Je traverse la taverne, observant brièvement chaque détail. Elle semble si paisible… Elle sera bientôt un endroit de festivités pour bien des guerriers, cela ne fait aucun doute. Même les magiciens les plus sages se laisseront entraîner par la fraternité qui s’en dégagera.

Sans traîner, je sors de la cité, pour l’une de mes balades nocturnes. Depuis quelques temps, je suis insomniaque. Toutes les horreurs et les atrocités qui torturent mon esprit en sont sûrement la cause.

J’avance doucement au milieu d’un petit bois se trouvant à proximité, éclairé par la faible intensité de l’astre lunaire. Un lourd silence m’accompagne, entrecoupé par le bruit de mon bâton touchant le sol. J’éprouve désormais bien des difficultés à me séparer de ce dernier quand il s’agit de marcher. Ma capacité à résonner diminue également, ainsi que l’ensemble de mes sens.

Il y a peu, je m’étais lancé dans une aventure pleine d’embûches dans l’espoir de retrouver ma jeunesse. En vain… J’avais été dupé, manipulé. Les profondes blessures se trouvant sur mon visage en témoignent largement.

Je me pose péniblement sur un rocher non loin, en vieillard que je suis. Ma motivation qui était autrefois mon cheval de bataille avait été sévèrement entachée lors de ma défaite face au démon.

Je suis faible, repoussant et sénile. Seule ma récente arrivée aux côtés de Deacon et Narcotik me pousse encore à vivre, au milieu de ces terres toujours plus hostiles.

Je suis néanmoins déterminé à mettre toute ma magie au service de mes nouveaux compagnons. Mon regard se jette sur l’horizon. Une faible lueur brille encore dans mes yeux, symbole du peu d’espoir qu’il me reste.

Perdurera-t-elle ? Je n’en sais rien.

Je m’endors perdu dans mes pensées, bordé par le bruit du vent courant sur la plaine.

Je me réveille en sursaut, surpris par une averse. Les petites gouttes froides m’agressent et précipitent mon départ. Je reprends la route de la cité, toujours songeur, évacuant peu à peu la frustration de la veille. Mais soudain, ma quiétude est troublée par de lourds fracas, venant des montagnes. Des bruits de pas résonnent à l’uni son dans toute la contrée.

Curieux, je me laisse guider par le brouhaha.

Après une marche assez courte, j’arrive au pied d’une colline semblant me séparer du mystère. Je n’hésite alors pas à essayer mon pouvoir de téléportation, découragé à l’idée de passer l’obstacle avec la seule aide de mes vieux os.

J’apparais au sommet sur mes petites sandales, à peine visible sous ma longue robe sombre. Je plonge mon regard vif de l’autre côté, tout en prenant soin de rester discret.

Ma surprise est totale lorsque j’aperçois ce qui s’avère être une importante légion, composée de soldats à l’aspect des plus menaçant. Ils font route vers le nord, martelant le sol sous leurs pieds. Deux personnages se détachent du groupe, visiblement à la tête de ce dernier.

L’un est grand et costaud, et domine l’autre par sa carrure. Son visage est dissimulé par son casque aussi noir que son armure. Cet homme dégage une grande intimidation.

L’autre, plus petit, doit être l’intellectuel, adepte des sortilèges. Sa cape s’allonge dans son dos, et il possède un bâton, tout comme moi. Il affiche néanmoins une profonde folie.

J’observe également une marque sur les boucliers des combattants, sans la moindre exception. Cette vision provoque une réaction brutale de ma part. Le temps paraît suspendu… Ce signe ne m’est pas inconnu.

La rage s’empare alors de moi, tout comme l’incompréhension. Mais je ne peux agir dans l’immédiat, l’ennemi m’étant mille fois supérieur en nombre.

Je reprends ma direction initiale, admettant qu’il est plus sage de méditer là-dessus. Ils ne seront de toute manière par dur à retrouver, vu le vacarme qu’ils font.