Musique

Assise devant ma fenêtre, j'observais les étoiles scintillantes dans le ciel pour la dernière fois de ma chambre. Je ne savais encore que faire, ni où aller, mais je savais que je devais partir puisqu'on me l'avait demandé. Je ne pouvais contester la volonté de mon guide Athena, même si je souhaitais par dessus tout rester dans la cité Métempsycose. Abandonner ce qui m'était le plus cher me faisait atrocement souffrir moralement. C'était comme si je n'étais plus rien. Je revenais à mon point de départ, lorsque je n'étais qu'une simple ombre parmi tant d'autres. Une Ombre ordinaire, banale, dispensable. Malgré le réconfort que m'avait procuré Aaliyah, je n'arrivais à retrouver le sourire. Ce sourire que je pensais invincible ... Perdu, envolé en un claquement de doigts. Tout s'écroulait autour de moi, une fois de plus.

Une larme s'écoula lentement le long de ma joue droite, finissant sa course à la commissure de mes lèvres dans laquelle elle s'éteignit. Mon regard quitta la voûte céleste et se posa sur un carnet posé sur ma table de chevet. Il s'agissait là de mon recueil de pensées que j'avais commencé depuis mon arrivée dans la sublime cité dans laquelle je me trouvais. Aussi j'y avais raconté chaque moment inoubliable que j'avais vécu depuis que j'étais devenue maître métempsycose. Il me semblait alors logique de mettre un point final à ce journal.

Cette fin ne méritait pas d'être longue tant la douleur qu'elle infligeait était assez grande à elle seule. Mais elle méritait d'être racontée pour ne négliger aucun détail de mon ouverture sur le monde qui semblait s'être révélée vaine. Aussi je m'approchai de ma table de chevet et pris en ma possession le carnet ainsi qu'une plume. Délicatement, je me mis à écrire quelques mots. Les mots qui me venaient à l'esprit au moment même où j'écrivais.


Lentement je me laisse dériver au fil des flots,
Laissant petit à petit s'évader tous mes maux.
Doucement je laisse l'ombre même m'envahir,
Préférant l'espace d'un instant ne rester qu'un souvenir.

Croyez Ô combien j'aimerais m'en sortir,
Mais je suis encore loin de connaître le repentir.
La fuite a toujours été mon ultime recours
Mais je reviendrais pour toi mon amour,
Que malgré les erreurs que j'ai pu faire
Le lien qui nous unisse n'en devienne plus amer.

Toi qui te disais vouloir panser mes blessures,
Vois là une femme au bord de l'usure ...
Au bord du précipice duquel elle sautera
Si elle ne voit place pour elle qui sera.


Je m'arrêtai là, ne pouvant continuer davantage. Les larmes commençaient à affluer, brouillant définitivement ma vue. Quelques gouttes tombèrent sur les papiers jaunis du carnet sans que je puisse les retenir à temps. D'un geste ferme, je le fermai puis m'en allai revêtir ma cape. Il était l'heure.

Je me tournai vers la fenêtre, admirai une toute dernière fois le ciel étoilé puis laissai l'ombre m'envahir pour de bon. Peut être reviendrais-je un jour, sûrement même, mais j'avais actuellement trop honte de mes actes pour me montrer à la lumière du jour. Il fallait que je me protège loin de tout, que je retrouve la chaleur du néant.

Loin.