Je me pose, je me pose là, recroquevillée, pliée en boule tel le nouveau né. Le visage prit dans mes paumes, les genoux embrassant mon front, le cul trempé dans cette flaque née de ces larmes d’hémoglobine qui ne cessent…qui ne cessent de perlées le long de mes joues. Les nuages gris ne laissent pas filtrer le moindre fil de lumière…à quoi bon …à quoi bon ?
Mes pleures noyés dans la salive que je ne peux avaler, ma gorge serrée, le ventre creux, les tripes tenaillées…j’ai mal…je m’enrage.
Sur ce rocher haut perché, dominant le monde.
Un bref regard, tout est sombre, il est devenu obscur le monde.
En contre bas, les animaux sont couchés, éventrés, presque secs, les yeux recouverts de cette pellicule blanchâtre, preuve que la mort retient leur âme en son antre.
La forêt, cette forêt où j’ai tant chassée, où j’ai tant salivée, déchirée les chaires, dévorée les âmes, rit aux éclats.
Elle brule, un brasier sans précédent y réside, l’air y est insupportable maintenant.
Les brindilles flamboyantes filent au vent, s’éteignent, virevoltent, les flammes lèchent les portes de la ville, l’enfer est là… le diable danse... il entre sans se faire prier, sans prévenir. Cette nouvelle Babylone, femme de joie, mère du vice, donnant le plaisir à des âmes perdues, meurtries, débauchées, enfantant des nourrissons sans père, les enfants du viol, de l’inceste…regardes…regardes.
D’ici je peux voir les cinq continents, les fleurs n’y poussent plus… les oiseaux jaunes…cette robe… couleur infidèle, elle vole, plane par de là les nimbus. Et moi sous, dans ce gris…ce noir…ce rouge !
Des champs de batailles, des lacs de sang, corps inertes piqués de flèches, lances, épées, dagues et par le temps, les rapaces au bec rubescent, les ailles noires déployées, arrachant des lambeaux de viande morte sur les dépouilles.
Je dois y aller… je dois partir… il est temps.
Le panorama est trop jubilatoire.
Les hurlements…je ne les entends plus, ma vie s’en est allée retrouver père au pied de son trône.
Quelques faux bonds à la douce mort, posséder !
J’en ai possédée quelques uns, les corps, un simple requiem offrant louange à la vie écorchée, et je trouvais un hôte.
Pourquoi je me cherchais à travers les yeux d’un autre…pourquoi ?
Je dois dormir maintenant, fermer les yeux, ralentir ma respiration, mon cœur s’éteindre, ma main refroidir, ma peau bleuir. Laisser place, mes crocs naîtront, ma soif ressurgira alors. Le passé restera enfouit.