sa mollesse. Tandis que d’autres guerroyaient et abreuvaient le sol du sang versé au cours de combats flamboyants, elle, sa prêtresse, passait le plus clair de son temps en prières et en contemplations.

« Il n’est plus temps de se complaindre en gémissements ! rugit la déesse. Je veux que l’étendard Dum flotte au vent de combats victorieux et que l’affront des clans qui en veulent à ma Gloire soit sévèrement châtié ! Croquette! Relève-toi! Tu n’es pas seulement une oratrice, tu es aussi une farouche guerrière. Prouve-moi ta vaillance et entraîne les tiens sur les chemins qui mènent au contentement de la déesse que je suis. Je ne veux pas mes servants à genoux, la tête basse. Je veux de fiers hérauts qui clament ma Gloire et mon Triomphe sur ces terres, non avec des mots, mais avec des actes. »

Ce fut un grand choc pour Croquette. Elle se rendit compte que l’amour qu’elle vouait à la déesse l’avait aveuglée au point qu'elle en négligeait ses devoirs. Elle reprit ses esprits et fit le point avec les siens. Elle ouvrit à nouveau les yeux sur le monde tel qu’il était et non tel qu'elle pensait qu'il fût, et s'aperçut qu’il y avait beaucoup à faire.



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Il y a 14 ans | Le 19 Jan 2010 09:54:44
La suprématie des clans lui parut insupportable. Imboro se pavanait et tuait sans relâche malgré son discours bienveillant. Ses alliés, les Lodoss en tête, faisaient l’apologie du bien et d’un monde meilleur mais par les armes, et au détriment de la justice et de l’équité. Tout cela parut intolérable à Croquette. Elle décida donc de partir en croisade contre ces guerriers hypocrites, au discours fielleux et qui ne savaient que semer la terreur sur les Terres d’Argent.

Elle prit à nouveau la parole sur la place publique non pour titiller et agacer, comme à son habitude, mais pour convier tous les peuples de ce monde à la révolte. Le joug d’Imboro et de ses vassaux était inique, disait-elle, et elle invitait les populations à s'opposer pacifiquement à ce pouvoir dictatorial insolent qui écrasait les bonnes volontés et terrorisait les faibles.

Croquette attira auprès d’elle de précieux alliés, tenants de sa cause : Azaeldrin, qui avait subi les foudres guerrières d’Imboro du seul fait de sa verve, Vergigorm, créateur des Mediks, qui lui fournit de précieuses informations sur les clans adverses, tout en gardant une neutralité apparente, Patanock, leader des FLMNH et ennemi juré d’Imboro, et bien d’autres qui soutinrent son discours ainsi que ses actions de rébellion.

Imboro ne tint pas compte, en première intention, des propos de Croquette et préféra laisser ses lieutenants gérer l’affront. L’on vit Toon, chef des Lodoss, Guépard, vil opportuniste qui tenta d’amadouer Croquette par des flatteries mensongères, et bien d’autres, s’agiter et demander la tête de la prêtresse au seul motif de ses propos.

Croquette défia Imboro jusqu’à ce que celui-ci, poussé dans ses retranchements, daigne parler. Ce qu’il fit enfin. Il contesta fortement les accusations de Croquette mais secrètement, il mettait tout en œuvre pour lui nuire, quoiqu’il s’en défende. Des espions, des aventuriers à la solde des Dums avaient en effet eu vent d’un projet d’assassinat de la prêtresse de Xéna. Celle-ci n’ignorait rien des complots se tramant à son encontre, mais elle mettait délibérément sa vie en jeu, dans le seul but de mettre à jour la duplicité des Marmos et des Lodoss.

Elle savait que sa mort jetterait tout discrédit sur les factions conquérantes d’Imboro. Si Croquette était assassinée par les Marmo ou les Lodoss pour de simples paroles, ces derniers avouaient alors publiquement que les forces dites du bien n’étaient que des armées tyranniques ne supportant ni la critique ni la contestation. Les Dums œuvraient pour le bien d’autrui, ne châtiant que leurs ennemis et ceux qui les agressaient délibérément, et n’avaient pas à rougir de leur ligne de conduite. Si leurs ennemis assassinaient leur chef, ils s'exposaient à passer pour des fourbes et des menteurs, et risquaient de perdre tout crédit auprès des peuples des Terres d'Argent. Le pari de Croquette était risqué, mais elle joua le jeu au risque de sa vie. Elle n'attendait cependant qu'un faux pas d'Imboro et de Toon pour déclarer une véritable guerre.

C’est à cette époque que Destruktor, l’un des premiers, des plus fidèles serviteurs de Croquette, disparut sur Kédok. On ne retrouva jamais sa trace. Il avait été le premier de son clan à mettre le pied sur le continent nouveau et en avait évoqué les merveilles. Quand il avait fait le récit et la description du Labyrinthe, cette construction titanesque et insolite, longue de plusieurs kilomètres et aussi large que la plus imposante des cités, Croquette avait eu un frisson. Elle pressentit en cet instant que son destin était lié à cet endroit tragique qui avait englouti plus d’un aventurier, sans espoir de retour. La perte de Destruktor fut terrible et mina longtemps le moral des Dums.

Thulsa Doom devint, à la suite de Destruktor, le second envoyé des Dums sur Kédok. Pendant que Croquette luttait et défiait les bourreaux d’Imboro, il gagnait en puissance et accumulait les richesses pour permettre aux siens de faire face à la menace sourde qui grondait peu à peu et se concrétisait de jour en jour. Il sentait que le destin du clan allait basculer et prenait les devant en mettant ses finances au service de l’armement de ses camarades. Peut-être préparait-il également sa propre vengeance, tant il savait que la puissance des guerriers de Xéna était insuffisante face aux lourdes cohortes de la coalition des Marmos et des Lodoss et tant il pressentait la chute prochaine du clan Dum.





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Il y a 14 ans | Le 19 Jan 2010 09:58:46
Croquette devint une femme en sursis. Malgré le soutien des siens et de ses alliés, malgré la certitude qu'elle avait qu'Imboro ne tenterait rien contre elle, l’animosité qui rongeait ses ennemis ne demandait qu’à éclater dans une action violente.

Et un soir, alors qu’elle campait à la belle étoile sur Kédok, Toon, Caro, Guépard, Tiger 5 et d’autres, l’assassinèrent lâchement.

La vérité et la justice perdirent par cet assassinat l’une de leur plus fière représentante.

La traque contre les Dums ne faisait que commencer. L’assassinat de Croquette n’était que le prélude à une terrible série. Un à un, les servants de Xéna tombèrent sous les lames Marmo et Lodoss et seuls Maltabius et Thulsa Doom leur échappèrent.
Ce dernier, insaisissable, se cachait le jour et tuait ses ennemis la nuit.
A l’annonce de la mort de Croquette, il jura de faire payer ses assassins. L’homme était patient. Et il tint sa promesse.

Croquette, elle, fut tenue pour morte non loin du labyrinthe. Alexiel la rejoignit. Alexiel, la sœur, la confidente, l’amie de tous les instants, elle seule fut là pour recueillir le dernier souffle de celle qui fut l’incarnation sur terre de la force insolente de Xéna.

Quand Alexiel trouva enfin Croquette, le matin se levait. La prêtresse s’était débarrassée de ses oripeaux de guerrière et ne portait qu’une tunique de lin blanc. Elle était maculée de sang et flageolait sur ses jambes. Alexiel la soutint alors qu’elle allait tomber. Croquette sourit faiblement.

« Tu es là, Alexiel, comme toujours.
« Croquette ! Je vais te soigner, je vais t’aider à te relever et nous allons te venger de ces …
« Non ! C’est fini, j’ai échoué. Il me faut rejoindre Xéna dans sa gloire, et quitter définitivement ces terres. Vois-tu, la déesse m’est apparue à nouveau. Elle n’est plus furieuse, elle est apaisée. Je suis morte au combat, même si celui-ci était inégal, et cela seul importe. Je dois à présent aller vers mon destin et la rejoindre. Vois ! Le Labyrinthe ! J’ai toujours su que mes pas me mèneraient ici. J’ai toujours su qu’il m’appelait. C’est là que je dois me diriger. Aide-moi, guide mes pas.

Alexiel soutint Croquette jusqu’à l’entrée de l’édifice qui surplombait la plaine dans la brume matinale.

Croquette contempla les hauts murs de pierre taillée et sourit. Son visage était à présent apaisé. Elle se retourna vers Alexiel et lui dit :

« J’ai laissé le String d’Or de Xéna. Il est à présent à toi. Tu seras la nouvelle porteuse de la relique sacrée. Sois en digne.

Dans un élan d’amour, Alexiel et Croquette s’étreignirent une dernière fois. L’émotion qui les submergeait était au-delà des mots. Alexiel était en larmes, Croquette retenait les siennes avec peine.

Enfin, la prêtresse de Xéna quitta ces bras amis et s’en fut, droite et fière, légère malgré ses blessures, vers l’entrée du Labyrinthe. La brume matinale sembla l’engouffrer et elle disparut à la vue.

Alexiel, à présent seule, orpheline et abandonnée, tomba à genoux et se laissa aller à son chagrin.

A la nouvelle de la mort de Croquette, les Terres d’Argent furent parcourues d’une rumeur qui enfla et ne cessa que très longtemps après. Certains se réjouissaient de la disparition de l’ « empêcheuse de tourner en rond ». D’autres pleuraient celle qu’ils considéraient comme l’une des plus grandes guerrières et oratrices de ce monde.
Les Marmos et les Lodoss firent grand cas de cet assassinat, mais ils ne reçurent qu’un écho diffus et bien en deçà de l’approbation qu’ils escomptaient. Ils pensaient être des héros qui avaient fait enfin taire le babil d’une femme futile, mais les réactions en faveur de celle qui venait de quitter ce monde étaient plus fortes que leur triomphe apparent.

On ne tue pas une idée, on ne tue pas un symbole. Voilà ce qui fut répondu aux Marmos et aux Lodoss qui se réjouissaient un peu trop rapidement.
La suite démontra que le souvenir de Croquette avait survécu à ses détracteurs. Même si le clan Dum ne résista pas à la perte de leur chef et fut bientôt dispersé après quelques mois, malgré les tentatives désespérées de Maltabius pour consolider les rangs, il ne fallu pas plus d’une année pour voir Imboro condamné pour parjure et trahison et assister à l’éclatement définitif de l’empire Lodoss.

Thulsa Doom, après la mort de Croquette, se jura de faire payer les assassins de celle qu’il admirait et estimait entre toutes. Il entreprit de massacrer quiconque arborerait le blason Lodoss, jeunes recrues ou guerriers aguerris, et fit de nombreux morts dans les rangs de ce clan qu’il honnissait par-dessus tout. Il traqua les assassins de Croquette qui furent tous mis à mort soit par lui, soit par des alliés des Dums qui se joignirent à l’exécution de cette vengeance.

Toon, le grand chef de ce clan impie, fut retrouvé et mis à mort un soir par les Equarrisseurs aidés de Thulsa Doom qui porta ses coups avec un enthousiasme délirant. Il fut le dernier de la liste, cette funeste liste des assassins de Croquette, que Thulsa Doom, celui que l’on nommait « L’Exécuteur des Hautes Œuvres », tenait à jour.

Après avoir vengé l’esprit de Croquette, ce dernier s’en fut et erra longtemps sur ces terres avant de disparaître à son tour. D’aucuns disent avoir un jour aperçu cet homme grand, vêtu de noir, la chevelure blanche et courte, l’œil balafré, penché sur l’une des murailles du Labyrinthe de Kédok. Voûté par le poids des ans, ou par une prière muette, à moins que ce ne soit par les regrets et les remords, nul n’a jamais osé l’aborder. On n’aborde pas aussi aisément une légende, un être chimérique comme Thulsa Doom. On s’éloigne, on se tait, et l’on se joint de manière muette aux pensées qui peuvent l’agiter alors.

Des idées de justice et de liberté qui furent l’apanage des Dums et de leur chef Croquette.

Qu’advint-il du String d’Or Sacré de Xéna ? On dit qu’Alexiel, après avoir rejoint GoodQ et s’être liée à lui, l’abandonna. Il serait à présent entre des mains impies.

Que devinrent les autres Dums ? Nul autre qu’eux-mêmes ne le sait.

Mais ceci est une autre histoire et il ne m’appartient pas de la raconter.