A la demande de Claudio et de plusieurs joueurs, je publie à nouveau cette page d'histoire des tous premiers temps des Terres d'Argent
L’histoire de cette noble tribu prend place en un temps où ces terres étaient encore jeunes et inexplorées, en un temps ou les hommes pouvaient être encore sages malgré leur jeunesse et leur manque d’expérience de la duplicité humaine, source de tous les maux. En ces temps oubliés, les populations de ce monde apprirent pourtant à leur dépends que la violence et la guerre, nées des désaccords, des querelles stériles, étaient les seuls moyens pour survivre.
L’histoire de la Dum Dum Company, plus communément connue sous le nom de clan Dum, est étroitement liée à la vie et au destin de la femme qui mena ce fier clan, la prêtresse de Xena, déesse de la guerre, déesse capricieuse et libertaire, la vaillante Croquette.
On ne sait pas grand chose de Croquette, de sa vie et de son enfance, avant qu’elle ne mit le pied sur les terres de Baduk. Tout ce que l’on sait, c’est qu’elle était prêtresse de Xéna et qu’elle était venue pour faire entendre et partager la parole de sa déesse. A cette fin, et sous le commandement de cette dernière, elle réunit rapidement autour d’elle tout ce que les villes comptaient de gueux et de malandrins. Elle savait que la parole sacrée brusquerait les esprits simples et qu’elle risquait de se trouver rapidement confrontée à une hostilité croissante née de l’incompréhension de peuples frustes peu habitués au discours de la raison. Aussi, il était important de se doter d’un entourage fiable, d’une garde armée qui non seulement dissuaderait les opposants mais permettrait également de pacifier les régions les plus sauvages.
C’est ainsi que Croquette, entourée tout d’abord d’une poignée de fidèles, créa rapidement l’un des clans les plus puissants et les mieux armés de Baduk.
Dans leurs premières heures, les Dums se firent voleurs. L’or était nécessaire pour accroître la puissance du clan au service de la gloire de Xéna et ils multiplièrent de manière inconséquente les rapines et les vols armés. Cette erreur d’appréciation entacha le prestige des porte-étendards de la déesse Xéna et décrédibilisa le discours religieux de Croquette. Comment ? Ceux qui prônaient la liberté n’étaient que de vils truands ? Bon nombre des fidèles quittèrent le clan, préférant suivre des voies impies, loin du regard bienveillant de Xéna. Mais d’autres restèrent fidèles à Croquette, à son message, à sa mission.
Parmi eux, les plus proches : Thulsa Doom, guerrier farouche et insondable, force brute et impitoyable, qui fut le garde du corps de Croquette et son plus dévoué serviteur. Destruktor, un barbare dissipé et jovial qui affrontait ses ennemis autant avec le verbe qu’avec la hache. Alexiel, guerrière splendide que Croquette recueillit alors qu’elle était traquée par le sinistre Wauters (dont Thulsa Doom vint plusieurs fois à bout par la suite, le massacrant allègrement) et qui fut sa confidente, sa sœur de cœur et de combat. Maltabius, imposant combattant, voix de la sagesse et de la vertu. Spliphilou, stratège et ami, qui fut un élément essentiel de la cohésion du groupe.
Ceux-là, ils étaient l’âme même des Dums, le squelette, l’architecture indéfectible autour desquels les autres s’articulaient.
Et même si les rapines perpétrées par le clan engendraient des rancoeurs, Croquette réussit non seulement à recruter d’autres fidèles, mais à étendre sa sphère d’influence non sur une cité, non sur une région, mais sur le monde. Et c’est alors qu’elle cessa les rapines, les razzias, pour se recentrer sur sa tâche première : dispenser le discours de la déesse.
Elle accrut la force de la parole au détriment de la voix des armes, cherchant alliances et compromis. Le discours de la prêtresse domina un temps sur l’action.
Mais ce discours, quel était-il ?
Xéna, d’après ce que professait Croquette, était la déesse de la guerre, une déesse de la liberté d’action, de la fougue et de l’individualisme. Elle régnait partout où le combat s’exprimait, se réjouissant de la violence des combats, de l’agonie des vaincus, du triomphe des vainqueurs.
Mais elle était également une déesse sensuelle et une force de vie. Aussi, elle se réjouissait autant des batailles se déroulant sur la plaine que d’un lit défait après que les amants aient lutté toute une nuit en des étreintes fougueuses. C’était une déesse imprévisible mais juste, exigeante mais fiable pourvu qu’on la vénère et qu’on lui fasse régulièrement offrande.
Les Dums se cherchèrent beaucoup, arpentèrent les plaines de Baduk, produisant les faits, gestes et paroles de la déesse, agissant tels de fidèles et zélés servants au service de cette dernière. Ils rencontrèrent plusieurs clans dont certains devinrent des rivaux, voire des ennemis mortels. En ces temps, les campements à la belle étoile étaient monnaie courante et les escarmouches nocturnes permettaient le plus souvent de mettre à bas un adversaire trop ouvertement agressif. Les différents ennemis des Dums, ceux qui contestaient la suprématie de Croquette, méprisaient la parole sacrée de Xéna, ou pire, agressèrent délibérément les disciples de celle-ci, furent vaincus dans des expéditions punitives redoutables qui causèrent beaucoup de morts. Dans ces luttes mortelles, Thulsa Doom excella, montrant une dévotion exemplaire à sa cause, à son chef, aux siens. Cette machine de guerre impitoyable eut rapidement un nombre de combat et de victoires impressionnant. Destruktor le talonnait de près. Son style plus brut n’en faisait pas moins un fléau des vivants. Sa barbarie naturelle s’exprimait pleinement sur le champ de bataille ou par une verve des plus cocasses, mais seulement après une tournée de bière.
Et alors que les combats rugissaient sur les plaines, Croquette prenait la parole sur la place publique, haranguant ses ennemis, les provoquant parfois, et tentait de les mener tous sur la voie de la raison. Elle apprit les finesses de la diplomatie, mais su également se méfier des paroles trop ouvertement apaisantes. Nombre de ses ennemis n’avaient pas ses talents oratoires et tentèrent souvent de l’abuser. Elle ne fut cependant jamais dupe et su mettre à nu, au vu et au su de tous, ce que le discours adverse comprenait de fausseté, d’hypocrisie et de contradictions.
Les joutes verbales et les guerres lui permirent de s’affirmer en tant que chef respectée, diplomate avisée et prêtresse effrontée qui n’hésitait pas à ridiculiser ses ennemis tout en brandissant l’étendard de Xéna. Car même si elle parla souvent en son nom propre, défendant ses idéaux, elle n’en oublia jamais de diffuser largement les enseignements de sa déesse.
Les Dums connurent des passes sombres qui affectèrent beaucoup leur prestige mais renforcèrent l’image dominante de Croquette.