Journal de Mostra.


Printemps, troisième mois, septième jour :


Le vent souffle avec véracité sur ces contrées. Les arbres se courbent, l'herbe se couche et les habitants rentrent chez eux. Tout me semble si différent, d'avant. Un avant qui me semble si lointain mais inoubliable. Un avant bien trop ignoré de tous.

Avec dédain, j'observe chaque personne, chaque habitat, chaque détail. Rien ne m'échappe, à part la vérité. Tous ces êtres me semblent tellement ridicules. Leur vie, monotone et rythmée n'est qu'un amas d'échecs empilés les uns sur les autres afin de masquer les plus anciens. Et ils vivent chaque jour, comme si ce n'était qu'une banale journée. Hypocrites ... Leurs paroles, emplies de mensonges, ne vallent, à présent, plus rien. Leurs vérités, si existent-elles, sont infondées. Et leur vie, inexistante.

Il n'aura fallut qu'une poignée de décennies pour que le passé disparaisse, laissant place à un présent fastidieux. Chaque évènement n'est que le fruit de la déception.
Autrefois, les guerres faisaient vivre ces pays, mais elles ont désormais disparu. Plus un conflit, une bataille. Seul le silence monacale pèse sur les terres. Plus un signe de vice. Sans doute enfouit au fond de certains, il se cache.

Je marche.
Le dégoût m'empoisonne. Cette vision de quiétude m'obsède. Je ne trouve ni repos, ni sommeil : mes nuits sont longues. Seuls mes souvenirs me tiennent compagnie ...

J'observe.
Une dame, aussi corpulente qu'un porcin, éprouve une difficulté évidente à marcher. Elle tente de le cacher. Ridicule ...
Son visage arbore un large sourire, ne laissant apparaître qu'une rangée de dents dont la saleté n'a pas d'égal. Immondice. Et elle marche aux côtés d'un jeune enfant, aussi haut que large. Cette vue m'execre.
Il me faut partir.

J'apprends et je vois des choses qui me semblaient inexistantes tant leurs significations sont insignifiantes, sur les terres de mon enfance. Jamais je n'aurai imaginé être autant déçu d'y retourner.
A présent, tous ceux-là piétinent ma terre, assèchent mes rivières et tuent mon herbe.
Leur vie végétative est plus destructrice que tout autre chose à laquelle on pourrait imaginer. Oh ! Que le temps des guerres me manque !

Dans la nuit tombante, j'attends. J'attends le sommeil.