La Fée de Minuit

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Il y a 14 ans | Le 11 Aug 2009 14:53:02
Les terres argentées renfermaient des surprises plus belles les unes que les autres. Chaque coin de terre cachait innocemment son petit secret. De ce fait, chaque habitant de ces contrées dissimulait la vérité sur sa petite personne. Certains avaient des penchants pour la mort, d’autres un plaisir sanguinaire, d'autres encore cachaient des pouvoirs ou leur vraie nature… Plus terrifiants les uns que les autres.

Les anciens de ces terres racontaient tous ce qu’ils avaient vécus durant leur vie. Du fait de mon jeune âge, j’avais pût en ouïr très peu. Mais celles qui avaient traversés mes oreilles m’avaient glacé le sang. Dans un coin reculé des bois de Baduk, une ville y était érigée dans une petite clairière. Elle portait le doux nom de « Les bois de Jamiloux » Un vieillard était assis sur une chaise de bois délabrée, le temps et les insectes avait fragilisée le bois, le rendant friable comme de l’ardoise. La petite Amande ressentait un vague sentiment de malaise en l’observant. Elle longea les murs pour éviter de se faire attaquer ou pire, se faire tuer. Le regard perçant du vieil homme lui donna une peur bleue, l’envahissant tout au fond d’elle, lui faisant trembler les jambes. Il la suivait des yeux, sans cligner une seule fois, tel un psychopathe sur sa proie. La jeune femme se sentait mal a l’aise, pas a sa place. Le géronte marqua soudain sa surprise lorsque son regard s’attarda sur son pendentif. Il était d’or et de rubis, de forme triangulaire, a l’intérieur du quel se trouvait trois petits triangles, surmonté d’un rubis au milieu. L’ancêtre fut interpelé par ce qu’il put voir. D’un bond ferme et déterminé il quitta sa chaise. Elle sursauta de peur, se déplaçant d’un mètre en arrière. Les deux personnages se regardèrent l’un et l’autre. Le patriarche interpella la jeune Amande avec sa voix cassée par les longues années de labeur.


« - Hey ! Jeune fille ! Viens me voir ! »

Son cœur palpitait à foison, l’angoisse gagnait son corps a une vitesse folle, à la limite de la tétaniser, l’empêchant de courir pour lui échapper. L’adolescente se retourna, tout en tremblant, pour croiser à nouveau le regard du vieillard. Elle en fut foudroyée. Un long échange visuel eu lieu entre les deux personnages. Le géronte reprit la parole une nouvelle fois.

« -Envoyée des dieux ! Viens donc me voir ! »

Amande fut surprise par ces paroles éloquentes, et rétorqua avec sa petite voix encore infantile.

« -Pardon, pardonnez moi monsieur, avec le plus grand respect que je vous dois, vos dires sont-ils pour moi ? »
« -Il n’y a personne d’autre dans les parages non ? »
Répliqua t-il d’un ton sec et sévère.

L’adolescente recula brusquement d’un pas, étonnée. Sa réponse affinait un peu son opinons sur le patriarche. Un homme ronchon et sénile, rongé par la vieillesse. A pas flageolant, la jeune femme s’approchait de son interlocuteur. Les brindilles de bois sec craquaient sous les pas d’Amande. A ce moment là, une cloche sonna un glas morbide.
Elle était de moins en moins rassurée, ces genoux cognaient entre eux. Arrivée à la hauteur du vieillard, celui-ci la regarda de bas en haut, et ce plusieurs fois. Amande était de plus en plus effrayée. Après l’avoir examinée sous toutes ses coutures, il se racla la gorge, et prit la parole avec sa voix cassée et rocailleuse.


« -Jeune femme, tu dois te nommer Amande ! » dit-il doucement.
La jeune fille commençait à comprendre que le géronte en connaissait pas mal sur elle, peut-être même plus qu’elle-même. Elle connaissait très peu d’elle, seulement qu’elle avait été élevée et éduquée dans un orphelinat situé sur la côte, près de Dana’s Valley. D’une petite voix frêle, douce et balbutiante, elle lui répliqua.


« -Heu… Heu… Oui… Je me nomme… Bien… Amande… Mais… Mais… Comment le savez-vous ? Me connaissez-vous ? »

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Il y a 14 ans | Le 11 Aug 2009 14:53:17
Les questions fusaient dans sa tête. L’ancêtre approcha son doigt de sa bouche, le posa dessus et prononça un mot à voix basse.

« -Chuuuuut ! »

Surprise la jeune femme se tut. Il reprenait doucement son souffle avant de prononcer quelques mots supplémentaires. Le vieillard se leva de sa chaise, pour entrer dans sa petite maison. Il lui fit signe de le suivre à l’intérieur. Celle-ci allait de surprise en surprise. Amande essuya ses pieds sur le tapis devant la porte, et entra.

C’était une petite maison, composée d’une unique pièce, peu de meuble y étaient installés, seulement le strict minimum pour vivre. Le sol était en bois, à l’effigie du reste de la demeure, sale et abimée par le temps. La poussière avait élu domicile sur les meubles et les livres. Au centre de la pièce se trouvait un poêle à bois où était posée une casserole fumante dont l’arôme rappelait celui d’une soupe. Il dénicha de sa bibliothèque un vieux livre poussiéreux et en mauvaise état, il était assez imposant et lourd, au vu des efforts que l’homme devait faire pour le transporter. Il y avait une belle gravure sur la couverture, représentant un homme sur un nuage, et écrit au-dessus un titre devenu illisible par le passage du temps… Le vieil homme le posa délicatement sur la table et l’ouvrit à une page particulière qui était proprement cornée par le haut, mais ce volontairement.
Le vieillard lui fit un signe du doigt pour qu’elle s’approche et elle s’exécuta silencieusement. Une gravure de son pendentif remplissait l’entièreté de la page.
Amande en fut très surprise… Et pris la parole d’une voix étonnée.


« -Comment cela ce fait-il qu’il y ait mon pendentif sur la page de ce livre ? »
L’homme soupira…
« -A ce que je vois… Tu ne connais rien à ton passée… Prends donc une chaise et assied toi près du poêle, tu n’auras pas froid… » Répond t-il.

Elle prit une des chaises en bois se trouvant à côté de la table pour la mettre près du poêle. Elle se mit ensuite à écouter le vieillard. Celui-ci la regarda un court instant puis repris la parole.


« -Tu vois, ce livre, raconte une légende… Certaines personnes y croient, d’autres pas. Jusqu'à ce jour je prenais cette histoire comme des balivernes. Mais en t’apercevant portant dignement ton pendentif fait d’or et de rubis, je me pose des questions. » Expliqua t-il.

Le vieillard s’arrêta quelques instants pour reprendre son souffle, il possédait un cœur et un souffle fragile. Sa récupération était longue, plus aussi alerte qu’il y a quelques années. Le patriarche déporta son regarde vers l’adolescente. Celle-ci attendait avec la plus grande impatience la suite. Elle se demandait si elle allait en savoir plus sur ses parents, pourquoi l’avait-on abandonnée… La jeune femme se posait des tas de questions, plus tordues les unes que les autres. Il inspira une bouffée d’air et reprit la parole.


« -Je suppose, que tu aimerais savoir ce qu’énonce cette légende, ou prophétie, je ne sais comment la nommer à ce jour… »

Le vieillard regarda autour de lui et posa son regard sur la jeune Amande. Il la quitta des yeux pour reprendre ses dires.

« -Une petite fille envoyée des dieux viendrait sur terre. Possédant des yeux bleus océan, une longue chevelure brune foncée aux reflets brillants. Un visage d’une douceur rare. Elle aurait un cœur d’or et une gentillesse à revendre. Elle aurait une démarche alerte de princesse. Son cou serait orné d’un bijou unique forgé dans les flammes de l’enfer. Il représenterait les quatre forces : l’eau, la terre, la nature, et le feu représenté par le rubis. »

Amande buvait ses paroles comme un élixir. Pendant que le vieillard parlait, elle se fit quelques petits raisonnements. Dans ces paroles elle se reconnaissait bien, toujours prête à aider, le même collier. L’homme était toujours en train de parler.

« -Tu as été envoyée sur terre avec des pouvoirs, ceux-ci peuvent contrôler les quatre éléments de la vie. Mais, cela à un seul moment de la journée ! Là où le jour devient la veille… »

Sur ces mots intrigants le géronte arrêta son histoire. Il reprit encore son souffle.

« -Voila l’histoire de la Fée de Minuit. » Finit-il.
« -Je suis donc une Fée de Minuit ? Mais que dois-je faire de ses pouvoirs ? Ai-je un but précis sur les Terres Argentées ? » Rétorqua-t-elle subitement.
« -C’est ici que mon savoir s’arrête, je ne t’ai transmis que ce qui était écrit dans ce grimoire, rien de plus, rien de moins. Je suis à l’aube de la fin de ma vie, et ce livre ne me sera plus d’aucune utilité… C’est pourquoi j’aimerais vous l’offrir, il vous sera plus utile qu’a moi. » Dit le vieillard.
Il tendit le grimoire à Amande, en y passant un coup de main sur la couverture pour enlever la couche de poussière.


« -Il est à toi, fait-en bon usage… »

Sur ce, Amande se leva, et replaça la chaise sur laquelle elle était. La jeune fille saisit la poignée de la porte et l’ouvrit. L’adolescente partit de la petite clairière des bois de Jamiloux, le livre sous le bras. Celle-ci partait en direction de Dana’s Valley ou elle y louait une petite chambre exigüe où la lumière pénétrait à peine dans la pièce. Arrivée à son auberge, elle monta directement dans sa chambre, posa le grimoire sur son bureau et le feuilleta. Les pages étaient remplies de formules magiques, dans un dialecte qu’elle n’arrivait pas à lire.
Il se faisait tard, le soleil quittait les terres argentées pour laisser place à l’astre de la nuit. C’était pour elle l’heure d’allé se coucher. Amande s’installa dans son lit, et ferma les yeux pour passer au pays des songes.