Les mains tremblantes, serrant une vulgaire carapace lui servant d’écuelle, elle mange la ration de viande obtenues par quelques vers. Un repas peu fructueux mais un repas malgré tout. Adossée contre un arbre, le visage dévoré par le froid, elle scrute l’horizon et les inconnus qui pourraient le traverser. L’épée destructrice, déposée juste à côté de son pied droit, est prête en cas d’intrusion. Elle serait bien mieux au sein de la forteresse, ripaillant et rigolant avec ses condisciples, mais la terre est trop lointaine et l’expérience lui manque. Le vent commence à se lever et le ciel grisâtre présente une pluie plus que probable ; elle va devoir se rendre à l’auberge finalement. Saleté d’aubergiste qui oblige les gens à payer pour pouvoir s’installer en attendant que la vigueur des rafales soit terminée. La mine maussade, elle se lève et part en direction de l’abri dispendieux. Elle entend une voix, semblant provenir de derrière. Lentement, en essayant de faire le moins de bruit possible, elle se retourne et glisse sa lame vers l’avant. Rien, pas une âme. C’est étrange, elle est convaincue d’avoir entendu un son, une voix virile. Elle explore chaque recoin du paysage qui s’offre à elle mais aucune ombre, aucune trace ne trahit une existence. D’autant plus mécontente, elle reprend son chemin, sans se soucier des quelques coups insignifiants offerts par des monstres bien faibles.
[…]
Elle lui tend les piécettes et ne reçoit même pas un sourire en échange. Quel pauvre type cet aubergiste, il pourrait au moins être accueillant. Quelques personnes sont déjà assises autour des petites tables garnies de pains et poissons. Elle s’invite auprès d’une jeune inconnue qui semble souffrir grandement du froid. C’est sans doute son premier séjour sur les terres Dussociennes. Munie de couvertures toutes aussi épaisse les unes des autres, la demoiselle boit une soupe bien chaude avec difficulté. Elle ne peut s’empêcher de rire en voyant la pauvre fille frigorifiée; elle repense à son arrivée sur la Reine des Glaces et se dit qu’elle devait vraiment avoir l’air ridicule. Un bruit retentit sur le toit, la pluie a fait son apparition. Un soupire de contentement s’échappe de ses lèvres gercées par la bise, elle est arrivée à temps avant le déluge. Fatiguée d’avoir couru afin éviter les pleurs de la nature, elle laisse étendre ses coudes et dépose son visage sur le bois.
[A vous de jouer! Tout le monde est le bienvenu!]