I PRÉFACE.
Un troll massif, poilu et puant marchait d’un pas véloce dans la forêt. Ses amis le lui avaient conseillé, c’était le meilleur dans son domaine, il devait trouver l’entrée de sa caverne. Il fit encore quelques pas, avant de se retrouver au pied d’une gigantesque falaise de granit. Il y régnait certainement d’énormes galeries de cavernes, toutes reliées les unes aux autres, la cachette idéale pour un troll dans le besoin de se préserver.
Hébus la reconnut enfin, l’entrée de la caverne du Troll Savant, ou le PsychoTroll, comme certains l’appelaient.
« Pour rentrer, frappe cinq fois, qu’ils m’ont dit la dernière fois… »
Un instant de réflexion lui fut nécessaire pour se rendre compte qu’il ne savait compter que jusqu'à trois.
« Beeeeeuh… Merde ? Je vais tenter à l’instinct. »
Et il se mit à cogner à la paroi, l’air décidé.
BOUM !
Une fois.
BOUM !
Deux fois.
BOUM !
Trois fois.
C’était sans compter que son instinct de troll ne l’aiderait pas plus que ça pour compter, et il s’arrêta dans son élan, soudain moins sûr de l’efficacité du nouveau coup qu’il s’apprêtait à porter. Il s’arrêta là, perplexe, lorsque d’un coup, le mur du fond se déroba, comme par magie.
S’était-il trompé en comptant ? Impossible, il ne comptait que jusqu'à trois, mais il savait le compter parfaitement, il était sûr de ne pas avoir cogné plus que trois fois.
Une voix… Caverneuse, se fit entendre, en répercutions contre les murs. « Approchez, cher patient », et Hébus se faufila à l’intérieur.
« Beuh, salut Doc’, comment tu sais que je suis bien un troll ? »
« Rien de plus simple, cher ami, un vrai troll ne compte jamais très loin, lui demander cinq coups, c’est être sûr qu’il n’en fera que moins, et donc, que son cerveau est sous développé - sans vouloir vous vexer - , et par conséquent, qu’il s’agit bel et bien d’un troll. »
Il avait dit tout cela très vite, sans reprendre sa respiration, remontant ses lunettes grossièrement montées sur son nez, à l’aide d’un gros doigt poilu.
« Beeuh, ouais, pas con Doc’ ! » Il n’eut pas finit sa phrase que le PsychoTroll reprit de plus belle :
« Oui, en effet, d’ailleurs, comme vous pouvez le constater par mes nombreuses cicatrices et récentes ecchymoses, l’utilisation d’une lourde massue, parfois agrémentée de morceaux de métal tranchant, prouve également l’appartenance de mon patient à la race trollienne, car c’est souvent lorsqu’ils sont excédés de par mon… »
BOUM ! Le PsychoTroll venait de se recevoir un nouveau coup de massue dans le ventre qui lui avait coupé la respiration.
« Ah, bah putain ! Ca soulage, merci Doc’ ! »
« C’est mon métier, voyons » suffoqua le troll désormais plié en deux.
Hébus renchérit :
« T’as dû t’en prendre des coups quand t’étais jeune Doc’ ! Tu parles autant qu’un Elfe qui aurait bu un peut trop de lait de chèvre ! Puis, t’as l’air aussi costaud qu’eux, d’ailleurs. »
Il remonta à nouveau ses lunettes sur son gros nez, avant de répondre, d’un air un peu choqué :
« C’est tout simplement, cher congénère, dû à une maladie congénitale, qui fait que les muscles qui auraient dû se trouver dans mes bras, sont allés se fourrer dans ma boîte crânienne, me fournissant ainsi une intelligence plus développée que la moyenne. Je dois, pour me préserver en vie, me nourrir essentiellement d’olives à l’orange, un plat stimulant l’hypothalamus supérieur au trois quart face droit, me permettant ainsi de réfléchir plus aisément que la plus part de mes congén… »
BOUM ! Un nouveau coup de massue le fit taire.
« Tu commences à me gonfler, Doc’ ! » fit Hébus, menaçant.
« Hum, oui, pardonnez, c’est une méchante habitude que j’ai prise lorsqu’à l’âge de… » il s’interrompit en voyant le poing massif d’Hébus se resserrer doucement sur sa massue.
« Désolé, commençons plutôt. Installez-vous ici, et parlez moi de votre petite enfance, afin que nous puissions, ensemble, déterminer ce trouble qui vous obsède, et peut être alors, parviendrons-nous à l’éradiquer, du moins je ferais tout mon poss… Désolé. Allez-y, je vous prie. »