*Tout semble si paisible, la chaleur du soleil se répand sur les terres d’argent et illumine d’un voile doré les cimes des arbres. Accoudée à son balcon l’elfe regarde toujours admirative l’astre diurne disparaître doucement derrière les rocheuses. Les nuages se dispersent, la douce lumière jaune commence à rosir peu à peu. Devenant presque aveuglant, les derniers rayons du soleil commencent à disparaître.

Attachée à son cou, la pierre de Lune de la prêtresse commence à scintiller, L’astre diurne entame son nouveau règne éphémère. Pendant quelques secondes la cité bleue s’obscurcit puis les étoiles viennent enfin décorer le ciel et refléter à l’aide de la lune un halo argenté sur la forêt.

Simplement parée d’un corset et d’une jupe fendue, elle avance sans bruit vers un lieu reculé de tout. La magicienne entrevoit une lueur au loin, le lac est proche. Se rapprochant du point d’eau, elle observe la surface du lac et voit la lune se refléter. Se sentant en harmonie avec la nature, l’elfe se détend enfin relâchant toutes les contraintes de ses différentes fonctions.

Nano ôte ses bottes et avance dans l’eau, sa jupe flotte à la surface et une douce brise vient jouer avec ses longs cheveux rouges. De ses fines mains elle dégage ses cheveux de son visage et laisse apparaître une peau diaphane et ses fines oreilles pointues.

Elle saisit alors l’objet qui n’est autre qu’une flûte sylve. La prêtresse ferme les yeux et porte l’instrument à ses lèvres. Ses longs doigts commencent à danser sur le corps de la flûte. Une douce mélodie résonne. Le vent se lève en une brise comme si il répondait à l’appel. C’est alors que de petites étincelles vertes apparaissent ici et là. Réveillées par le vent et la mélodie, des lucioles illuminent les bosquets et les arbres. Mêlée de vert et d’argent, la forêt semble devenir irréelle.

Peu savent ce que cet elfe a vécu, et sa jeune apparence ne laisse aucun indice sur son âge réel. Seul son regard s’est durcit et son cœur par la même occasion. Le début de la vie d’une elfe mais qui en vaut plusieurs humaines… Au départ simple membre du Tiger Empire, puis recueillie par la Griffe Funeste ou elle devient cheftaine de section et diplomate, Nano finit par fonder sa propre cité : Lunatic Pandora… mais un changement proche se fait sentir…

La magicienne semble comblée et pourtant, son sourire se fait discret…*

- Mère Nature aide moi…. Tant de bonnes choses me sont arrivées, tant de responsabilités qui comblent ma vie ! Cheftaine d’une cité resplendissante, Prêtresse de l’église des Terres d’Argent … et pourtant je ressens comme un vide en moi.

*La brise se ravive et un murmure se fait entendre. L’elfe ouvre son esprit et comprend les mots transportés par le vent.*

Regarde autour de toi et tu verras…

*L’elfe surprise d’un tel message essaye d’en savoir plus*

- Que dois-je voir ? Malgré tout ce que j’ai, pourquoi ce vide persiste en moi ?

*Tendant l’oreille, aucune réponse ne vient à elle. L’elfe sert la flute entre ses fines mains et regarde autour d’elle. Les lucioles sont toujours présentes, le lac laisse apparaître quelques sillons sur la surface. Mais que doit-elle voir ?

Le regard de la magicienne devient tout d’un coup figé et une larme perle sur son visage. De sa main elle récupère la larme. Etonnée, elle sent son cœur s’affaiblir et une tristesse profonde s’empare d’elle.

Elle comprend alors… ce vide représente tous les êtres qui ont quitté les Terres d’Argent, des amis, des protégés, sa famille… Cette elfe qui a vécu plus que n’importe quel humain a vu son cercle se réduire…se réduire encore… se réduire inexorablement… pour finalement…

Etre seule….

L’elfe essuie ses larmes, un air nostalgique se dessine sur son visage. Elle murmure

- Alors c’est donc vrai…. On me voit comme quelqu’un de solitaire alors que je pensais qu’aider son prochain était plus important que tout ! Lunatic Pandora a été construit dans ce sens… finalement cette cité ne faisait que masquer un vide que je ne soupçonnais pas d’être aussi grand…

*L’elfe contemple la lune qui continue sa course dans le ciel éclairé de milles étoiles. Son esprit semble se perdre, tant d’années sont passées depuis la disparition de son fiancé et de son fils. Elle a tentée à plusieurs reprises d’ouvrir son cœur mais en vain. L’elfe finissait par croire qu’elle était devenue glaciale refusant l’aide et le soutien d’une personne désirant devenir proche. Sans cesse elle repoussait les avances. Mais au final n’était-ce pas plutôt qu’elle avait peur de souffrir ?

Un sourire s’esquisse à nouveau, ces humains si fascinants et si imprévisibles. Elle se doit de réapprendre à faire confiance car sans cela elle risque devenir l’ombre d’elle même.*

- Mère Nature je suis prête à sacrifier ce que j’ai de plus cher… mon clan en échange de ce vide. Aide-moi à m’apaiser, à trouver mon équilibre et je trouverai l’aura qui comblera ce vide !

HRP : je n’oublierai jamais tous ceux qui m’ont aidé et ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui ! SageSam, Isamu, Thiblow. Kyoshiro, Pulsat… . Lunatic Pandora est aujourd’hui une cité disparue, laissant place à un nouveau clan les CATS.

*fatiguée d’un long trajet de l’église vers l’auberge de Dana’s Valley, la prêtresse se réfugie à la taverne. Elle entre et ôte sa longue cape bleutée.
Nano se dirige vers le tavernier et commande un verre d’hydromel et le sirote l’air pensif. Le mariage de Ike et Albichouw fut émouvant… Un mariage de plus célébré, deux êtres réunis et unis car le cœur vibrent sur une même mélodie…

Les lèvres de la prêtresse esquissent un sourire en coin. Un sourire sincère et quelque part mélancolique.

Une mélodie… les humais semblent pouvoir l’entendre si facilement… Me sera-t-il possible de l’entendre ? Comprendre enfin ce qu’ils ressentent ?

*Un pianiste joue un air lent et gai. Elle regarde fascinée les doigts du musicien glisser sur les touches. La musique semble envahir l’elfe, un air fait de notes et d’accords …*

Est-ce cela qu’ils entendent ? Une douce mélodie ?

*Elle s’approche du pianiste et se place à côté de l’instrument. Elle sort sa flûte d’argent et commence à jouer.

Le rythme est tantôt rapide, tantôt doux mélangeant joie et nostalgie. La flûte s’élève dans les aigus tandis que le piano joue les graves. La musique s’amplifie et l’elfe sent son esprit s’apaiser. *

S’ils entendent cette mélodie aussi surement que j’entends le piano m’accompagner... Alors j’espère qu’un jour, cette musique si particulière m’atteindra …

*Le soleil timide d’hivers se couche paisiblement. La journée s’achève et les voyageurs ne tarderont pas à entrer dans la taverne. La prêtresse continue de jouer, une douce façon d’accueillir tous les braves*