I ) La rencontre :
Hébus marchait dans la forêt, la rosée mouillait ses pieds nus, les aiguilles des pins se pliant contre la corne de ses talons. Un village de paysans se trouvait non loin de là, de quoi se faire un festin d’alcool et de bétail. Il tomba alors sur une clairière d’où provenaient d’étranges bruits. Des sanglots, mais ils n’avaient rien d’humains, d’ailleurs, Hébus n’avait jamais rien entendu de tel.
« C’est quoi ce bordel ? Qui c’est qui chiale ? »
Rien.
« Oh ! Répondez ou je vous écrase la face ! »
Les sanglots reprirent de plus bel.
Hébus commença a serrer sa massue, prêt à frapper ce…cette chose qui pleurait à chaudes larmes. Il s’en approcha, toujours aux aguets.
Un spectacle épouvantable s’offrit à lui, la chose qui pleurait était affublée d’une robe rose à motifs floraux, elle portait tous ces artifices que les femmes humaines portaient, sauf que la chose qui les portaient n’était pas une femme, non, elle ressemblait plus a…
« A rien du tout… Elle ressemble à rien du tout. Quelle horreur…
Hey toi, la… trolle ? Tu fous quoi sapée comme ça ? »
Voyant qu’elle ne lui répondait pas, il s’énerva, se pencha, ramassa une pierre et la lui lança sur le crâne.
« Oh toi ! Je te cause ! Qu’est-ce que tu fous là ? Et sapée comme ça en plus ! On dirait une… une humaine ! »
La trolle le regarda comme si c’était la première fois qu’elle voyait un troll. Son visage prit un air grave et apeuré.
« Mon Dieu ! Quelle horreur ! Un troll ! Au secours ! »
« Hein ? » Hébus eu l’air plus bête encore que d’habitude. « Qu’est-ce que c’est que cette histoire encore ? » Il regarda derrière son épaule, afin d’être sûr qu’un de ses congénères ne se trouvait pas dans le coin.
La trolle reculait déjà, affolée, mais il la rattrapa par un bras qui était d’ailleurs aussi gros qu’un jambon.
« Mais dis donc la trolle, restes ici ! Et puis réponds moi, ou je te casse tes dents ! »
« Mais… Mais enfin, laissez moi ! Je ne sais pas pourquoi vous m‘appelez "la trolle" mais je vous prie de bien vouloir me laisser en paix, ou je me verrais obligée de vous dénoncer à mes parents !»
Il la regarda, l’air abrutit.
« Elle est tarée celle là ! Je te dis que t’es une trolle ! En tout cas, t’es sensée en être une ! Regarde ta tronche, matte la mienne, puis finis par celle de tes "parents", tu verras la différence. Tu es comme moi, une trolle grosse, moche, qui pue et qui boit ! »
Elle l’observa intensément, puis regarda son propre reflet dans une flaque boueuse non loin.
« Alors, t’en penses quoi ? J’ai raison ou non ? »
« Je… Oui, sûrement… »
« Tu veux que je t’apprenne à devenir une vraie trolle ? »
« Oui. »
« Es tu prête à abandonner tes parents, et à détester tous les humains ? »
« Mais, pour quelle raison ? »
« Aucune idée, c’est comme ça, je peux pas les piffrer. »
« D’accord alors. »
« Bouge pas, je reviens. » Il parti non loin, remua les buissons, poussa un grand cri, et revint quelques minutes après, avec une peau de bête scalpée, et quelques fougères.
« Première étape : te trouver des fringues correctes. Tu peux pas rester sapée comme ça, je vais t’habiller à la mode troll. »