* Assise sur un rocher, au bord d’une immense falaise, Ninquelotë pleurait. Les larmes coulaient et s’écrasaient dans un bruit sourd. On aurait même put croire qu’elles étaient faites d’or. Un coucher de soleil magnifique se reflétait dans la vaste étendue d’eau de la mer qui se prolongeait de manière infinie vers l’horizon. La jeune femme tenait dans ses mains une lettre fripée et déchirée. On pouvait y lire : *

* Cher journal,

Aujourd’hui a été un jour spécial, j’ai découvert un petit bébé dans la forêt. Elle avait les yeux d’un violet améthyste. Elle portait aussi un magnifique collier, en or, et incrusté d’un rubis. Lorsque je l’avais ramené à la maison, mes parents ont voulu l’abandonner à nouveau et vendre le collier ! Tu t’en rends compte ? Heureusement que j’étais là, je leur ai promis de prendre soin de la petite, je l’ai baptisé Ninquelotë, qui signifie « fleur blanche » en elfique. Elle est mignonne quand elle boit le lait de vache et elle ne cesse de sourire !
Je vais te laisser, je dois encore la coucher et lui lire une histoire.

A bientôt, très cher journal.

Anya. *

* Anya était sa mère, enfin, sa mère adoptive. Elle était morte, avec le reste de la famille et même du village où Ninquelotë avait été recueillie, sous un assaut d’assassins assoiffés de sang. La jeune femme avait cessé de pleuré. Elle retira de sa poche le collier en or, et le regarda patiemment. Le rubis semblait vivant et une étrange lueur noire brillait au fond de celui-ci. Elle le serra contre son cœur, car c’était le seul indice qu’elle avait sur son origine. *

* Soudain, les buissons bougèrent et un vieillard apparut. Ninquelotë, surprise, prit sa petite épée et la brandit vers l’arrivant. Celui-ci lui murmura *

* N’ai pas peur, je suis aveugle et blessé… *

* La jeune femme était prudente et se rapprocha lentement du vieil homme qui s’assit à terre et ouvrit son manteau. Une grande plaie ouverte barrait son ventre et du sang coulait en abondance sur la blessure infectée. Alors que Ninquelotë allait s’approcher de l’homme pour le soigner, une voix stridente se fit entendre *

* Tue le ! Ce n’est qu’un vieil homme malade et blessé, sa vie n’est pas utile ! Enfonce lui ta lame dans le cœur ! *

* La jeune femme s’écarta du vieillard. Elle avait peur de son mystérieux interlocuteur. Celui-ci ne se fit pas attendre et répliqua d’une voix encore plus forte et aiguë, qui scia les tympans de la pauvre femme. *

* Tue le ! Bordel ! Il ne mérite pas de vivre ! Tu auras en plus son argent et tu pourras t’acheter une nouvelle épée ! *

* Ninquelotë comprit que la voix s’adressa à elle, et à elle uniquement. Elle soupira et essaya de se calmer, mais en vain. Elle en déduit que la seule solution d’arrêter cette torture était d’executer le vieillard. Elle se rapprocha donc de lui et lui enfonça son épée en plein dans sa poitrine. Il eut un hoquet de surprise, puis, avant de s’éteindre, il dit avec faiblesse *

* Je croyais que tu te souvenais de moi, tu sais, celui qui t’a soigné ! *