Ni Trolle, Ni Soumise.

Membre supprimé
Il y a 14 ans | Le 17 May 2009 16:19:23
I ) La rencontre :

Hébus marchait dans la forêt, la rosée mouillait ses pieds nus, les aiguilles des pins se pliant contre la corne de ses talons. Un village de paysans se trouvait non loin de là, de quoi se faire un festin d’alcool et de bétail. Il tomba alors sur une clairière d’où provenaient d’étranges bruits. Des sanglots, mais ils n’avaient rien d’humains, d’ailleurs, Hébus n’avait jamais rien entendu de tel.
« C’est quoi ce bordel ? Qui c’est qui chiale ? »
Rien.
« Oh ! Répondez ou je vous écrase la face ! »
Les sanglots reprirent de plus bel.
Hébus commença a serrer sa massue, prêt à frapper ce…cette chose qui pleurait à chaudes larmes. Il s’en approcha, toujours aux aguets.
Un spectacle épouvantable s’offrit à lui, la chose qui pleurait était affublée d’une robe rose à motifs floraux, elle portait tous ces artifices que les femmes humaines portaient, sauf que la chose qui les portaient n’était pas une femme, non, elle ressemblait plus a…
« A rien du tout… Elle ressemble à rien du tout. Quelle horreur…
Hey toi, la… trolle ? Tu fous quoi sapée comme ça ? »
Voyant qu’elle ne lui répondait pas, il s’énerva, se pencha, ramassa une pierre et la lui lança sur le crâne.
« Oh toi ! Je te cause ! Qu’est-ce que tu fous là ? Et sapée comme ça en plus ! On dirait une… une humaine ! »
La trolle le regarda comme si c’était la première fois qu’elle voyait un troll. Son visage prit un air grave et apeuré.
« Mon Dieu ! Quelle horreur ! Un troll ! Au secours ! »
« Hein ? » Hébus eu l’air plus bête encore que d’habitude. « Qu’est-ce que c’est que cette histoire encore ? » Il regarda derrière son épaule, afin d’être sûr qu’un de ses congénères ne se trouvait pas dans le coin.
La trolle reculait déjà, affolée, mais il la rattrapa par un bras qui était d’ailleurs aussi gros qu’un jambon.
« Mais dis donc la trolle, restes ici ! Et puis réponds moi, ou je te casse tes dents ! »
« Mais… Mais enfin, laissez moi ! Je ne sais pas pourquoi vous m‘appelez "la trolle" mais je vous prie de bien vouloir me laisser en paix, ou je me verrais obligée de vous dénoncer à mes parents !»
Il la regarda, l’air abrutit.
« Elle est tarée celle là ! Je te dis que t’es une trolle ! En tout cas, t’es sensée en être une ! Regarde ta tronche, matte la mienne, puis finis par celle de tes "parents", tu verras la différence. Tu es comme moi, une trolle grosse, moche, qui pue et qui boit ! »
Elle l’observa intensément, puis regarda son propre reflet dans une flaque boueuse non loin.
« Alors, t’en penses quoi ? J’ai raison ou non ? »
« Je… Oui, sûrement… »
« Tu veux que je t’apprenne à devenir une vraie trolle ? »
« Oui. »
« Es tu prête à abandonner tes parents, et à détester tous les humains ? »
« Mais, pour quelle raison ? »
« Aucune idée, c’est comme ça, je peux pas les piffrer. »
« D’accord alors. »
« Bouge pas, je reviens. » Il parti non loin, remua les buissons, poussa un grand cri, et revint quelques minutes après, avec une peau de bête scalpée, et quelques fougères.
« Première étape : te trouver des fringues correctes. Tu peux pas rester sapée comme ça, je vais t’habiller à la mode troll. »

Membre supprimé
Il y a 14 ans | Le 17 May 2009 16:20:32
II ) La vie ensemble :

Hébus découvrit que sa congénère avait été nommée Clarice, selon l’idée de ses parents adoptifs, un nom qui n’était pas fait pour une trolle, aussi, il la rebaptisa Grundi. Pendant plusieurs mois, il l’emmena partout avec lui, lui apprenant comment devait fonctionner un troll correct. Elle devint vite aussi bestiale que lui, maniant la massue avec plus de dextérité que lui, cependant, elle hésitait toujours un peu avant de tuer un humain.
« Faut pas hésiter ! Tes souvenirs sont encore trop présents. » lui dit-il après avoir achevé un homme apeuré, le crâne désormais fracassé contre un rocher.
« Va falloir que je te trouve des victimes de choix. » rajouta-il avec un sourire malsain.
Elle l’observa intensément, se demandant ce que lui réservait la personne dont elle avait été le plus proche depuis de nombreuses années, tout en éprouvant un certain malaise en l’écoutant parler avec ce ton narquois.

Membre supprimé
Il y a 14 ans | Le 17 May 2009 16:22:23
III ) L’épreuve :

Le temps passait, cela faisait maintenant près d’un an que Grundi était avec Hébus. Il pensait avoir réussi la transformation, elle tuait sans pitié, écorchait avec plaisir, buvait jusqu’à en vomir, et ne prenait presque plus de bain. Elle était devenue une vraie trolle. Parfois même, ils soulageaient des besoins naturels qu’éprouvent toutes les espèces, mais cela restait rare, les trolls n’était pas du genre affectif.
Mais Hébus ne pouvait se contenter de penser avoir réussi, il voulait en être sûr.
Sans qu’elle ne s’en aperçoive, il les avait conduit dans la forêt où ils s’étaient rencontrés, proche du village où habitaient les parents de Clarice.
« Beeeuh, Grundi, on va faire une descente dans ce village, un petit massacre, avant le repas de midi. T’en dis quoi ? »
« Beeeuh, ouais, on va s’éclater ! »
Le plan d’Hébus se refermait sur la pauvre Grundi. Clarice allait mourir aujourd’hui, comme mourraient ses parents.

Les villageois criaient et courraient dans tous les sens, pendant que Grundi et Hébus attrapaient tous ceux qui tombaient sous leur main, et fracassaient leur crânes, les jetaient contre les murs des baraques, ils faisaient cramer les habitations, donnaient des coups de poings à tout va.
Hébus défonça une porte :
« Par ici, Grundi ! Viens là, et amuse toi ! »
Elle entra précipitamment, puis s’arrêta net en découvrant le visage familier de ses futures victimes.
« Clarice ! Mon Dieu, Clarice ! Où étais-tu ? Nous étions si inquiets ! Pitié, aide nous, ce troll veut nous tuer ! »
« Beuuh ? Mais non, moi, je veux pas vous tuer, je veux qu’ELLE vous tue ! Vas-y Grundi, bute les ! »
Elle leva sa massue en l’air, prête à frapper, puis s’arrêta dans son élan, en voyant le visage apeuré de ses parents. Soudain, elle se retourna vers Hébus, et lui enfonça sa massue dans le ventre, lui coupant le souffle.
« Beeuh Clarice, tu as fais le mauvais choix… »
« Sache, Troll, que je ne suis pas du genre à me laisser faire ! Je refuse d’obéir à tes ordres ! »
« Et ben tu crèveras ! Un massacre en famille, que c’est beau, je suis émus… »
Hébus saisit sa massue, puis se mit en position de combat.
Les deux trolls s’élancèrent, massue au vent, puis l’une des deux s’abattit sur le crâne de l’autre.
« Enfoirée, tu fais mal ! » Dit Hébus en se massant la tête. Puis il s’étala au sol, assommé.

Membre supprimé
Il y a 14 ans | Le 17 May 2009 16:23:18
IV ) L’adieu :

Clarice le saisit sur son épaule, puis le porta dans la clairière où ils s’étaient rencontré un an auparavant.
Hébus émergea soudain, la vision trouble.
« Grundi… Tu fous quoi là ? Arrête tes conneries.. »
« Ni Trolle ni Soumise, Hébus. Je ne peux pas obéir aveuglément à tes ordres, je ne peux pas tuer mes parents, sans eux, je ne serais pas même là. »
« Sans moi non plus, tu ne serais pas là, Grundi, n’oublies pas ce que j’ai fais pour toi. »
« Oh oui, j’aurai grandement regretté de ne pas t’avoir rencontré, sans toi, je ne serais pas affublée d’un pagne en fougère et en poil de bête… Merci Hébus. »
« Le prends pas sur ce ton, Grundi ! »
« Je m’appelle Clarice, pas Grundi ! »
Elle se retourna, et prit le chemin du village.
« Clarice ! »
Elle se retourna vers lui, pendant qu’il lui fonçait dessus, massue à la main.
Il la lui lui étala sur le haut du crâne avec une force telle, qu’elle saignait maintenant, allongée à terre.
Morte.
« Comme quoi, t’avais raison Clarice, "Ni Trolle Ni Soumise", en fait, t’es plus rien, t’es même morte… »