Le retour du Maître Voleur : Nekromantik

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Il y a 14 ans | Le 30 Jul 2009 02:03:24
Je marche d'un pas hésitant. Mes forces s'en sont allés, mon corps est brisé. Depuis des années j'erre.

Mes quêtes se sont soldées par des échecs et j'ai abandonné mes prétentions et mes espoirs, brisés d'eux-même par une contemplation excessive de mes succès passés.

J'ai été grand, j'ai été adulé et espéré. J'avais de fidèles lieutenants, des servants dévoués et ma troupe formait une armée solide. Nous avions des ambitions, des buts, de la vivacité, de la détermination.

Où est tout cela? Cela n'est plus.

J'ai tout quitté un soir, lassé, blasé, écœuré par la fatuité de ce monde et de ceux qui le peuplent. J'ai tout quitté, espérant me débarrasser de ma propre fatuité.

Les rapines apportant l'or, l'or apportant le pouvoir, le pouvoir apportant l'ennui, je me suis lassé de ce que j'ai construit.

La Guilde des Voleurs, fleuron d'immoralité et bastion qui accueillait en son giron les gueux, les tire-bourses, les aigre-fin, les truands, les malfaiteurs, pick-pickpockets, les filous, les pressureurs et autres indésirables chassés et pourchassés par les honnêtes gens, les paladins blancs et les adeptes d'une justice par trop expéditive, tenants d'une morale désuète, la Guilde, disais-je que j'avais créé, réunissant en son sein les meilleurs voleurs, les plus agiles et les plus âpres au gain, a été dissoute.

Mon passé est effacé et je n'ai aucun regret. Je ne regrette ni la puissance, ni la gloire. Si, j'ai un regret : j'ai trahi mes serments et mes compagnons en les abandonnant.

C'est ainsi qu'affaibli par les années, le cheveux autrefois noir se teintant de gris, le visage se ravinant davantage avec l'âge et une vie d'infortune, je reviens.

J'hésite à franchir les frontières des Terres d'argent. J'hésite... et pourtant. Je connais cette région mieux que quiconque. Et je sais que je peux y refaire fortune, recréer mon ordre, me refaire un nom. La puissance m'attend, je le sais, le sens.

Une impériosité, un frisson me parcourt l'échine. J'avance. J'y suis.

Je m'étais juré... Mais voilà... Un voleur n'a pas de parole, et certainement pas envers lui-même.

Membre supprimé
Il y a 14 ans | Le 23 Aug 2009 09:52:17
O sombres présages! O sombres terres! A t-il seulement fallu que je vous foule à nouveau pour que mes instincts de rapine reprennent le dessus?
Je m'étais à peine acclimaté, j'avais à peine repris mes repères en ces lieux que je connaissais comme personne pour que ma soif de violence reprenne le dessus.
J'avisais une échoppe, m'équipais correctement, délaissant ma dépouille de seigneur errant, mes guenilles de vagabond et retrouvais derechef mes réflexes, mes vieilles habitudes.
L'épée, légère, de piètre qualité, voltigeait de ma main à son fourreau. Quarte, quinte, flexion, coup circulaire, estoc... tout me revenait. Ma main reprenait vie sans même que j'ai à lui imposer une once de calcul ou de réflexion. Les gestes étaient imprimés en moi, ancrés comme une mauvaise habitude.
Je resserrais mon ceinturon, ajustais mon pourpoint et ma casaque. Un casque minable ceignait mon front.
Qu'importe.
Mes signes distinctifs, mon pourpoint vert orné de la dragonne, ma face blême en lame de couteau, mon caractère de chien et ma fougue légendaire, tout cela allait de nouveau imprimer la légende des terres d'argent.
La route allait être longue, mais j'étais prêt.

Il paressait en ville, sortait de l'auberge après une transaction juteuse, le visage rubicond et ravi, certainement après une vente de bovin ou de récolte si j'en jugeais par la taille de sa bourse.
Je le suivis discrètement, le dépassai, puis d'un coup violent dans l'abdomen, le fit plier. Je retins cette outre qui se pliait en deux et le poussai rapidement derrière un bâtiment, à l'abri des regards.
L'homme était plus rouge qu'à la sortie de l'auberge et fulminait à présent, m'éreintant d'un chapelet de jurons assez obscènes. Il tira son épée et se redressa.
Un coup maladroit passa au dessus de ma tête tandis que je fléchissais sur les jambes. Je balayai violemment sous lui de ma jambe droite et il tomba sur le dos. Mon épée sur sa gorge, il n'avait d'autre ressource que de se laisser gentiment dépouiller.
Ce fut ma première victime.
Le vol était symbolique tant j'avais surestimé mon butin, mais je m'en sortais bien et n'avais rien perdu de mes sales habitudes.
J'étais indemne, confiant et les choses commençaient plutôt bien.