Le PsychoTroll.

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Il y a 14 ans | Le 06 Aug 2009 20:12:49
I PRÉFACE.

Un troll massif, poilu et puant marchait d’un pas véloce dans la forêt. Ses amis le lui avaient conseillé, c’était le meilleur dans son domaine, il devait trouver l’entrée de sa caverne. Il fit encore quelques pas, avant de se retrouver au pied d’une gigantesque falaise de granit. Il y régnait certainement d’énormes galeries de cavernes, toutes reliées les unes aux autres, la cachette idéale pour un troll dans le besoin de se préserver.
Hébus la reconnut enfin, l’entrée de la caverne du Troll Savant, ou le PsychoTroll, comme certains l’appelaient.

« Pour rentrer, frappe cinq fois, qu’ils m’ont dit la dernière fois… »
Un instant de réflexion lui fut nécessaire pour se rendre compte qu’il ne savait compter que jusqu'à trois.
« Beeeeeuh… Merde ? Je vais tenter à l’instinct. »

Et il se mit à cogner à la paroi, l’air décidé.
BOUM !
Une fois.
BOUM !
Deux fois.
BOUM !
Trois fois.

C’était sans compter que son instinct de troll ne l’aiderait pas plus que ça pour compter, et il s’arrêta dans son élan, soudain moins sûr de l’efficacité du nouveau coup qu’il s’apprêtait à porter. Il s’arrêta là, perplexe, lorsque d’un coup, le mur du fond se déroba, comme par magie.
S’était-il trompé en comptant ? Impossible, il ne comptait que jusqu'à trois, mais il savait le compter parfaitement, il était sûr de ne pas avoir cogné plus que trois fois.

Une voix… Caverneuse, se fit entendre, en répercutions contre les murs. « Approchez, cher patient », et Hébus se faufila à l’intérieur.
« Beuh, salut Doc’, comment tu sais que je suis bien un troll ? »
« Rien de plus simple, cher ami, un vrai troll ne compte jamais très loin, lui demander cinq coups, c’est être sûr qu’il n’en fera que moins, et donc, que son cerveau est sous développé - sans vouloir vous vexer - , et par conséquent, qu’il s’agit bel et bien d’un troll. »

Il avait dit tout cela très vite, sans reprendre sa respiration, remontant ses lunettes grossièrement montées sur son nez, à l’aide d’un gros doigt poilu.

« Beeuh, ouais, pas con Doc’ ! » Il n’eut pas finit sa phrase que le PsychoTroll reprit de plus belle :
« Oui, en effet, d’ailleurs, comme vous pouvez le constater par mes nombreuses cicatrices et récentes ecchymoses, l’utilisation d’une lourde massue, parfois agrémentée de morceaux de métal tranchant, prouve également l’appartenance de mon patient à la race trollienne, car c’est souvent lorsqu’ils sont excédés de par mon… »
BOUM ! Le PsychoTroll venait de se recevoir un nouveau coup de massue dans le ventre qui lui avait coupé la respiration.
« Ah, bah putain ! Ca soulage, merci Doc’ ! »
« C’est mon métier, voyons » suffoqua le troll désormais plié en deux.
Hébus renchérit :
« T’as dû t’en prendre des coups quand t’étais jeune Doc’ ! Tu parles autant qu’un Elfe qui aurait bu un peut trop de lait de chèvre ! Puis, t’as l’air aussi costaud qu’eux, d’ailleurs. »
Il remonta à nouveau ses lunettes sur son gros nez, avant de répondre, d’un air un peu choqué :
« C’est tout simplement, cher congénère, dû à une maladie congénitale, qui fait que les muscles qui auraient dû se trouver dans mes bras, sont allés se fourrer dans ma boîte crânienne, me fournissant ainsi une intelligence plus développée que la moyenne. Je dois, pour me préserver en vie, me nourrir essentiellement d’olives à l’orange, un plat stimulant l’hypothalamus supérieur au trois quart face droit, me permettant ainsi de réfléchir plus aisément que la plus part de mes congén… »
BOUM ! Un nouveau coup de massue le fit taire.
« Tu commences à me gonfler, Doc’ ! » fit Hébus, menaçant.
« Hum, oui, pardonnez, c’est une méchante habitude que j’ai prise lorsqu’à l’âge de… » il s’interrompit en voyant le poing massif d’Hébus se resserrer doucement sur sa massue.

« Désolé, commençons plutôt. Installez-vous ici, et parlez moi de votre petite enfance, afin que nous puissions, ensemble, déterminer ce trouble qui vous obsède, et peut être alors, parviendrons-nous à l’éradiquer, du moins je ferais tout mon poss… Désolé. Allez-y, je vous prie. »

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Il y a 14 ans | Le 07 Aug 2009 16:18:31
II ENFANCE TROLLMATISANTE.

Il vit le troll massif s’étaler brutalement sur une couchette déjà défoncée, tandis que lui, le troll chétif, s’asseyait délicatement sur un fauteuil rouge, magnifiquement ouvragé.

Il l’entendit commencer à parler d’une voix étouffée, tandis que lui-même notait ce qu’il écoutait.

« D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours été troll… [Hum, ça commence bien, il est bien atteint celui la…]Et comme tous les trolls, j’ai été jeté du haut de la colline, et si je suis là, c’est que j’ai réussis l’épreuve… [Mince alors ! Heureusement qu’il me l’a dit, ça explique ce faciès si ingrat, et ce manque de neurones.] Tout petit déjà, je buvais et rotais comme les plus grands trolls de la tribu, mon père était tellement fier de moi… [Et moi donc…] A deux ans, j’obtenais mais première mouche -un record chez les trolls-, que j’ai nommé Bibine, en hommage à la boisson préférée de mon grand père… [La pauvre bête a déjà dû décéder avec cette odeur atroce.] Mon grand père est mort, piétiné par un mammouth pendant qu’il essayait de lui faire des tresses, alors que j’avais cinq ans, me léguant ainsi sa massue en granit. C’était la fierté de toute la tribu, cette massue avait massacré des centaines d’elfes dans le passé, sûrement plus que toutes les autres massues réunies… [Qu’est-ce qu’il en sait ? Il ne sait même pas compter ce demeuré…]

Hébus continuait de déblatérer son enfance, tandis qu’ mpassible, le PsychoTroll notait tout sur ses feuilles blanches, ponctuant chaque fin de phrase d’un léger « Hmm » inintéressé, tout en levant les yeux au ciel, exaspéré par la débilité de son patient.

« Et bien, tout me semble très clair, maintenant » annonça-t-il, après qu’Hébus lui ai dit que le jour de ses dix ans, il avait éventré une camarade de classe parce qu’elle avait oublié son anniversaire.
« Nous pouvons déjà supposer que la perte tragique de votre grand père paternel, a fait naître en vous un terrible sentiment de haine, vouant votre existence au plaisir de voir couler le sang des entrailles de vos victimes. Vous essayez de vous le cacher, en absorbant diverses boissons alcoolisées, jusqu'à ce que, pour finir, vous ayez plus d’alcool que de sang dans le corps, espérant ainsi oublier vos méfaits, mais sans succès et vous décidez alors d’évacuer le sentiment de honte, par la violence.
Notez que ceci est un cycle sans fin, car ce sentiment de honte, comme je l’ai nommé, est le résultat de cette violence. »
« Qu’est-ce que j’y peux moi Doc’ ? Aide-moi, bordel ! »
« C’est ce que nous allons tenter de faire, Hébus. Continuez donc votre récit. » Reprit-il en observant le résultat de ses notes qui ressemblaient en réalité, au corps sans vie de son actuel patient, une massue encore encastrée dans le crâne de ce dernier.

Il l’entendit raconter le plaisir qu’il avait éprouvé, en éventrant sa camarade de classe, il écouta Hébus chanter la chanson que sa tribu scandait lorsqu’ils allaient se battre, il le regarda même mimer diverses bagarres dans plusieurs tavernes. Son attention fut soudain attirée par ce qu’Hébus venait de dire.

« … c’est pour ça que j’en ai eu marre et que je l’ai butée. » Conclut-il, s’apercevant que le PsychoTroll l’observait l’air vaguement intéressé.
« Pardonnez-moi, Hébus. Pouvez-vous répéter ce que vous venez de dire ? »
« Beuh, ouais. Je parlais de cette histoire avec Grundi, j’en avais fais une vraie troll, puante, violente, alcoolique et tout ce qu’il faut, mais cette gourde était trop attachée à ses parents, et c’est pour ça que j’en ai eu marre et que je l’ai butée. »
« Hmmm, c’est très intéressant. Je pense que cette Grundi fut pour vous, un moyen de refouler la perte de votre grand-père. Vous auriez aimé apprendre de votre grand-père toutes ces choses que vous-même avez apprises à Grundi. C’est une réaction très courante, vous prenez la place du « pater familial », et reconstruisez ainsi cette cellule familiale qui vous a tant fait défaut dans votre jeunesse. Mais comme les autres fois, vous n’avez pas réussis, et cela vous a conduit à cet excès de rage qui vous a amené à éliminer Grundi de votre vie. »

Hébus s’arrêta quelques instants, ayant l’air en intense réflexion, puis il demanda subitement :
« Doc’, pourquoi tu causes toujours comme ça ? C’est quoi ton soucis ? Tu veux qu’on en parle ? »
Le PstchoTroll le regarda alors intensivement, l’air à la fois intrigué, apeuré, mais aussi intéressé.

Il brûlait manifestement d’envie de parler de ses problèmes personnels.