Cela fait bien des années, des dizaines d'années même, qu'Il, Stuck, parcourt sans relâche le monde à la recherche de terres vides et faciles à dominer.

Il a asservi bien des peuples, des plus faibles aux plus barbares, des plus lâches aux plus courageux, sans jamais mourir, sans jamais faillir. Il a mené des combats, organisé des croisades, écrasé des états, sans jamais mourir, sans jamais faillir. Il a tué des hommes, pillé des villages, monté de puissantes armées, sans jamais mourir, sans jamais faillir.

Cependant, depuis quelques temps déjà, les adversaires se font aussi rares que les territoires à conquérir, c'est pourquoi Il décide de partir, seul, à la recherche d'un monde nouveau, d'un monde que ses pieds n'ont pas encore foulé, d'un monde où sa lance pourra à nouveau faire couler le sang. Après un long périple et après avoir bravé moults dangers, Il se retrouve dans une petite ville, très bien remplie de badauds de tout style. Il comprend vite qu'il faut éviter ce genre de populace parasite plutôt bonne à exterminer qu'à maintenir en vie inutilement. Cela est la preuve qu'Il attendait. Il lui faut une nouvelle contrée à conquérir, ainsi la vue de ces gens lui fait comprendre qu'ici même règne un chaos ambiant et propice à une prise de pouvoir rapide et efficace. La lance en bandoulière, Il avance, slalomant au mieux entre les cadavres puants et les êtres vivants, puants également, jusqu'à se retrouver devant un atelier, appartenant à un certain Raymond.


Ho ! Ray-

Alors qu'Il apostrophe le dit Raymond pour lui demander service, un individu à l'air hautain se plante devant lui, accompagné d'une fille de joie, qui souhaite la bienvenue et de bien s'amuser sur les Terres Argentées à, apparemment, tout nouvel arrivant. Il le dévisage, dévisage sa catin, puis lui répond d'un ton sec et affirmé

Remballe cette chose affreuse qui te sert de courtisane, et va t'amuser, toi ! Personnellement, je ne suis pas là pour ça, alors dégage le chemin d'entre Raymond et moi avant que je te fasse eunuque...

Sans attendre de réponse ni aucune réaction, Il le pousse d'un coup d'épaule ferme pour rejoindre l'atelier où Il désire raccommoder le tissu à la base de sa lance. N'ayant aucun moyen de monnayer l'affaire dans l'immédiat, Il décide avant tout de remplir sa bourse. Voilà une bonne occasion de faire un premier pas explorateur dans les environs. Il se renseigne, et prend la direction du sud, où l'attend une autre cité en bord de lac. Moins peuplée, tout aussi inutile à visiter. Bordée par des champs de gelées vertes et de plages de scorpions, ce n'est pas encore dans cette ville qu'Il trouvera de quoi faire une armée digne de ce nom. Alors qu'Il se renseigne sur les prix d'une nuit en auberge, au rez de chaussée de cette dernière parlent quelques personnes sobres au milieu d'un tapis de gerbe dans lequel baignent les alcooliques endormis. Tendant l'oreille, Il entend causer d'un repaire bien plus violent que les deux premières villes arpentées. Plus à l'est, il y a une vallée dans laquelle Il trouvera peut-être son bonheur. Pour y arriver, rien de plus simple lui dit-on, il suffit de lever les yeux, repérer l'épaisse fumée qui se dégage de cette ville, et forcément, d'aller dans cette direction. C'est donc harnaché de son manteau abimé et de sa lance pas encore réparée qu'Il s'en va vers l'est, confiant. Chaine de montagnes passée, vallée en vue. En effet, l'odeur du sang est bien plus forte que l'odeur de fumée aux abords du lieu.

Il stoppe sa marche, enlève son casque pour s'essuyer le front tout en regardant l'horizon fumeux, laisse son manteau flotter dans l'air sous une bourrasque, puis décide, avant toute chose, avant toute rencontre, avant tout affrontement, de se reposer, de se sustenter, de se préparer.

Un œil sur la proche ville...


...Mmmmmmh. J'arrive...