Chapitre 1 : La première offensive



Vous ai-je déjà raconté ma vie passé ? Comment j'ai été roi ? Et comment j'ai été déchu ? Non ? Et bien, écoutez...


Il y a bien longtemps, les Terres Argentées ne faisaient qu'une. Elles formaient un havre de paix, où les Elfes, les Trolls, les Hommes, les Sytins et j'en passe vivaient en parfaite harmonie. Et lors de cette époque révolue, je régnais sur l'imposant Royaume Elfe...

Tout commença une sombre matinée d'hiver.

Je marchais doucement sur un sinueux sentier, entouré par une gigantesque forêt. Ma cape était enroulée autour de mon corps, et ma capuche posée sur ma tête. Seul le bruit de la neige crépitant sous mes pieds rompait le silence mis en place par la nature. C'est lorsque une légère brise froide traversa le massif d'arbres en tout genre et vint me chatouiller doucement les cheveux que j'arrêtais ma marche soutenue.


« Montrez-vous... » annonçais-je froidement.

Les flocons qui s'étaient déposés au sol la nuit dernière, s'envolaient et tournaient pour former une petite tornade, qui soulevait un nuage de poussière blanc. Le 'brouillard' qui se dissipait doucement laissait apparaître deux personnes, si je peux les définir ainsi. Elles avaient la forme, la classe, et l'agilité d'un félin. Cependant, dans leurs formes arrondies, je pouvais retrouver certains caractères propres aux elfes. La neige qui m'empêchait de détailler les êtres me faisant volte-face était doucement retombée au sol. C'est à cette instant, que je les reconnus. Ces monstres étaient des Sytins. L'un noir, et l'autre jaune.

« Vous n'avez rien à faire ici, veuillez quitter le Royaume Elfe, immédiatement. »

La bête noire s'approchait de moi, et me disait d'une voix agressive :

« Largior ourselves suus formidonis Elf. Iam ! »

J'affichais un sourire en coin, et repris avec attention.

« Je ne possède pas l'artefact que tu convoites Sytin. » rétorquais-je.

Dès lors, mon nouvel ennemi se précipita sur moi en hurlant :

« Nos vadum animadverto ! »

J'ai réussi à l'éviter avec la même agilité dont il avait usé pour m'attaquer. Je tendis brusquement ma main vers lui ce qui le propulsa violemment contre un arbre.

« Vous êtes sur notre territoire ! Vous n'avez rien à faire là. Déguerpissez, ou il vous en coûtera la vie. »

Les deux monstres pénétraient dans la forêt, honteux et humiliés. Désormais, un vent froid parcourait les arbres, le bruit du bois grinçant avait pris la place du silence. Je rejoignais le château avec hâte, je voulais à tout pris éviter un nouvel assaut. Les rapports que mon peuple entretenait avec les Sytins étaient de plus en plus instables. Une fois dans le gigantesque hall de ma bâtisse, je me dirigeais vers la salle du trône avec mes conseillers qui m'avaient rejoint. Ytalo, le plus vieux, s'approchait frêlement de moi pour me dire :

« Ô altesse, le conseil des Anciens vous attend.
-Je sais. »
rétorquais-je.


...


Je me tenais debout devant l'imposante porte du conseil, je reprenais mon souffle avant d'entrer. Je savais déjà qu'ici allait se jouer l'avenir des elfes. Je posais mes mains sur le mur de bois, et la poussais machinalement. Tous les regards se tournaient vers moi, les discussions cessaient rapidement.


« Excusez moi du retard... »

Je me précipitais à travers la pièce ovale pour m'asseoir à la place qui m'était dûe. Le vieil humain qui présidait, prit la parole.

« Maintenant que tout le monde est là, nous pouvons commencer. Je tiens d'abord à préciser que si nous sommes céant, ça n'est guère pour écouter quelques règlements de compte mais bien pour maintenir la paix entre nos peuples. Je vous prierai donc de laisser vos différents de côté. »

La porte s'ouvrit une seconde fois, et cette fois-ci, un messager pénétra dans la salle. Il s'empressa de rejoindre Dokor, le roi humain, et président de l'assemblée. Il lui chuchota quelques mots, lui tendit une lettre et disparut aussi tôt. Le regard de l'humain qui se tournait vers moi devenait peu à peu courroucé.

« J'ai ici une nouvelle fâcheuse. Il semble que deux Sytins et Anarandil, ici présents eurent un désaccord ce matin même. Expliquez -vous roi Elfe ! »

Je me levais doucement en prenant la parole.

« Hum... Sachez que ce que j'apprends m'irrite au plus haut point. Une petite mésaventure qui arrive aux oreilles du conseil des Anciens...
-Allez droit au but je vous prie ! »
me disait-il en me coupant la parole.

Prenant mon mal en patience, je continuais :


« Ces deux Sytins m'ont agressé sans aucune raison apparente. Je n'ai fais que me défendre.
-Ah oui ? Mon messager m'a fait part d'une autre information : vos agresseurs ont signalé un artefact du nom de Terreur. »
me répondait-il.

Ses dires me figeaient... Comment pouvait-il être au courant ? Plongeant mon insolent regard dans le sien, j'annonçais.

« Je suis membre du conseil, certes. Mais chaque peuple peut avoir ses propres secrets. Et en l'occurrence, cette artefact en est un. Les secrets de mon royaume ne seront pas le sujet d'un débat ! Cependant, les Sytins veulent la Terreur, et je ne suis pas décidé à leur léguer.
-Si cette 'Terreur menace un jour l'harmonie de ce monde, vous serez châtié, sachez-le ! »
annonça l'ambassadeur nain.

Mon regard se détournait de l'humain, pour se poser sur la petite personne.


« Qu'il en soit ainsi sire nain. Mais, si ces idiots de Sytins lancent une autre nouvelle offensive contre le royaume elfe, mon peuple rentrera en guerre. Jamais, je dis bien jamais ils n'auront Terreur ! »

L'assemblée s'agitait, les chuchotements reprenaient... Seul Dokor essayait de prendre la parole dans tout ce brouhaha.

« Mes amis ! Calmons-nous ! Elfe, êtes-vous sûr ? » me demandait-il.

« Je n'ai jamais été aussi sûr de moi, noble roi. » répondis-je.

L'homme faisait signe aux autres rois qui le rejoignirent. Après quelques minutes d'attente, ils se retournaient gracieusement vers moi pour m'annoncer :

« Anarandil, si votre peuple part en guerre, vous serez seul. Le conseil des Anciens refusera de vous suivre. »

Un sourire narquois sur mes lèvres, une seule réponse sortait de ma bouche :

'« Soit... Je respecte votre choix vieux fou. »

Je me dirigeais vers la porte, mon aura glacial se rependait dans toute la pièce.

« Nai Valaraukar tye-matár ! » continuais-je avant de quitter la salle ovale...


Le destin en avait décidé ainsi, l'avenir de mon peuple était fixé, qu'il soit réjouissant, ou non...